Jacques Rueff, haut fonctionnaire et économiste.

Jacques Léon Rueff, né le 23 août 1896 à Paris et mort le 23 avril 1978 dans la même ville, est un haut fonctionnaire et économiste français, qui a joué un rôle majeur dans les politiques économiques menées dans les années 1930 et surtout à partir de 1958.

Il participe à plusieurs réformes économiques en France : en 1926-1928 auprès de Raymond Poincaré pour rétablir le franc, en 1938 auprès de Paul Reynaud, et surtout auprès du général de Gaulle en 1958-1960, où il joue un rôle majeur dans la conception d’un plan d’assainissement financier, qui sera mis en œuvre par Antoine Pinay : le plan Pinay-Rueff, puis en concevant un plan de « suppression des obstacles à l’expansion économique » au sein du comité Rueff-Armand.

Libéral, proche des idées de l’École autrichienne, il s’est fermement opposé aux idées keynésiennes, qui sont remises en cause avec la crise et la stagflation des années 1970. Considérant la monnaie comme l’élément économique central, il est particulièrement connu pour sa description du mécanisme de la « double pyramide de crédits », qui sera confirmée par l’économiste Maurice Allais1. Il rejoint la Société du Mont-Pèlerin en 1948.

Jacques Rueff, carte maximum, Paris, 23/03/1996.

Esprit philosophique autant que spécialiste des phénomènes financiers, il est l’auteur de plusieurs essais dont en particulier L’Ordre social.

Élu à l’Académie française en 1964, il devient alors chancelier de l’Institut de France et le reste jusqu’à sa mort en 1978.


Il fait ses études secondaires au lycée Charlemagne, au lycée Saint-Louis et poursuit à l’École libre des sciences politiques, puis à l’École polytechnique3 (Promotion X1919S, réservée aux anciens combattants), où il fut l’élève d’un économiste, qui aura une profonde influence sur lui, Clément Colson (1853-1939).

Pendant les années 1920, il est inspecteur des finances, chargé de mission auprès de Raymond Poincaré, président du Conseil et ministre des Finances en 1926, pour lequel il prépare la dévaluation du franc de 1928. Il est attaché financier à l’ambassade française de Londres. Il peut alors observer le krach de 1929 qui a notamment pour conséquence que la livre sterling, qui jouait encore, avec le dollar, le rôle de monnaie de réserve et d’échanges internationaux, cesse, dès septembre 1931, d’être convertible en or suivie deux ans plus tard par le dollar. Ces deux « décrochages » contribuent à l’approfondissement de la crise qui secoue le commerce international. Ces événements marqueront l’analyse que fera Rueff des faiblesses du nouveau système monétaire international issu des accords de Bretton Woods (1944).

Jacques Rueff, épreuve de luxe.

Dans les années 1930, il fait partie des économistes qui s’inquiètent des problèmes récurrents de la France dans le domaine de l’économie. C’est en partie cela qui l’amènera à être membre du groupe X-Crise et à participer au colloque Walter Lippmann. Parallèlement, sa carrière administrative est alors à son apogée, il est directeur du mouvement général des Fonds (poste qui de nos jours correspond à directeur du Trésor) durant le Front populaire et le 8 septembre 1939 il est nommé second sous-gouverneur de la Banque de France. Il est contraint, par la loi du 3 octobre 1940 portant statut des juifs, de présenter sa démission le 22 janvier 1941. Un décret de Pétain l’autorise néanmoins à rester dans les cadres de l’Inspection des finances.

Après la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle il avait écrit L’Ordre social, il préside, à partir de 1945, la conférence des réparations à Paris. Il rejoint en 1948 la Société du Mont Pèlerin peu après sa première réunion en avril 1947. Du 12 juillet 1949 au 1er août 1950, il est le ministre d’État de Monaco. Dans les années 1950, il occupe plusieurs postes dans les instances européennes, à la Cour de justice de la Communauté européenne du charbon et de l’acier et à la Cour de justice européenne.

Après le retour de Charles de Gaulle au pouvoir en 1958, il préside un Comité d’experts chargé d’étudier la façon d’assainir les finances publiques. Il s’agit d’assurer à la Cinquième République de bonnes bases économiques et financières. Cela conduit au « plan Rueff » parfois appelé « plan Pinay-Rueff » mis en œuvre par le ministre des Finances Antoine Pinay, de Gaulle étant président du Conseil. Le franc va redevenir convertible après une dévaluation de 17 %, le contrôle des changes s’assouplit.

Préfigurant le marché commun européen, alors en formation, Rueff recommande l’ouverture à la concurrence dans un second rapport qu’il rédige en collaboration avec Louis Armand, à la tête du comité Rueff-Armand. À sa publication en 1960, les journalistes dénomment « plan Rueff-Armand » ce document, qui a pour titre Rapport du Comité pour la suppression des obstacles à l’expansion économique.

Il est membre du Conseil économique et social de 1962 à 1974.

Il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1944 et de l’Académie française en 1964, au fauteuil de Jean Cocteau, le n°31. Il est chancelier de l’Institut de France de 1964 à 1978 et à ce titre Grand-croix de la Légion d’honneur.

Il meurt en 1978, et repose au cimetière du Père-Lachaise (10e division) au côté de son épouse décédée en 1997.

Source : Wikipédia.

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