Les fusées “Diamant”.

La fusée Diamant est un lanceur de satellites de construction française dont le premier tir a eu lieu en 1965 permettant l’envoi du premier satellite français Astérix A1 (39 kg) sur une orbite basse (environ 500 × 1 500 km). Diamant est le premier lanceur construit au-dehors des États-Unis et de l’URSS. Le programme spatial français des « Pierres Précieuses » qui a abouti à Diamant a été lancé fin 1961 et le dernier lancement de la fusée a eu lieu en 1975. Douze fusées Diamant ont été lancées en tout (3 échecs).

Conséquence de la course à l’espace lancée par l’Union soviétique et les États-Unis, le président de la République française, le général de Gaulle, décide le 7 janvier 1959 de créer le Comité de recherches spatiales (CRS) chargé d’étudier le rôle que la France peut jouer dans ce nouveau domaine. Le comité regroupe des scientifiques, des ingénieurs ainsi que des représentants des ministères et est présidé par Pierre Auger, physicien français de renommée mondiale.

Ses premières décisions portent sur des expériences embarquées en 1959 sur 3 Véronique AGI dans le cadre de l’Année géophysique mondiale. La synergie potentielle entre les développements militaires en cours et le développement d’un lanceur de satellites est connue des militaires. Mais, à l’époque, le gouvernement français n’envisage pas de s’engager dans cette voie. En juin 1960, les ingénieurs de la SEREB réalisent « sous le manteau » une pré-étude de ce qui allait devenir la fusée Diamant. Le professeur Auger, qui n’est pas au courant de ces travaux clandestins, manifeste de son côté en octobre 1960 son intérêt pour la fusée Émeraude développée dans le cadre du programme militaire. Parallèlement en octobre 1960, à l’initiative de la France et du Royaume-Uni la réalisation d’un lanceur européen est mise à l’étude.

Le 2 août 1961, le général de Gaulle, qui a finalement pris connaissance de l’étude de la SEREB, décide de profiter de l’opportunité de construire un lanceur de satellites à faible coût : il donne son feu vert à la construction du lanceur Diamant. Il annonce par ailleurs la création d’une agence spatiale, le Centre national d’études spatiales (CNES), qui reprend les attributions du CRS (sa création sera effective le 7 mai 1962). La fusée Diamant doit s’appuyer sur les développements effectués pour le missile stratégique : elle est constituée d’un premier étage doté d’un moteur à ergols liquides de 28 tonnes de poussée développé par le LBRA et de deux étages à propergols solides. Le troisième étage non piloté ( mais stabilisé par mise en rotation de l’ensemble 2 ème étage- 3 ème étage avant leur séparation ) développé spécifiquement pour le lanceur civil doit permettre la satellisation d’un satellite de 50 à 80 kg. Quatre tirs sont planifiés à compter de 1965.

Pour permettre la mise au point des missiles M1, S2 et du lanceur Diamant, le SEREB, lance en 1961 le programme des « Études balistiques de base » (EBB), dits des « Pierres précieuses ». Le missile balistique sol-sol S2 doit pouvoir emmener une tête dotée d’une charge nucléaire d’une puissance de 1,5 mégatonne à 3 500 km. Le développement industriel est confié principalement aux sociétés Nord-Aviation et Sud-Aviation.

Entre 1961 et 1965, toutes les connaissances nécessaires pour la réalisation d’un missile à longue portée ainsi que d’un lanceur de satellite sont méthodiquement acquises. Plusieurs fusées sont conçues chacune étant chargée de mettre au point séparément un ou plusieurs équipements 4 :

  • Les fusées Aigle et Agate (8 tirs tous réussis) permettent de mettre au point les systèmes de télémesure et les installations au sol (1961 à 1963).
  • Les fusées Topaze (14 tirs dont 1 échec) qualifient le deuxième étage, les systèmes de guidage et de pilotage ainsi que le profil de la tête de rentrée du missile (1962 à 1965).
  • Les fusées Émeraude (5 tirs dont 3 échecs) valident le fonctionnement du 1er étage en particulier la tuyère orientable et des dispositifs de guidage (1964 à 1965).
  • Les fusées Saphir (3 tirs dont 1/2 échec + 6 tirs dédiés au missile) permettent de tester l’intégration 1er et 2e étage, et le guidage du missile pour les premiers étages (1965 à 1967).
  • Les fusées Rubis (6 tirs de qualification dont 2 échecs) qualifient le 3e étage de la fusée Diamant, la séparation de la coiffe et du 3e étage ainsi que le système de stabilisation et les procédures de suivi de satellisation (1964 à 1967).

Dans le cadre du programme Diamant, les principaux acteurs industriels français de l’aéronautique acquièrent la connaissance qui leur permettra de faire jeu égal avec les Américains dans le domaine des lanceurs classiques dans le cadre du programme Ariane : les établissements de la future Aérospatiale pour le corps des fusées, Snecma pour la propulsion, Matra pour la case à équipements, SFENA et SAGEM pour la centrale à inertie. Des organismes de recherche comme l’ONERA (aérodynamique, propulsion), le CNET et le CNRS participent en amont aux études de conception du lanceur et des satellites.

Diamant A

C’est la première version de la fusée Diamant. Elle est utilisée pour mettre en orbite le satellite Astérix puis par la suite trois autres petits satellites au cours de la période 1965 – 1967. Les lancements ont lieu au Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux à Hammaguir en Algérie. Sur les 4 lancements la fusée ne connait qu’un seul échec.

Le premier étage est haut de 10 mètres, a un diamètre de 1,4 m et pèse 14,7 tonnes. Le moteur-fusée de type LRBA Vexin à propergols liquides fournit une poussée de 269 kN pendant 93 secondes. Le deuxième étage fait 4,7 mètres de long pour un diamètre de 80 centimètres. Il pèse 2,9 tonnes et développe une poussée de 165 kN sur une durée de 44 secondes en utilisant des moteurs à poudre. Le troisième étage fait 2,65 m de diamètre. Son poids s’élève à 709 kg. Son moteur à poudre brûle durant 45 secondes et développe une poussée de 27 kN à 53 kN. Une fois assemblée, la fusée diamant A fait 18,95 mètres de haut et pèse 18,4 tonnes.

Diamant B

Fusée Diamant B, carte maximum, Kourou, 26/03/1970.

C’est une version plus puissante grâce à l’utilisation de propergols plus efficaces (UDMH+ N2O4) sur le premier étage. Cinq lancements de satellites ont lieu entre 1970 et 1973, dont les deux derniers ont échoué. Tous les lancements se font à partir du Centre spatial guyanais à Kourou. Le premier étage est long de 14,2 mètres, avec un diamètre de 1,4 mètre et pèse 20,1 tonnes. Son moteur développe une poussée de 316 kN à 400 kN (en fonction de l’altitude de vol) pendant 116 secondes. Le deuxième étage est identique à celui du Diamant A. Le troisième étage a une longueur de 1,67 mètre et un diamètre de 80 centimètres. Il développe une poussée de 24 kN pendant 46 secondes. Une fois assemblée, la fusée Diamant B est haute de 23,5 mètres et pèse 24,6 tonnes.

Diamant BP4

Diamant A dans son bâtiment d’assemblage.
Cette version comporte un deuxième étage à poudre plus puissant permettant de gagner environ 10 % sur les performances du lanceur. Trois lancements réussis sont effectués en 1975, mettant un total de quatre satellites en orbite. Le deuxième étage dérive du missile mer-sol balistique stratégique M1. Avec une longueur de 2,28 mètres et un diamètre d’1,5 mètre il développe une poussée de 180 kN pendant 55 secondes.

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Sources : Wikipédia, YouTube.