Max Reinhardt, acteur et metteur en scène.

Max Reinhardt (9 septembre 1873 à Baden – 31 octobre 1943 à New York), de son vrai nom Max Goldmann, est un acteur, metteur en scène de théâtre et réalisateur, de nationalité autrichienne puis américaine. Considéré comme l’un des pères de la mise en scène avec Edward Gordon Craig et Adolphe Appia, il a été au début du XXe siècle à la tête d’un vaste empire théâtral (théâtres, cabarets et écoles) en Allemagne et en Autriche.


Max Goldmann naît dans une famille de commerçants juifs ruinés. Sa  carrière d’acteur commence en 1890, dans un petit théâtre des environs de Schönbrunn. Il décide d’adopter le pseudonyme de Max Reinhardt pour se protéger de l’antisémitisme, particulièrement virulent en Europe à cette époque. Il est d’abord reconnu pour ses interprétations de personnages de vieillards : « Ces rôles me convenaient tout à fait. Je pouvais cacher ma timidité derrière une grande barbe blanche ». En 1893, il est engagé au Théâtre municipal de Salzbourg et y interprète près de cinquante rôles en six mois, avant d’être repéré par Otto Brahm. À l’automne 1894, il quitte l’Autriche pour Berlin où intègre la troupe du Deutsches Theater, dirigée depuis peu par Brahm. Il y obtient ses premier succès de comédien. À partir de 1895, il tourne en été dans les capitales d’Europe de l’Est (Vienne, Prague, Budapest) avec la Secessionsbühne (La Scène sécessionniste), une organisation fondée par de jeunes acteurs berlinois.

De 1902 jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir, en 1933, Max Reinhardt réalise des mises en scène pour divers théâtres berlinois. Il dirige le célèbre cabaret satirique Schall und Rauch avec la complicité du poète Christian Morgenstern. De 1905 à 1930 il dirige également le Deutsches Theater à Berlin. De 1915 à 1918, il est le premier intendant de la Volksbühne am Bülowplatz (aujourd’hui am Rosa-Luxemburg-Platz) et de 1924 à 1933 du Theater in der Josefstadt à Vienne. Par des mises en scènes pleines de puissance et une interaction précise entre la scénographie, la langue, la musique et la danse, Reinhardt donne un nouvel essor au théâtre allemand. En 1920, il fonde le Festival de Salzbourg avec Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal.

En 1914, il fut un des signataires du Manifeste des 93 et manifesta son soutien au gouvernement allemand. Le flou de sa nationalité austro-hongroise dans une Allemagne en guerre l’obligeait à tenir une position sans équivoque, face aux attaques nationalistes et antisémites. Envoyé en tournée dans les pays neutres par le Ministère des affaires étrangères, Reinhardt ne se limite pas au répertoire allemand et prend ses distances à l’égard du patriotisme barbare de la Première guerre mondiale.

Il est invité aux États-Unis en 1912 pour monter Sumurun de Friedrich Freska, et en 1924 pour Das Mirakel de Karl Vollmöller. En 1934, il crée son festival californien, marqué par la mise en scène du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, dansé par Nini Theilade, qui donne lieu au film de la Warner Brothers en 1935. En 1936-1937, il fait plusieurs séjours à New York pour préparer The Eternal Road de Franz Werfel, pièce qui raconte sous forme allégorique le destin du peuple juif et les persécutions.

Après la prise de pouvoir des nazis, il s’exile en Angleterre en 1938, puis aux États-Unis où il connaît un grand succès.

Max Reinhardt initie et participe à la réforme du théâtre européen après la Première guerre mondiale. Comme Craig, il revendique le rôle capital de la mise en scène et son autonomie. Il tient à la faire sortir de l’ombre de la littérature et du texte. Reinhardt est également très attaché au rôle du comédien, qu’il souhaite mettre au centre de la performance théâtrale. Comédien de formation, et reconnu comme un excellent acteur, ses maîtres en la matière sont Shakespeare et Molière. Il met très régulièrement en scène leurs œuvres, et s’inspire de Molière pour former un art de l’acteur qui intègre la danse, le chant et la pantomime à parts égales avec le texte. Le triple rôle de l’écriture dramatique, du jeu et de la mise en scène doit constituer pour lui le socle fondamental de la création au théâtre. En cela, Reinhardt s’éloigne de Craig et de sa volonté d’atteindre la suppression du comédien.

Max Reinhardt forge sa conception moderne du théâtre dès ses premières années en Autriche et à Salzbourg. À Vienne, il fréquente le Burgtheater et découvre l’hypnose et la suggestion en suivant les cours du psychiatre Richard von Krafft-Ebing. Arrivé à Berlin, il se familiarise avec l’œuvre de Friedrich Nietzsche (dont le concept de volonté de puissance le marque particulièrement), s’intéresse à Richard Wagner et ses expérimentations d’œuvre d’art totale au Festival de Bayreuth. Habitué à assister aux spectacles depuis le dernier rang du poulailler, il imagine une esthétique théâtrale où la vue, l’ouïe et surtout l’imagination sont constamment sollicités. Cela le conduit à particulièrement lier la musique au théâtre.

Au début de sa carrière à Berlin, Max Reinhardt entre en contact avec les deux mouvances artistiques en vogue à l’époque : le naturalisme d’une part, et les mouvements d’avant-garde d’autre part, qui se construisent contre le naturalisme (l’impressionnisme, le symbolisme, le groupe Jeune Vienne). De formation naturaliste, il privilégie par la suite l’avant-garde. Ainsi, plusieurs pièces d’Arthur Schnitzler, de Frank Wedekind et d’Hugo von Hofmannsthal sont créées au Deutsches Theater sous la direction de Reinhardt.

Durant sa carrière, il explore les possibilités scéniques offertes par les innovations technologiques et les inventions de Mariano Fortuny, notamment pour les décors et les lumières. Adepte des scènes circulaires et mobiles, des cyloramas et du théâtre immersif, Reinhardt cherche à produire un effet d’émerveillement pour les sens et l’imagination. Il privilégie un théâtre de masse, destiné à un très grand nombre de spectateurs, provenant de classes sociales variées. Pour lui, le théâtre doit accompagner les changements sociaux de son temps et ne pas être réservé à une élite conservatrice. Il crée ainsi une forme théâtrale moderne et métropolitaine, décrite comme un théâtre festif et religieux pour les masses.

Après le succès de la forêt tournante d’Un songe d’une nuit d’été, le critique théâtral Henry Bidou écrit que Reinhardt a fait du théâtre, « qui était un art à deux dimensions, un solide à trois dimensions. La scène était un tableau, il en a rompu le cadre, enfoncé le fond, solidifié les décors ; il y a orienté en tous sens la lumière et les mouvements ».

Source : Wikipédia.

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