Pierre Puget, sculpteur, peintre et architecte.

Pierre Puget, né le 16 octobre 1620 à Marseille, et mort dans la même ville le 2 décembre 1694, est un sculpteur, dessinateur, peintre et architecte français.

Il fut célébré par de nombreux auteurs au XVIIIe et XIXe siècle comme « le Michel-Ange de la France », l’un des représentants de l’esprit classique français du Grand siècle dans la sculpture, comme le fut Nicolas Poussin pour la peinture. Il est l’un des introducteurs de l’Art baroque en France, bien illustré par ses réalisations architecturales. À la fois artiste et artisan, il peut être considéré comme un exemple de créateur complet, dont le talent transcende les techniques.

Pierre Puget assiste le 25 mai 1644 à Marseille au partage des biens paternels avec ses deux frères Jean et Gaspard. En 1645, probablement après le décès de sa mère, Pierre rejoint à Toulon son frère Gaspard qui, de tailleur de pierre, deviendra sculpteur puis architecte. L’amiral Jean Armand de Maillé lui demande de travailler pour l’atelier du maître-sculpture sur bois Nicolas Levray, chef de l’atelier de décoration à l’arsenal de Toulon : il décore le navire Le Magnifique qui, après la mort de l’amiral, est rebaptisé La Reine.

Pendant l’année 1646, Pierre Puget fait un court séjour à Rome où il accompagne un religieux feuillant envoyé par la reine mère pour y copier des antiques. Ce religieux pourrait être, comme le pense Lagrange, le père Joseph qui « avait peint sous Vouet avant d’aller à Rome, où il se noya dans le Tibre ». De retour à Toulon, il épouse Paule Boudet le 8 juillet 1647. Ils auront un fils, François Puget, qui naîtra le 17 décembre 1651 et sera peintre.

Pendant la Fronde (1648-1652), l’activité de l’arsenal cesse pratiquement et Puget se consacre essentiellement à la peinture. Il exécute à la demande des tableaux et des retables pour des confréries religieuses, des églises paroissiales et des couvents. Ainsi en 1652, pour le baptistère de la cathédrale de Marseille, il réalise Le baptême de Constantin et Le baptême de Clovis. Il maîtrise alors parfaitement l’art pictural.

Le 16 février 1655, la ville de Toulon décide d’ériger un portail avec balcon à l’hôtel de ville. Les consuls de Toulon passent un marché avec Nicolas Levray ; Pierre Puget qui avait commencé depuis quelques années une carrière de sculpteur, propose deux atlantes à la Michel-Ange pour soutenir le balcon. Les consuls enthousiasmés par le projet résilient le marché passé avec Nicolas Levray pour passer un nouvel acte avec Pierre Puget. C’est une réussite éclatante.

Pierre Puget, carte maximum, Marseille, 20/05/1961.

Bien que Puget continue à peindre occasionnellement, c’est sa réputation de sculpteur qui franchit les frontières de la Provence jusqu’à la Cour. Le marquis de Girardin l’appelle pour orner de statues le parc de son château de Vaudreuil. Nicolas Fouquet le sollicite ensuite pour les sculptures du château de Vaux-le-Vicomte et l’envoie à Gênes pour choisir les plus beaux marbres de Carrare pour la réalisation des statues. Après la disgrâce de Fouquet survenue le 5 septembre 1661, Puget décide prudemment de rester à Gênes.

Pierre Puget travaille avec ardeur pour les patriciens de la capitale ligure. L’Hercule gaulois primitivement destiné aux jardins de Vaux-le-Vicomte, est sculpté pendant cette période. Il effectue un court voyage à Rome en 1662 puis un bref séjour en Provence en mai 1663 d’où il revient avec sa femme, son fils et son élève Christophe Veyrier. Le travail du marbre plus fin que la pierre qu’il avait utilisée pour créer les atlantes de Toulon (en pierre de Calissanne), est pour Puget un éblouissement. Il a pour le marbre une admiration sensuelle et quasi amoureuse ; il écrit à Louvois en 1683 : « la pièce de marbre est sans défaut et blanche comme neige ». Il veut également dominer ce matériau puisqu’il écrit dans la même lettre la fameuse phrase : « le marbre tremble devant moi, si grande que soit la pièce ». Il continue par ailleurs à peindre : le tableau de la Sainte famille date de 1663 environ.

La municipalité de Marseille souhaitant reconstruire un hôtel de ville, Pierre Puget réalise à Gênes deux projets. Le premier datant de 1663 est un dessin d’un édifice conçu comme un palais romain. Le deuxième propose un bâtiment plus modeste. Aucun des deux projets ne sera retenu.

Puget rentre en France en 1668 afin d’assurer la direction de l’atelier de sculpture de l’arsenal de Toulon en remplacement de Nicolas Levray. Il n’accepte ce poste qu’après une longue période de négociation. Il indique dans une lettre du 18 janvier 1667 ses exigences qui ne seront acceptées par Colbert qu’en avril 1668.

Il poursuit pour Marseille et Toulon ses projets d’urbanisme. Il entreprend des sculptures destinées au parc de Versailles : statue de Milon de Crotone, bas relief d’Alexandre et Diogène, et statue de Persée délivrant Andromède.

L’indépendance de Puget et ses projets coûteux finissent par exaspérer Colbert qui le licencie en 1679 de l’atelier de l’arsenal de Toulon.

Puget quitte Toulon pour s’installer à Marseille. En 1681 il se construit une maison à l’angle de la rue de Rome et de la rue de la Palud. Cette maison se compose d’un rez-de-chaussée avec entresol, de deux étages et d’un attique. La fenêtre du premier étage sur la façade en pan coupé s’ouvre sur un balcon. Au-dessus de cette fenêtre, Puget avait placé dans une niche circulaire un buste du Christ en ronde bosse avec cette inscription : « Salvator mundi, miserere nobis ». En dessous on pouvait lire : « Nul travail sans peine ». Dans le courant du XIXe siècle le buste du Christ est remplacé par une tête en hermès d’une grande médiocrité. Le buste original serait soit celui qui se trouve au musée des beaux-arts de Marseille, soit un autre conservé dans une collection particulière. Au début du XIXe siècle, la corniche de la maison a été rognée ; le maçon chargé des réparations allait raser les chapiteaux et les pilastres considérés comme des nids à poussière quand l’archéologue Alexandre de Fauris de Saint-Vincens (1750-1819), arrêta ce vandalisme.

Entre 1690 et 1693, il se construit également une bastide sur la colline Fongate. Cette bastide figure sur une gravure anonyme de la Chambre de commerce de Marseille ; elle ne sera pas entièrement démolie vers 1870 pour permettre un débouché de l’actuelle rue Fongate qui était alors une impasse. Une partie de la bastide demeure dont notamment le salon de Pierre Puget, dit salon chinois. Pierre Puget meurt dans cette bastide le 2 décembre 1694.

Source : Wikipédia, Ville de Marseille.