Aristide Bergès, père de la “houille blanche”.

Aristide Bergès (Lorp 4 septembre 1833 – Villard-Bonnot 28 février 1904) est un industriel papetier et ingénieur hydraulicien français du XIXe siècle.

Aristide Bergès, Ariégeois d’origine, fils de papetier, papetier lui-même arrive en Dauphiné en 1867 pour y modifier selon ses brevets, les défibreurs du papetier A.Matussière installé à Domène depuis 1865. Il décline l’association que lui propose le papetier et un certain Neyret, mais séduit par le Grésivaudan, il décide d’y installer une usine de pâte à papier avec l’appui financier d’un notable local, le Dr Marmonnier. Il choisit la Combe de Lancey où coule un torrent d’un “débit si faible qu’il paraissait bien téméraire, même à des esprits éclairés, d’installer à cet endroit une usine exigeant une puissance relativement élevée”… (V.Sylvestre).

Ce handicap géographique va, pendant 30 ans, imposer à Bergès une recherche permanente de puissance, résolue par des hauteurs de chute de plus en plus importantes, avec les aléas technique qui en résultent. Des 500 cv du début (1869) obtenus sous 180 mètres de chute à la Combe, on passe à 1200 cv sous 480 mètres en 1882. Auquel il faut rajouter en 1891 les 1000 cv de St-Mury 1, portés en 1896 avec St-Mury 2 à 1800 cv sous 480 mètres de chute. De plus pour pallier les faibles débits d’étiage il dut transformer un lac d’altitude en accumulateur hydraulique (1886) le vidangeant partiellement en hiver. Mais aussi aller capter dans les vallons voisins tout ou partie de l’eau qui y coulait sans trop se soucier du “droit d’eau” des riverains. À l’évidence, A. Bergès sut résoudre les problèmes techniques prévisibles parce que liés au site qu’il exploitait ou imprévus : vannes bloquées, turbines emballées… car la technologie balbutiait.

Aristide Bergès, carte maximum, Lorp-Santaraille, 19/02/1972.

Mais Bergès était aussi un excellent “communicateur”. Ses écrits : prospectus, notices, catalogues, traités comme de solides argumentaires étaient nombreux et distribués généreusement lors des foires expositions ou lors de manifestations de promotion de ses produits ou de ses idées. On connait de lui la célèbre métaphore de la “Houille Blanche” qui, à l’origine, désignait la force gravitationnelle inclue dans l’eau des torrents nés des glaciers. Cette formule, par la suite popularisée, s’est étendue à la puissance hydraulique sous toutes ses formes. Commerçant avisé, il savait trouver les formules chocs pour vendre son papier en prônant le livre à 1 franc le kilo ou pour vendre son électricité en démontrant que la lampe de 10 bougies à 1 sou par jour (40 watts pour 5 centimes) rendait l’Homme meilleur.

Aristide Bergès, épreuve d’artiste.

Son dernier grand projet concernait la fourniture d’électricité à la ville de Grenoble. La solution qu’il présentait consistait à exploiter en haute altitude le bassin hydrologique qui alimentait ses usines. Cette solution hardie était difficilement réalisable avec les moyens de l’époque. La Municipalité jouant la carte de la prudence préféra la solution d‘une basse chute à gros débit installée sur les bords de la Romanche. La centrale électrique construite à cet usage fonctionne encore de nos jours. Cet échec fut cruellement ressenti par A. Bergès (dont le projet fut quand même-en partie- réalisé cinquante ans plus tard, grâce à l’hélicoptère).

Dans cette aventure industrielle mouvementée alternant : réussites, procès, échecs, réussites…, la forte personnalité de A.Bergès ne passa pas inaperçue. Il eut ses détracteurs, mais aussi ses thuriféraires. Écoutons l’un d’eux, G.Hanotaux ancien ministre et académicien : “Enfin, Aristide Bergès, par son coup d’oeil, sa science technique, son imagination hardie et son inébranlable ténacité, fait l’effort suprême. Il enfonce son tuyau au flanc du rocher; il monte jusqu’au glacier, il l’enferme dans sa chambre d’eau; il attaque le lac par-dessous et lui applique une bonde comme à une cuve immense; il met la main sur la cascade et la conduit apaisée dans son atelier…”. Concluons par cet éloge pour le moins appuyé…

Voir aussi cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=vYFhGHR_t9Y

Sources : Ville de Grenoble, YouTube.