Shimon Peres, homme d’état.

Shimon Peres (en hébreu : שמעון פרס , en arabe : شمعون بيرس), né Szymon Perski le 2 août 1923 à Wiszniew (en Pologne à l’époque, actuellement en Biélorussie) et mort le 28 septembre 2016 à Ramat Gan (Israël), est un homme d’État israélien.

Après une carrière diplomatique entamée après la guerre d’indépendance israélienne, il devient haut fonctionnaire au service du gouvernement israélien comme directeur adjoint, puis directeur général du ministère de la Défense entre 1953 et 1959. Après cette période, il commence une longue carrière politique.

Successivement membre du Mapaï, du Rafi, de l’Alignement, du Parti travailliste et de Kadima, il siège comme ministre au sein de douze  gouvernements, ce qui lui confère une longévité inédite. Il occupe à trois reprises la fonction de Premier ministre (en 1977 par intérim, de 1984 à 1986, de 1995 à 1996). Respecté à l’étranger, Shimon Peres reçoit, avec Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, le prix Nobel de la paix 1994 pour sa participation aux pourparlers de paix avec les Palestiniens ayant mené aux accords d’Oslo.

Devenu membre de Kadima, parti fondé par Ariel Sharon, il est élu à la présidence de l’État d’Israël à l’issue de l’élection présidentielle de 2007, devenant ainsi le premier ancien chef du gouvernement désigné chef de l’État dans l’histoire d’Israël ; il prête serment le 15 juillet 2007. À l’issue de son septennat, le 24 juillet 2014, il met un terme à sa carrière politique, à près de 91 ans.

Après la mort d’Ariel Sharon, Shimon Peres était le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l’État d’Israël.


En 1941, il est élu secrétaire du Hanoar Haoved Véhalomed, un mouvement de jeunesse socialiste et sioniste. En 1944, il retourne au kibboutz Alumot, où il avait reçu une formation agricole et avait travaillé comme agriculteur et comme berger.

En 1947, Shimon Peres s’enrôle dans la Haganah, prédécesseur de l’Armée de défense d’Israël. David Ben Gourion le désigne responsable du personnel et des achats d’armes. Il est nommé à la tête du service naval quand Israël reçoit son indépendance en 1948.

Il est nommé, en 1953, directeur général du ministère de la Défense, quatre ans après sa rencontre avec le Premier ministre David Ben Gourion. À cette fonction, il s’implique particulièrement dans l’achat d’armes pour le jeune État d’Israël, ce qui contribue à en faire la 6e puissance atomique mondiale.

Chargé de la supervision du programme nucléaire israélien, il se rend en France en 1954 et fait la rencontre d’Abel Thomas, directeur général du ministère de l’Intérieur, qui lui présente Maurice Bourgès-Maunoury. Ensemble, ils mettent en place une coopération entre les services de renseignements dans la lutte contre l’ennemi commun égyptien, accusé par la France de soutenir les indépendantistes algériens. En 1956, Bourgès-Maunoury devient ministre de la Défense dans le gouvernement Guy Mollet. Une étroite coopération franco-israélienne s’amorce. Les efforts de Peres sont efficaces et il réussit à acquérir, auprès de la France, le premier réacteur nucléaire de Dimona grâce à l’intervention du physicien Jules Horowitz et, auprès de l’avionneur français Marcel Dassault, le Mirage III, un avion de combat à réaction.

Peres, carte maximum, Israël.

Tout en ayant fait d’Israël une puissance nucléaire, Shimon Peres revendique la « politique d’ambiguïté nucléaire », qui veut qu’Israël ne confirme ni n’infirme jamais la possession de la bombe nucléaire. Ses détracteurs jugent que cette stratégie vise à ne pas avoir à signer le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ou à se soumettre aux contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

En 1959, il est élu pour la première fois député à la Knesset, le Parlement israélien, sur la liste Mapaï (composante du Parti travailliste). Il est constamment réélu depuis.

Shimon Peres est vice-ministre de la Défense de 1959 à 1965, au moment de son implication dans l’affaire Lavon avec Moshe Dayan. Avec celui-ci, il quitte le Mapaï de David Ben Gourion pour former un nouveau parti, le Rafi, qui se réconcilie avec le Mapaï en 1968.

En 1969, Peres est à nouveau nommé ministre et, en 1970, il devient  ministre de l’Immigration, des Transports et des Communications. Après avoir été brièvement ministre de l’Information, il est nommé ministre de la Défense dans le gouvernement d’Yitzhak Rabin, de 1974 à 1977. Durant ce mandat, il est rapporté qu’il aurait tenté un rapprochement avec le régime d’apartheid sud-africain et aurait tenté de lui vendre l’arme nucléaire. Il aurait par ailleurs apporté un soutien militaire à des milices chrétiennes maronites durant la guerre civile libanaise.

Bien qu’il n’ait jamais mené son parti à une victoire aux élections, Shimon Peres a assumé, à trois reprises, la charge de Premier ministre.

Devenu chef du Parti travailliste, il occupe cette fonction par intérim, d’avril à juin 1977, à la suite de la démission d’Yitzhak Rabin. Mais la gauche perd les élections législatives cette année-là, et Shimon Peres devient le chef de l’opposition jusqu’en 1984.

Il redevient Premier ministre en septembre 1984, à la tête d’un gouvernement de coalition avec le Likoud. Dans le cadre d’un accord avec Yitzhak Shamir, il cède comme prévu sa place à ce dernier, en octobre 1986. Il occupe alors la fonction de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères jusqu’en 1988. À ce poste, il tente en vain de trouver une solution à la question palestinienne, conjointement avec la Jordanie. En 1985, à la suite d’un attentat sur un yacht mené par l’OLP, il autorise un raid de l’armée de l’air israélienne contre le siège de l’organisation à Tunis en Tunisie, détruisant le siège.

Ministre des Finances au sein d’un nouveau cabinet de coalition, Shimon Peres retourne dans l’opposition de 1990 à 1992. Cette même année, battu par Yitzhak Rabin à la direction du Parti travailliste, il est de nouveau nommé ministre des Affaires étrangères, et se bat en faveur de négociations sur l’avenir des territoires occupés, avec l’OLP de Yasser Arafat. En 1993, Shimon Peres est l’un des artisans des accords d’Oslo. Cela lui vaut, l’année suivante, de se voir décerner le prix Nobel de la paix, avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat.

Quelques minutes avant l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, Shimon Peres se trouve aux côtés de ce dernier. Alors qu’Yigal Amir s’apprête à les abattre tous les deux, le Premier ministre retourne remercier les organisateurs de la manifestation en faveur du processus de paix israélo-palestinien, tandis que Peres, hésitant, décide finalement de partir. Yigal Amir se résout à lui laisser la vie sauve, et conserve ses munitions pour Yitzhak Rabin.

À la suite de cet assassinat, Peres redevient Premier ministre et réaffirme sa volonté de poursuivre le processus de paix. Il décide d’avancer de six mois le scrutin qui doit désigner le Premier ministre israélien au suffrage universel par les citoyens. Pendant la campagne électorale, pendant qu’il cumule le rôle de Premier ministre et celui de ministre de la Défense, il lance l’opération militaire Raisins de la colère dans le Sud du Liban. Le bombardement de Cana, où 106 civils qui s’étaient abrités auprès de la FINUL, moururent sous les bombardements israéliens, met un terme à l’opération. L’image de Shimon Peres est fortement endommagée à l’étranger, mais l’impact national est également important16. Les semaines précédant l’élection, la cote de popularité de Shimon Peres s’effondre. Son adversaire Benyamin Netanyahou met alors l’accent sur le mauvais bilan des travaillistes en matière de sécurité et les critiques à l’international fusent, certains demandant un retrait du prix Nobel à Peres. Le 29 mai 1996, le Premier ministre sortant est battu de justesse par le candidat du Likoud, qui recueille 50,5 % des voix. Pour beaucoup, cet échec sonne le glas de sa carrière politique.

L’historien controversé Ilan Pappé considère que Shimon Peres a été, malgré son rôle d’« artisan de la paix » dans le conflit israélo-palestinien, l’un des plus grands responsables de la « politique de colonisation des terres palestiniennes » (l’opinion palestinienne le considérant comme un « criminel » qui a encouragé la Nakba). Selon L’Orient-Le Jour, en tant que Premier ministre israélien à l’époque, c’est sous son commandement qu’une base de l’ONU à Cana est touchée par un bombardement, dans lequel plus d’une centaine de personnes s’y étant réfugiés ont été tués.

Candidat à l’élection présidentielle de 2007, il arrive en tête du premier tour à la Knesset le 13 juin en obtenant 58 voix contre 37 pour Reuven Rivlin, le candidat du Likoud et 21 pour Colette Avital, présentée par le Parti travailliste. Aucun des trois candidats n’atteignant la majorité absolue de 61 voix requise pour être élu dès le premier tour, un second tour a lieu le même jour. Dès l’annonce des résultats du premier tour, ses deux concurrents se retirent de la course et déclarent leur soutien à Peres, lui laissant la voie libre. Il est élu président par 86 voix contre 2322.

Shimon Peres est investi président de l’État d’Israël le 15 juillet 2007, après avoir prêté serment devant les membres de la Knesset pour un septennat. Il succède à Moshe Katsav, qui l’avait battu sept ans plus tôt, lors du précédent scrutin présidentiel. Le nouveau chef de l’État doit alors restaurer le prestige de la fonction du président de l’État d’Israël, mis en cause par des scandales de mœurs impliquant l’ex-président Katsav.

Le 13 novembre 2007, Shimon Peres est le premier dirigeant l’État d’Israël à prononcer un discours devant la Grande Assemblée nationale de Turquie.

En novembre 2008, le président Peres reçoit, des mains de la reine Élisabeth II, les insignes de l’ordre de Saint-Michel et Saint-George lors d’une cérémonie organisée au palais de Buckingham, à Londres. Lors de la cérémonie, le chef de l’État israélien s’est dit « très ému de recevoir, en tant qu’émissaire d’Israël, un tel honneur ».

Au Forum économique mondial de Davos de janvier 2009, Shimon Peres et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan ont une virulente discussion autour de l’intervention israélienne à Gaza. Le chef du gouvernement turc, énervé, déclare qu’il se « souvient très bien de ces enfants qui sont morts sur la plage ». Le président israélien réplique alors qu’il « faut savoir se mettre à la place des autres : que feriez-vous si des dizaines, des centaines de roquettes s’abattaient sur Istanbul ? ». Erdoğan décide alors de prendre ses affaires et de quitter le débat, acclamé par ses partisans de l’AKP qui voient en lui un héros. L’opposition turque rappelle cependant que l’État d’Israël reste un allié et que le Premier ministre Erdoğan a manqué de respect à un prix Nobel de la paix.

Le 18 février 2009, Shimon Peres entame des consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement. Dès lors, il se dit favorable à une grande coalition. Le 24 février, il ouvre la 18e Knesset. Le 20 mars, Peres rencontre au Beit HaNassi, la résidence présidentielle, le vainqueur désigné des élections législatives, Benyamin Netanyahou et le charge de former un gouvernement. Le 31 mars, Netanyahou est nommé Premier ministre et est investi le lendemain par la Knesset.

Le pape Benoît XVI, en visite officielle en Israël en février 2009, est salué par le président Peres au Beit HaNassi. Le 24 août, il déclare « être près à aller par les airs, la terre, la mer, même à la nage, pour atteindre la paix ».

En 2011, le président des États-Unis Barack Obama lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté à la Maison-Blanche.

Le 13 septembre 2016, après une rencontre avec des dirigeants d’entreprises de nouvelles technologies israéliennes et vingt-trois années jour pour jour après la signature des accords d’Oslo, Shimon Peres est victime d’un accident vasculaire cérébral majeur qui le laisse dans un état critique. Il meurt le 28 septembre 2016 des suites de cet AVC, au centre médical Chaim Sheba.

Fait rarissime aux États-Unis en l’honneur d’une personnalité étrangère, Barack Obama décide la mise en berne des drapeaux sur la Maison-Blanche, ainsi que tous les bâtiments officiels et militaires américains dans le pays et à l’étranger pour une durée de deux jours en hommage à Shimon Peres.

Le 29 septembre, son corps est exposé à l’extérieur du Parlement, à Jérusalem. Ses funérailles se déroulent à Jérusalem le lendemain, le 30 septembre, en présence de plusieurs personnalités internationales, parmi lesquelles le président français, François Hollande, et son prédécesseur Nicolas Sarkozy, le prince Charles, le président allemand, Joachim Gauck, le roi d’Espagne, Felipe VI, le président américain, Barack Obama, et son prédécesseur Bill Clinton, accompagné du secrétaire d’État John Kerry et de la conseillère à la sécurité nationale Susan Rice. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, est également présent. Le Canada est représenté par le Premier ministre Justin Trudeau, ses prédécesseurs Stephen Harper et Jean Chrétien, ainsi que par le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, et la chef du Parti conservateur, Rona Ambrose.

Sa disparition ne suscite pas autant d’hommages dans le monde arabe. Aucun chef d’État arabe ou député arabe israélien ne se déplace pour assister à ses obsèques, à l’exception du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Alors que la Jordanie reste silencieuse, le président de l’Égypte, Abdel Fattah al-Sissi, exprime sa « peine profonde » et envoie son ministre Sameh Shoukry à ses obsèques. Dans les pays arabes, Shimon Peres est généralement décrit comme l’artisan de la « répression » et de la « colonisation juive » et comme le « boucher de Cana », en référence au bombardement de plus de cent civils libanais et palestiniens au sein d’un camp de l’ONU en 1996.

Source : Wikipédia.

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