Ville de Kaliningrad (Russie).

Kaliningrad (en russe : Калининград,  en allemand : Königsberg, en polonais : Królewiec, en lituanien : Karaliaučius), anciennement Königsberg en Prusse-Orientale, est une ville de Russie située dans une exclave territoriale, l’oblast de Kaliningrad, totalement isolée du reste du territoire russe, entre la Pologne et la Lituanie. Sa population s’élevait à 490 449 habitants en 2021.


Kaliningrad est l’ancienne Königsberg (nom allemand qui signifie  littéralement mont du roi, en l’honneur du roi Ottokar II de Bohême ayant pris part aux croisades dans la région), fondée en 1255 par les Chevaliers teutoniques autour d’un château devant les protéger contre les Prussiens. La ville fit partie de la Ligue hanséatique en 1340. À la suite des défaites des Chevaliers teutoniques contre la Pologne et après la chute du château de Marienburg en 1457, Königsberg devint la capitale de l’Ordre teutonique. Lorsque, en 1525, le Grand-maître de l’ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, sécularisa celui-ci, c’est tout naturellement que Königsberg devint la capitale du nouveau duché de Prusse qu’il venait de créer après sa conversion au luthéranisme. Lorsque le duché fut érigé en royaume par Frédéric III de Brandebourg en 1701, Königsberg devint vice-capitale royale avec Berlin. La ville est alors très majoritairement peuplée d’Allemands, et ce, jusqu’en 1945. Elle fait partie du royaume de Prusse, puis de l’Empire allemand en 1871. Après la Première Guerre mondiale et la défaite  allemande, elle est intégrée à l’État libre de Prusse. Comme l’ensemble de la province de Prusse-Orientale, elle est séparée de l’Allemagne par le corridor de Dantzig, établi en 1919.

La ville et sa population subirent à la fin de la Seconde Guerre mondiale des bombardements anglo-américains sévères. L’assaut de la ville par les troupes soviétiques, sous le commandement du maréchal Vassilievski commença le 6 avril et se termina le 9 avril 1945 par la capitulation de la garnison allemande. Vassilievski, anticipant une résistance acharnée de cette garnison retranchée pour la prise de la ville, n’attendit pas la fin de la préparation d’artillerie pour engager l’assaut de l’infanterie, ce qui causa des pertes considérables parmi les troupes soviétiques. De cette prise témoignent encore des monuments ou des tombes communes (en russe « fraternelles ») des soldats tombés lors de la prise de la ville. Le plus grand d’entre eux est le monument à la mémoire des 1 200 combattants de la garde tombés à cet endroit. Ce monument construit sur leur tombeau constitue le point de rassemblement de la population locale à chaque anniversaire de la victoire de 1945.

Königsberg prit le nom de Kaliningrad (du nom du président du Præsidium du Soviet suprême et membre du Comité central du Parti, Mikhaïl Kalinine) en 1946, lorsque l’URSS reçut ce territoire (oblast de Kaliningrad) en  dédommagement des destructions et des pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale. Le partage de la Prusse-Orientale entre la Pologne et l’URSS résulte aussi d’une volonté d’empêcher la résurgence des revendications territoriales, naguère élevées par Hitler, à propos du couloir de Dantzig.

La population allemande subsistante reçut l’ordre de quitter ce territoire en quelques jours avec le droit d’emporter seulement quelques affaires  personnelles. La population implantée par l’URSS a été constituée de peuples composant l’URSS, et pas exclusivement de Russes. Les survivants de plusieurs villages biélorusses détruits par les nazis furent déplacés dans la région de Kaliningrad. Plusieurs villages de l’oblast en témoignent actuellement, dont le Novobobrouïsk (littéralement « Nouveau Bobrouïsk »), fondé par les rescapés de la région biélorusse de Bobrouïsk, ou bien Mozyri, fondé par les rescapés de Mozyr.

Le départ des Allemands mettra fin à une présence germanique de plus de 1 000 ans sur ce territoire.

Sous la période soviétique, la ville fait l’objet d’un plan d’urbanisme inabouti dont témoigne la maison des Soviets.

Deux projets de région autonome dans l’oblast de Kaliningrad ont été suggérés par des groupes ethniques, au moyen de lettres adressées au Comité central (exhumées par l’historien Nikolaï Bougaï) et rejetés. En 1956, lors de la réhabilitation des victimes de Staline, des Juifs d’URSS ont suggéré le transfert à Kaliningrad de l’oblast autonome juif, jusque-là établi au Birobidjan, en Sibérie orientale. En 1989-1995, ce fut au tour des Allemands de la Volga, déportés par Staline au Kazakhstan, de réclamer le rétablissement de leur république autonome (supprimée en 1941) au sein de l’oblast de Kaliningrad.

Un troisième projet, économique cette fois et réclamé par les habitants actuels de l’oblast de Kaliningrad, a été rejeté par le gouvernement russe et l’Union européenne : celui d’une zone franche en union douanière avec les pays voisins.

Selon un article de Der Spiegel de 2010, lors la réunification allemande, des réformateurs soviétiques, anticipant des troubles à Kaliningrad,  proposèrent l’idée d’un retour de la Prusse-Orientale dans le giron allemand, proposition rejetée par Bonn, capitale de la RFA, à l’époque, soucieuse de se concentrer sur la réunification entre la RFA et la RDA.

La ville est encore de nos jours associée à la mémoire d’un dignitaire soviétique, tandis que Stalingrad (renommée Volgograd après la mort de Staline), Léningrad, Gorki, Kalinine, Kirov ou Sverdlovsk ne sont plus employés. L’emploi du nom allemand originel Königsberg ayant été massivement rejeté par l’opinion locale et par la municipalité, bien que l’appellation familière courante soit en russe Kenig (Кениг pour König), de nombreuses propositions furent faites dans les années 1991-1995, sans qu’aucune soit adoptée : « Korolovets » comme le font déjà les Polonais (« Królewiec »), les Tchèques (« Královec ») ou les Lituaniens (« Karaliaučius »), rejetées comme traductions de Königsberg, « Kantograd » (ville de Kant) rejeté parce que Kant était allemand6, « Korolevsk » ou « Korolevgrad » en hommage au « père » de l’astronautique russe Sergueï Korolev, rejetée parce qu’encore trop proche de l’idée de « roi » (Korolev est l’équivalent de Leroy en russe) et parce que Korolev était ukrainien, « Boroussk » en référence à la Borussie ou encore « Tvansk », rejetés parce que baltes et non russes[réf. nécessaire]. Il semble que les générations élevées en Union soviétique et leur descendance, dont beaucoup sont des familles de militaires, attachent d’autant plus de valeur au nom soviétique de Kaliningrad, que leur ville n’a pas de nom antérieur historiquement russe, comme les autres villes de Russie rebaptisées par le gouvernement communiste.

Outre le grand arsenal naval de l’URSS en mer Baltique, les ports civils de Kaliningrad jouèrent un rôle important pour le commerce maritime et l’industrie de la pêche. En URSS, la ville pouvait se targuer d’avoir plusieurs navires simultanément présents dans tous les océans de la planète.  L’arsenal naval jouait un rôle militaire de premier ordre dans le Pacte de Varsovie, et fut la base de départ des expéditions soviétiques en Antarctique (musée du Vityaz).

Une fête pour les 750 ans (700 d’histoire allemande, 50 d’histoire russe) de la ville le 2 juillet 2005 a rassemblé les présidents Poutine, Chirac et le chancelier allemand Schröder. Depuis l’adhésion de dix pays d’Europe de l’Est à l’Union européenne, la ville est désormais une enclave russe dans l’UE.

Le 9 décembre 2015, le commandant des forces américaines en Europe a confirmé qu’en 2008 Dimitri Medvedev a transféré à Kaliningrad des missiles balistiques Iskander et y a ensuite mené des exercices de frappe nucléaire, et qu’il y a des armes anti-navires, des défenses aériennes et des équipements de guerre électronique.

Longtemps symbole de ville détruite et d’architecture soviétique typique, Kaliningrad a vu son centre historique réhabilité à partir de la fin des années 2000, des travaux de reconstruction des anciens bâtiments ayant  commencé. Un projet de reconstruction du château de Königsberg est régulièrement évoqué, soutenu par Vladimir Poutine.

En 2018, la ville de Kaliningrad est l’une des villes hôtes de la Coupe du monde de football dont elle accueille quatre matchs.

Le 10 mai 2023, le gouvernement polonais annonce que la ville de Kaliningrad sera renommée par l’ancienne appellation polonaise de cette ville, Królewiec. D’après le ministre Waldemar Buda : « Nous ne souhaitons pas la russification en Pologne, d’où notre décision d’appeler Kaliningrad et sa région dans notre propre langue ».

Source : Wikipédia.

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