Le château de Maisons-Laffitte (Yvelines).

Le château de Maisons-Laffitte, à l’origine château de Maisons ou château de Maisons-sur-Seine, situé à Maisons-Laffitte dans le département des Yvelines, est considéré comme un chef-d’œuvre de l’architecture civile du XVIIe siècle. Constituant une référence dans l’histoire de l’architecture française, il marque la transition entre la fin de l’architecture de la renaissance tardive et celle du classicisme.

L’histoire du domaine de Maisons-sur-Seine est très liée à celle de la famille de Longueil, une famille de parlementaires appartenant à la noblesse de robe. En 1460, Jean III de Longueil avait obtenu, par rachat, une partie de la seigneurie de Maisons, divisée au cours du XIVe siècle. En 1602, Jean VIII de Longueil se porte acquéreur de la seconde moitié de la seigneurie.

Le 18 octobre 1608 le dauphin de France Louis, alors âgé de sept ans, est reçu à Maisons-sur-Seine par Jean VIII de Longueil pour une collation dans le parc. Le dauphin revient en visite le 6 septembre 1609. À partir de 1610, alors même qu’il est devenu roi, sous le nom de Louis XIII, il rend régulièrement visite à Jean VIII de Longueil en sa terre de Maisons à l’occasion de chasses suivies de repas ou de collations.

Château de Maisons-Laffitte, carte maximum, 6/10/1979.

En 1629, René de Longueil hérite de la fortune et des biens de Jean VIII, son père. En homme politique avisé des affaires de son temps, le potentiel de la seigneurie de Maisons ne lui échappe pas : proche à la fois de la capitale royale et du château de Saint-Germain-en-Laye, résidence de chasse favorite du roi Louis XIII.

À partir des années 1640, René de Longueil consacre une partie de sa fortune, dont la conséquente dot reçue de son épouse Madeleine Boulenc de Crèvecœur (décédée depuis 1636), à la construction d’une demeure fastueuse capable de recevoir le roi. La construction du château proprement dit s’achève vers l’année 1650, mais plusieurs autres structures et aménagements (grandes écuries, jardins, entrées du parc…) seront achevés durant les deux décennies suivantes.

Sur la foi des témoignages des contemporains, le bâtiment est attribué à l’architecte François Mansart. Aucun document ne corrobore cette attribution, en dehors d’un paiement de 26 000 livres effectué par René de Longueil au profit de François Mansart en 1657, a priori après l’achèvement du château. Néanmoins, elle est affirmée par un pamphlet intitulé « La Mansarade » qui accuse l’architecte de s’être rendu compte, après avoir fait élever le premier étage, qu’il avait commis une erreur dans ses plans et d’avoir fait abattre tout ce qui avait été construit pour tout recommencer. Charles Perrault attribue également Maisons à François Mansart : « Le château de Maisons, dont Mansart a fait tous les bâtiments et les jardinages, est d’une beauté si singulière qu’il n’est point d’étranger qui ne l’aille voir comme l’une des plus belles choses que nous ayons en France. » Perrault souligne que l’architecte avait l’habitude de faire refaire parfois plusieurs fois certaines parties de ses bâtiments, à la recherche de la perfection.

Le 18 avril 1651, le roi Louis XIV, alors âgé de 13 ans, profite de l’occasion d’une chasse en forêt de Saint-Germain pour rendre visite à René de Longueil qui le reçoit à diner en son château de Maisons. Cette visite est rendue par le souverain au seigneur de Maisons, qui est aussi capitaine des domaines de chasses de Versailles et Saint-Germain-en-Laye, à l’occasion de son accession à la surintendance des finances du royaume de France. Le roi reviendra le 20 avril, accompagné de sa mère Anne d’Autriche, alors reine-régente.

Château de Maisons-Laffitte, épreuve d’artiste signée.

Après s’être vu retirer son poste de surintendant, René de Longueil est condamné à l’exil à Maisons-sur-Seine, dont il augmente le domaine par l’achat de petites seigneuries voisines. Revenu en grâce auprès du roi en 1656, René de Longueil voit sa terre de Maisons-sur-Seine être érigée en marquisat en 1658.

Le 22 août 1662, le roi Louis XIV et la reine, son épouse Marie-Thérèse d’Autriche, viennent visiter le château de Maisons alors qu’ils séjournent au château de Saint-Germain-en-Laye. Ils sont reçus par René de Longueil et son fils Jean de Longueil, alors chancelier de la reine-mère, Anne d’Autriche.

Le roi Louis XIV, comme son père Louis XIII avant lui, viendra faire quelques courtes visites à Maisons-sur-Seine à l’occasion de chasses ou de déplacements divers tout au long de sa vie (le 3 avril 1669, le 23 avril 1671 et le 3 mai 1680). Une visite royale restera plus mémorable que les autres, celle des 11 et 12 juillet 1671. De retour des Flandres, le roi Louis XIV accompagné de son épouse, Marie-Thérèse d’Autriche, et de son frère, Philippe d’Orléans, est reçu le 11 juillet à Maisons-sur-Seine par la famille de Longueil et par Marie-Louise d’Orléans, venue les rejoindre avec sa gouvernante, la maréchale de Clérambault. Les membres de la famille royale restent dormir à Maisons avant de reprendre la route de Versailles le lendemain. Cette visite est la seule qui a vu un membre de la famille royale dormir au château.

À la mort de René de Longueil, en 1677, l’immense chantier qu’il avait initié est achevé.

En 1723, lors de l’une de ses visites aux Longueil, Voltaire tombe malade et est soigné sur place aux frais du marquis. Il est logé dans une chambre au-dessus de celle de la reine. Remis de son mal, Voltaire quitte le château, avant d’apprendre que la chambre qu’il occupait a été dévastée par un incendie. Cette catastrophe, en plus de toucher la chambre qu’il occupait, ravage la pièce du dessous et détruit le décor qui l’ornait.

La seigneurie reste dans la descendance directe de René de Longueil jusqu’en 1732, date à laquelle Marie-Renée de Belleforière de Soyecourt, son arrière-petite-fille, lègue le château à son propre petit-fils, Louis-Armand de Seiglière de Belleforière, à l’occasion de son mariage. Ce dernier, criblé de dettes, cherche peu de temps après la mort de sa grand-mère à se défaire du marquisat.

En mai 1747, le château est visité par Louis XV. La marquise de Pompadour cherche une demeure en bordure de Seine, elle est alors tentée d’acheter le domaine. Le château est alors en fort mauvais état, surtout depuis l’incendie survenu en 1723 dans un des pavillons latéraux. Le roi confie le projet de restauration et de modification du château à l’arrière-petit-neveu de François Mansart, Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne3. Mais soucieux de ne pas engager trop de dépenses, le roi écarte l’idée de cette acquisition. La marquise jettera finalement son dévolu sur Bellevue, près de Meudon. Les modifications envisagées par le dernier Mansart ont été décrites et commentées par Jacques-François Blondel, célèbre théoricien et professeur de l’Académie royale d’architecture et grand admirateur du château, dans son Cours d’architecture.

En 1777, le château devient la propriété de Charles Philippe, comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, qui se voit offrir la même année le château de Saint-Germain-en-Laye, dans le cadre de son apanage. Il décide d’installer sa résidence au château de Maisons-sur-Seine, et de réunir les deux domaines afin de se constituer un immense parc. Le château étant en mauvais état et distribué selon d’anciens usages, le comte fait réaliser d’importantes transformations intérieures par son premier architecte, François-Joseph Bélanger, désigné sur les conseils de Marc-René de Voyer d’Argenson, éminent mécène du temps. Ces travaux sont interrompus en 1784 en raison du manque d’argent. Le château, peu entretenu et laissé en chantier, entre dans une nouvelle phase d’abandon et de délabrement.

En 1791, durant la révolution française, le domaine de Maisons-sur-Seine, comme tous les autres biens du comte d’Artois, est confisqué autre titre de bien national, puis vendu en 1798 au citoyen Lanchère, fournisseur aux armées de la république. Ce dernier fait essentiellement usage des grandes écuries, et n’habite pas le château.

En 1804, le maréchal Jean Lannes se porte acquéreur de l’ensemble du domaine de Maisons-sur-Seine. Il fait réaliser des aménagements dans le parc et fait achever les travaux entamés par le comte d’Artois.

En 1811, la première pierre du pont de Maisons-sur-Seine est posée, entrainant la perte d’une partie des jardins du château. Ce pont ne sera achevé qu’en 1822.

En 1818, Louise de Guéhéneuc, veuve du maréchal depuis 1809, vend le domaine au banquier Jacques Laffitte. Récompensé pour son rôle dans la révolution de juillet, le banquier devient ministre des finances du roi Louis-Philippe, ce qui l’entraîne à négliger ses affaires personnelles. Contraint de vendre ses biens pour couvrir ses dettes, Laffitte procède dans les années 1830 à un découpage du parc du château. Il conserve un jardin réduit et fait lotir 307 hectares, soit l’essentiel du grand parc. Pour attirer les constructeurs, il fait raser les grandes écuries et livre à bas prix les matériaux récupérés.

En 1844, la fille de Jacques Laffitte, Albine Laffitte, hérite du château, avant de le vendre en 1850 à Charles Xavier Thomas de Colmar, assureur et inventeur de l’arithmomètre.

En 1877, les héritiers de Thomas de Colmar cèdent le château au peintre Tilman Grommé, qui lotit le petit parc et démolit le portail d’entrée de l’avant-cour. Ce qu’il reste du jardin du château est alors clos par un portail en fer forgé, provenant du château de Mailly-Raineval dans la Somme. Ce portail avait été commandé suivant le cahier des charges initial d’Augustin-Joseph de Mailly alors seigneur du comté de Mailly. La grille semble, en sa partie haute, avoir été modifiée afin d’y accueillir de nouvelles armoiries lors de sa réinstallation à Maisons-Laffitte sans jamais être achevé.

En 1905, l’État rachète le château pour le sauver de la démolition. Il est classé Monument historique en avril 1914. Le château est ouvert au public depuis le 26 juillet 1912. Il est aujourd’hui géré par le Centre des monuments nationaux.

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Sources : Wikipédia, YouTube