Le millepertuis perforé.

Le millepertuis perforé, millepertuis commun ou millepertuis officinal (Hypericum perforatum L.) est une plante herbacée vivace de la famille des Clusiacées selon la classification classique (ou des Hypéricacées selon la classification phylogénétique).

Les poches sécrétrices transparentes présentes sur le limbe des feuilles allongées donnent l’impression de multiples perforations, particularité à l’origine du nom de millepertuis qui signifie mille trous.

Parmi toutes les espèces de millepertuis formant le genre Hypericum, l’appellation sans épithète de millepertuis désigne généralement le millepertuis perforé.

Utilisée en médecine et largement popularisée pour ses effets antidépresseurs, la plante porte de nombreux surnoms dont le plus célèbre est celui d’herbe de la Saint-Jean.

Millepertuis, carte maximum, Suisse.

Plante vivace de 25 à 100 cm, elle est dotée d’une tige souterraine ligneuse et d’une tige dressée avec deux côtes saillantes bien marquées. Ses feuilles sessiles, elliptiques ou linéaires, obtuses, plus claires à la face inférieure, ont un limbe ponctué de glandes translucides à huile essentielle, et bordé de points noirs correspondant à des glandes à hypéricine, principe actif à l’origine de ses propriétés. Les larges panicules de grandes fleurs jaune vif (2-3,5 cm) apparaissent entre mai et septembre. Ces fleurs ont cinq sépales et cinq pétales également ponctués de noir. Les verticilles staminaux sont formés de trois faisceaux d’étamines. Les fruits sont des capsules ovales bien plus longues que le calice.

Autrefois, Hypericum perforatum était considérée comme une plante magique associée à la magie blanche. Le millepertuis perforé est un très ancien chasse diable, c’est-à-dire qu’il faisait fuir les esprits tourmenteurs. C’est devenu le phytomédicament le plus prescrit contre la dépression nerveuse.

L’usage médicinal du millepertuis perforé remonte à au moins 2 400 ans, date où Dioscoride le préconisait dans ses ordonnances.

Réputé au Moyen Âge pour éloigner la mélancolie, le millepertuis avait aussi pour nom « herbe de Saint-Jean » (St John’s wort en anglais) ou « chasse-diable », et il n’était pas rare de trouver accrochés un bouquet aux portes des granges.

Inscrit à la pharmacopée française en 1818, il tomba dans l’oubli à la fin du xixe siècle. La pharmacologie moderne redécouvre certaines de ses propriétés thérapeutiques.

Il s’agit d’une plante sauvage héliophile et calcicole. Les bords des chemins, les lisières de forêt, prairies et talus secs, clairsemés et calcaires constituent ses habitats préférés. Le millepertuis craint l’ombre et l’humidité.

On le trouve dans toute l’Europe, en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Nord. Il est actuellement importé, en tant que remède, des pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est (Bosnie, Bulgarie, Pologne, Roumanie, Ukraine…).

Les sommités fleuries, cueillies au début de la floraison et séchées. Les fleurs doivent contenir 60 à 70 % de capsules immatures.

Le millepertuis contient une huile essentielle qui est extraite par hydrodistillation des sommités fleuries ou par macération dans une autre huile pour former l’huile de millepertuis, appelée aussi huile de cantarion. C’est une préparation pharmaceutique utilisée depuis l’Antiquité pour ses propriétés anti-traumatiques, hémostatiques, cicatrisantes et anti-inflammatoire non stéroïdien.

On attribue à la plante des propriétés vulnéraires : c’est un émollient et un adoucissant pour la peau (en usage externe et immédiat). La plante entière, les fleurs ou les feuilles sont utilisées en traitement cutané pour leurs vertus apaisantes, mais elles peuvent provoquer des réactions de  photosensibilisation.

Les fleurs de millepertuis servent, par macération dans l’huile, à la préparation de l’huile de millepertuis, une huile rouge qui est renommée pour le traitement des brûlures et des contusions. Elle ne doit pas être employée pendant l’exposition solaire pour les raisons indiquées ci-dessus, mais comme après-soleil.

L’analyse indépendante la plus récente, menée par le groupe Cochrane, a couvert 29 essais cliniques et plus de 5000 patients. Le millepertuis est d’une efficacité comparable aux ISRS, les antidépresseurs conventionnels, dans la dépression majeure. Sa tolérabilité est supérieure, puisqu’elle est comparable à celle d’un placebo soit, d’après le groupe Cochrane, des taux d’effets indésirables équivalents à la moitié et au cinquième des taux pour les ISRS et les tricycliques (exemple : imipramine), respectivement.

Les études sur le millepertuis dans les dépressions légères et modérées indiquent également une efficacité comparable à celle des antidépresseurs agissant sur la recapture de la sérotonine (ISRS).

Les effets antidépresseurs du millepertuis sont dus principalement à l’hyperforine (en usage interne et au long cours). Mais beaucoup des composants du millepertuis ont un effet inhibiteur sur les récepteurs du système nerveux central donc une action synergique est probable.

Il est aujourd’hui autorisé à la vente en tant que médicament, comme en Allemagne depuis 1984, car de nombreuses études cliniques ont prouvé son efficacité. La dernière étude, publiée en 2005, montre que le millepertuis est aussi efficace sur la durée que l’antidépresseur de référence (l’Imipramine), mieux toléré et avec moins de risques de rechute.

Lorsqu’on écrase un bouton floral entre le pouce et l’index, les minuscules glandes rouge vin en bordure des pétales libèrent leur pigment,  l’hypéricine, qui rougeoie les doigts.

Il est également assez communément utilisé dans les troubles déficitaires de l’attention de l’enfant, du moins aux États-Unis avec, cependant, un effet contesté. Dans cette étude, l’extrait de millepertuis utilisé contenait à l’origine 0,3 % d’hypéricine mais les chercheurs l’ont laissé se dégrader jusqu’à ce qu’il ne contienne que 0,13 % d’hypéricine et 0,14 % d’hyperforine. Comme les concentrations d’hyperforine n’ont pas été établies au début de l’étude et les concentrations d’hyperforine et d’hypéricine étaient bien inférieures à celles utilisées dans d’autres études, il est difficile de tirer quelque conclusion que ce soit.

De plus, le réputé chercheur de la Harvard Medical School, le Dr Joseph Biederman, coauteur de l’étude contestant l’efficacité du millepertuis dans le trouble déficitaire de l’attention, a suscité la controverse quand le sénateur Charles E. Grassley a révélé d’importants conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. En guise d’exemple, le New York Times relate que le Dr Biederman avait déclaré à Harvard n’avoir rien reçu de Johnson & Johnson en 2001, puis, pressé de revoir cette déclaration, avait déclaré $3,500; Johnson & Johnson révéla au sénateur Grassley que la compagnie lui avait en fait accordé $58,169 cette année-là. Le Times montre que le médecin n’avait pas révélé non plus la somme qu’il avait reçue d’Eli Lilly pour étudier le Strattera dans les troubles déficitaires de l’attention, puisque la compagnie révéla qu’il avait reçu une somme en fait supérieure à ce qui est permis pour un chercheur de Harvard. Peu avant l’intervention du sénateur Grassley, en 2007, le Dr Biederman était le second auteur en importance dans le domaine de la psychiatrie1et le premier dans le domaine des troubles déficitaires de l’attention, d’après l’ISI.

La recherche et l’analyse concernant l’ensemble de ces composés est actuellement en plein essor notamment en Europe et en Amérique du Nord. Mais trouver une nouvelle molécule en laboratoire, ne signifie pas trouver une nouvelle molécule active. Pour ce faire, des études cliniques portant sur de larges groupes de patients sont nécessaires. Le but étant évidemment pour l’ensemble des laboratoires, la recherche et la découverte d’une molécule originale, brevetable et donc exploitable commercialement. En fait, il semble qu’en 2005, nous en sommes face au millepertuis au stade où en était Bayer face à l’écorce de saule en 1865. Mais il est vrai que le produit apparaît beaucoup plus complexe, ceci malgré l’emploi de techniques innovantes et hautement performantes, comme la Chromatographie Liquide Haute Performance (CLHP), la BSM (Biologie supra-moléculaire), etc.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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