Le parc national des Everglades (USA).

Le parc national des Everglades, situé en Floride, aux États-Unis, s’étend sur les comtés de Miami-Dade, Monroe et de Collier. Ce parc national renferme le plus vaste milieu naturel subtropical du pays, et englobe 25 % de la région marécageuse originelle des Everglades. Les Everglades sont le troisième plus grand parc national des États-Unis contigus après la Vallée de la Mort et Yellowstone. Visité par environ un million de personnes par an, le parc a été déclaré réserve de biosphère en 1976 (avec le parc national de Dry Tortugas), inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979 et classé zone humide d’importance internationale en 1987 : les Everglades sont l’un des trois seuls endroits au monde à figurer sur les trois listes.

Contrairement à la plupart des autres parcs nationaux des États-Unis, le parc national des Everglades a plus été créé pour protéger un écosystème fragile que pour des raisons géographiques. 36 espèces considérées comme menacées vivent dans le parc, dont la panthère de Floride, le crocodile américain et le lamantin des Caraïbes. Le parc est également la principale zone de reproduction des limicoles tropicaux d’Amérique du Nord, et contient le plus grand écosystème de mangrove du continent américain5. Plus de 350 espèces d’oiseaux, environ 300 espèces de poissons d’eau douce ou salée, 40 espèces de mammifères et 50 espèces de reptiles vivent dans le parc. Toute l’eau douce de Floride est « recyclée » dans le parc, dont celle de l’aquifère Biscayne.

Les Everglades sont un lent système mouvant de rivières coulant vers le sud-ouest à environ 400 mètres par jour. Elles sont alimentées par la rivière Kissimmee et par le lac Okeechobee. Bien que des Hommes aient vécu dans les Everglades durant des milliers d’années, la région ne fut pas cultivée ou urbanisée avant 1848, date à laquelle on commença à contrôler et utiliser le cours de l’Okeechobee pour alimenter l’aire métropolitaine du sud de la Floride. Les écosystèmes du parc national des Everglades ont souffert de l’activité humaine, et la restauration de ceux-ci est l’un des objectifs politiques du sud de la Floride.


Le parc couvre une zone de 611 000 hectares, le long de trois comtés de Floride : Miami-Dade, Monroe et Collier. L’altitude varie généralement de 0 à environ 2,4 mètres au-dessus du niveau de la mer, mais un sambaqui d’origine amérindienne sur la côte du Golfe fait monter cette altitude à environ 6,1 mètres. La saison sèche du parc dure de décembre à avril, avec des températures variant entre 12 °C et 25 °C et un faible taux d’humidité. Les niveaux étant faibles à cette période, les animaux se rassemblent au centre des points d’eau ce qui en fait des lieux privilégiés pour l’observation de la faune. Au cours de la saison humide, de mai à novembre, les températures sont constamment au-dessus de 33 °C et le taux d’humidité dépasse les 90 %. Chaque tempête peut apporter jusqu’à 300 mm d’eau, soit l’équivalent de la moitié des précipitations annuelles moyennes (152 cm) obtenues en deux mois.

Parc des Everglaes, carte maximum, USA.

La Floride constituait autrefois une partie de la portion africaine du supercontinent Gondwana. Il y a environ 200 millions d’années, l’activité volcanique commença à se développer sur la côte orientale de la Floride, ce qui ajouta une grande quantité de roche magmatique par-dessus les terrains sédimentaires existants déjà dans le Gondwana. Avec le temps, cette activité contribua à l’éloignement progressif de l’Amérique du Nord, par rapport à la Pangée. Avant la fin du Jurassique, la péninsule de Floride s’est ainsi retrouvée exposée aux éléments et au refroidissement du climat planétaire au cours du Crétacé. Les sédiments qui reposaient sur le plancher océanique superficiel furent transformés en calcaire et en roches analogues, tandis que des plateformes calcaires plus épaisses se formèrent dans la partie méridionale de la Floride. C’est le cas, par exemple, de la formation de Sunniland qui s’est constituée il y a environ 135 millions d’années. Elle est située à environ 3,2 km au sud du marais de Big Cypress et de la partie occidentale des Everglades, et, fait notable, contient une faible quantité de pétrole.

Il n’y a qu’environ 100 000 ans que les Everglades sont redevenues des terres émergées, après la fin de la dernière période interglaciaire. À son paroxysme, la dernière émersion des Everglades a dépassé d’environ 30 mètres de hauteur le niveau actuel. Le terrain s’est formé à l’origine lorsque les terres étaient immergées, grâce à la présence abondante de carbonate de calcium dans l’eau de mer. Du fait de la capture de l’eau des océans dans les calottes polaires, le niveau de la mer s’est abaissé et de nombreuses terres se retrouvèrent émergées, formant ainsi des cayes (ou keys). La majeure partie du parc repose sur le plateau calcaire de Miami qui s’est formé au cours de la période interglaciaire du Sangamon. Au sud-ouest du parc, la formation de Tamiami, une couche de carbonate et de sable épaisse de 46 m, constitue le soubassement de Big Cypress. De petites particules de coquille et de sable compressées sur plusieurs couches forment des structures uniques de calcaires, les ooïdes. Ces ooïdes sont cimentés dans l’oolithe de Miami, qui a servi de matériau de construction pour les premières habitations dans le sud de la Floride et qui couvre la majeure partie des Everglades et de la baie de Floride. Les terres étant de plus en plus exposées, les plantes ont commencé à migrer depuis le nord de la Floride, mais également grâce au transport de semences par les oiseaux venant des Caraïbes.

Contrairement à la partie septentrionale de la Floride, le système aquifère des Everglades n’est pas alimenté par des sources souterraines. L’aquifère de Floride est un réservoir souterrain situé à environ 300 mètres sous la surface, au sud de la Floride. Cependant, les Everglades ont une immense capacité de stockage d’eau, en raison du calcaire perméable présent dans le sol qui agit comme une éponge. La majorité de l’eau qui s’y trouve provient des précipitations. En s’évaporant, l’eau provoque les averses qui touchent les aires métropolitaines, fournissant ainsi un approvisionnement en eau douce. L’eau provient du lac Okeechobee et de la rivière Kissimmee. De l’eau déborde du lac Okeechobee en formant une rivière large de 60 à 110 km, qui se déplace presque imperceptiblement20. Le National Park Service recense près de huit écosystèmes distincts dans le parc. Chacun est défini par une évolution constante du terrain en fonction de la météo et de la quantité d’eau reçue par les Everglades.

Les hammocks sont souvent les seules zones de terre ferme dans le parc. Ils s’élèvent à quelques centimètres au-dessus du niveau de la rivière recouverte d’herbe et sont dominés par de grands chênes (de type Quercus virginiana). Ces arbres forment souvent une canopée sous laquelle les animaux prospèrent au milieu des buissons de café sauvage, d’indigoberry blanc, d’arbre empoisonné et de chou palmiste. Le parc compte plusieurs milliers de ces îlots qui, vu du ciel, ont la forme d’une larme. Les arbres, même les tamariniers et les gumbo-limbos sauvages, ne dépassent que très rarement les 15 mètres à cause du vent, des vagues de froid et de la foudre.

Les palmiers (sabal palms) abondent dans les grandes plaines marécageuses. Ils représentaient de véritables abris pour les provisions des populations amérindiennes lors des intempéries.

La végétation aux pieds des hammocks est presque impénétrable, mais les animaux peuvent toutefois trouver un habitat idéal à l’intérieur de ces îlots et sous la canopée. Les reptiles (notamment les serpents et les anoles) et les amphibiens (comme la rainette verte d’Amérique) trouvent refuge dans le bois des feuillus des hammocks. Des oiseaux comme la chouette rayée, le pic, le cardinal ou le pygargue à tête blanche nidifient dans les arbres de la région. Quant aux mammifères, ils vivent dans les feuillus du hammock. C’est le cas notamment de l’opossum, du raton laveur, du lynx roux, du vison des Everglades, du lapin des marais, du cerf de Virginie et de la panthère de Floride, menacée d’extinction. Hérons et aigrettes ont notamment la particularité de vivre en mutualisme avec les alligators.

Souvent appelé pinède rocheuse, l’écosystème de la pinède des Everglades est caractérisé par un loam sablonneux, sec et peu profond posé sur un substrat calcaire et couvert presque exclusivement de pins (Pinus elliottii). Les arbres grandissent dans des dolines, où le calcaire fin s’est rempli de terre, permettant aux plantes et aux arbres de pousser. Les pins du sud de la Floride favorisent les incendies par l’existence de lits de séchage des aiguilles de pin et de l’excrétion d’écorce sèche. Ce qui rentre naturellement dans un cycle biologique, puisque leurs pommes ont besoin de la chaleur du feu pour s’ouvrir et disperser leurs graines. Cependant, le corps de ces pins est résistant au feu, et c’est pourquoi des incendies contrôlés sont provoqués tous les trois à sept ans dans ces zones. La plupart des plantes de la zone fleurit environ 16 semaines après un incendie.

Presque toutes les pinèdes du parc étaient autrefois des plaines d’arbustes, mais les herbes sauvages de ces zones sont variées.

De nombreuses espèces animales trouvent leur nourriture, leur abri ou leur nid dans les pinèdes rocheuses. Pics, sturnelles, laniidés, quiscales des marais et mimini vivent communément dans les pinèdes. L’ours noir et la panthère de Floride sont parfaitement intégrés dans cet écosystème26. Les pinèdes rocheuses sont considérées comme l’un des habitats les plus menacés de Floride : moins de 16 km2 de pinèdes existent dans cet état, et sont toutes localisées dans le parc. Le comté de Miami-Dade était autrefois recouvert de pinèdes, qui furent pour la majeure partie utilisées pour l’industrie du bois.

Les arbres de la mangrove, qui prospèrent dans l’eau salée ou saumâtre, servent d’abri pour plusieurs espèces aquatiques ainsi que des oiseaux. Ils constituent également la principale défense de la Floride face à la force destructrice des ouragans, en absorbant les inondations et en empêchant l’érosion côtière. Grâce à leur forte résistance à l’eau salée, aux vents, aux grandes marées, aux hautes températures et au sol boueux, les palétuviers sont tout à fait adaptés aux conditions extrêmes de la Floride. L’écosystème qu’elle forme au sein du parc constitue d’ailleurs le plus grand système continu de mangrove au monde.

Il existe près de 220 espèces différentes de poissons vivant dans les mangroves de Floride, ainsi que plusieurs variétés de crabes, d’écrevisses, de crevettes, de mollusques et d’autres invertébrés, qui servent de source principale de nourriture à de nombreux oiseaux. De même, une multitude d’espèces d’oiseaux l’utilise également comme abri. C’est le cas notamment du pélican, de la grèbe, de l’Aigrette tricolore, du goéland, de la sterne, de l’épervier et du milan, ainsi que des oiseaux arboricoles comme le coucou de mangrove, la paruline jaune ou même le pigeon à croix blanche. La mangrove abrite également 24 espèces d’amphibiens et de reptiles, incluant la tortue verte et la tortue imbriquée et 18 espèces de mammifères, dont le lamantin des Caraïbes.

Les cyprès sont des conifères qui se développent facilement dans l’eau douce et qui poussent dans des structures compactes, appelées « dômes », sur de longues rives de calcaire. Du fait de la forte variation du niveau de l’eau autour de ces dômes, les cyprès ont développé des « genoux » sortant de l’eau. Des cyprès nains peuvent toutefois pousser dans des zones sèches où le sol est plus pauvre en nutriment. Les branches et les troncs des cyprès constituent un lieu privilégié pour l’installation de plantes aériennes appelées épiphytes, telles broméliacées, les mousses espagnoles, les orchidées et les fougères. Le parc abrite à lui seul près de vingt-cinq espèces d’orchidées. Les plus grands d’entre eux constituent d’excellents lieux de nidification pour des oiseaux comme le dindon sauvage, l’ibis, le héron, l’aigrette, l’anhinga et le martin-pêcheur d’Amérique. Dans ces zones, on trouve habituellement des cerfs de Virginie, des écureuils, des ratons laveurs, des opossums, des mouffettes, des lapins des marais, des loutres de rivière, des lynx roux ainsi que de petits rongeurs.

Les plaines côtières, ou prairies humides, se trouvent entre les mangroves et les pinèdes. Ces zones alternent périodes inondées ou sèches durant les périodes de basses eaux. Les inondations se produisent durant les ouragans ou pendant les ondes de tempête tropicales, quand l’eau de l’océan peut monter de plusieurs mètres au-dessus de la côte. Les fortes pluies estivales peuvent également provoquer des inondations, lorsque les pluies du nord descendent jusqu’aux Everglades. Quelques arbres poussent dans la région, mais des plantes, comme les succulentes, peuvent vivre aussi bien dans l’eau saumâtre ou salée que dans des conditions désertiques. La faune de cette zone varie selon le niveau de l’eau, mais les animaux qu’on y trouve communément sont le milan des marais, le bruant sauterelle, le tantale d’Amérique ou le serpent cribo indigo, ainsi que de petits mammifères comme des rats, des souris ou des lapins. Les panthères de Floride viennent très rarement dans cette région.

Le marécage d’eau douce constitue certainement l’écosystème le plus commun du parc national des Everglades. Ses canaux de drainage se caractérisent par des zones de faible profondeur qui s’écoulent très lentement (vitesse inférieure à trente mètres par jour). Parmi les exemples les plus significatifs, on peut citer les marais de Shark River et de Taylor. Cladium mariscus subsp. jamaicense, une sous-espèce des marisques, pouvant pousser jusqu’à atteindre une hauteur de 1,8 mètre, et les autres plantes marécageuses à larges feuilles, sont si courantes dans cette région qu’elles ont valu aux Everglades son surnom de River of Grass (littéralement, « rivière d’herbe »). Les marécages des Everglades constituent un habitat idéal pour la reproduction et attirent ainsi une grande variété d’échassiers tels que les hérons, les aigrettes, les spatules rosées, les ibis, les pélicans ainsi que des courlans bruns et des milans des marais qui se nourrissent d’escargots de la famille des ampullariidae. La forte densité de poissons, d’amphibiens et de jeunes oiseaux attire de nombreux prédateurs, comme les alligators, les tortues d’eau douce, les mocassins d’eau ou les crotales. À ce titre, le parc national des Everglades est le seul endroit au monde où les crocodiles coexistent de manière naturelle avec les alligators.

Les prairies de marne sont similaires aux marécages, à ceci près que l’eau ne s’écoule pas lentement mais s’infiltre plutôt à travers le revêtement calcaire des marnes. Des algues et d’autres micro-organismes se lient au calcaire pour former un sol évoquant de la boue grise. La zostère et d’autres plantes sont plus courtes dans les marnes d’eau douce, alors que les plantes aquatiques et le périphyton, une combinaison complexe de différents types d’algues, sont beaucoup plus visibles. La prairie se retrouve généralement immergée pour une période allant de trois à sept mois tous les ans. Les animaux vivant dans les marécages d’eau douce habitent également dans la prairie de marne. Les alligators creusent dans la boue pendant la saison sèche, créant ainsi des sentiers à travers les zostères et la végétation. Ces sentiers sont à leur tour utilisés par d’autres animaux pour migrer à travers le parc.

La plus grande étendue d’eau à l’intérieur du parc est la Baie de Floride. Elle s’étend depuis les mangroves de la pointe sud du continent jusqu’aux keys de Floride et représente près de 2 100 km2 d’écosystème marin. Coraux, herbiers marins et éponges servent d’abri et de nourriture aux crustacés et aux mollusques, qui sont eux-mêmes mangés par de plus grands animaux marins. L’écosystème marin est très fragile et tout bouleversement dans la chaîne alimentaire peut avoir de graves conséquences. Ainsi, en 1987, la disparition massive de zostères n’a fait qu’aggraver la situation déjà difficile des lamantins et des tortues marines. L’écosystème est aussi peuplé de requins, de raies pastenagues et de barracudas qui attirent les amateurs de pêche sportive. En ce qui concerne les oiseaux, les pélicans, les sternes, les oiseaux limicoles et les becs-en-ciseaux fréquentent régulièrement les lignes côtières.

Les premiers peuplements humains au sud de la Floride datent de 10 000 à 20 000 ans. Deux tribus amérindiennes se développèrent au niveau de la péninsule de la pointe méridionale : les Tequesta vivaient sur la côte orientale et les Calusa, plus nombreux, sur la côte occidentale. Les Everglades servirent de frontière naturelle entre les deux tribus. Les Tequesta vivaient en une seule large communauté près de l’embouchure de la Miami River, tandis que les Calusa possédaient 30 villages différents. Les deux groupes ont voyagé à travers les Everglades, mais y ont rarement vécu, préférant le plus souvent demeurer le long de la côte.

L’alimentation des deux groupes était constituée principalement de coquillages, de poissons, de petits mammifères, de gibier et de plantes sauvages. Ayant accès uniquement aux roches calcaires, peu adaptées à la fabrication d’outils, ceux fabriqués par les deux tribus étaient en os, en dent d’animaux, en coquillage ou encore en bois. Les dents de requins étaient utilisées pour faire des lames coupantes, tandis que les roseaux étaient aiguisés pour fabriquer des lances et des flèches. Les sambaquis existent encore aujourd’hui dans le parc, offrant aux archéologues et aux anthropologues une preuve des matériaux utilisés par les peuples indigènes pour la construction. Les explorateurs espagnols estimèrent le nombre des Tequesta autour de 800, et celui des Calusa autour de 2 000, au premier contact ; bien que le National Park Service indique qu’il y avait probablement une population de 20 000 Amérindiens vivant dans ou près des Everglades lorsque les espagnols les rencontrèrent pour la première fois, à la fin du XVIe siècle. La société Calusa était plus évoluée, et disposait d’un système de strates sociales, et étaient notamment capables de creuser des canaux. Les Calusa résistèrent même aux premières tentatives de conquête des Espagnols.

Bien que les Espagnols aient été en contact avec ces tribus, ils établirent des missions plus au nord, près du lac Okeechobee. Au XVIIIe siècle, une invasion Creek incorpora les derniers Tequesta restants à leur peuple. Les civilisations des Tequesta et des Calusa se sont éteintes avant les années 1800, la famine, la guerre et l’esclavage ayant éradiqué ces deux tribus. La seule preuve de leur existence à l’intérieur du parc est la présence de nombreux sambaquis construits par les Calusa.

Au début du XIXe siècle, des Creeks, des esclaves africains évadés et d’autres Amérindiens du nord de la Floride fuyant la guerre Creek s’installèrent et formèrent la nation séminole de la région. Après la fin des guerres séminoles en 1842, ces derniers se retirèrent en Oklahoma. Quelques centaines de chasseurs et d’explorateurs séminoles s’installèrent également dans ce qui est aujourd’hui la réserve nationale de Big Cypress, afin d’échapper à l’émigration vers l’ouest. De 1859 à 1930, les Séminoles et les Miccosukee (une tribu similaire bien que linguistiquement différente), vécurent du commerce malgré un isolement relatif. En 1928, arpentage et construction débutèrent sur le Tamiami Trail, le long du bord septentrional des Everglades. La route a non seulement traversé les Everglades, mais a également introduit un trafic constant, bien que faible, de colons européens dans les Everglades.

Quelques membres des Miccosukee et des Séminoles continuent à vivre à l’intérieur des limites du parc. La gestion du parc inclut également l’approbation des nouvelles politiques et procédures par les représentants de ces tribus afin qu’elles « ne soient pas incompatibles avec l’objectif du parc ».

Après la fin des guerres Séminoles, les américains commencèrent à coloniser des points isolés le long de la côte là où se trouve aujourd’hui le parc, de l’archipel des Ten Thousand Islands (les « Dix-mille îles » en anglais) au Cap Sable. Des communautés se développèrent au niveau des deux plus grandes zones au sol sec de la région, sur l’île de Chokoloskee et à Flamingo sur le Cape Sable, qui ont établi des postes au début des années 1890. L’île de Chokoloskee est un sambaqui construit sur environ 6 mètres, durant les milliers d’années d’occupation du territoire par les Calusa. Les colonies et Chokoloskee et de Flamingo servirent de centres d’échange pour de petites populations d’agriculteurs, de pêcheurs et de charbonniers installés sur les Ten Thousand Islands. Les deux colonies et les fermes les plus isolées n’étaient accessibles que par bateau pendant une bonne partie du xxe siècle. Everglades City, sur le continent près de Chokoloskee, connut une brève période de prospérité lorsqu’en 1920, elle servit de quartier général pour la construction du Tamiami Trail. Un sentier en provenance de Florida City atteignit Flamingo en 1922, tandis qu’une digue relia finalement Chokoloskee à Everglades City en 1956. Après la construction du parc, les résidences de Flamingo furent rachetés, et le site fut incorporé au parc en tant centre pour les visiteurs.

L’espoir des Floridiens de préserver au moins une partie des Everglades débuta en 1923, avec la proposition de faire de la région un parc national. Cinq ans plus tard, l’État de Floride établit la Commission du parc national des Everglades tropicales (Tropical Everglades National Park Commission) pour étudier la création d’une zone protégée. La commission était dirigée par un promoteur immobilier conservateur nommé Ernest F. Coe, qui fut surnommé « Père du parc national des Everglades » (Father of the Everglade National Park). Le plan original de Coe pour le parc incluait plus de 810 000 hectares, avec le Key Largo et le Big Cypress, mais sa réticence à faire des compromis empêcha presque la création du parc. D’autres intéressés, notamment des promoteurs immobiliers et des chasseurs, exigèrent une partie des terres.

La commission fut également chargée de trouver un moyen de collecter des fonds afin d’acheter des terres supplémentaires. Cette recherche coïncida avec le début de la Grande Dépression aux États-Unis, ce qui rendit l’argent recherché rare. La Chambre des représentants des États-Unis autorisa la création du nouveau parc national le 30 mai 1934, mais uniquement avec une clause garantissant qu’aucun argent ne serait alloué au projet pendant au moins cinq ans. Coe et le sénateur américain Spessard Holland ont politiquement pleinement contribué à établir, après que Holland eut été capable de négocier 5 300 km2 de parc, laissant de côté le Big Cypress, le Key Largo et la zone de la Turner River, et un lopin de terre de 89 km2 appelé le « Hole in the Donut » (littéralement : le « Trou dans le Beignet ») qui était d’une trop grande valeur pour l’agriculture. John Pennekamp, éditeur du Miami Herald a contribué à pousser l’Assemblée législative de Floride à lever deux millions de dollars pour acheter des terres privées à l’intérieur du parc. Le parc fut inauguré par le président Harry Truman, le 6 décembre 1947, soit un mois après la publication du livre de Marjory Douglas. La même année, plusieurs tempêtes tropicales frappèrent le sud de la Floride, incitant à la construction de 2 300 km de canaux, qui envoyaient l’eau non voulue par les agriculteurs et les résidents vers l’océan.

Peu de choses changèrent dans les années 1960, lorsque le parc fut mis en danger par le détournement de l’eau vers les aires métropolitaines. Bien que le corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis ait été chargé de fournir suffisamment d’eau au parc, il ne donna pas suite à cette instruction. Les conflits politiques concernèrent la quantité d’eau que le parc recevait, alors que certains de ses lacs et de ses rivières devenaient des flaques boueuses. En 1972, un avis fut introduit pour freiner le développement du sud de la Floride afin d’assurer que le parc recevrait la quantité d’eau dont il avait besoin. Parmi les efforts fournis pour la réparation des dommages de plusieurs décennies de mauvaise gestion, le corps des ingénieurs cessa en 1990 de bâtir des canaux et des barrages pour se dédier uniquement à des « projets purement environnementaux ».

Les régions initialement délimitées par Ernest Coe furent lentement ajoutées au parc national, ou incorporées dans d’autres zones protégées comme le parc national de Biscayne, la réserve nationale de Big Cypress, le parc d’État de John Pennekamp Coral Reef sur le Key Largo, le refuge sauvage national de Ten Thousand Islands ou encore le « Hole in the Donut », toutes déclarées zones protégées après l’ouverture du parc national des Everglades en 1947. Ce dernier fut déclaré réserve de biosphère internationale le 26 octobre 1976. Le 10 novembre 1978, la majeure partie du parc fut déclarée zone de naturalité. Ces désignations couvrent 5 247 km2 en 2003, soit environ 86 % de la superficie du parc. Il fut enfin classé au patrimoine mondial de l’UNESCO le 24 octobre 1979 et comme Zone Humide d’Importance Internationale le 4 juin 1987.

Source : Wikipédia

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