L’île de Lesbos (Grèce).

Lesbos (en grec ancien : Λέσϐος / Lésbos, en grec moderne : Λέσβος / Lézvos, nom d’un petit-fils d’Éole et gendre de Macarée) est une île grecque de la périphérie d’Égée-Septentrionale, souvent aussi appelée du nom de sa capitale Mytilène (qui a donné le nom turc de l’île, Midilli [adası]).

L’île se distingue par son riche bagage culturel (patrimoine archéologique, architectural, artistique, artisanal, musical, gastronomique) et naturel (géologique, halieutique, marin). Lesbos était réputée durant l’Antiquité et la période byzantine pour la qualité de ses vins, de son bois de construction navale et de son marbre bleu clair.

Le terme de lesbienne découle de la poésie antique de Sappho, qui est née à Lesbos. Ses poèmes, à l’intense contenu émotionnel suscité par les autres femmes, ont souvent été interprétés comme exprimant l’amour  homosexuel. Grâce à cette association, Lesbos et en particulier la ville d’Eresós, son lieu de naissance supposé, sont fréquemment visitées par les touristes attirés par cette histoire.

L’aéroport de l’île porte le nom du poète contemporain Odysséas Elýtis.

Du fait de sa position géographique, l’île se trouve en première ligne pour l’accueil des réfugiés venant de Turquie par l’Union européenne.


Les premières traces d’une présence humaine sur l’île remontent à l’époque paléolithique. Vers 3300 av. J.-C. premiers habitats.

Trambélos courtise sur l’île une certaine Apriate (Ἀπριάτη / Apriátē), ce qui coûte la vie à la jeune femme.

Lesbos a été l’objet de guerres de conquête au cours du cycle troyen.

Au moment où la guerre de Troie éclate, Lesbos est une dépendance de Troie, sous le contrôle du roi Priam. Lesbos est conquise par les Grecs au cours de leur voyage avant le siège de Troie à proprement parler. C’est Achille qui a joué le plus grand rôle dans la conquête de l’île. C’est en particulier lors de l’invasion de Lesbos que le héros combat la reine amazone Penthésilée.

Elle aurait été colonisée par Oreste, fils d’Agamemnon, qui y établit une colonie qui devient la plus puissante Éolide. Pausanias prétend que c’est Penthilos, fils d’Oreste, qui fut celui qui s’empara de l’île. Macarée, un fils d’Hélios d’après la légende, fut le premier roi ionien de cette île.

L’île aurait eu plusieurs noms, rapportés par Pline l’Ancien et Strabon :

  • Pelasgia (parce que ses premiers occupants auraient été les Pélasges),
  • Makaria qui viendrait de Macarée,
  • Issa qui viendrait du prénom ‘Issos, fils de Macarée,
  • et enfin Lesbos, petit-fils d’Éole et gendre de Macarée, resté comme héros éponyme.

Lesbos est peuplée des colons éoliens venus de Grèce continentale au milieu du XIe siècle av. J.-C.. L’île est d’abord partagée en plusieurs cités rivales : elle compta jusqu’à neuf villes importantes, dont Mytilène et Méthymne. C’est Mytilène qui finit par l’emporter et par fédérer les autres villes. L’histoire de l’île se confond dès lors avec celle de sa capitale, l’un des grands centres de population éolienne. Lesbos absorba par la suite l’île et petit royaume de Lemnos. À l’époque de la guerre de Troie, l’île était une alliée carienne selon Zénodote.

Comme beaucoup de cités-États grecques, Lesbos est dirigée depuis  Mytilène par des tyrans comme Mélandros (ou Mélanchros, -612/-608) qui finit assassiné, puis Myrsilos (ou Myrsilé, -608/-595). Ils se succèdent le plus souvent par coups d’État et s’appuient sur une clientèle politique faite d’alliances entre clans. Alcée participe à l’un de ces coups de force pour renverser Myrsilos, mais les conspirateurs échouent et Alcée est obligé de se retirer à Pyrrha. Puis il quitte Lesbos et se rend en Thrace. À la mort de Myrsilos, Alcée compose ses vers les plus connus, par lesquels il célèbre la mort du tyran.

Suit la tyrannie de Pittacos (ou Pittagos ou Pittacus, -595/-585), fils  d’Hyrradios, qui avait pris part lui aussi au coup d’État contre Myrsilos. Son « règne » ne dure qu’une dizaine d’années, mais pendant cette période, il rétablit la paix et réorganise l’État. Il met fin aux privilèges de l’aristocratie et inaugure une politique de tolérance, permettant à Sappho, à Alcée et à ses frères de revenir à Lesbos. Nous avons peu d’informations avérées sur cet homme politique, qui fut l’un des Sept sages, car beaucoup de légendes entourent son nom. Il abdique volontairement et vit encore dix ans après cela ; les Mytilèniotes lui donnèrent une terre, qu’il consacra aux dieux et qui porte maintenant son nom.

L’île, plus particulièrement Méthymne et Mytilène, est membre de la Ligue de Délos (-477/-404). Selon Thucydide Lesbos (sauf Méthymne)  abandonne le camp des Athéniens pendant la guerre du Péloponnèse, ce qui lui vaut, en -428, d’être châtiée fermement par les Athéniens.

Plus tard, un éphémère tyran, Aristonikos (-334/-333) de Méthymne, est installé à la tête de la cité par Memnon de Rhodes (v.-380/-333). Favorable aux Perses Achéménides et hostile à Alexandre le Grand (-336/-323), il est fait prisonnier à Chios.

L’île passe sous domination romaine en 79 av. J.-C. Par la christianisation, achevée au ve siècle, elle entre dans la civilisation byzantine, dont  témoignent thermes, basiliques et monastères, tel celui de Mandamádos. L’impératrice Irène l’Athénienne y fut exilée en 803 et y mourut la même année.

Au terme de la quatrième croisade (1202-1204), Lesbos passa aux mains de l’Empire latin, mais fut reconquise par les Byzantins de Nicée en 1247. En 1355, elle fut concédée à la famille génoise des Gattilusi par l’empereur Jean VII.

Lesbos fut enlevée aux Génois par les Turcs ottomans en 1462. Ceux-ci la rattachèrent à la Djézireh des îles (Cezayir-i bahr-i Sefid adaları Akdeniz : « marche des îles de la mer du sud », en fait les îles Égéennes, dont la capitale était officiellement Mytilène, mais qui en fait était dirigée d’Izmir ou Smyrne). Durant quatre siècles et demi, l’île fait partie de la Grèce  ottomane. Elle voit naître à Mytilène le fameux corsaire Barberousse, fils d’un potier albanais et d’une mère grecque d’origine catalane, convertis à l’islam.

Les 22 et 23 octobre 1806,François-René de Chateaubriand y réside.

L’île a été libérée de la domination ottomane le 8 novembre 1912 lors de la Première Guerre balkanique. L’amiral P. Koundouriotis y a débarqué avec un escadron de la flotte hellénique mené par le navire Averof. Dix ans plus tard, lors de la « Grande Catastrophe », Lesbos accueille de nombreux réfugiés d’Asie mineure. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est occupée par la Kriegsmarine et la Wehrmacht, et libérée le 10 septembre 1944.

À la prison de Pagani, le régime des Colonels a enfermé des opposants politiques ; ensuite, la prison a détenu des droit-commun, mais en 2009 l’établissement servait, pour l’Union européenne, de centre de rétention où sont détenus surtout des Afghans, et dont l’état dégradé a été critiqué par l’ONU1

L’île de Lesbos est depuis des décennies un lieu de passage pour les personnes désirant atteindre l’Europe, du fait de la proximité des côtes turques. Depuis mai 2015, une importante augmentation de ces arrivées a eu lieu, avec des migrants principalement syriens, afghans et irakiens. La presse a désigné l’île comme la Lampedusa grecque. Des bénévoles grecs et internationaux, ainsi que des pêcheurs, et des garde-côtes assurent le sauvetage des migrants et leur accueil dans les différents camps de l’île.

Après l’accord signé le 18 mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie, les arrivées de bateaux ont diminué, sans toutefois s’interrompre complètement. Ainsi, en 2016, 91 506 personnes ont atteint les côtes de Lesbos malgré l’entrée en vigueur de l’accord au mois de mars, et 1 651 personnes sont arrivées jusqu’au 22 mai 2017. Avec cet accord, le centre d’enregistrement de Moria, du nom du village adjacent situé au centre de l’île, est devenu un centre où les personnes migrantes sont retenues jusqu’à 25 jours. Selon le type de procédure administrative, certains migrants illégaux y connaissent une rétention administrative plus longue, généralement dans le cadre d’une demande d’asile rejetée. Ces pratiques font partie de la politique des hotspots mise en place par l’Union européenne sur différentes îles italiennes et grecques (Lesbos, Chios, Samos, Leros, Kos).

Différents rapports d’organisations humanitaires ont dénoncé les conditions terribles dans lesquelles les réfugiés doivent vivre sur l’île de Lesbos et de manière générale en Grèce. En octobre 2018, le magazine américain Newsweek, citant Médecins Sans Frontières, rapporte qu’en moyenne, un cas d’agression sexuelle est signalé chaque semaine dans le camp, la victime étant un enfant dans la moitié des cas.

Depuis l’été 2019, 10 000 personnes arrivent par mois à Lesbos. 400 d’entre elles devaient être transférées en France entre décembre 2019 et l’été 2020 dans le cadre de la relocalisation, un mécanisme de solidarité en matière d’asile entre Etats européens.

En Grèce, les retards dans l’examen des demandes d’asile présentées par les migrants sont nombreux: sur 112 300 personnes, 90 000 subissaient un retard de réponse en février 2020. Dans l’attente, il leur est interdit de quitter l’île, ce qui crée un grave problème de surpopulation dans le camp de Moria. Plus largement dans les îles de Lesbos, Samos, Kos, Chios et Leros, sur la mer Égée, 42 000 personnes sont présentes pour 6 200 places.

Le 3 février 2020, 2 000 de ces personnes ont manifesté contre une nouvelle loi de réforme du droit d’asile en Grèce.

Le 9 septembre 2020, le camp de réfugiés de Moria qui abritait plus de 12 000 réfugiés a été détruit par un incendie.

Source : Wikipédia.

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