L’usine marémotrice de la Rance (Ille-et-Vilaine).

L’usine marémotrice de la Rance est une centrale électrique française tirant son énergie de la force de la marée. Elle se trouve dans l’estuaire de la Rance, entre les communes de La Richardais et de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, dans le nord-est de la Bretagne. Avec une capacité installée de 240 MW, elle est restée la plus grande usine marémotrice au monde pendant 45 ans, de sa mise en service en 1966 jusqu’au 4 août 2011, détrônée par la centrale de Sihwa Lake en Corée du Sud, légèrement plus puissante (254 MW installés).

Le barrage sert également de pont routier entre Saint-Malo et Dinard.

L’utilisation de l’énergie des marées n’est pas nouvelle, puisque de longue date des moulins à marée ont existé en des lieux touchés par la marée, et en particulier le long de la Rance.

C’est au cours du XIXe siècle que nait l’idée d’aménager l’estuaire de la Rance. En 1897, l’ingénieur civil L. Pilla-Deflers, expose au préfet d’Ille-et-Vilaine, un projet en vue d’utiliser le flux et le reflux des marées comme force motrice, Il s’agit d’établir à l’embouchure de la Rance, entre Saint-Servan et Dinard, un barrage-digue appuyé sur les Rochers des Zorieux et de Bizeux. Ce barrage serait « pourvu de vannes, de déversoirs et d’écluses avec jetées d’embarquement de façon à ne rien changer au mouvement des eaux de la Rance vers la mer et comporterait tout le matériel accessoire, turbines, dynamos, compresseurs d’air et d’eau, propres à prendre et à retenir pour l’affecter à des besoins industriels ».

Usine de la Rance, carte maximum, Saint-Servan, 3/12/1966.

L’idée de construire une usine marémotrice sur la Rance revient à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Georges Boisnier, en 1921.

Un autre projet d’usine marémotrice voit le jour à l’Aber-Wrac’h dans le Finistère5. Le chantier débuté en 1925 est abandonné une première fois par M. Le Troquer en 1928, pour être repris par M. Tardieu6. Il est définitivement abandonné, en 1930, faute de financement, en pleine crise financière de 1929. Les plans de cette usine servent cependant d’ébauche pour ceux de la Rance.

Robert Gibrat, ingénieur polytechnicien et directeur de l’électricité au ministère des Travaux publics, est considéré comme le père de l’utilisation de l’énergie des marées en France. Il découvre en 1940 l’énergie marémotrice en consultant le livre L’utilisation de l’Energie de Marées de Georges Boisnier, ingénieur des Ponts et Chaussées à Rennes datant de 1921. Cette étude préconise une grande usine sur la Rance. En 1941 à l’initiative de Gibrat, des sociétés intéressées par la production d’électricité créent la Société d’étude pour l’utilisation des marées (SEUM), qui engage en 1943 un programme d’études visant à la conception d’une nouvelle usine marémotrice sur l’estuaire de la Rance.

Les premiers travaux, confiés aux entreprises SGE et Fougerolle, et supervisés par Robert Gibrat, commencent en janvier 1961. Louis Arretche, architecte de la reconstruction de Saint-Malo, en est l’architecte-conseil.

Durant les deux premières années, les travaux visent à créer une zone sèche où l’usine pourra être construite. Pour cela, deux batardeaux provisoires sont créés de part et d’autre du site actuel de l’usine. Ils sont composés de gabions de palplanches ancrés sur des caissons circulaires en béton armé de 19 m de diamètre conçus par l’ingénieur Albert Caquot. La construction de l’usine, proprement dite, débute le 20 juillet 1963, une fois la Rance entièrement coupée par les batardeaux. Les travaux durent trois ans et s’achèvent en 1966. Charles de Gaulle, président de la République française, inaugure l’usine le 26 novembre 1966. L’inauguration de la route franchissant l’usine a lieu le 1er juillet 1967 et le raccordement au réseau électrique (EDF), le 4 décembre 1967. Au total, l’usine a coûté à l’époque 620 millions de francs (ce qui correspond à environ 817 millions d’euros de 2016).

Le barrage s’étend sur 750 mètres, entre la pointe de la Brebis à l’ouest et la pointe de la Briantais à l’est. Il est situé au sud de Dinard et Saint-Malo, à l’embouchure du fleuve côtier de la Rance. Il crée un bassin de retenue d’une superficie de 22 km2.

Une écluse dans la partie ouest du barrage permet le transit de la navigation entre le bassin et la mer. Cette construction de 65 m de long et 13 m de large, permet le passage de 22 000 bateaux par an entre la Manche et la Rance. Le pont-route levant au-dessus de l’écluse permet le franchissement des navires de plus de 4 mètres de tirant d’air.

Le barrage de l’usine constitué d’une digue creuse en béton, mesure quant à lui 332,5 m de long et 33 m de large. L’électricité est produite par 24 groupes bulbes (turbines Kaplan) réversibles, permettant de produire de l’électricité grâce au déplacement de masses d’eau par le phénomène de marées (dans les deux sens) : l’énergie hydraulique est transformée en énergie électrique en turbinant l’eau de la retenue (exploitation de l’énergie potentielle créée par la différence de niveaux d’eau entre le bassin et la mer). Une digue en enrochement de 163,6 m de long complète la fermeture de l’estuaire entre l’usine et l’îlot de Chalibert. Un barrage mobile d’une longueur de 115 m termine le dispositif à l’est. Il est équipé de six vannes de type « wagon » (appelées vannes principales), d’une hauteur de levée de 10 m et d’une largeur de 15 m, qui laissent passer l’eau de la marée montante remplissant le bassin de la Rance. Le marégraphe de Saint-Suliac, situé devant la pointe de Grainfolet, donne les hauteurs d’eau pour l’ensemble de l’estuaire de la Rance, en amont du barrage.

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Sources : Wikipédia, YouTube.