Willem Pijper, compositeur et critique musical.

Willem Pijper, né à Zeist le 8 septembre 1894 et mort à Leidschendam le 18 mars 1947, est un compositeur néerlandais, critique musical et professeur. Pijper est considéré, avec Matthijs Vermeulen (1888–1967), comme l’un des compositeurs néerlandais de la première moitié du XXe siècle ayant apporté une contribution significative à la musique moderne de son pays. Il a exercé une grande influence et sa notoriété importante était relayée à la fois par ses compositions, son enseignement et ses écrits critiques qui représentent une part importante de son œuvre.


Pijper est né dans un petit village à la sortie d’Utrecht, dans une famille d’ouvriers de confession calviniste. Sa mère, Willemina Andrea Frederika Beeftink, épouse Johannes Willem Pijper, qui est tapissier1. Son père joue parfois à l’harmonium lors des services religieux et c’est lui qui lui enseigne les rudiments du solfège lorsqu’il a cinq ans. Et dès lors, Willem note quelques mélodies de son invention. À dix ans, il prend ses premières leçons de piano et joue de l’orgue.

Asthmatique, de santé fragile, l’enfant est éduqué à la maison jusqu’à ses quatorze ans. L’intention première du jeune homme était d’étudier la botanique, mais son intérêt pour la musique allant grandissant, après trois ans d’études au lycée, en 1912, il s’inscrit de lui-même à l’Académie de Musique Utrecht (Toonkunst-muziekschool). Il a dix-sept ans. Pijper y étudie la composition avec Johan Wagenaar, suit les cours de piano d’Helena van Lunteren-Hansen et pratique également l’orgue. À l’académie, il côtoie Alexander Voormolen, lui aussi dans la classe de Wagenaar. À part l’enseignement de ce dernier, Pijper fut un compositeur entièrement autodidacte. En 1915 il passe ses examens théoriques et prend des leçons les trois années suivantes. Ses premières œuvres sont surtout des compositions de musique de chambre.

Le 22 août 1918 il se marie avec Annette Wilhelmina Maria Werker1 ou Annie, dont il se séparera quelques années plus tard. La famille de celle-ci lui donne l’opportunité de rencontrer Diepenbrock et le critique JS. Brandts Buys. La même année, 1918, est créé sa Première symphonie par Willem Mengelberg et lui apporte une réputation au niveau national.

Pijper, carte maximum, Pays-Bas, 1954.

Entre 1918 et 1921 Pijper enseigne la théorie au lycée de musique d’Amsterdam. Il donne quelques récitals de piano, surtout pendant la fin des années 1920 ; mais son activité la plus importante est celle de critique musical, car il était impossible pour un compositeur néerlandais de vivre de ses compositions2. À la fin de la Première Guerre mondiale, il écrit pour le Utrechtsch Dagblad (1917-1923). L’une des victimes de sa plume acérée fut Jan van Gilse (1881–1944), qui en 1922, après des attaques répétées de Pijper, démissionne de son poste de chef d’orchestre d’Utrecht.

En 1922, Pijper représente les Pays-Bas à Salzbourg pour la création de la Société internationale de musique contemporaine (SIMC) et l’année suivante participe à la création de la branche d’Europe du Nord. La même année, en novembre, la première de sa seconde Symphonie à Amsterdam sous sa direction est un échec.

Dès 1924, ses œuvres sont jouées à l’étranger : Septuor à Salzbourg, seconde Sonate pour violon et second Trio avec piano à Londres. Le compositeur Hubert Foss lui permet d’être édité par l’Oxford University Press1. Sont publiés des partitions pour piano et de la musique de chambre.

En 1925, Sem Dresden lui offre le poste de professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire d’Amsterdam (Toonkunst-Conservatorium). L’année suivante avec Paul F. Sanders, il fonde la revue De Muziek, à laquelle il contribue par de nombreux articles, qualifiés d’essais, souhaitant animer la vie musicale du pays pendant sept ans.

En 1926, est créé l’une de ses œuvres majeures, la Troisième symphonie. Elle est dédiée au chef d’orchestre français Pierre Monteux, qui partage la direction du Concertgebouw avec Mengelberg, depuis 1925 et ce, jusqu’en 1935. Monteux jouera cette œuvre jusqu’au début des années 1960 et nous en laisse deux enregistrements.

Le 17 mars 1927, il épouse l’écrivain Emma Paulina van Lokhorst, dont il divorcera en 1936, sans enfants. Elle participe à son travail sur l’opéra Halewijn, en rédigeant le livret. L’opéra est monté et créé sous la direction de Pierre Monteux, en juin 1933. Un projet de le porter l’année suivante à Paris échoue.

De 1930 à son décès en 1947, Willem Pijper assume le poste de directeur du Conservatoire de Rotterdam, nouvellement fondé. Certains de ses élèves de l’époque ont intégré l’équipe enseignante après leurs études. Cette période voit une baisse de sa production proprement musicale, mais une nette augmentation de ses écrits de critiques musicales et d’essais. Localement, avec le chef d’orchestre Eduard Flipse, ils font de Rotterdam un centre de musique contemporaine. Il collabore à De Groene Amsterdammer et une collection textes sont publiés par les éditions Querido à Amsterdam, en deux volumes : De Quintencirckel [Le cycle des quintes] (1929) et De Stemvork [Le Diapason] (1930). Cela ne représente qu’une petite fraction de ses écrits. À la mort d’Alban Berg Pijper confie sa vision pessimiste et sombre de l’avenir de la musique.

Derrière l’artiste se profile aussi l’homme Pijper. Outre le cigare, les bons vins et les chiens, Pijper a une passion pour les belles voitures notamment une Hispano-Suiza. Quelques photographies nous le montrent à côté de sa machine. Le 16 juin 1938 Pijper est fait franc-maçon et commence la pratique de l’astrologie, étudie la gematris, une forme de numérologie propre aux œuvres musicales remontant aux polyphonistes flamands et à Bach durant toute la période de guerre. Dans cette mouvance, il compose six adagios pour cordes (1940), conçu comme une musique pour une initiation maçonnique.

Le 14 mai 1940 les bombardements sur Rotterdam détruisent complètement sa maison et ses biens, « même le chien » écrit-il dans une lettre. Au moins vingt-cinq ans de documentation partent en fumée : correspondances d’amis, d’élèves et de collègues musiciens, photographies, collection d’instruments de musiques, bibliothèque… Mais l’essentiel de ses compositions sont conservées, grâce aux conseils d’un de ses amis, Saar Bessem, les manuscrits étaient à l’abri dans un coffre de banque situé en sous-sol – bâtiment qui a été lui aussi incendié, mais les voûtes ont résisté. D’autres compositeurs eurent moins de chance, par exemple Rudolf Escher, un élève de composition de Pijper de 1934 à 1937, perdit un grand nombre de ses œuvres6. En 1941, Pijper s’installe à Leidschendam.

Pendant les années 1940, Pijper a travaillé sur un opéra, Merlijn (Merlin), basé sur la légende arthurienne et malgré plus de six ans passés à cette tâche, l’œuvre n’a jamais été achevée. La partition est articulée en douze épisodes, selon les concepts du zodiaque. Le livret est écrit par Simon Vestdijk (1898–1971), médecin et musicien qui a rencontré Willem Pijper en 1937. D’abord réticent, n’ayant aucune expérience de la scène, Vestdijk s’est laissé convaincre par l’intérêt commun qu’ils avaient pour l’astrologie. Il témoigne de la nature de leur relation dans un livre : Gestalten tegenover mij (1961).

Durant l’été 1946 il participe au festival de musique contemporaine de Londres et en novembre, trop tardivement, les médecins diagnostiquent un cancer, sans doute dû pour un asthmatique, au goût immodéré des cigares. Ce mal l’emporte le 18 mars 1947. Pendant les dernières semaines de sa vie, Pijper réécrit l’orchestration de son Concerto pour violoncelle qui est achevée début février.

La dernière composition mise à part Merlijn est le cinquième Quatuor à cordes (1946), dont seuls les deux premiers mouvements sont terminés. Le manuscrit s’arrêtant au milieu d’un troisième, laisse l’œuvre inachevée.

Source : Wikipédia.

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