Ville d’Erzurum (Turquie).

Erzurum ou Erzéroum (Կարին (K’arin ou Garin) en arménien ; ერზურუმი (Erdzurumi) en géorgien ; Erzîrom en kurmandji) est une ville d’Anatolie orientale, aujourd’hui en Turquie. Préfecture de la province du même nom, elle compte une population de 561 874 habitants (recensement de 2008).

Située à 1 945 mètres d’altitude sur le haut-plateau arménien, cette ville du nord-est de la Turquie est une des plus hautes de la région. La ville se trouve dans une plaine parsemée de quelques collines de roches volcaniques dont la plus élevée porte la citadelle.

La ville est confrontée à des séismes assez réguliers : le 27 octobre 1843, un séisme fit d’importants dégâts matériels et le 19 août 1966, un séisme fit quelques victimes. En 1983, un nouveau séisme de 6,9 sur l’échelle de Richter frappa la ville.


Si un canton de Karin dans la province historique arménienne de Haute-Arménie est connu par la Géographie d’Anania de Shirak, et que ce canton semble avoir fait partie du domaine royal arsacide avant la fin du IVe siècle, il ne paraît pas avoir compris une ville, mais plutôt un village. C’est sur le site de ce village que la ville de Théodosio(u)polis est fondée.

La naissance d’Erzurum remonte au Ve siècle lorsque l’empereur Théodose II fonda une place militaire aux confins orientaux de l’empire byzantin : Theodosiopolis, objet de luttes entre Sassanides, musulmans et byzantins.

Forteresse importante du limes oriental, fortifiée sous Justinien, elle est prise par les Arabes, détruite par Constantin V en 751-752, reconstruite par les Arabes, puis reconquise par les Byzantins au Xe siècle, et enfin mise à sac par les Seldjoukides en 1048. En 1048, la population de la ville d’Arzen, située à l’est, est chassée par les Seldjoukides et vient s’installer dans la ville de Theodosiopolis qui devient Arzen-er-Roum (Roum signifie l’Empire byzantin), d’où le nom actuel d’Erzurum.

Après 1071 et la bataille de Manzikert qui voit la conquête de la ville par les musulmans, elle prend le nom d’Arz al-Roum (en arabe : ʾarḍ ar-rūm, أرض الروم, « terre des Roum »). Elle aurait été nommée ainsi à cause des Arméniens réfugiés venant d’une ville proche nommée Arzan et détruite en 1049 par les Seldjoukides. Ce nom évolue ensuite en Erzerum et Erzurum.

La ville passa successivement aux mains des Seldjoukides qui lui donnèrent d’importants monuments puis des Mongols et des Ottomans des Safavides pour entrer définitivement dans l’empire ottoman à la fin du XVIe siècle.

La cité a été prise par Akkonyunlu Turkman Uzun Hassan en 1468 après la mort du dirigeant de la fédération tribale d’origine turcomane Kara koyunlu, Jihan shah. Après la chute d’Akkonyunlu, le contrôle de la ville passe au Shah Ismail et aux Qizilbash. Les Ottomans ont pris le contrôle de la cité en 1514 par Selim Ier dans sa campagne à Chaldrian. Les diverses conquêtes au XVe et XVIe siècle ainsi que les guerres ont provoqué des mouvements de population forcés ce qui a contribuer à faire baisser la population de la ville.

Erzurum n’a jamais connu de paix avant la fin du XVIe siècle. Soliman le Magnifique (10e sultan ottoman) a entrepris trois campagnes contre les Safavides. Erzurum était une cité forteresse à partir de laquelle les gouverneurs locaux ont mené des offensives contre les Safavides et Erzurum était un terrain de bataille pendant les guerres à l’est. Au XVIe siècle, Erzurum était une cité frontière qui subissait les conséquences de sa position.

Erzururm a longtemps été un important centre culturel, commercial et militaire de l’est de l’Anatolie. Sa prospérité reposait sur des routes d’échange entre Tabriz, Ardabil, Trébizonde, Sébaste, Tokat et des villes productrices de soie en Iran.

Selim Ier l’a conquise des Safavides et Soliman a ordonné sa restauration qui débuta en 1529 sous les ordres de Ferhat-pacha Sokolović. La cité devint une forteresse pour les campagnes militaires contre les Safavides. Soliman y mena d’importantes campagnes contre les Safavides en 1534, 1548 et 1554.

La population d’Erzurum est restée faible puisque la cité a été en proie à de nombreux conflits. En 1540, la ville était pratiquement vide de population, elle était considérée comme une ville principalement militaire. Il a fallu attendre le règne de Mourad IV dès 1639 pour que la ville retrouve la paix. Pendant trois siècles la ville est une place forte ottomane face aux Iraniens et surtout aux russes.

La ville fut dirigée par les Ottomans jusqu’en 1829 lorsque l’Empire russe s’en empara. Mais le traité d’Andrinople signé quelques mois plus tard met fin à cette situation et les Turcs récupèrent rapidement la ville. La situation se reproduit quelques années plus tard, après la guerre russo-turque de 1877-1878. Cette fois-ci, c’est le traité de Berlin qui permet à l’Empire ottoman de récupérer Erzurum.

En 1867, Erzurum comptait 70 000 habitants selon Frans Outendirck. Dans la ville, on travaille la soie, le coton, le cuir, le cuivre, l’acier, et les sabres d’Erzurum ont une grande réputation.

La ville connaît les heures les plus sombres de son histoire pendant les massacres hamidiens (1894-1896), où de nombreux citoyens, surtout arméniens, sont tués, puis pendant le génocide arménien (1915-1917) où elle devient un important centre de déportation et d’extermination. Sur les 20 000 Arméniens de la ville, seule une centaine survivent ; il est estimé que 90 % des Arméniens de la région ont été exterminés durant le génocide arménien.

Durant la Première Guerre mondiale, la ville est finalement prise par l’armée russe de Nikolaï Ioudenitch le 16 février 1916 (la Bataille d’Erzurum). En 1918, la Turquie récupère Erzurum par le traité de Brest-Litovsk.

C’est à Erzurum que se réunit, le 23 juillet 1919, le Congrès qui choisit Mustafa Kemal pour président mais la révolution kémaliste abandonna la ville pour Sivas puis Ankara. Le congrès d’Erzurum marque le début de la guerre d’indépendance de la Turquie.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.