David Ben Gourion, homme d’état.

David Ben Gourion (en hébreu : דָּוִד בֶּן-גּוּרִיּוֹן, en arabe : داود بن قوريون), à l’origine David Grün (en yiddish : דוד יוסף גרין, David Yosef Grin), né le 16 octobre 1886 à Płońsk (centre de la Pologne, alors annexé par l’Empire russe) et mort le 1er décembre 1973 à Sde Boker (Israël), est un homme d’État israélien.

En 1930, il participe à la fondation du Mapaï, devenu par la suite le Parti travailliste israélien, qui dirige la communauté juive de Palestine (Yichouv) à l’époque du mandat britannique (1918-1948), puis l’État d’Israël durant les trois premières décennies de son existence.

Il est le fondateur de l’État d’Israël, dont il proclame l’indépendance le 14 mai 1948. Il est Premier ministre du pays de 1948 à 1954 et de 1955 à 1963. Il est le Premier ministre israélien resté le plus longtemps en fonction (de manière consécutive et non consécutive), jusqu’à Benyamin Netanyahou en 2018.


Les mots hébreux Ben Gourion signifient « Fils du Lion », en souvenir d’un héros du siège de Jérusalem par les Romains.

À l’époque de sa naissance, Płońsk se trouve dans la partie de la Pologne intégrée à l’Empire russe.

Il est issu d’une famille juive sioniste. Son père était professeur d’hébreu et membre des Amants de Sion.

Ben gourion, carte maximum, Marshall.

À 17 ans, durant ses années à l’université de Varsovie, il rejoint l’association Poale Zion, qui par la suite devient un parti sioniste d’orientation marxiste.

Ardent sioniste, David Grün émigre en Palestine en 1906, alors que la région est une province de l’Empire ottoman.

Il travaille d’abord dans les orangeraies et les vignobles des exploitations agricoles juives créées dans les années 1880 par les sionistes de la première émigration. Il est aussi garde en Galilée. Il vit pauvrement, parfois en proie à la malaria. Comme il l’indiquera par la suite, son travail modeste et surtout le chômage fréquent lui font connaître la faim, ce qui ne l’empêche pas de refuser toute aide financière de sa famille.

C’est à cette époque qu’il entre au Comité central du Poale Zion.

En 1909, lors d’une attaque arabe, il perd un camarade qui l’accompagnait. Il est également victime d’une seconde attaque, durant laquelle il n’utilise pas son arme et laisse son assaillant fuir avec son panier, après un combat à mains nues. Il s’en sort avec une blessure au couteau, mais se dit fier de ne pas avoir tué son assaillant, et ainsi cassé un cercle de violence.

En 1910, il devient journaliste au journal du parti à Jérusalem et adopte le nom hébraïque de Ben Gourion, nom d’un juif, Josef Ben Gurion, qui combattit contre les Romains durant la guerre des Juifs décrite par Flavius Josèphe.

Il commence en 1912 des études de droit à l’université d’Istanbul, capitale de l’Empire ottoman. Il souhaite tisser des liens avec la future élite  ottomane, afin de la rendre plus favorable au projet sioniste.

En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, Ben Gourion s’en tient à une attitude loyaliste vis-à-vis de l’Empire et la promeut au sein du Yichouv. En mai 1915, il est déporté en Égypte bien qu’il forme une milice juive de soutien aux Ottomans. Il se rend aux États-Unis pour trois années et forme le groupe HeHalutz.

Avec l’entrée en guerre des États-Unis et l’engagement du Royaume-Uni en faveur du sionisme (Déclaration Balfour de 1917), il se distancie de plus en plus de l’Empire ottoman.

Après l’assassinat le 16 juin 1933 d’Haïm Arlozoroff, chef du département politique de l’Agence juive, Ben Gourion voit son influence encore  augmenter. Il devient en 1935 président de l’Agence juive, et démissionne de son poste au sein de la Histadrout. Il devient alors le principal dirigeant du Yichouv sioniste. L’alliance avec les libéraux de Weizmann est cependant poursuivie : ce dernier reste le président de l’OSM.

La même année, Ben Gourion tente de se rapprocher du Parti  révisionniste de Vladimir Jabotinsky.

De la fin 1935 à 1939, les Arabes se révoltent contre le mandat britannique. Cette révolte s’explique par le refus catégorique de voir un « foyer national juif » s’installer en « terre musulmane », un des objectifs du mandat. Du refus du nationalisme juif naît ainsi un nationalisme arabe, dont est issu le nationalisme palestinien actuel.

Conséquence de cette révolte, la Haganah se développe fortement. Groupe armé de défense des Juifs de Palestine, officiellement interdite par le mandat britannique, elle était depuis sa création en 1920 sous l’autorité de la Histadrout. Elle passe en 1931 sous la direction de l’Agence juive, ce qui signifie que son responsable politique suprême était Ben Gourion jusqu’en 1931, et qu’il le redevient en 1935.

En 1937, les Britanniques (commission Peel) envisagent de diviser la Palestine mandataire, et de créer un petit État juif sur une petite partie (15 %) de celle-ci : le nord de la Palestine mandataire et une partie de la bande côtière. Malgré la taille modeste de l’État proposé, Ben Gourion s’engage en faveur du plan de partage, contre l’avis d’une partie du Mapaï (derrière Berl Katznelson et Itshak Tabenkin). Pour ce faire, il a le soutien d’Haïm  Weizmann.

Mais il ne parvient que partiellement à surmonter les fortes réticences de l’OSM. Celle-ci accepte l’idée d’un partage, mais refuse les frontières trop étroites proposées.

Devant le manque d’enthousiasme des sionistes (et devant l’hostilité des nationalistes arabes), les Britanniques abandonnent le plan Peel. Mais la réaction de Ben Gourion est révélatrice de son pragmatisme.

La grande révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire amène les Britanniques à restreindre l’immigration juive en publiant leur troisième « Livre blanc » de 1939 la limitant à 75 000 Juifs.

Ben Gourion va organiser l’opposition résolue du Yichouv à cette politique.

Une immigration illégale est mise en place autour du Mossad l’Aliyah Beth. Elle vise à amener des Juifs en Palestine mandataire.

La rupture entre les Britanniques et le projet sioniste étant maintenant consommée, Ben Gourion et l’Organisation sioniste mondiale décident au congrès sioniste de Biltmore (à New York, aux États-Unis) de 1942 de revendiquer un État juif sur toute la Palestine, impliquant le départ des Britanniques.

Dans le même temps, Ben Gourion oriente le mouvement sioniste dans un soutien résolu à l’effort de guerre contre les nazis. Des membres du Yichouv, en particulier de la Haganah s’engagent dans la « Brigade juive » sous commandement britannique. Il déclare : « Nous aiderons les Britanniques dans la guerre comme s’il n’y avait pas de Livre blanc et nous lutterons contre le Livre blanc comme s’il n’y avait pas la guerre ». En 1942 la puissance mandataire britannique était en effet elle-même menacée par les troupes de Rommel, et l’arrivée des troupes allemandes au Moyen-Orient signifiait la fin probable du Yichouv.

Si la lutte contre le nazisme est essentielle, la sécurisation du projet sioniste passe avant tout. David Ben Gourion s’accommodait même bien des mesures antisémites nazies des années 30 qui lui permirent d’accueillir en Palestine des flots d’immigrants. Il va même jusqu’à déclarer en 1938, devant le comité central du Mapai, que s’il avait le choix entre sauver la totalité des enfants juifs allemands pour les envoyer en Angleterre ou n’en sauver que la moitié pour les envoyer en Palestine, il opterait pour la dernière option. Et en 1939, devant le Congrès sioniste à Genève, que les juifs restés en Allemagne sont des couards et que les juifs palestiniens ne veulent pas être ce type de juif (« that sort of Jew »). Confronté sur toute la durée de la Seconde Guerre Mondiale, tout comme le reste des Alliés, à des informations concordantes sur un génocide des Juifs d’Europe, il n’avait pas plus que les autres mesuré sa véritable dimension7, ses discours sur le sujet de la Shoah restent toujours évasifs même après-guerre. Selon le nouvel historien Tom Segev, le sentiment d’impuissance et l’ordre des priorités avaient fortement limité les tentatives d’assistance aux Juifs d’Europe (peu après les débuts de la guerre, Ben Gourion laisse en effet entendre aux dirigeants de l’Agence juive que la protection des Juifs à travers le monde est maintenant « au-dessus des capacités humaines »).

La grande majorité des Arabes a refusé le partage. Dès novembre 1947 la guerre civile entre Juifs et Arabes de Palestine éclate, sous l’œil passif des Britanniques, qui ne quittent le pays que le 15 mai 1948.

Ben Gourion dirige la défense du Yichouv. En mars 1948, une crise l’oppose à la direction de la Haganah : Ben Gourion veut une offensive que cette direction ne s’estime pas capable de mener8. Ben Gourion s’impose malgré les menaces de démissions, et l’offensive réussit.

Le 26 mai 1948, par l’ordonnance N° 6 du gouvernement de l’État d’Israël, Ben Gourion crée Tsahal, qui regroupe les forces de la Haganah, de l’Irgoun et du Lehi. Pendant l’été, une nouvelle crise éclate, contre l’Irgoun cette fois. L’Irgoun avait maintenu ses unités au sein de Tsahal. Mais Ben Gourion ne voulait pas d’unités politisées. Profitant d’une tentative de l’Irgoun de faire rentrer des armes dans le pays, Ben Gourion fait tirer sur le bateau transportant ces armes, l’Altalena. Il y a 18 morts : 16 membres de l’Irgoun, 2 soldats de Tsahal. Ben Gourion accuse l’Irgoun et son chef, Menahem Begin, de préparer un coup d’État. Les unités constituées de l’Irgoun sont dissoutes.

En juin-juillet, Ben Gourion décide aussi de dissoudre le Palmach, unité d’élite créée par la Haganah en 1941, dont les cadres et les officiers étaient considérés comme trop liés à un parti (le Mapam).

Ben Gourion a imposé son autorité sur les groupes armés, et les a fondus dans une armée unique.

Pour en savoir plus, voir l’article sur la guerre d’Indépendance.

Le 14 mai 1948 (un jour avant le départ des Britanniques, afin de respecter le Shabbat), vers 16 heures, David Ben Gourion lit à Tel-Aviv, dans l’enceinte du Musée des Beaux Arts, au nom du gouvernement provisoire, la  déclaration d’indépendance de l’État d’Israël.

Cette période est marquée par un afflux considérable de réfugiés juifs. La population juive de l’État double pour atteindre près de 1,3 million de personnes qui font leur Alya.

Face à certains qui voulaient limiter les entrées pour permettre de mieux les absorber, Ben Gourion s’oppose à cette idée et favorise au contraire une politique d’immigration maximum. C’est ce qui sera nommé “le Plan Un million” (en hébreu : תוכנית המיליון ; Tokhnit hamillion), un plan logistique pour l’immigration et l’absorption d’un million de Juifs d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en Palestine mandataire, dans un délai de 18 mois, afin d’établir un État sur ce territoire exécutif de l’Agence juive pour Israël en 1944, il est devenu la politique officielle de la direction sioniste en 1948.

Environ 150 000 des nouveaux immigrants sont des rescapés de la Shoah. Mais plus de 600 000 arrivants sur trois ans sont constitués de réfugiés juifs sépharades des pays arabes, ce qui est une relative nouveauté pour un Yichouv jusqu’alors constitué à 80 % d’Ashkénazes d’origine européenne. Leur intégration sera difficile compte tenu d’un niveau de formation très bas, et beaucoup considèrent que c’est un des plus graves échecs de Ben Gourion. Dans les années 1970, les Séfarades se retourneront contre les travaillistes, en leur reprochant leur intégration imparfaite dans le nouvel État, et voteront en masse pour la droite sioniste.

En octobre 1953, Ben Gourion donne l’ordre de mener l’opération Shoshana qui aboutit au massacre de Qibya.

Fin 1953, il annonce son intention de se retirer du gouvernement et de s’installer au kibboutz Sde Boker, dans le Néguev israélien. En fait, il n’abandonne pas complètement ses obligations gouvernementales, même s’il réside au kibboutz toute l’année de 1954.

Ben Gourion a laissé le pouvoir à Moshé Sharett. Il a cependant lui-même désigné le ministre de la Défense, Pinhas Lavon, et le chef d’état-major, Moshé Dayan, sur lesquels Sharett aura du mal à s’imposer. Ben Gourion continue donc à avoir un rôle important, quoique officieux, sur les décisions prises.

Ben Gourion revient au pouvoir en 1955, après les élections qui suivent le fiasco de « l’affaire Lavon » (des attentats anti-occidentaux organisés par des agents israéliens en Égypte, et visant à discréditer le régime égyptien). Il présente son nouveau gouvernement le 2 novembre 1955.

Il organise la guerre du Sinaï de 1956 contre l’Égypte, en réponse aux menaces égyptiennes de détruire Israël, et au blocus égyptien contre le port israélien d’Eilat.

La guerre est un succès militaire : le Sinaï est occupé et Ben Gourion envisage de le conserver. Mais l’opposition des États-Unis et de l’Union soviétique à l’opération israélo-franco-britannique ramène au statu quo : sous la pression des États-Unis, le Sinaï est restitué à l’Égypte au début de 1957, en échange d’une détente de la situation sécuritaire et de la levée du blocus d’Eilat. Cette détente dure une dizaine d’années, jusqu’à la guerre des Six Jours de 1967.

Il privilégie le rapprochement avec la Turquie qu’il visite secrètement en 1958 à l’invitation du Premier ministre turc de l’époque Adnan Menderes. Pendant cette visite, un accord sur la coopération économique et militaire est signé entre les deux pays.

En 1963, Ben Gourion démissionne de nouveau, du fait des suites de l’« affaire Lavon ».

Marginalisé au sein du Mapaï, il crée en 1965 le Rafi. Cette création est un échec partiel. Le parti obtient 7,9 % et 10 sièges aux élections de 1965. Ce score est insuffisant pour permettre à Ben Gourion de revenir au pouvoir.

En 1968, il accepte la réunification du Rafi avec le Mapaï et le Achdut Ha’avoda, une autre dissidence du Mapaï, qui datait, elle, de 1944. Cette réunification reconstitue le Mapaï dans son périmètre politique de 1930, mais sous le nouveau nom de Parti travailliste.

Ben Gourion reste membre de la Knesset jusqu’en 1970.

Il prend sa retraite à 84 ans, et meurt en 1973. Il est enterré au Kibboutz de Sdé-Boker, dans le cadre grandiose d’un canyon du Néguev.

Source : Wikipédia.

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