Ville de Bordeaux (Gironde).

Bordeaux  est une commune française située dans le département de la Gironde, en région Nouvelle-Aquitaine.

Capitale de Gaule aquitaine sous l’Empire romain pendant près de 200 ans, puis capitale du duché d’Aquitaine au sein de la couronne  d’Angleterre du XIIe au milieu du XVe siècle, et de la province de Guyenne pour le royaume de France, elle est aujourd’hui le chef-lieu et la préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine, du département de la Gironde et le siège de Bordeaux Métropole.

Au 1er janvier 2019, elle est la neuvième commune de France par sa population avec 260 958 habitants. Toutefois, avec 986 879 habitants (2019), l’unité urbaine de Bordeaux est la sixième unité urbaine de France. La ville est également le centre d’une métropole de 814 049 habitants  (2019). Au sein de l’Union européenne, Bordeaux se classe parmi les pôles européens supérieurs par sa taille et l’influence que représente son aire d’attraction composée de 275 communes.

Situé au carrefour de l’océan Atlantique, de la forêt des Landes et de l’estuaire de la Gironde, la position centrale de Bordeaux entre les itinéraires commerciaux, terrestres et fluviaux, au cœur d’une riche région viticole en a fait une des principales villes de France, avec des palais, de riches abbayes et une cathédrale. Centre important de commerce  international, les Romains plantent des vignes venant du piémont basque sur les bords de la Garonne lors de l’avènement de l’Empire. Elle incarne à la Renaissance un foyer intellectuel avec le collège de Guyenne. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Bordeaux devient le premier port de France et le troisième port négrier. Traversée par la Garonne et proche de la Côte d’Argent, la métropole des Lumières met en scène depuis le xviiie siècle ses façades blondes et dorées, ses cours prestigieux et places monumentales accompagnées de ses jardins à la française.

Capitale mondiale du vin par ses châteaux et vignobles prestigieux du Bordelais, la ville est également considérée comme un des centres de la gastronomie et du tourisme d’affaires pour l’organisation de congrès internationaux. La périphérie de Bordeaux est également un pôle central et stratégique du secteur aéronautique et spatial regroupant plusieurs entreprises internationales telles que Dassault Aviation, ArianeGroup, Safran et Thales. Par ailleurs, la commune du Barp, entre Bordeaux et Arcachon, abrite l’un des deux seuls lasers mégajoule du monde.

Avec l’université de Bordeaux, la ville et sa métropole sont un important pôle d’enseignement supérieur et de recherche au niveau national et européen avec plus de 100 000 étudiants.

Bordeaux est une destination touristique internationale pour son  patrimoine architectural et culturel d’exception regroupant plus de 400 monuments historiques, faisant de Bordeaux, après Paris, la ville qui détient le plus de monuments classés ou inscrits aux monuments historiques en France. La métropole a également reçu de nombreux prix et classements par des organisations internationales. En 1957, Bordeaux est récompensée par le prix de l’Europe pour ses efforts exceptionnels dans la transmission des valeurs européennes.

Depuis juin 2007, avec plus de 1 810 hectares, il s’agit de la plus grande ville protégée au monde avec l’inscription du Port de la Lune sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, pour son unité  architecturale classique et néo-classique perdurant depuis le début du XVIIIe siècle représentant « un ensemble de biens culturels et naturels d’un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité. »


Des recherches en archéologie indiquent une première agglomération d’une surface estimée à 4 ou 5 hectares sur la rive gauche de la Devèze. Cette agglomération protohistorique trouve son origine à l’âge du fer, au vie siècle av. J.-C..

Vivisques (littéralement « Bituriges déplacés »), peuple gaulois originaire de la région de Bourges. Une étude numismatique semble confirmer la parenté des populations gauloises du Berry et du Bordelais et l’installation des Bituriges sur le site après la conquête de César.

Le géographe Strabon, au début du Ier siècle, décrit sommairement l’estuaire avec ses marées et présente Burdigala comme un simple emporion (port de commerce) sans statut civique particulier. Il précise que les Bituriges Vivisques ne font pas partie de la confédération préromaine des Aquitains et sont le seul peuple au sud de la Garonne à parler le gaulois et non l’aquitain. Agrippa, lieutenant de l’empereur Auguste, élargit la province de Gaule aquitaine en y intégrant les cités entre Garonne et Loire et fait tracer une voie romaine de Lugdunum (Lyon) à Bordeaux, mais la capitale de l’Aquitaine est fixée à Saintes.

La ville du Haut Empire se construit autour de l’îlot Saint-Christoly, comprenant le cardo et le decumanus (aujourd’hui rue Sainte-Catherine et rues Porte Dijeaux et Saint-Rémi), entre les rivières Devèze et Peugue et la place Pey Berland.

En 70, l’empereur Vespasien en fait la capitale administrative de la province romaine d’Aquitaine. Il semble que sous le règne de cet empereur, la ville ait reçu le statut de municipe de droit romain. La ville est particulièrement prospère sous la dynastie des Sévères (193-235). Elle englobe alors le mont Judaïque (actuel quartier Saint-Seurin). La ville se dote de monuments comme le forum avec les Piliers de Tutelle et le Palais Gallien (amphithéâtre pouvant contenir 20 000 personnes sur ses gradins en bois).

Dans la perspective de répondre au trafic grandissant, un port intérieur est établi. L’attractivité de la ville l’amène à s’étendre vers les plateaux de Saint-Michel, de Sainte-Eulalie et de Saint-Seurin afin d’accueillir une population de 20 000 habitants. Ainsi de « civitas stipendaria » (cité soumise à l’impôt), elle devient, au IIe siècle, un « municipe » (cité dont les habitants jouissent de certains droits de la citoyenneté romaine). Cette prospérité amenant de nombreuses invasions barbares, les légions romaines érigent des remparts de neuf mètres de hauteur entre 278 et 290, utilisant les pierres d’anciens monuments, ils réduisent l’espace de la ville d’une trentaine d’hectares. Après les invasions, Burdigala accueille 15 000 habitants. Ces nombreuses guerres donneront lieu à la création d’un empire des Gaules sécessionniste en 260, centré d’abord sur Cologne puis sur Burdigala : Tetricus, gouverneur d’Aquitaine, se fait proclamer empereur en 270 et se maintient au pouvoir jusqu’au retour de la Gaule dans l’Empire romain en 274.

Ausone, né à Burdigala en 309, est rhéteur (professeur de rhétorique) et poète ; il ne tarde pas à quitter sa ville natale pour exercer son activité à la cour impériale, à Trèves et à Milan, avant de retourner finir sa vie à Bordeaux.

Après la crise du IIIe siècle, Bordeaux, en 310, se dote d’une enceinte fortifiée (castrum) percée de quatre portes dont l’une, la « porta Navigera », permet aux bateaux d’accéder à la Garonne.

Les débuts du christianisme à Bordeaux sont mal connus. La  première épitaphe présumée chrétienne, celle d’une jeune femme originaire de Trèves, date de 261. Un évêque de Bordeaux participe au concile d’Arles en 314. En 333, un pèlerin, l’Anonyme de Bordeaux, note son itinéraire de Bordeaux à Jérusalem.

Au début du Ve siècle, Bordeaux est occupée par les Wisigoths. Les Francs de Clovis s’en emparent après la bataille de Vouillé en 507. Elle est disputée ou échangée plusieurs fois entre les rois mérovingiens. Les Vascons, franchissant les Pyrénées, arrivent sur la rive sud de la Garonne vers 578 : les rois francs doivent constituer une marche pour les contenir.

À la fin du VIIe siècle, Bordeaux fait partie du duché d’Aquitaine. En 732, elle est pillée par les troupes du général arabe Abd al-Rahman. Le duc Eudes d’Aquitaine part combattre le califat omeyyade près de Bordeaux : la bataille de la Garonne fait un grand nombre de morts et, bien que vaincu, il reste au duc suffisamment de troupes pour prendre part à la bataille de Poitiers dans laquelle périt Abd al-Rahman.

À la fin du IXe siècle, les « Normands » pillent la ville : une bande menée par le chef viking Hasting met le siège fin 847. Le roi d’Aquitaine Pépin II ne fait rien pour aider la ville, et c’est son neveu, roi de Francie occidentale, Charles le Chauve qui détruit une flottille de neuf drakkars sur la Dordogne, mais ne peut faire lever le siège. Bordeaux est prise en février 848. L’épisode vaut à Pépin d’être déposé en juin 848 par les Grands d’Aquitaine, qui reconnaissent alors l’autorité directe de Charles le Chauve. En 855, Bordeaux est pillée pour la seconde fois par les Vikings.

Bordeaux devient capitale d’un comté rattaché d’abord au duché de Vasconie (de 852 à 1032), puis au duché d’Aquitaine sous les autorités successives des comtes de Poitiers (de 1032 à 1137) et des Capétiens (de 1137 à 1152).

Du Xe au XIIe siècle, Bordeaux dépend du duché d’Aquitaine où elle ne joue qu’un rôle effacé : la province est disputée entre les comtes de Poitiers et ceux de Toulouse. Quand Guillaume III, comte de Bordeaux, devient duc d’Aquitaine, il transfère sa résidence à Poitiers.

Au xiie siècle, Bordeaux s’agrandit et de nouvelles enceintes sont édifiées : en 1227 au sud, pour protéger les quartiers neufs (rue Neuve, la  Rousselle, etc.) ; en 1327, pour intégrer les nouveaux faubourgs (Sainte-Croix, Sainte-Eulalie, Saint-Michel), elle prospère grâce au commerce du vin d’Aquitaine.

Depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine en 1152, la Guyenne est en union personnelle avec le royaume d’Angleterre mais son souverain, comme duc vassal, doit rendre hommage au roi de France. Bordeaux est disputée dans les guerres qui opposent les Plantagenêt aux rois de France et occupée par Philippe IV le Bel de 1294 à 1303 mais elle finit par se révolter contre les Français qui doivent la restituer au roi d’Angleterre. Pendant la guerre de Cent Ans, Édouard III d’Angleterre refuse l’hommage au roi de France : Bordeaux, fidèle au roi d’Angleterre, est assiégée sans succès par Philippe VI de 1337 à 1340. Les Bordelais fournissent une flotte de 50 bateaux pour reprendre Libourne aux Français. La Peste noire qui sévit en 1348 vient interrompre les combats qui reprennent bientôt. Le fils aîné d’Édouard III, Édouard de Woodstock, le « Prince noir », fixe sa résidence à Bordeaux et mène des chevauchées dévastatrices contre les terres françaises en 1355 et 1356. Après sa victoire de Poitiers, le Prince noir règne en prince souverain et instaure le premier parlement de Bordeaux en 1362. Son fils, qui règne sur l’Angleterre et la Guyenne, est appelé « Richard de Bordeaux ».

En 1377, Bordeaux repousse une armée française commandée par Bertrand du Guesclin. En 1400, elle se révolte, cette fois contre le roi d’Angleterre Henri IV qui a détrôné et peut-être fait assassiner Richard II « de Bordeaux ». Bordeaux fait figure de république indépendante. En 1406-1407, une flotte bordelaise chasse les Français de la Gironde et les oblige à abandonner les sièges de Blaye et Bourg. En 1416, les Bordelais acceptent de rendre hommage à Henri V, fils de l’usurpateur Henri IV, tout en conservant leur autonomie.

Après des fortunes diverses, les redditions de Bordeaux et la bataille de Castillon en 1453 ramènent la ville sous l’autorité du roi de France : les Bordelais doivent se résigner à une autorité qu’ils n’aiment guère et qui, dans les actes officiels, remplace le gascon par le français.

Charles VII décide en 1459 de faire de Bordeaux une ville royale et d’y faire édifier plusieurs forteresses pour dissuader les Bordelais de se révolter : le fort Louis au sud, le fort du Hâ pour défendre la ville des attaques venant du sud et de l’ouest, et le château Trompette pour la protéger du côté de la Garonne. Le commerce du vin aquitain avec l’Angleterre s’arrête et le port maritime de Bordeaux redistribue son commerce vers les autres ports d’Europe. La cathédrale Saint-André et la Grosse cloche sont  construites. Cette dernière est composée de deux tours circulaires de 40 mètres de haut reliées par un bâtiment central et dominée par le léopard d’or. Les  magistrats de la ville sonnaient la cloche pour donner le signal des vendanges et alerter la population en cas de début d’incendies. C’est la raison pour laquelle elle est devenue le symbole à la ville et figure encore aujourd’hui sur les armoiries de la cité.

En 1462, le roi Louis XI rend ses libertés à la ville et rétablit  son parlement. Après avoir signé la paix avec les Anglais en 1475, il rouvre le port de Bordeaux au commerce anglais.

En 1470, le château du Hâ devient la résidence de Charles de Valois, nommé duc de Guyenne par son frère Louis XI. Le château, devenu le siège d’une cour brillante, connaît une courte époque de splendeur jusqu’au décès du duc qui y meurt le 24 mai 1472.

L’enseignement supérieur ne se développe que tardivement à Bordeaux et les étudiants doivent se rendre à Toulouse, Cahors ou Poitiers. En 1441, pendant la période anglaise et sur proposition de l’archevêque Pey Berland, un rescrit du pape crée une université sur le modèle de celle de Toulouse, fondation confirmée par Louis XI en 1472. Elle se réduit à quelques régents et un enseignement sommaire. C’est en 1533 que François Ier fonde le collège de Guyenne, centre d’humanisme avec des maîtres venus de Paris, de Padoue ou des Pays-Bas d’où sortent des élèves comme Montaigne et Étienne de La Boétie.

L’introduction de la fiscalité royale se heurte à une forte résistance. En 1548, à la suite de la jacquerie des Pitauds, la population se révolte contre l’impôt des cinquante mille hommes de pied et pour les libertés publiques. Les insurgés encerclent le 21 août le fort du Hâ et le château Trompette. Ils massacrent le gouverneur du roi Tristan de Moneins et vingt officiers des gabelles. Le roi Henri II ordonne au connétable Anne de Montmorency une répression exemplaire. La cité perd ses privilèges. Elle est désarmée, verse une amende et son parlement est suspendu. En ville, 140 personnes sont condamnées à mort. Néanmoins, en 1549, Henri II amnistie la cité. Ces événements ont inspiré à Étienne de La Boétie son Discours de la servitude volontaire.

Quinze ans plus tard, la ville est touchée par les guerres de religion. En 1562, Symphorien de Durfort, capitaine protestant, échoue à prendre le château Trompette. Charles IX entre dans la ville le 9 avril 1565 lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands du royaume. Ce voyage est entrepris pour tenter de reprendre en main un royaume miné par les conflits confessionnels. Dès 1563, un syndicat ou ligue de bourgeois se met en place pour conserver la religion catholique. Le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572 à Paris) se répète à Bordeaux le 3 octobre, où les protestants sont exterminés, le Parlement ayant planifié les opérations et les massacreurs étant excités par les prêches des prêtres catholiques. Le lieutenant du roi tente d’empêcher les tueries, mais le maire laisse lui aussi faire, le bilan s’élève à 200 ou 300 morts. En 1585, Montaigne est élu maire de Bordeaux par les Jurats. La ville s’apaise et trouve une nouvelle source de profit dans le commerce du pastel de Garonne.

Pendant les luttes de la Fronde (1648-1653) entre la noblesse française et le roi, les bourgeois bordelais forment l’Assemblée de  l’Ormée. Ce n’est qu’en août 1653 que Bordeaux est soumise par les armes et que le jeune Louis XIV y fait une entrée solennelle. En 1675, les parlementaires laissent se développer la révolte du papier timbré, provoquée par une hausse des impôts. Le Parlement est exilé plusieurs années à Condom en Gascogne, et la ville doit loger à ses frais plusieurs régiments. Alors que la fonction de commissaire de police est supprimée après cette révolte, progressivement, une « police de proximité » se met en place, comme à Paris et à  Toulouse. En effet, depuis le XVIe siècle à Bordeaux, les jurats ont créé la fonction de « dixainier », chargés de dénoncer au Jurat les contraventions aux ordonnances de police (« pour le nettoiement des rues, le port d’armes, et tardivement la déclaration des étrangers » à la ville). Depuis une ordonnance royale du 5 mai 1674, les dixainiers doivent veiller à ce que les habitants et hôteliers déclarent bien au Jurat les étrangers qu’ils hébergent.

Bordeaux connaît son second apogée du milieu du XVIIe siècle jusqu’à la Révolution française. Cette prospérité provient à nouveau de son port, qui va devenir le premier port du royaume. Ainsi, la ville compte 40 000 habitants en 1700, ce qui en fait l’un des centres urbains les plus importants du royaume.

La traite des noirs, déjà initiée par les grandes compagnies portugaises ou anglaises notamment, va se développer peu à peu en France. Au même titre que Nantes, La Rochelle, au Havre et bien d’autres, Bordeaux devient un centre négrier et permet à certaines grandes familles de négociants de s’enrichir grâce au commerce colonial en droiture. À trois reprises, pendant la guerre de Succession d’Autriche (1744-1748), pendant la guerre de Sept Ans (1755-1762) puis pendant la guerre d’Indépendance des États-Unis (1778-1783), les guerres interrompent l’activité négrière — et affectent plus généralement le commerce de la capitale aquitaine — : les vaisseaux ennemis se font trop menaçants. Chaque fois, dès que la paix est rétablie, le trafic reprend au même rythme d’environ un départ tous les deux mois.

Progressivement, les négriers obtiennent des mesures d’encouragement d’un État soucieux de la bonne santé de ses colonies : exemptions fiscales, règlements protectionnistes, incitations financières au « troque » lointain (en Angola en 1777, sur la côte orientale d’Afrique en 1787).

Pendant cette période de prospérité pour la ville, les archevêques, les intendants et les gouverneurs installés par le roi, embellissent la ville, assèchent les faubourgs marécageux et insalubres et aménagent les anciens remparts. Les intendants Claude Boucher et Louis-Urbain Aubert de Tourny font, à moindre échelle, ce que fit cent ans plus tard le baron Haussmann à Paris. L’architecte André Portier construit, à la place des portes fortifiées de la vieille ville, des arcs de triomphe majestueux comme la porte d’Aquitaine (place de la Victoire), la porte Dijeaux (place Gambetta/ Rue Porte Dijeaux), la porte de la Monnaie (quai de la Monnaie) ou encore la porte de Bourgogne (place de Bir-Hakeim). La ville se dote également d’un opéra construit par Victor Louis. À la demande de Tourny, l’architecte de Louis XV, Ange-Jacques Gabriel, crée le Jardin public, voulu comme un espace vert et un haut lieu de promenade qui rencontre très vite la faveur des Bordelais. La flèche Saint-Michel est construite.

Gabriel construit aussi la vitrine de la ville : la place de la Bourse, alors appelée place Royale, ensemble de type versaillais, qui donne sur les quais. Elle sert dans un premier temps d’écrin à la statue équestre du roi Louis XV, érigée en 1756, mais elle est fondue en 1792 pour fabriquer des canons. Elle est remplacée en 1869 par la fontaine des Trois Grâces.

La ville devient une des capitales européennes des Lumières dont Montesquieu est le précurseur. La franc-maçonnerie bordelaise commence à se développer avec la création de la première loge anglaise en 1732. À la fin du xviiie siècle Bordeaux accueillait plus de 2 000 maçons.

Le commerce négrier est toujours encouragé par le pouvoir  royal mais la cause de l’abolition de l’esclavage rallie plusieurs personnalités bordelaises dont Montesquieu et André-Daniel Laffon de Ladebat, fils de banquier et armateur négrier.

Bordeaux se rallie à la Révolution et, lors de la création des départements en 1790, devient le chef-lieu de la Gironde.

Dès son arrivée à Paris en 1791, le député bordelais Armand  Gensonné s’inscrit à la Société des amis des Noirs, dont l’objectif est d’obtenir l’égalité entre les hommes blancs et les hommes de couleur.

Un groupe politique appelé la Gironde se forme à la Convention, auquel appartient Gensonné. Quand la Commune de Paris fait encercler la  Convention et voter l’exécution des Girondins (le 2 juin 1793), Bordeaux est une des villes qui se soulèvent contre le coup de force de la Montagne.

Le représentant en mission Tallien, envoyé par la Convention montagnarde, fait tomber les têtes de nombreux opposants girondins et royalistes. Mais c’est aussi lui qui, le 18 février 1794, préside à Bordeaux la fête de l’abolition de l’esclavage. Pour célébrer d’événement, quelque deux cents Noirs habitant Bordeaux se joignent à la foule en liesse. La traite s’interrompt pour quelques années après cette loi : il est vrai que la guerre contre la Grande-Bretagne et la révolte de Saint-Domingue rendent le commerce beaucoup moins avantageux.

La décroissance effective est plus rapide à Bordeaux qu’à Nantes : les négociants comprennent vite que le métier de négrier n’est plus aussi rentable, et devient même dangereux. Leur tradition négrière est de toute façon plus récente, moins prédominante dans l’activité économique de la ville. Surtout, l’indépendance de Saint-Domingue en 1804 a eu un effet dramatique pour le commerce maritime bordelais.

Les guerres de la Révolution et de l’Empire voient un recul partiel du commerce bordelais. Napoléon ordonne en 1810 la construction du pont de pierre destiné à faciliter la marche de ses troupes dans la guerre d’Espagne, en même temps que la restauration de la cathédrale Saint-André de Bordeaux. La ville paie de lourdes contributions pour financer les campagnes militaires et ses hôpitaux accueillent les blessés de guerre. Les maréchaux de Napoléon accumulent les défaites en Espagne face aux Britanniques alliés des Espagnols qui franchissent les Pyrénées au début de 1814. Le maire Jean-Baptiste Lynch prend contact avec les agents du duc d’Angoulême, va au-devant de la petite armée britannique et déclare son ralliement à Louis XVIII : Bordeaux est ainsi la première ville de France à proclamer la Restauration.

Après les guerres napoléoniennes, la cité se métamorphose à  la Restauration avec la démolition du château Trompette, en 1816, remplacé par la place des Quinconces (1818-1827). Le pont de pierre est achevé en 1822 ; le même architecte, Claude Deschamps, construit l’Entrepôt Lainé, l’un des ouvrages représentatifs de l’architecture portuaire du XIXe siècle en Europe. Le faubourg rive droite de la Bastide connaît en conséquence ses premiers développements. La ville s’étend vers l’ouest avec la construction d’échoppes, maisons basses caractéristiques du paysage urbain bordelais. Bordeaux poursuit sa modernisation avec la création des boulevards et la démolition des vieux quartiers[réf. nécessaire]. L’hôpital Saint-André, fondé au XIVe siècle, est entièrement reconstruit en 1829.

La traite négrière achève de s’éteindre. Elle prend fin à Bordeaux en 1826. Un ultime navire négrier, le Voltigeur, est lancé en 1837. Plusieurs lois se succèdent jusqu’à l’abolition finale le 27 mars 1848.

Le 7 mai 1841, la première ligne de chemin de fer est ouverte entre Bordeaux et la Teste. Les trains partent alors de la première gare de Bordeaux, celle de Bordeaux-Ségur située rive gauche. En 1852, la ligne entre Bordeaux et Angoulême est ouverte, permettant de relier Bordeaux à Paris. Les trains à destination de la capitale partent de la gare de Bordeaux-Orléans située rive droite. En 1855, la gare Saint-Jean est construite, ainsi que la voie ferrée de ceinture et la gare du Médoc (plus tard gare Saint-Louis puis Gare de Ravezies).

En 1858, le maire Antoine Gautier inaugure le premier système d’adduction d’eau de Bordeaux. L’eau est alors captée au Taillan, puis stockée rue Paulin dans un réservoir de 22 000 m3 avant de desservir les fontaines de la ville. En 1870, pendant la guerre franco-allemande, Léon  Gambetta quitte Paris assiégé pour former un gouvernement de la Défense nationale à Tours qui se replie ensuite à Bordeaux.

Le peintre Eugène Boudin, originaire de la côte normande, vient pour la première fois à Bordeaux en 1873, invité par le collectionneur d’art Arthur Bourges. Entre 1874 et 1876, il y réalise des peintures du port et des quais de la ville, peignant un total de quarante-sept œuvres.

Le maire Adrien Marquet imprime à la ville ouvrière une politique de transformation sociale en construisant ou en modernisant les équipements. Le Plan Marquet permet le développement urbanistique de la cité en  utilisant un vocabulaire architectural commun. Ce plan a aussi pour objectif d’engager des grands travaux afin d’atténuer les conséquences de la crise de 1929. La ville est alors créditée d’équipements publics d’une architecture Art-déco, comme la nouvelle Bourse du travail, la piscine judaïque, le stade Lescure, le centre de tri postal Saint-Jean ou les abattoirs.

En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris étant menacée par l’avancée des armées allemandes, la ville accueille le gouvernement présidé par Paul Reynaud. Celui-ci s’installe au 17 rue Vital Carles, certains locaux de l’université sont réquisitionnés pour les différents ministères  notamment le ministère de la Défense. Quelques jours plus tard, alors que le gouvernement français maintenant présidé par Philippe Pétain s’apprête à signer l’armistice, le consul du Portugal, Aristides de Sousa Mendes délivre, en neuf jours, des visas qui permettent à plus de 30 000 réfugiés de fuir l’avancée de l’armée allemande.

En 1947, Jacques Chaban-Delmas, qui avait commandé la Résistance lors de la libération de Paris, devient maire. Il industrialise la ville, avec comme élément moteur le domaine aéronautique et spatial en récupérant de nombreuses entreprises inhérentes à l’aviation militaire en parallèle de Toulouse qui récupère l’aviation civile.

De 1960 à 1975, l’accélération de l’urbanisation (déploiement de l’habitat individuel et des échoppes et voiries correspondantes) a provoqué une consommation d’espace quasi-équivalente à celle du siècle et demi  précédent (1810-1960) : plusieurs grands aménagements ont été réalisés : création du quartier du Grand Parc et du quartier du Lac ; rénovation du quartier Mériadeck ; réaménagement du quartier de La Bastide ; délimitation d’un vaste secteur sauvegardé de 150 hectares ; transfert des universités au domaine universitaire de Talence Pessac Gradignan ; franchissement de la Garonne par trois nouveaux ponts (en 1965, 1967 et 1993)260 et ouverture d’une rocade (1967).

Jacques Chaban-Delmas reste maire jusqu’en 1995, année où Alain Juppé lui succède à ce poste. Le nouveau maire souhaite donner à la ville un nouveau souffle. Il lance le premier projet urbain de Bordeaux de 1995 à 2005 qui concerne essentiellement l’aménagement des quais et la (re-)création d’un réseau de plus de 50 kilomètres de lignes de tramways.

Après 2006, Alain Juppé poursuit la rénovation de la ville, la construction de nouveaux quartiers, l’extension du tramway et lance de grands  projets.  À la suite de l’annonce de la ligne LGV, un nouveau projet urbain est impulsé à partir de 2009, toujours orienté sur les transformations physiques.

Source : Wikipédia.

 

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