Ludwig Renn, écrivain.

Ludwig Renn (né Arnold Vieth von Golßenau à Dresde le 22 avril 1889 et mort à Berlin le 21 juillet 1979) est un écrivain allemand. Il a été officier pendant la Première Guerre mondiale, puis il a milité au parti communiste allemand (KPD). Son roman de guerre Krieg (1928) a connu un grand succès. Après l’arrivée au pouvoir des nazis, il a quitté l’Allemagne pour l’Espagne. Il a été officier supérieur des Brigades internationales pendant la guerre d’Espagne, puis il a vécu au Mexique. De retour en RDA après la guerre, il a été un écrivain et un communiste orthodoxe et a reçu de nombreux prix et nominations.


Ludwig Renn est né dans une famille de la noblesse saxonne, issue de la ville de Golßen (Basse-Lusace, land de Brandebourg). Son père, Johann Carl Vieth von Golßenau (1856-1938), était professeur de mathématiques et précepteur à la cour du roi de Saxe Frédéric-Auguste III, à Dresde.

Dans son livre Meine Kindheit und Jugend (Mon enfance et ma jeunesse), publié en 1975, Renn assure que dans son enfance il était le rejeton dégénéré d’une fin de race noble, un enfant renfermé à qui le moindre effort intellectuel ou sportif était impossible. Cependant à l’adolescence son père lui attache un précepteur, qui réussit à le transformer en élève brillant. L’ambiance familiale est pesante : père autoritaire, mère malheureuse en ménage. Seuls moments d’illumination dans la vie triste du garçon : 2 voyages de vacances, en Suisse et en Italie. Bien que doué pour les arts, il entre à l’École militaire : son père ne veut pas qu’il soit artiste.

En 1910 Vieth est officier du “Régiment Royal Saxon n ° 100”, où sert aussi son ami le plus cher : le prince héritier du royaume de Saxe, Georg-Friedrich, qui, après la guerre et la chute de a monarchie, renoncera à ses droits et prérogatives pour entrer dans les Ordres.

Pendant la Première Guerre mondiale, Arnold Vieth von Golßenau commande un bataillon sur le front occidental, mérite plusieurs distinctions. Après la guerre, il est capitaine dans la “Sicherheitspolizei” (Sipo, police de la République de Weimar) à Dresde. En 1920, pendant le putsch de Kapp, il refuse de faire tirer sur les ouvriers en grève. Il démissionne de l’armée peu de temps après.

De 1920 à 1923 Vieth étudie le droit, l’économie, l’histoire de l’art et le russe à Göttingen et à Munich.

En 1923, pendant l’inflation, il est marchand d’art à Dresde.

En 1925 et 1926 il voyage (souvent à pied) en Europe du Sud et en Afrique du Nord. En 1927, alors qu’il termine à Vienne ses études d’archéologie et d’histoire de l’Asie, il assiste aux sanglantes émeutes de juillet 1927 à Vienne4. La même année, il retourne en Allemagne, et fait une conférence sur l’histoire de la Chine dans une réunion de travailleurs.

En 1928, Vieth publie son premier livre, “Krieg” (“Guerre”) : ce récit romancé, sobre, réaliste et anti-guerre obtient un grand succès.

Attaqué par la droite, Vieth rompt avec sa caste, étudie Marx, Lénine et John Reed, s’inscrit en 1928 au parti communiste allemand (KPD) et s’engage dans la milice du PKD, le “Rote Frontkämpferbund” (“Front Rouge”). Il adhère au “BPRS” (“Bund Proletarisch-Revolutionärer Schriftsteller Deutschlands” : association des écrivains prolétariens révolutionnaires). Renn écrit aussi (avec Johannes Robert Becher) dans les journaux communistes “Die Linkskurve” (“Le virage à gauche”) et “Aufbruch”. Membre de l’ “Aufbruchkreis” (le “Cercle Aufbruch”, constitué par 10 officiers allemands), Renn aide des officiers engagés dans le parti nazi à le quitter pour le parti communiste : ainsi le lieutenant Richard Scheringer (mars 1931).

Renn publie encore 2 livres : “Nachkrieg” (“Après-guerre”, paru en 1930) et “Russlandfahrten” (“Voyages en Russie”, paru en 1932) . Leur succès fait de Renn le plus important auteur communiste allemand de l’entre-deux guerres.

En 1930 il a adopté le nom de Ludwig Renn (nom du héros de son livre ” Krieg”)

En 1931-32 Renn fait plusieurs conférences à l’École Marxiste des Travailleurs (“Marxistischen Arbeiterschule”, ou “MASCH”); il est alors arrêté et placé en “détention préventive” (Schutzhaft) pour “haute trahison littéraire” (literarischen Hochverrats). Il est libéré en janvier 1933.

En mars 1933, après l’incendie du Reichstag (28 février 1933), Rudolf Diels, un des chefs de la Gestapo et Regierungsrat, en application du “décret du 28 février pour la protection du Peuple et de l’État” pris par Hindenbourg, président de la République Allemande, fait emprisonner Renn ainsi que 2 autres intellectuels communistes : Carl von Ossietzky, et Ernst Torgler (le chef du groupe parlementaire communiste au Reichstag, qui s’est rendu à la police dès qu’il a su qu’il était recherché).

En janvier 1934, Renn est condamné à 30 mois de prison.

Fin 1936, Guerre d’Espagne : Ludwig Renn (en uniforme) avec Ernest Hemingway et Joris Ivens, qui prépare son film de propagande Terre d’Espagne
À sa sortie de la prison de Bautzen, Renn passe en Suisse, puis s’exile en Espagne (août 1935), où il prend le nom d'”Antonio Poveda”. En 1936, quand débute la guerre civile espagnole, Renn fait partie du comité d’accueil des volontaires venus lutter avec les Républicains en Espagne, et il participe à la formation du Bataillon Thälmann qui, avec les bataillons “Edgar André”, “Garibaldi”, jouera un grand rôle dans la défense de Madrid (secteurs de la Cité Universitaire et de la Casa de Campo, en novembre 1936), et empêchera que les franquistes n’envahissent la capitale.

Renn est nommé à la tête du bataillon Thälmann. En février 1937 il participe à la féroce et sanglante bataille du Jarama, pendant laquelle les républicains empêchent les franquistes de couper Madrid de Valencia et Barcelone.

Pendant la bataille de Guadalajara (mars 1937), la XIe BI est envoyée en urgence pour contrer l’avancée italienne au nord-ouest de Madrid ; les brigadistes sont tout d’abord débordés par les tanks italiens, mais Renn les reprend en main et raffermit le front, les Italiens (puis les fascistes allemands et espagnols) sont stoppés.

Renn est ensuite appelé (en décembre 1936) à diriger l’état-major de la XI° Brigade internationale, puis (en juin 1937) à faire partie de l’état-major de la “35.ª División del Ejército Popular de la República”, crée en mars 1937 et qui englobe les Brigades XII, XIV et 69, commandées sur le terrain par le “général Walter” (Karol Świerczewski).

Il noue amitié avec les aventuriers-activistes-journalistes norvégiens Gerda Grepp (qui faisait office d’interprête auprès des brigadistes norvégiens du bataillon Thälmann) et Nordahl Grieg, et effectue avec eux quelques excursions et voyages d’inspection.

Placé aux postes les plus élevés de l’armée républicaine, Renn est choisi pour effectuer un voyage de propagande et de collecte d’aides aux États-Unis, Canada et Cuba.

Mais à la mi-1937, le déclin des forces républicaines a commencé : l’offensive de Ségovie est un échec, les batailles de Brunete, Belchite, Teruel sont indécises, et la 35e Division (Renn quitte sa direction en mai 1938) ne peut que mener des combats d’arrière-garde en Aragon, sur l’Ebre et finalement en Catalogne.

Après avoir été brièvement directeur de l’école d’officiers de Cambrils (en catalogne), Renn traverse la frontière franco-espagnole lors de la retirada finale, et au printemps 1939 est interné à Vernet d’Ariège (camp d’internement).

En 1955, Renn écrira dans son livre “Der spanische Krieg” : “Nous les Allemands sommes connus comme ceux qui voulaient libérer les nations, alors que chez nous le fascisme régnait, et que nous ne l’avions pas assez combattu. C’est cela qui aurait dû être notre premier devoir.”.

Libéré du camp du Vernet grâce à l’intervention d’intellectuels français, Renner quitte l’Espagne, passe en Angleterre puis s’établit au Mexique. Anna Seghers, présidente du club anti-nazi Heinrich Heine fonde avec Renn et Bodo Uhse le mouvement “Freies Deutschland ” (“Allemagne libre”) et le journal du même nom. Renn est actif aussi dans la promotion de la langue internationale : l’espéranto, qu’il parle couramment . Il donne aussi des conférences à l’Université de Morelia.

Renn revient en Allemagne de l’Est en 1947 avec son compagnon, un allemand natif de Dresde, Max Hunger (1901-1973). Un ami les rejoindra en 1949 : Hans Pierschel (1922-1994), et ils vivront ensemble à Berlin-Kaulsdorf. Après le Mexique (pays qui, comme le Guatemala, avait décriminalisé l’homosexualité en 1871) Renn et ses amis vivent cependant sous la pression du Paragraphe 175 du Code Pénal Allemand.

Par ailleurs communiste orthodoxe et suivant à la lettre la ligne du Parti, Renn est un homme d’appareil : il est membre de la SED, travaille comme professeur d’anthropologie à l’Université technique de Dresde puis à l’Université Humboldt de Berlin-Est, est membre du conseil populaire de la SBZ.

Mais de 1950 à 1953, il est compromis (comme de nombreuses personnalités du SED) dans l’affaire Noel Field.

À partir de 1952 il est pigiste, publie des ouvrages sur l’histoire militaire, des traités politiques, des récits de voyages, des biographies et des livres pour enfants (comme “Trina, histoire d’un petit indien”, “Nobi”…) .

Renn meurt en 1979, à l’âge de 90 ans. Il partage sa tombe avec ses amis Hunger et Pierschel au cimetière central de Friedrichsfelde à Berlin.

Il n’a pas fait ré-éditer en RDA son ouvrage “Vor großen Wandlungen” (“Face à des changements majeurs”), sorti en 1936 en Suisse, qui traitait de l’homosexualité.

Renn a reçu de nombreux prix littéraires à l’échelle nationale. Outre le Prix du Livre pour Enfants du ministère de la Culture de la RDA, il a reçu deux fois le Prix national de la République démocratique allemande. De 1969 à 1975, il a été président d’honneur de l’Académie des Arts.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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