Ville de Lens (Pas-de-Calais).

Lens est une commune française, sous-préfecture du département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France.

Si elle n’est que la 4e ville du département et la 19e de la région avec ses 31 415 habitants, son agglomération est l’un des territoires les plus densément peuplés de France. L’aire urbaine de Douai-Lens est la quinzième aire urbaine du pays avec 539 322 habitants. Elle est également directement sous l’influence de l’« aire métropolitaine de Lille », ensemble métropolitain de près de 3,8 millions d’habitants dont le centre, la ville de Lille, ne se trouve qu’à 30 km.

La ville est surtout connue pour avoir été l’un des principaux centres urbains du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (avec la Compagnie des mines de Lens), qui marque encore aujourd’hui économiquement, socialement, paysagèrement et culturellement l’agglomération, pour son équipe de football, le Racing Club de Lens (RCL), et plus récemment pour le musée du Louvre Lens ouvert en décembre 2012.

Lens comprend de nombreux équipements d’enseignement et de santé. C’est aujourd’hui une ville universitaire : on y trouve le pôle science, technologie et tertiaire de l’université d’Artois, une école d’ingénieurs, l’institut de génie informatique et industriel (IG2I) et plusieurs IUT. La faculté Jean-Perrin, installée dans les anciens bureaux des mines de Lens depuis le début des années 1990, est le pôle scientifique de l’université d’Artois. On y étudie la biologie, la biochimie, la physique, la chimie, les mathématiques et l’informatique. La ville est également dotée d’un tribunal d’instance et d’un théâtre.

La tradition rapporte qu’au début du XIIIe siècle, Gautier et Eustache, co-châtelains de Mons, fondèrent un hôpital tenu par les frères Trinitaires. Le rayonnement de cette institution incita Jean, châtelain de Mons et seigneur de la terre de Lens, à la doter de revenus fixes : c’est ainsi qu’en 1245 il établit le couvent des Trinitaires de Lens, dont le missionnaire Chrétien Le Clercq sera le père supérieur quelques siècles plus tard.

En 1415, Henri de Récourt dit de Lens, Jean de Récourt dit de Lens et Philippe de Récourt dit de Lens, combattent et trouvent la mort lors de la bataille d’Azincourt.

C’est en 1526, lors de l’essor de l’Espagne en Europe, que la ville de Lens passe aux mains du roi d’Espagne et fait donc partie des Pays-Bas espagnols12. Il faudra attendre le siège de Lens en 1647 puis le Grand Condé et la bataille de Lens, le 20 août 1648, pour voir le début du déclin espagnol dans la région. Cette bataille a permis à Mazarin de signer les traités de Westphalie, mettant fin à la guerre de Quatre-Vingts Ans. L’Artois sera rendu à la France lors du traité de paix des Pyrénées dix ans plus tard, le 7 novembre 1659.

Des industriels lillois, MM. Casteleyn, Tilloy et Scrive, découvrent du charbon à 151 mètres de profondeur dans le bois de Lens lors de sondages en 1849. Le décret du 15 janvier 1853 attribue à la Compagnie de Lens une concession de 6,051 ha. Lens s’imposa progressivement comme un centre urbain d’importance.

Lens, essais de couleurs.

Le passage au XXe siècle n’empêche pas que certaines traditions anciennes ne survivent : le 17 août 1901, un duel au pistolet oppose à Lens un journaliste et un lecteur s’estimant offensé.

Le 11 mai 1913, 100 000 personnes sont rassemblées à Lens pour entendre Le Couronnement de la Muse, œuvre musicale lyrique en la présence du compositeur Gustave Charpentier.

La ville de Lens, située à proximité du front, a énormément souffert de la Première Guerre mondiale. En octobre 1914, elle connaît l’invasion allemande puis jusqu’en 1918, l’occupation, pendant laquelle elle est un centre logistique important pour l’armée allemande. Elle est durant cette période très largement pilonnée par des obus de tout calibre dont un grand nombre n’ont pas explosé, qui rendront la reconstruction dangereuse. Avant leur fuite, les occupants noient et détruisent tous les puits de mines.

La population de la ville a diminué de moitié à la fin de la guerre, en janvier-mars 1917, les civils sont évacués sur ordre des Allemands. Elle a reçu la Légion d’honneur le 30 août 1919. En 1918, la ville et une grande partie du bassin minier sont presque totalement rasés. Il faut de longs mois pour nettoyer les décombres des munitions non explosées, puis pour entamer la reconstruction.

Fin 1918, alors que les premiers habitants reviennent déjà, le paysage est lunaire. L’hiver arrive et le papier et le carton bitumé manquent, de même que la nourriture pour les habitants, les prisonniers et le groupe d’ouvriers chinois qui nettoient et reconstruisent la ville, alors que la grippe espagnole apparaît et fait des ravages, emportant de nombreux adultes qui avaient échappé à la mort sur le front, ainsi que des femmes et des enfants. Début septembre 1919, les Pays-Bas offrent des maisons de bois à 300 familles lensoises (et à 200 familles de Liévin).

Le monument aux morts est édifié sept ans plus tard, sur la place du Cantin, par Augustin Lesieux, marbrier et sculpteur à Paris, avec l’aide de l’architecte Barthelet et d’ouvriers spécialisés. Il est inauguré le 30 mai 1925 devant environ 100 000 personnes et le président de la Chambre des députés (Édouard Herriot). Il rend hommage aux mineurs, par un bas-relief présentant une galerie de mine au boisage brisé et envahie par les eaux, ainsi qu’aux ouvriers qui, au retour de la guerre, ont retrouvé leur outil de travail rasé par des bombardements.

La période qui suit la Grande Guerre va voir l’influence de Lens grandir, de même que sa démographie. Cet essor est symbolisé par la construction des Grands Bureaux de la Société des mines de Lens à la fin des années 1920, un bâtiment qui montre la puissance industrielle de la ville.

Michał Kwiatkowski transfère à Lens, en 1924 le quotidien Narodowiec (fondé à Herne en 1909). Une importante communauté polonaise arrive après la Grande Guerre et les décennies qui suivent et se réunit autour de la chapelle Sainte-Élisabeth de la fosse no 1. Le premier numéro sort des presses régionales le 12 octobre de la même année. Le journal écrit en polonais accompagne les nombreux mineurs polonais qui se sont installés dans la région et plus largement la polonia (diaspora polonaise). Sabordé en 1940, le quotidien ne sera de nouveau imprimé qu’à la Libération. Il cesse de paraître en 1989.

Le 14 août 1927, symboles de la reconstruction de la ville et de la marche en avant, Lens inaugure son hôtel de ville et sa nouvelle gare.

Le 25 février 1929, la banque industrielle et commerciale du Nord de Lens fait faillite. Elle laisse un passif de plus d’un million de francs. Les victimes sont toutes de petites gens.

Édouard Herriot, président du conseil, inaugure le 21 octobre 1932 le nouvel hôpital de Lens.

Lens dut subir aussi les dégâts matériels de la guerre de 1939-1945, mais dans une moindre mesure que lors de la Grande Guerre. Dans la nuit du 10 au 11 septembre 1942, 528 juifs (dont 123 femmes et 288 enfants) sont raflés avec la complicité de la préfecture de police, et seront gazés à Auschwitz. Il s’agit de la rafle du 11 septembre 1942 , la plus importante pour la région, où elle a lieu partout mais frappe particulièrement la communauté de Lens, qui n’a pu compter sur le soutien de la population. Une partie de la communauté juive étrangère était d’origine polonaise et était arrivée à Lens dans les années 1920, avec les autres Polonais s’étant engagés dans les mines. Ceci n’avait d’ailleurs pas eu lieu sans une certaine dose de xénophobie et d’antisémitisme, notamment à la fin de l’entre-deux-guerres, avec la création en juillet 1938 d’un « Comité provisoire de défense du commerce français » qui dénonçait, par affichage, la venue d’un « NOUVEAU FLOT DE 300 000 JUIFS ÉMIGRÉS […] réparti entre la France, l’Angleterre et les États-Unis »  [sic]. Selon les historiens N. Mariot et Cl. Zac qui ont analysé les archives départementales du Pas-de-Calais :

« Malgré l’exode d’une bonne moitié de la communauté dès mai 1940, le recensement de décembre 1940 dénombre encore 482 individus dits « israélites » dans le bassin. Moins de deux ans plus tard, celui du premier octobre 1942 n’en compte plus que treize. »

Une rue de Lens, rue des 528-Déportés-juifs, créée dans les années 2000, commémore l’évènement. Une plaque a également été posée en 2002 sur le quai numéro 1 de la gare où a eu lieu l’embarquement dans le train vers Auschwitz.

Début décembre 1943, a lieu à Lens la première réunion du comité départemental de libération du Pas-de-Calais.

La ville est bombardée par les alliés le 22 avril 1944, ce qui provoque la mort de 250 personnes.

L’après-guerre vit la nationalisation des anciennes compagnies houillères avec l’ordonnance du 14 décembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) dirigé par le général de Gaulle. Avec les Trente Glorieuses, la ville s’agrandit encore pour atteindre en 1962 les 42 733 habitants, puis accueille de nombreux immigrés d’Afrique du Nord. Elle prend une importance suffisante pour scinder en deux l’arrondissement d’Arras, et créer en 1962 celui de Lens qui englobe sa conurbation minière de Lens avec entre autres les villes de Liévin, Carvin et Hénin-Beaumont. C’est son bassin houiller qui a permis à Lens de devenir une cité industrielle orientée vers la carbochimie (Mazingarbe, Drocourt, Vendin-le-Vieil) et la métallurgie (chaudronnerie, tréfilerie).

Deux bâtiments furent alors protégés des Monuments historiques : la gare (en forme de locomotive) inscrite en 1984 et la Maison syndicale des mineurs partiellement inscrite en 1996.

Le recul de l’extraction du charbon, à partir des années 1960, puis l’arrêt total de l’extraction en 1990, a entraîné une grave crise de reconversion. Lens voit pendant une trentaine d’années sa population reculer, ses magasins et ses cinémas fermer et le chômage grimper. Depuis, la ville a diversifié ses activités industrielles autour de l’industrie textile, de la métallurgie, de la construction automobile et de l’industrie alimentaire, ainsi qu’autour des fonctions médicales (Centre hospitalier important), tertiaires (banques, centres d’appels) et administratives (sous-préfecture, université d’Artois).

La ville a néanmoins été classée neuvième ville la plus pauvre de France en 2010 par le Journal du Net en raison de l’importance du chômage (15,21 %* de la population active) et de la faiblesse de revenus de ses habitants (10 074,3 euros annuels en moyenne). En effet, plus de la moitié des foyers fiscaux y déclare moins de 11 250 euros de revenus par an.

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Sources : Wikipédia, YouTube.