Ville de Morlaix (Finistère).

Morlaix est une commune française de Bretagne, située dans le nord-est du département du Finistère.

Elle est une sous-préfecture et par conséquent chef-lieu de l’arrondissement de Morlaix, dont elle est la commune la plus peuplée avec 14 830 habitants en 2015 (chiffre le plus bas depuis 1936), ce qui la place au 5e rang départemental, au 18e rang régional et au 638e rang national. Elle au centre d’une aire urbaine rassemblant 39 721 habitants (2015) et au centre de la communauté d’agglomération Morlaix Communauté.

Située en retrait de la côte nord du Finistère, en fond de ria, cette ville-pont est souvent victime d’inondations car elle est au confluent de deux rivières, le Queffleuth et le Jarlot, qui forment le Dosenn (ou rivière de Morlaix) qui se jette dans la Manche, en baie de Morlaix. Elle fait partie du Trégor et du Léon, les deux étant délimités par le Dosenn. Ils sont séparés même en ville comme en témoignent le quai de Tréguier et le quai du Léon.

La ville est connue notamment pour son viaduc construit au XIXe siècle en plein centre-ville, ce qui lui vaut le surnom de la « Cité du Viaduc ».

Morlaix fut à l’origine un oppidum gaulois, transformé ensuite en castrum romain, situé sur la colline du “Parc-au-Duc”, qui domine la ria du Dossen et est située au sud-ouest du centre de la ville actuelle, dans la partie ouest de la presqu’île de confluence formée par le Jarlot et le Queffleuth. La ville, à l’époque un simple village, s’est développée initialement au pied de cet oppidum, au niveau du premier gué permettant de traverser le Queffleuth en remontant depuis la ria, dans un site doc de fond d’estuaire, un passage obligé comme l’atteste le croisement en ce point ds six voies romaines venant de Landerneau, Vorganium (Kerilien en Plounéventer), Saint-Pol-de-Léon, Lannion, Fanum Martis (Corseul) et Vorgium (Carhaix). La fortification de ce village pendant le Bas-Empire romain est incertaine.

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C’est vers l’an 1000 qu’un seigneur du Léon vient construire un château sur le site actuel de Morlaix, entre les rivières du Queffleuth et du Jarlot. Là, dans la presqu’île de confluence, naît un village à l’abri de la forteresse vivant principalement des activités liées à la pêche. Dès le XIe siècle, des moines venus de trois abbayes, celles de Saint-Mathieu de Fine-Terre, de Saint-Melaine de Rennes et de l’Abbaye de Marmoutier, fondent les premiers établissements religieux de la ville, des prieurés, qui ont donné naissance aux trois faubourgs respectifs de Saint-Mathieu (au sud-est, alors sur le territoire de Plourin), de Saint-Melaine (au nord-est, alors sur le territoire de Ploujean) et de Saint-Martin (à l’ouest, alors sur le territoire de Pleyber-Christ).

La ville devient très convoitée entre les seigneurs du Léon et les ducs de Bretagne. En 1179, le duc de Bretagne Geoffroy prononce le rattachement de Morlaix au domaine ducal. Le vicomte du Léon Guyomarch provoque un soulèvement dans la ville et la récupère en 1186. L’année suivante, Henri II Plantagenêt met le siège devant la ville et s’en empare. Le duc Jean Ier le Roux met fin à ces querelles en attribuant une rente de 80 livres par an à Hervé IV de Léon. La ville connaît un premier essor économique au XIIIe siècle, marqué notamment par la construction du couvent des Dominicains en 1236 et la fondation par le duc Jean II de la collégiale Notre-Dame du Mur le 12 août 1295 pour servir de chapelle au château. Le duc Jean Ier le Roux a racheté la ville à Hervé IV de Léon en 1275 contre une rente de 80 livres.

La ville, alors fortifiée (mais les murailles étaient d’importance modeste, la défense de la ville reposant essentiellement sur les deux cours d’eau qui l’enserraient et servaient de douves naturelles), possède cinq portes d’accès : les portes de Notre-Dame (au nord), de l’Hospital (au nord-est), de la Prison (au sud-est), de Saint-Mathieu (au sud) et de Bourret (à l’ouest). Intra-muros, la rue principale est un axe orienté du nord-ouest au sud-est allant de la porte Notre-Dame à la porte Saint-Mathieu, dite alors rue des Nobles (actuelle rue du Mur), la seconde rue importante lui étant perpendiculaire, allant de la porte de l’Hospital à la porte du Bourret (rue du Pavé, actuelle rue Carnot). Une chute d’eau aménagée à la jonction des deux cours d’eau alimentait les moulins du Duc.

Morlaix est déjà une ville toilière au XIIe siècle : la confrérie de la Sainte-Trinité, qui regroupe les tisserands et marchands toiliers de la ville, est fondée en 1110 dans l’église Saint-Matthieu ; elle est transférée en 1295 dans l’église Notre-Dame-du-Mur, construite cette année-là, et jouissait de droits de préséance indiquant la place prépondérante qu’elle détenait dans la ville22. La Vierge ouvrante de Notre-Dame-du-Mur fut commandée par cette puissante et riche confrérie au tout début du XVe siècle, qui disposait aussi dans cette église de la chapelle de la Trinité ornée d’un vitrail comportant leurs marques et insignes.

Alors que la duchesse Anne vient d’accéder au duché, elle se voit isolée dans sa propre cour, qui en sa grande majorité ne lui accorde pas confiance. Contrairement aux stipulations du traité du Verger signé en août 1488 par son père Louis XI et le duc de Bretagne François II (le père d’Anne, † dès septembre 1488), le roi de France Charles VIII envahit la Bretagne en janvier 1489. Des aides du roi Henri VII d’Angleterre débarquent donc à Morlaix pour aider la reine Anne en 1489, et elle se marie par procuration avec Maximilien d’Autriche en décembre 1490 à Rennes (formation d’un axe Angleterre-Habsbourg-Aragon-Castille contre la France). Mais finalement, Anne sera deux fois reine de France en épousant Charles VIII en décembre 1491 puis Louis XII en janvier 1499. Lors d’un tour de Bretagne (qui différerait du Tro Breiz, pèlerinage traditionnel), la duchesse-reine de France Anne s’arrête à Morlaix et descend au couvent des Jacobins à l’été 1505 (sûrement le 4 septembre). La reine Anne fait une entrée solennelle que tous acclament, elle loge au couvent car le château doit être en réparation. Elle y aurait fait célébrer le mariage (ou les fiançailles) de Jean de Laval et de Françoise de Foix-Lautrec, une parente (la mère d’Anne était Marguerite de Foix-Navarre). À l’occasion, on offre à la duchesse une hermine avec un collier de perles. Un mouvement brusque de l’animal effraie la reine. Pierre de Rohan s’adresse à la reine en ses mots : “Que craignez-vous, Madame ? Ce sont vos armes !”.

Le roi François Ier, gendre de la duchesse-reine Anne, rendra également visite à la ville le 15 septembre 1518. En 1520, à la suite de l’échec de la rencontre du Camp du Drap d’Or, les relations entre les royaumes de France et d’Angleterre se dégradent et débouchent sur un rapprochement de cette dernière avec l’Espagne de Charles Quint. Ainsi, en 1522, une flotte anglaise attaque Cherbourg puis se dirige vers Morlaix où elle arrive début juillet. Le jour de l’attaque est choisi en fonction de la foire de Guingamp. Ainsi, tous les notables et surtout les soldats sont absents, laissant la ville sans défense. Une flotte de 60 navires, prévenue par un certain Latricle (lieutenant du capitaine de Morlaix), s’approche de la côte et débarque plusieurs centaines d’hommes déguisés en marchands pour ne pas éveiller la curiosité. La nuit venue, ils se dirigent vers la ville où ils ne rencontrent aucune résistance : une partie se dirige vers le château, une autre dans les faubourgs et une troisième reste cachée dans la forêt du Stivel. Dans le même temps, les navires remontent la rivière afin de débarquer directement des hommes dans la ville. Toutefois, ils sont bloqués par des arbres abattus dans le lit de la rivière. Ayant pris la ville, les Anglais se livrent au pillage, incendient les maisons et massacrent les habitants qui n’ont pu fuir. Le lendemain, prévenus par les habitants en fuite, les soldats de Guy XVI de Laval arrivent sur les lieux afin d’en chasser l’ennemi. Ce dernier, ayant découvert des victuailles et de nombreux fûts de vins, avait fêté la victoire toute la nuit et dormait, la plupart des soldats enivrés. Les Français massacrent tous les Anglais qu’ils trouvent, ces derniers offrant peu de résistance du fait des libations de la nuit précédente. À la suite de cet événement, il est décidé la construction du château du Taureau en baie de Morlaix en 1544. La résistance des habitants de Morlaix est rapidement colportée en un héroïque fait d’armes, probablement exagéré par rapport à une réalité vraisemblablement moins sanglante que ce qu’en dit un chroniqueur affirmant que « le sang des envahisseurs jaillissait des fontaines ».

Morlaix, essais de couleurs.

Après les guerres de religion, Morlaix profite pleinement de l’apogée du commerce de la toile de lin au XVIIe siècle, l’apogée se situant vers 1680 avec une production annuelle d’environ 66 000 pièces, avant de diminuer ensuite. La ville est le principal port d’exportation des toiles de lin de Basse-Bretagne vers l’Angleterre et de nombreux marchands britanniques s’installent sur ses quais. Il exporte aussi du papier produit également dans son arrière-pays et importe principalement du vin ; Charles Colbert de Croissy écrit en 1665 : « Le commerce de ladite] ville est assez considérable, et se fait tant des vins qu’ils tirent de Gascogne et autres lieux pour l’usage et la consommation du pays (…), plus le commerce des cuirs qui s’apprestent et se débitent dans le pais, comme aussi le commerce des chevaux, et enfin celluy des toiles qui est le plus considérable ». Mais, en raison des difficultés de navigation sur le Dossen, le trafic a déjà tendance à migrer en direction de ses avant-ports, Saint-Pol-de-Léon et surtout Roscoff.

À partir de 1620 environ, les nobles marchands de Morlaix ne construisent plus de maisons à pondalez, mais des maisons en pierre à façade-rideau (une vingtaine subsistent, notamment rue Longue-de-Bourret et place des Otages), ainsi que des hôtels particuliers totalement en pierre comme la maison Pénanault et l’hôtel de François du Parc construit en schiste bleu et granite.

Les bourgeois de la ville ne manquaient pas une occasion de s’amuser, comme à l’arrivée le lundi 10 novembre 1624 du duc de Vendôme, fils de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées.

En 1675, les bourgeois de Morlaix ont craint d’être attaqués par les paysans de la région de Carhaix pendant la Révolte des Bonnets rouges ou Révolte du papier timbré. La fabrication et commercialisation des toiles de lin atteint un pic vers 1687, avant que cette industrie ne décline, notamment du fait que les clients Anglais désertent les quais de la ville lors des guerres de Louis XIV.

Morlaix est une ville d’orfèvres ; en 1754, il s’agit de la plus importante communauté d’orfèvres de Bretagne. Jehan Grahant, François Lapous (père puis fils), Guillaume Desboys, Guillaume Floch, Thomas Maillard, Claude Barbe Guillou (veuve) ou Jean-Pierre Le Goff ont été identifiés comme ayant fabriqué des pièces présentes dans le trésor de Saint-Jean-du-Doigt ou du trésor de Locarn.

Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, Morlaix vit sa prospérité renaître après la guerre de Succession d’Espagne. La longue paix que donna le ministère du cardinal Fleury permit à Morlaix de tisser des liens avec des pays étrangers. Pourtant la misère reste grande pour le peuple. Après la guerre de Sept Ans, le commerce et le travail régnaient à nouveau. Mais le port de Morlaix entre progressivement en décadence : les navires, dont le tonnage augmente, ne peuvent plus remonter la rivière de Morlaic et son arrière-pays est durement touché par la crise de l’industrie des toiles en raison des mesures de rétorsion anglaises à la politique mercantiliste menée alors par la France, inspirée du colbertisme ; de 46 000 pièces en 1742, le nombre d’arrivées de « créées » à Morlaix, destinées à être exportées, passe à 20 500 pièces en 1788, la crise touchant principalement les paroisses toilières les plus éloignées de Morlaix, comme Sizun.

Au début de la Révolution française, des Sociétés des amis de la Constitution ou populaires se créent partout. Armand Joseph Dubernad, ancien député du Tiers à Rennes et maire de Morlaix, est le cofondateur du premier club jacobin de Bretagne en 1790 avec Jean-Jacques Bouestard de la Touche. Morlaix devient chef-lieu de district.

La nef et le chevet de l’église Notre-Dame-du-Mur, laquelle avait été transformée en temple de la Raison pendant la Révolution française, furent vendus en 1805 afin de servir de carrière de pierres. Les travaux de démolition entraînèrent l’effondrement de la tour du clocher l’année suivante. Les halles en bois, qui dataient initialement du Moyen Âge, même si elles avaient été reconstruites sous le règne de Charles IX, furent démolies en 1865, remplacées par des halles métalliques, elles-mêmes démolies en 1971 et remplacées par un parking (actuelle place Allende).

Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la plupart des maisons à pans de bois de Morlaix sont détruites ; certains éléments de leur patrimoine sont victimes de l’elginisme comme l’escalier à pondalez du 14, Grand-Rue, remonté d’abord dans une boutique de Dinard avant d’être racheté par le Musée d’art de Saint-Louis, ou celui du 15, Grand-Rue, racheté par un marchand d’art anglais qui en fit don au Victoria and Albert Museum ; la démolition de certaines maisons du patrimoine morlaisien se poursuit pendant la première moitié du XXe siècle, provoquant un véritable « désastre patrimonial »

L’épidémie de choléra de 1832 fit de nombreuses victimes à Morlaix, dont le maire Gustave Rivoallan ; la ville fut la plus touchée du Finistère avec 70 cas pour 1 000 habitants ; 65 % des victimes furent des femmes.

La “Compagnie des paquebots à vapeur du Finistère” est créée en 1839 par Édouard Corbière et quelques amis. Le voyage inaugural du Le Morlaisien, un bateau en bois muni d’une roue à aubes, eut lieu le 10 juillet 1839. Assurant la liaison entre Le Havre et Morlaix et exportant des produits alimentaires, cette compagnie achemina aussi vers Le Havre, Rouen et l’agglomération parisienne de nombreux émigrés Léonards et Trégorrois, à bord du Le Morlaisien, puis du Finistère, et, à partir de 1867 du Morlaix. Édouard Corbière en fut l’un des administrateurs, puis le directeur, jusqu’à sa mort. Cette ligne maritime Morlaix-Le Havre subsista jusqu’en 1907, année de sa fermeture en raison de la concurrence du rail. Charles Le Goffic a décrit la vie difficile des émigrés bretons du Havre sans son roman La Payse.

Le pourcentage de conscrits illettrés à Morlaix entre 1858 et 1867 est de 32 %.

La troisième compagnie (Morlaix) du 4e bataillon de mobiles du Finistère participa le 29 novembre 1870 au combat de l’Haÿ lors du Siège de Paris pendant la Guerre de 1870.

Yan Combot, qui avait assassiné le 21 mai 1892 Françoise Jaffré et sa fille Jeannie Tanguy, condamné à mort, sa grâce refusée, est guillotiné à Morlaix, place Saint-Nicolas, en 1893 ; ce fut la dernière exécution qui eût lieu à Morlaix. Une gwerz fut composée en cette circonstance.

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Sources : Wikipédia, YouTube.