Margit Kovács, céramiste et sculptrice.

Margit Kovács est une céramiste et sculptrice hongroise née le 30 novembre 1902 à Győr et morte le 4 juin 1977 à Budapest, en Hongrie.


Orpheline d’un père enseignant alors qu’elle est encore une enfant, sa mère devient directrice d’un pensionnat de garçons. Malgré cela, elle se rend  compte combien il est difficile de joindre les deux bouts. Son talent  artistique apparaît très vite. Dans la rue où elle habite, un constructeur de poêles (en Hongrie certains poêles sont recouverts de céramiques comme les kachelofes en Alsace) remarque son talent artistique et la familiarise avec l’argile qui va devenir la matière qu’elle va utiliser tout au long de son existence.

Après avoir quitté l’école secondaire, elle essaie de travailler dans une  banque pour gagner sa vie mais sa famille se rendant compte que cela ne correspond pas à sa vocation décide de ne renoncer à aucun effort, aucune dépense pour lui permettre de faire des études artistiques à Budapest. Elle les commence Almos Jaschik, un célèbre dessinateur influencé par l’art nouveau, qui avait ouvert une école privée en 1920. Elle y reste quatre ans, de 1922 à 1926 et imprégnée de la maxime du maître «La beauté est notre pain quotidien» elle honore des commandes pour des affiches, des  emballages, des illustrations, des enluminures, des reliures et des jaquettes de livres. En outre, avec une amie, Judit Kende qui deviendra céramiste comme elle, elle se rend dans l’atelier du collège des arts appliqués à Budapest pour y peindre sur de la porcelaine mais cela ne l’attire guère.

En 1926, elle quitte l’école de Jaschik, pour se rendre à Vienne, en Autriche, afin de profiter des cours de céramique de Michael Powolny, professeur au collège des arts appliqués, mais celui-ci ne pouvant l’admettre dans sa classe faute de place la présente à Hertha Bucher. Elle passe près de deux ans avec elle dans son petit atelier de poterie installé dans une vieille maison de la Mozart Gasse à Vienne où, en compagnie de quatre ou cinq élèves, elle pétrit l’argile du matin au soir à la manière de son professeur sur un tour de potier tout en se familiarisant à l’utilisation de vernis fluides. Lorsqu’elle a du temps libre elle visite les musées pour prolonger ses études et satisfaire sa curiosité pour l’art de la Grèce antique et de Rome. Mais par-dessus tout elle aime la splendeur du gothique et l’atmosphère de la Cathédrale Saint-Étienne de Vienne.

Elle quitte la capitale autrichienne en 1928 pour se rendre à Munich développer ses compétences en s’inscrivant aux cours de sculpture, essentiellement religieuse, de Karl Killer et aux cours de céramique d’Adelbert Niemeyer, à l’école royale des arts appliqués. Déjà, la même année, les productions qu’elle avait réalisées pendant ses études à Vienne sont assez appréciées pour pouvoir être exposées en 1928 à la galerie Tamas  à Budapest et à la 398e exposition collective de juin au Salon national où elle expose entre autres des tasses noires et jaunes, un vase bleu décoré de raisins jaunes, un vase avec cerf, un chandelier avec trois figures animales, un autre à trois branches avec deux animaux, un troisième en forme de canard, un plat orné de motifs en relief et pouvant être insérée dans un mur, une tuile représentant une femme agenouillée qui obtiennent des éloges du critique du Magyar Iparmüvészet.

Après avoir passé une année à Munich, elle revient en Hongrie, à Győr puis à Budapest où elle commence à fréquenter d’autres artistes hongrois. Malgré des conditions matérielles défavorables elle persiste : dans le petit  appartement qu’elle loue, la cuisine qui lui sert d’atelier n’a pas de four pour cuire ses poteries mais sa mère l’aide beaucoup. Elle survit d’autant plus difficilement que sa clientèle se limite aux professions libérales.

En 1930 elle remporte un 1er prix à la 4e exposition internationale des arts-appliqués à Monza où elle présente des œuvres en forme de lions ou de coqs, des chandeliers à quatre branches avec des cerfs et des chandeliers à deux branches avec des renards. L’année suivante, elle réalise, pour la première fois, une commande pour l’office municipal de tourisme de Budapest un haut relief de forme circulaire «Activités traditionnelles» et pour la première fois, aussi, souvent en relation avec l’histoire sainte, des personnages en terre façonnée à la main apparaissent dans sa production : ainsi sa première figurine en poterie moulée à la ronde est exposée pendant l’été 1931 à la société des arts appliqués. De plus l’État commence à lui acheter des œuvres et l’on peut voir des illustrations représentant ses créations dans la revue “Magyar Iparmüvészet”.

En 1932 elle va à Copenhague pour étudier sous la direction de Jean René Gauguin, le fils de Paul Gauguin, un céramiste et un sculpteur doué qui travaille à la Manufacture Royale de Porcelaine. Celui-ci n’est pas intéressé par l’enseignement mais lui conseille de se rendre à Paris. Après avoir travaillé avec J. P. Willumeen pendant quatre mois, elle suit les recommandations de Jean René Gauguin.

Elle se rend dans la capitale et visite la Manufacture nationale de Sèvres où travaille celui qui l’a poussée à s’y rendre. Elle présente des photographies de son travail au directeur qui impressionné lui signe un contrat de  plusieurs mois. C’est là qu’elle apprend à façonner la chamotte qui va lui permettre de créér de nouvelles formes plus grandes et plus complexes. De 1932 à 1945 elle travaille sur des thèmes religieux d’autant plus que la plupart des commandes importantes sont faites par l’église catholique romaine. À la 4e triennale de Milan, en 1933, alors qu’elle n’a que trente et un ans, elle acquiert une reconnaissance internationale en recevant une médaille d’argent pour son exposition. En 1933-1934, à Sèvres, elle réalise «La Fille aux joues charnues», une figurine en terre cuite, sa première d’une longue série.

En 1935 ses œuvres sont rassemblées dans une exposition qui montre l’étendue des techniques qu’elle maîtrise et la même année, elle abandonne l’utilisation d’émaux craquelés. À cette époque, depuis 1932 et jusqu’en 1945, pour répondre à la demande qui augmente (En 1936, elle a déclaré avoir été chargée de fabriquer des articles pour l’Amérique) son travail se diversifie et sert à la décoration de murs de bâtiments (par exemple «Histoire de la poste»), de niches («Saint Florian» pour la maison de Gyula Kaesz), de vestibules, de cheminées avec de petits sujets en relief dont beaucoup sont destinés à l’Église catholique romaine. En 1938, lors de la première expositione des arts appliqués à Budapest, elle obtient la médaille d’or, en 1939, la médaille d’argent de la sixième triennale de Milan pour un poêle ornemental pour lequel elle avait déjà obtenu, l’année précédente, une médaille d’or à la première exposition internationale des arts appliqués à Berlin. (Cette œuvre imposante se trouve maintenant dans une collection privée à Milan). En décembre 1938 elle expose à nouveau à la galerie Tamás à Budapest avec Lajos Erdös et Istvan Pekary et en 1942, dans la même galerie, une nouvelle exposition rassemble ses créations dont une  «Adoration des mages» particulièrement appréciée.

En 1945, son activité créatrice est gravement entravée par l’inflation et le manque de matières premières et lorsqu’elle dit à un journaliste qu’elle se lancera dans la création lorsqu’elle aura du bois pour chauffer son four, elle résume bien la situation. Enfin cela ne l’empêche pas d’organiser, la même année, une exposition dans son atelier.

Les représentations, type portrait sont très rares dans son œuvre mais elle réalise celui de sa mère en 1948 qu’elle refera en bronze en 1951. «Dans cette œuvre l’artiste représente la femme qui a non seulement donné sa vie, mais qui est restée également sa fidèle compagne utile dans toutes les  vicissitudes de sa carrière» écrit Madame Ilona Pataky-Brestyánszky. Et la même année la Deuxième République lui décerne le Prix Kossuth. Après la guerre, ce sont les années les plus heureuses de sa vie parce que la fin des hostilités, la reconstruction et la restructuration du pays entraînent d’importantes commandes pour les bâtiments publics. En 1953 elle  rassemble 165 œuvres pour une exposition de ses plus petites créations à des poêles de deux mètres de hauteur au Salon national et reçoit, toujours en 1953, le Prix d’artiste méritant de la République populaire de Hongrie (hu). Elle continue à recevoir distnctions et récompenses : à Bruxelles le grand prix de l’Exposition universelle de 1958 et en 1959 le Prix de Hongrie pour les artistes exceptionnels. En 1959, elle expose à l’Institut hongrois à Rome et à l’exposition internationale de céramique d’Ostende. Trois ans après, lors de l’exposition internationale de céramique à Prague, elle obtient une médaille d’argent et la même année, 1962, une exposition rétrospective au Musée Ernst obtient un tel succès qu’elle est prolongée de deux semaines pourtant aucune commande ne lui parvient. Ce ralentissement n’a pas l’air de la gêner car elle déclare en 1966 : «Je ne me plains pas; il est parfois bon d’avoir une période sans contrat où l’on peut laisser son imagination  vagabonder et se sentir libre de faire ce que l’on veut : frises, figurines ou divers ustensiles. Pendant ce genre de période, on se détend et en même temps on se prépare pour de nouveaux projets, et on atteint le point où il n’y a aucun risque de se répéter dans sa prochaine œuvre».

Alors qu’elle a 68 ans, la plupart de œuvres, réalisées depuis 1960, sont présentées à la Galerie d’art de Budapest en 1970. Elle continue à travailler sans relâche et peu avant sa mort elle confesse :«L’argile est mon pain quotidien, ma joie et mon chagrin. Au premier toucher, elle est devenue partie intégrante de ma vie. Et depuis, ce matériau qui traverse mon sang m’élève dans un tourbillon de joie soit me plonge parfois dans la vallée du désespoir». En 1971, elle expose à Györ, ville dont elle est citoyenne  d’honneur.

Cette histoire d’amour entre Margit Kovács et son travail prend fin le 4 juin 1977 à Budapest.

Elle repose désormais au Cimetière de Farkasrét.

Source : Wikipédia.

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