Ville de Moulins (Allier).

Moulins, parfois dénommée Moulins-sur-Allier par la SNCF et la Poste, est une commune française située dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est la préfecture du département de l’Allier et une ville d’art et d’histoire.

Capitale historique du Bourbonnais, l’agglomération s’étend le long de l’Allier.

Au dernier recensement de 2017, la commune comptait 19 664 habitants. La communauté d’agglomération « Moulins Communauté » comptait 67 879 habitants, ce qui la mettait au troisième rang du département derrière Montluçon et Vichy, les deux sous-préfectures.

Moulins est la sixième ville la plus peuplée de l’ancienne région Auvergne derrière Clermont-Ferrand, Montluçon, Aurillac, Vichy et Cournon-d’Auvergne.


L’histoire de la ville de Moulins est étroitement liée à celle des ducs de Bourbon, puisqu’elle devient la capitale du duché et de ses importantes dépendances en 1327. Cet état de fait perdurera jusqu’en 1523, avec la défection du connétable de Bourbon.

La tradition populaire raconte qu’un sire de Bourbon, perdu après une journée de chasse, aurait trouvé refuge dans un moulin sur les bords de l’Allier. Tombé amoureux de la meunière qui l’avait recueilli, pour justifier ses fréquentes venues, il fit bâtir à l’emplacement actuel du palais ducal un relais de chasse. Une ville se développe autour : ce sera Moulins.

Moulins, carte maximum, 23/03/2012.

C’est en 990 qu’apparaît la première mention de Moulins dans un document : à l’occasion de la donation d’une chapelle dédiée à saint Pierre à l’abbaye de Cluny par quatre religieux, les frères Vion, Lambert, Bérard et Guillaume, on apprend que celle-ci se trouve « in villa Molinis ». Cependant, le peuplement des rives de l’Allier en cet endroit est bien antérieur au xe siècle, mais jusqu’alors, il n’était question que d’Yzeure, tant dans les archives que sur le terrain. En 1097, toujours dans des actes de donation, on parle d’une « capellam de Molinis », puis en 1103, d’une « ecclesiam de Molinis ». L’évolution des structures religieuses tend à indiquer que la ville prend rapidement de l’importance.

En 1232, comme précédemment pour d’autres villes du Bourbonnais, Archambaud VI, seigneur de Bourbon, accorde aux bourgeois de Moulins une charte de franchise, contre une rente annuelle de 200 livres11. Cette charte n’est que la confirmation des droits déjà accordés par Archambaud V, beau-fils de Louis VI le Gros, roi qui fut particulièrement libéral envers les diverses communes de son royaume. Les habitants de Moulins pourront à l’avenir administrer eux-mêmes leur cité : quatre consuls, présidés par un fonctionnaire ducal, seront élus tous les ans. Devenue ville franche, Moulins attire nombres d’étrangers, l’activité économique naît et prend un essor important. Dans le courant du xiiie siècle, la cité compte quelque mille habitants14. En 1244, la contribution annuelle de 200 livres est supprimée, remplacée par une «taxe de bourgeoisie» : tous les habitants sont dans l’obligation de s’acquitter d’un montant variant de 2 à 6 sols, selon leurs revenus.

En 1327, la seigneurie du Bourbonnais est érigée en duché par le roi de France Charles IV Le Bel. Louis Ier Le Grand, premier duc de Bourbon, réside peu à Moulins, de même que son fils et successeur, Pierre Ier. Le duché n’avait pas alors de capitale fixe : la famille, originaire de Bourbon-l’Archambault, résidait aléatoirement dans cette même ville, à Moulins, Souvigny ou Chantelle. Les travaux qu’ils entreprennent sont minimes : édification des soubassements de la Malcoiffée, le donjon du palais ducal, pour le premier ; autorisation de l’installation du couvent des Carmes, plus vieil établissement religieux de la ville, pour le second.

C’est avec Louis II Le Bon que Moulins devient effectivement capitale du duché, et, comme lieu de résidence des ducs, de facto la capitale des territoires sous leur administration :

« Nostre ville de Molins en laquelle nous, nostre très chière et très aimée compaigne la duchesse et nos enfants vous acoustumés de faire notre demeure plus souvent et continuellement que autre part, nous ou eulx estans en notre païs de Bourbonnois. »

Durant son règne, et sous ses ordres, s’élèvent l’hôpital Saint-Nicolas, qui vient s’ajouter à l’hôpital Saint-Julien, fondé au XIIIe siècle, la première collégiale Notre-Dame, la première enceinte, dont les cours actuels Anatole France et Jean Jaurès rappellent l’emplacement. En 1369, il crée à Moulins l’ordre de l’Écu d’or, et en 1370 celui de Notre-Dame du Chardon, dont Du Guesclin sera le récipiendaire le plus connu. Enfin, en 1374, il fonde la Chambre des Comptes de Moulins. En 1400, Moulins compte 5 000 habitants. En 1407, une crue de l’Allier détruit tous les ponts desservant la ville.

Le duc s’éteint en 1410 au château de Montluçon.

Jean Ier lui succède. En 1412, s’étant engagé aux côtés des Armagnac, Moulins est assiégée, sans succès, par les Bourguignons. En 1429, alors qu’il est prisonnier des Anglais — le duché est dirigé par son épouse Marie de Berry — Jeanne d’Arc vient séjourner à Moulins et se recueillir auprès de la Vierge Noire. En témoigne une plaque commémorative (récente) posée à l’angle de la rue d’Allier et de la rue de la Flèche.

Jean II, surnommé Le Bon, comme son aïeul, œuvra lui aussi pour sa capitale. À la fin de la guerre de Cent Ans, il fait édifier une seconde collégiale, en remplacement de la première, un premier Jacquemart (beffroi). On peut encore observer des maisons de cette époque dans le vieux Moulins (Hôtel Demoret, rue Grenier et rue de Orfèvres). La cour ducale est brillante et réputée. Au nombre des artistes qui y séjournent, on compte Michel Colombe, Jean de Rouen, et même François Villon, en 1457. Lorsque Jean II participe à la Ligue du Bien public en 1465, le roi Louis XI assiège et prend sa capitale. Mort en 1488, sans héritier légitime, ses successeurs sont ses frères : Charles II, cardinal archevêque-comte de Lyon, qui abdique rapidement, et Pierre II.

C’est à l’époque de Pierre II, sous les auspices d’Anne de France, son épouse et fille de Louis XI, que la renommée de Moulins et la puissance de la famille ducale atteignent leur apogée, même si la peste ronge la ville avec virulence dès la fin du XVe siècle, et ce jusqu’au milieu du XVIe siècle. On y peint le fameux triptyque du Maître de Moulins, la duchesse fait réaménager l’aile Nord du palais ducal (l’actuel pavillon Anne de Beaujeu), on y rédige Les enseignements d’Anne de France à sa fille Suzanne de Bourbon. L’administration ducale, réorganisée et modernisée, compte près de 1 650 fonctionnaires, rien que dans Moulins.

En 1494, Charles VIII projette d’envahir l’Italie, et pendant qu’il reste à l’étranger, il confie la famille royale et le gouvernement de la France au duc, qu’il nomme lieutenant-général du royaume. Pierre II ne va pas s’installer à Paris, mais, avec la famille royale, reste à Moulins, qui devient alors la véritable capitale du pays. Il restitue ses pouvoirs, en 1495, à Lyon, au roi. En 1503, le duc meurt. Sa fille, Suzanne, devient duchesse de Bourbon, jusqu’à son mariage avec Charles de Montpensier, en 1505, qui deviendra Charles III de Bourbon.

Pendant le règne de Charles III, Anne de France conserve une très grande influence sur les affaires du duché. En novembre 1518, les notables de Moulins, de leur propre chef, élisent un maire, Jean Chanteau, secrétaire de la duchesse douairière. L’habile choix de ce premier maire, et sa prestation immédiate de fidélité auprès du chancelier ducal conduisirent la duchesse Anne, au mois de décembre de la même année, à accorder une charte municipale qui entérine ce droit pour la ville. Les maires, élus tous les deux ans, seront responsables du pavage, des ponts, de la surveillance du port, de la propreté des rues, de l’approvisionnement du marché, des impositions locales et du bon fonctionnement des assemblées.

En 1523, le connétable de Bourbon, Charles III, trahit le roi de France, François Ier, en se ralliant à Charles Quint. Tous ses domaines, le Bourbonnais, le Forez, la Marche, l’Auvergne, et bien d’autres sont mis sous séquestre. Son procès, commencé en 1527, aboutit, en 1531, à la confiscation de tous ses biens par la Couronne.

Moulins est déchue de son statut de capitale. Sa Chambre des comptes est supprimée en 1532, ses archives sont versées à celles de la Chambre des comptes de Paris. Cependant, en raison des prétentions territoriales que sa mère avait eu sur le Bourbonnais, François Ier s’emploie à faire de Moulins le centre administratif d’une province royale. Un gouverneur du Bourbonnais est nommé ; le premier est Jean Stuart, duc d’Albany, en 1531.

En 1548, c’est à Moulins qu’a lieu de mariage de Jeanne d’Albret, héritière de Navarre, et d’Antoine de Bourbon, duc de Vendôme. En 1551, la ville reçoit un présidial, qui gagne en importance en 1657 avec la suppression de celui de Montluçon. En 1587, elle devient le siège d’une généralité, qui regroupe le Bourbonnais, la Nivernais et la Marche.

À la mort d’Henri II, en 1559, le Bourbonnais devient le douaire des reines de France, et ce jusqu’en 1659. En 1587, le roi Henri III, en récompense de la fidélité de Moulins pendant les troubles qui agitent le royaume, prévoit d’y installer un Parlement ; mais un pamphlet, Remontrances très humbles contre l’établissement demandé d’un Parlement à Moulins, fait avorter le projet.

Du 22 décembre 1565 au 23 mars 1566, le roi Charles IX, à l’occasion de son grand tour de France, séjourne, avec toute la cour, à Moulins. Le futur Henri III de France y est fait duc de Moulins et l’édit de Moulins est publié. Il réglemente le domaine royal, et est parfois considéré comme une source historique du domaine public.

La population ne cesse de croître, à tel point qu’à partir de 1536, une seconde enceinte est érigée, pour protéger tous les faubourgs qui s’étalaient au-delà de la première muraille de Louis II.

En juin 1562, au début des guerres de religion, les huguenots tentent de s’emparer de Moulins, pour densifier le réseau des forteresses qui sont en leurs mains. Commandés par François Poncenat et M. de Saint-Auban, ils assiègent la place, qui est défendue par Jean de Marconnay, seigneur de Montaret. Apprenant l’arrivée imminente de troupes envoyées par le gouverneur de Nevers à celui de Moulins, et face à la résistance qu’oppose la ville au siège, les réformés battent en retraite. Cet événement conduit à une violente réaction dans les campagnes avoisinantes : tous ceux qui auraient soutenu les Huguenots, ou qui en seraient, sont massacrés.

Après l’assassinat de son époux le roi Henri III de France en 1589, ne pouvant habiter le château de Chenonceau alors criblé de dettes, la reine-douairière Louise de Lorraine se retire au château de Moulins où elle meurt en 1601.

Moulins n’avait pas alors de paroisse propre et dépendait des paroisses Saint-Pierre d’Yzeure et Saint-Bonnet, mais la ville possédait une importante collégiale, Notre-Dame. La ville se trouvait dans le diocèse d’Autun et l’évêque d’Autun y était représenté par un official et/ou un vicaire général.

Après le Concile de Trente, et avec la Contre-Réforme catholique, un très grand nombre de couvents et monastères s’installent à Moulins. De trois établissements religieux avant 1600, on en compte treize à la fin de ce siècle : Carmes (1352), Jacobins (1515), Clarisses (1521), Capucins (1601), Augustins (1615), Ursulines (1616), Visitandines (1616), Minimes (1621), Chartreux (1622 et 1660), Carmélites (1628), Bernardines (1649), Filles de la Croix (1682)13. En 1604, par lettres patentes, le roi Henri IV autorise la fondation d’un collège jésuite. Enfin, la ville accueillit deux visitandines renommées : Jeanne-Charlotte de Bréchard qui y implanta la Visitation, et Sainte Jeanne de Chantal, fondatrice de l’ordre, qui y mourut au cours d’un voyage en 1641.

Dès le début du XVIIe siècle, les prémices de l’absolutisme se font sentir et Moulins devient une terre d’exil. Le 18 novembre 1632, Marie-Félicie des Ursins, l’épouse du duc Henri II de Montmorency, qui vient d’être exécuté à Toulouse pour crime de lèse-majesté, arrive à Moulins pour être retenue captive dans l’ancien palais ducal. Rapidement, elle est rendue à la liberté et séjourne régulièrement au monastère de la Visitation de Moulins. Elle tient en grande estime sa supérieure, la mère Jeanne-Charlotte de Bréchard Inspirée par ses enseignements, elle se retire au couvent en 1634 et y devient religieuse en 1641 (l’année même où meurt dans ce même couvent de Moulins la fondatrice de l’Ordre, Jeanne de Chantal). Elle fera construire un mausolée, à côté du couvent, où seront déposés la dépouille mortelle de son mari et son propre corps, à sa mort. Après la disgrâce du surintendant des Finances Nicolas Fouquet, sa famille, dont son épouse, Marie-Madeleine de Castille, est envoyée en exil à Montluçon, puis à Moulins et enfin à Souvigny.

En 1653, naît à Moulins Claude Louis Hector de Villars, qui deviendra en 1733 maréchal général des camps et armées du roi. Son père étant alors en exil (il était notamment haï de Louvois), sa mère se retire chez sa tante, Mme de Saint-Géran, épouse de Jean-François de La Guiche, gouverneur du Bourbonnais, à Moulins.

Un autre militaire naît à Moulins ; il s’agit de Jacques Fitz-James, duc de Berwick, en 1670, qui deviendra maréchal de France.

Au XVIIe siècle, la population continue de croître et l’industrie se développe. Les rives de l’Allier sont urbanisées, avec l’expansion de la batellerie. La coutellerie de luxe et l’industrie armurière de Moulins connaissent leurs heures de gloire. La première s’éteindra avec la Révolution, et donc la fin de la haute noblesse, la seconde ne survivra pas à l’avènement des armes à feu. D’après le journal de Jean Héroard, médecin attaché à la personne du dauphin puis roi Louis XIII, on apprend qu’en 1603 la ville de Moulins offre au dauphin, qui est âgé de deux ans, sa première armure. Sous le règne d’Henri IV, on entreprend d’établir une industrie séricicole à Moulins, comme en beaucoup d’endroits du royaume. Enfin, durant la seconde moitié du siècle, des travaux d’embellissement de la ville sont effectués, avec notamment l’aménagement des cours de Bercy et d’Aquin.

Le 22 avril 1654, Louis XIV modifie les critères d’admission au sein du conseil municipal, « afin de remédier aux brigues, cabales et monopoles pratiqués, depuis quelques années, dans la ville de Moulins, pour l’élection du maire » : seuls des notables pourront y siéger. Par un édit d’août 1692, il crée les charges de maires perpétuels, non élus, qui doivent être achetées, dans le but de renflouer le Trésor et soutenir l’effort de guerre. En 1693, Bernard de Champfeu acquiert le poste de maire perpétuel de Moulins pour la somme de 44 000 livres. En 1705, le mandat électif pour les maires est rétabli, mais pour avoir l’insigne honneur d’élire leur maire, les villes doivent payer une taxe au Trésor et dédommager l’actuel maire perpétuel. En 1712, M. de Champfeu est totalement remboursé et est remplacé par un maire élu, M. Vernin.

Durant le XVIIIe siècle, les travaux d’embellissement de la ville se poursuivent, mais la spectaculaire réalisation architecturale de ce siècle à Moulins est le pont que le premier architecte du roi, Jules Hardouin-Mansart effectua en 1704-1710, pont de 3 grandes arches sur l’Allier dont le chantier fut confié à son cousin germain Pierre Delisle-Mansart. Trop ambitieux, ce pont fut emporté par le fleuve en 1711 et il fallut attendre 1753 pour que l’ingénieur des Ponts et Chaussées Louis de Régemortes parvienne à le reconstruire en prenant soin de réaliser le nombre d’arches nécessaires sur l’Allier. Au niveau de Moulins, l’Allier est relativement étroit, et c’est sans doute une des raisons qui poussèrent initialement des populations à s’installer ici.

Longtemps des ponts en bois seront construits, tous emportés par des crues. En 1499, le duc Pierre II prévoit de faire construire un pont de pierre, mais son projet n’est pas réalisé. L’an 1532 marque un tournant, puisque l’on construit effectivement le premier pont de pierre de Moulins. Il sera emporté. En 1595, on le reconstruit. Las, il est emporté en 1676. Le lit de la rivière étant particulièrement sablonneux à Moulins, il rend les fondations de ces édifices très fragiles.

Lorsque les ponts sont effondrés, on traverse à bac. En 1685, un nouveau pont est bâti, il s’effondre quatre ans plus tard. Au début du XVIIIe siècle, Jules Hardouin-Mansart conçoit les plans d’un futur pont, qui s’écroulera en 1711. Saint-Simon rapporte, dans ses Mémoires, l’annonce au roi et à l’architecte de cet événement. Cependant, il faut ici constater que le mémorialiste affabule, puisque Hardouin-Mansart meurt en 1708.

En 1750, Louis de Régemortes, premier ingénieur des turcies et levées de la Loire, s’emploie à résoudre ce problème, et achève en 1762, après force travaux, un ouvrage qui est resté, jusqu’à aujourd’hui, intact. Il fera publier en 1771 Description du nouveau pont de pierre construit sur la rivière d’Allier à Moulins, dans lequel il indique par quels moyens il est venu à bout des difficultés qui causaient la ruine de chacune des entreprises précédentes.

Dès 1778, des tentatives de réformes sont engagées par Jacques Necker, notamment de décentralisation, avec la mise en place d’assemblées provinciales, compétentes pour répartir et lever les impôts, diriger la construction des routes et faire au Roi des représentations en vue du bien de la province. D’abord établies en Berry et Haute-Guyenne, ces assemblées sont autorisées en Bourbonnais par lettres-patentes de 1780, confirmées en 1781. Mais cette tentative n’est qu’éphémère, puisqu’elle prend fin, pour le Bourbonnais, dans le courant de 1781. Elle est cependant rééditée en 1788. Le 27 septembre de la même année, le Parlement de Paris enregistre l’édit de convocation des États Généraux. À partir du 16 mars 1789, les trois ordres sont réunis à Moulins pour élire leurs représentants et rédiger les cahiers de doléances.

Le 21 mars, Moulins connaît une nuit du 4 août anticipée : la noblesse fait savoir aux clergé et tiers état qu’elle renonce à tous ses privilèges : « la noblesse fait, avec plaisir, au tiers état le sacrifice de tous ses privilèges pécuniaires, ne demandant à se réserver, franc de toutes impositions réelles, que le manoir seigneurial, avec sa cour et son jardin, pourvu que le tout n’excédât pas la valeur de deux arpents royaux, assurant que ladite noblesse se bornait à cette distinction purement honorifique ». Le clergé, à son exemple, se dit alors « prêt, de son côté, à faire le sacrifice de tous ses droits sans aucune réserve ».

Dès 1787, une société philosophique, La Société de Moulins, est fondée dans la ville. On peut penser que ce sont des idées qu’elle diffuse que découle l’engagement de la noblesse et du clergé bourbonnais de renoncer à leurs privilèges. C’est un club de notables. En 1791, elle fait place à la Société des Amis de la Constitution, affiliée au Club des Jacobins, qui réunit la haute bourgeoisie moulinoise, instruite et modérée. Elle siège, à partir de 1792, en l’église Saint-Jean. Enfin lui succède La Société populaire, dont la plupart des membres fait partie du petit peuple.

Les élections municipales de décembre 1792 mettent à la tête de la ville des citoyens « plus républicains », qui commencent à prendre des mesures fortes, avec le soutien de la Société populaire. C’est bientôt l’avènement de la Terreur. Du 17 avril au 1er octobre 1793, avec l’accord du Conseil Général du département, dont Moulins est devenue la préfecture en 1790, un Comité central de sûreté publique est formé. Le 10 juin 1793, Jacques Pierre Brissot, l’un des chefs des Girondins à la Convention, est arrêté à Moulins. En septembre, Joseph Fouché, envoyé de la Convention, arrive à Moulins. Il n’y reste que quelques jours, mais y laissera des marques certaines : à son instigation est formée une armée révolutionnaire pour l’Allier, qui sera sous les ordres du Comité de surveillance départemental, il remplace des fonctionnaires, procède à des levées de fonds auprès des « riches », accentue la Terreur.

L’ancienne place d’Allier est renommée place Brutus par la municipalité républicaine et on y dresse la guillotine pour les exécutions. La place redeviendra place d’Allier par la suite.

Le 31 décembre 1793, trente-deux moulinois, envoyés par le Comité de surveillance à Lyon, sont exécutés. Succédant à Fouché, Noël Pointe, représentant du peuple près les départements de la Nièvre, le Cher et l’Allier, s’emploie à modérer les mesures prises par son prédécesseur. Les représentants du peuple qui suivront Pointe œuvreront tous dans le même sens.

Durant la Révolution, à Moulins, à la suite de la loi du 19 juillet 1792, une manufacture d’armes est instituée, qui fonctionnera concurremment avec une fonderie de canons. La ville compte de très nombreux clochers car elle abrite un grand nombre d’établissements religieux. Ces clochers seront rasés. Le 5 vendémiaire, an V, l’École centrale de Moulins est inaugurée, succédant au collège qui avait été fondé par les jésuites.

En 1804, l’École centrale de Moulins est remplacée par un lycée, l’un des premiers de France. Il deviendra le lycée Théodore-de-Banville. Sous l’impulsion de Napoléon III, la cathédrale est agrandie par la construction d’une nef. Dans le même temps, l’église du Sacré-Cœur est élevée. C’est la première église consacrée au Sacré-Cœur de Jésus-Christ en France.

La Société d’émulation du Bourbonnais est fondée à Moulins en 1845, et sera reconnue d’utilité publique en 1925 par un décret du 20 août, pour se consacrer à l’étude et la recherche historique, archéologique, sociale et culturelle de l’ancienne province du Bourbonnais. Des conférences y sont organisées régulièrement.

En 1859 est achevé le pont ferroviaire, appelé pont noir ou pont de fer par les Moulinois, pour permettre le franchissement de l’Allier par la nouvelle ligne entre Moulins et Montuçon inaugurée le 7 novembre 1859.

En janvier 1871, c’est à Moulins qu’est centralisé le courrier à destination de Paris, assiégée par les Prussiens, et qui devait y parvenir par transport en boules de Moulins, en zinc soudé pour être étanches.

Durant la Première Guerre mondiale, dans la nuit du 2 au 3 février 1918, des explosions accidentelles en chaîne ravagèrent l’atelier de chargement de munitions de la poudrerie de Moulins-Yzeure. Elles sont causées par les sels d’acide fulminique utilisés pour provoquer la détonation des amorces d’obus. Elles provoquèrent des dégâts sur plusieurs kilomètres à la ronde — Les explosions furent ressenties jusqu’en Haute-Loire  — et causèrent plusieurs dizaines de morts. En ville, les effets furent extrêmement violents. Vers 10 heures, un nouvel embrasement battit les murs, suivi une heure après, d’un jet de flammes. Les déplacements d’air ont occasionné un peu partout des dégâts considérables : toitures, contrevents, vitres, fenêtres, galandages… Les rues étaient jonchées de débris de verre, de tuiles et de plâtras, les glaces des magasins éprouvées. Quant aux rideaux de fer ondulé, ils ont été uniformément disloqués et sortis de leur cadre, si bien que nombre de boutiques n’ont pu ouvrir.

L’hôpital général fut créé en 1658 pour accueillir les pauvres et les enfants abandonnés de plus de douze ans. En 1895 un bâtiment service de maternité y fut adjoint.

En 1925 le maire René Boudet proposa de reconstruire l’hôpital principal civil et militaire Saint-Joseph sur les terrains de l’hôpital général, utilisés en jardins. Marcel Génermont, architecte diplômé des Monuments historiques, puis président de la Société d’émulation du Bourbonnais pour laquelle il écrivit plusieurs ouvrages, fit construire de 1929 à 1935 les hôpitaux de Moulins (considérés alors comme étant à la pointe de l’hygiène et de la science).

Occupation et ligne de démarcation[modifier | modifier le code]
Le 18 juin 1940, les troupes allemandes entrent à Moulins par l’est (elles sont le 19 à Vichy et le 21 à Montluçon). Le jour même, une arche du pont Régemortes est détruite pour gêner leur avancée (elle sera reconstruite sommairement quelques semaines plus tard et définitivement en 1942) mais le pont de fer reste lui intact, leur permettant d’investir la rive gauche. Vers 13 h 30, deux officiers allemands arrivent à l’hôtel de ville et montent dans la salle du conseil municipal qui les attend au grand complet autour du maire M. Boudet, ceint de son écharpe tricolore. L’occupation commence… Tout l’après-midi, les batteries allemandes installées sur les hauteurs de Moulins-Yzeure pilonnent la Madeleine, situé sur l’autre rive de l’Allier, par-dessus la ville, incendiant la caserne du quartier Villars (devenue aujourd’hui le Centre national du costume de scène ou CNCS).

Établie en application de la convention d’armistice, Moulins se situe sur la ligne de démarcation qui établit la frontière entre une zone Nord de la France occupée et une zone Sud encore libre. Cette ligne restera en vigueur jusqu’en mars 1943 (les Allemands envahiront la zone libre en novembre 1942). À hauteur de Moulins, la ligne de démarcation suit l’Allier, séparant presque toute la ville (en zone occupée) du quartier de la Madeleine (en zone libre) et coupant le département.

Le pont Régemortes va devenir un point de passage important, car situé sur l’axe routier entre Vichy et Paris. Les contrôles sont effectués de manière permanente par les soldats de la Wehrmacht plus tard remplacés par les douaniers allemands. Une seule solution s’offre à ceux qui ne possèdent pas de laissez-passer (pour aller travailler ou faire leurs achats par exemple) : le passage clandestin seul ou avec l’aide de passeurs. Désagrément supplémentaire pour la population, le contrôle du ravitaillement était effectué par la gendarmerie française… afin d’éviter le « marché noir ».

Pendant l’Occupation, beaucoup d’habitants sont tenus d’héberger les troupes allemandes durant quelques jours, voire plusieurs semaines.

En août 1944, après la réussite du débarquement de Provence et la percée alliée en Normandie, les troupes allemandes se replient progressivement vers le nord-est de la France. Dans l’Allier des combats ont lieu entre la Résistance et les Allemands. Moulins est le théâtre d’affrontements entre la garnison allemande et des maquisards, principalement sur la rive gauche, dans le quartier de la Madeleine. Les FFI essayent de rentrer dans la ville le 4 septembre mais se heurtent aux troupes allemandes encore présentes et doivent se replier. Le lendemain, les Allemands en représailles, fusillent à la Madeleine trois civils pris au hasard et deux résistants FFI faits prisonniers. Ils font sauter les ateliers de pyrotechnie (poudrière et ateliers de chargement), à la sortie sud de la ville, vers Toulon-sur-Allier non sans avoir prévenu les habitants préalablement. Walter Stucki, l’ambassadeur suisse à Vichy, qui avait négocié une évacuation sans heurts de la station thermale par les Allemands, essaye de négocier le départ des troupes du Reich de Moulins mais se heurtent alors à un refus.

Finalement les Allemands évacuent la ville le lendemain le 6 septembre aux aurores et les FFI y pénètrent quelques heures plus tard sans combattre. La libération donne lieu à de grands rassemblements de la population dans la ville.

La victoire, en mai 1945, donnera lieu également à de grandes fêtes populaires et musicales, les foules dansant au son des orchestres musette jouant Ah ! Le petit vin blanc, ou In the Mood de Glenn Miller notamment.

L’accès routier depuis Paris-Lyon-Marseille (300 km environ), s’effectuait autrefois entièrement par la Nationale 7 (que Charles Trenet chanta) et qui passait par Moulins (distante d’environ 300 km de la capitale). Mais les années 1960 voient l’achèvement progressif de l’autoroute A6, nouvelle axe de circulation rapide entre Paris et Lyon passant beaucoup plus à l’est par la Bourgogne et qui fera décroître considérablement le trafic de transit sur la nationale 7.

À partir des années 1970, de plus en plus de déviations contournent les villes ou villages permettant un gain de temps entre Paris et Moulins. L’autoroute A77 qui contourne Montargis et Nevers, remplaça à son tour progressivement de plus en plus cette Nationale 7 à partir de 2000. Une toute nouvelle bretelle de circulation à grande vitesse (limitée à 110 km/h), contourne aussi par l’est, Moulins du Nord au Sud.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

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