Le château royal de Blois (Loir-et-Cher).

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Le château royal de Blois, situé dans le département de Loir-et-Cher, fait partie des châteaux de la Loire. Il fut la résidence favorite des rois de France à la Renaissance.

Situé au cœur de la ville de Blois, sur la rive droite de la Loire, le château royal de Blois réunit autour d’une même cour un panorama de l’architecture française du Moyen Âge à l’époque classique qui en fait un édifice clef pour la compréhension de l’évolution de l’architecture au fil des siècles. Les appartements royaux restaurés sont meublés et ornés de décors polychromes du XIXe siècle, créés par Félix Duban dans la lignée des restaurateurs contemporains de Viollet-le-Duc.

Durant le règne de Charles le Chauve, en 854, le Blisum castrum (« le château de Blois »), édifié sur les bords de la Loire, est attaqué par les Vikings. La forteresse reconstruite est au cœur de la région dont sont maîtres les comtes de Blois, puissants seigneurs féodaux aux Xe et XIe siècles, dont les possessions s’étendent à la région de Blois et de Chartres, et à la Champagne. La première forteresse, la « grosse tour », fut élevée par Thibaud le Tricheur au Xe siècle. Vers 1080, une charte montre Thibaud III de Blois rendant la justice « dans la forteresse de Blois, dans la cour, derrière le palais, près de la tour, au parterre situé entre les chambres à feu du palais ». À la fin du XIIe siècle est bâtie dans l’avant-cour la collégiale Saint-Sauveur.

Au XIIIe siècle, le château est reconstruit par la famille bourguignonne de Châtillon. Le chroniqueur Jean Froissard le décrira comme « beau et grand, fort et plantureux, un des [plus] beaux du royaume de France ». Le dernier descendant de la famille de Châtillon, Guy II de Blois-Châtillon, vend en 1392 la demeure à Louis d’Orléans, frère de Charles VI, qui en prend possession en 1397, à la mort de Guy II de Blois-Châtillon. Lorsque Louis est assassiné à Paris en 1407, sur ordre de Jean sans Peur, sa veuve, Valentine Visconti, part vivre à Blois où elle s’éteint l’année suivante, après avoir fait graver sur les murs du château : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien ». Son fils, Charles d’Orléans, est fait prisonnier au cours de la désastreuse bataille d’Azincourt en 1415.

Château de Blois, carte maximum, 21/05/1960.

En 1429, avant son départ pour lever le siège d’Orléans, Jeanne d’Arc est bénie dans la chapelle du château de Blois par Regnault de Chartres, archevêque-duc de Reims.

Après 25 ans de captivité, Charles d’Orléans revient au château de Blois et organise autour de lui une cour de lettrés. Il y lance un concours de poésie en 1458 où s’illustre François Villon avec sa Ballade des contradictions, dite « Ballade du concours de Blois ». Il entreprend aussi de détruire certaines parties du vieux château, afin de le rendre plus habitable. De la forteresse de cette période ne restent dans le château actuel que la grande salle, datée du XIIIe siècle, et la tour cylindrique du Foix.

Le 27 juin 1462, Louis d’Orléans, fils de Charles Ier d’Orléans, naît au château de Blois. Il devient roi de France en 1498 sous le nom de Louis XII ; le château médiéval des comtes de Blois devient résidence royale et Louis en fait sa demeure principale, au détriment du château d’Amboise. Au début des années 1500 (entre 1498 et 1503), Louis XII entreprend, avec Anne de Bretagne (son épouse depuis 1499), une reconstruction du château dans ce qu’on nommera par la suite le style Louis XII en alliant le style gothique flamboyant à des éléments appartenant déjà au style Renaissance. L’édifice sans fortifications fut réalisé sous la direction des architectes Colin Biart et Jacques Sourdeau (qui travaillera aussi à la construction de l’aile François Ier), et la création d’un jardin Renaissance aujourd’hui disparu. Il édifie également la chapelle Saint-Calais. Le chroniqueur Jehan d’Authon le dira « tout de neuf et tant somptueux que bien sembloit œuvre de roy ». Privilégié par Louis XII comme résidence d’hiver, le château de Blois devient le théâtre de plusieurs rencontres diplomatiques : mariage de César Borgia en 1499 ; réception de Philippe le Beau en 1501 ; noces de Guillaume IX, marquis de Montferrat et d’Anne d’Alençon, fille du duc René d’Alençon, en 1508 ; fiançailles de Marguerite d’Angoulême avec le duc Charles IV d’Alençon en 1509 ; séjours de Nicolas Machiavel en 1501 et 1510. Anne de Bretagne meurt au château le 9 janvier 1514. Ses funérailles sont célébrées à la collégiale Saint-Sauveur de Blois, près du château.

Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, épouse en 1514 son cousin François d’Angoulême, arrière-petit-fils de Louis d’Orléans. Il monte sur le trône en 1515 et Claude de France, avec l’intention de quitter le château d’Amboise, meuble alors le château de Blois pour y installer la Cour. Cette même année, François Ier lance la construction d’une nouvelle aile, de style Renaissance, et y commence une des plus importantes collections de livres de l’époque. La direction des travaux est donnée à l’architecte italien Dominique de Cortone à qui l’on doit l’escalier monumental. Mais après la mort de sa femme au château, en 1524, la construction s’arrête ; François Ier délaisse le château de Blois au profit du château de Fontainebleau où il envoie l’impressionnante bibliothèque pour fonder la Bibliothèque nationale. Néanmoins, Blois n’est pas délaissée pour autant puisque Claude de France y avait mis au monde sept enfants, Blois devenant ainsi une sorte de « pouponnière » royale où sont éduqués les enfants royaux jusqu’à Catherine de Médicis. Le 18 octobre 1534, le château est le théâtre de l’affaire des Placards : des tracts contre la messe sont affichés clandestinement par des partisans de l’église réformée, jusque sur la porte de la chambre du roi. Cette affaire marque le début de la répression du protestantisme en France, après une période de relative tolérance.

Toujours lieu de fête, Blois reçoit en 1539 la visite de Charles Quint, et c’est à Blois que Pierre de Ronsard rencontre lors d’un bal en avril 1545 Cassandre Salviati, qui lui inspire Les Amours de Cassandre. Sacré roi de France, le fils de François Ier, Henri II, fait son entrée solennelle à Blois en août 1547, accompagné de « femmes nues montées sur des bœufs » (peut-être une mise en scène du mythe de Zeus et Europe, qui choqua plusieurs observateurs). C’est en 1556 que Catherine de Médicis fait représenter devant le roi la tragédie Sophonisbe, première pièce de théâtre à respecter la règle classique des trois unités.

Le château de Blois reste la résidence principale des successeurs de Henri II et en particulier de François II et Charles IX. François II y passe notamment l’hiver 1559 avec sa femme Marie Stuart qui y a été élevée. En 1571, l’amiral de Coligny y rentre dans les bonnes grâces de Charles IX et de la reine-mère. En 1572, un traité avec l’Angleterre y est signé et au mois d’avril sont célébrées dans la chapelle les fiançailles de Henri de Navarre (futur Henri IV) et Marguerite de France. C’est à Blois que Henri III convoque les États généraux qui se tiennent dans la grande salle aujourd’hui appelée « salle des États ». Puis Henri III doit convoquer les États généraux de 1588-1589. Dans le château, dans sa chambre au deuxième étage, il fait tuer le 23 décembre 1588 son ennemi, le duc de Guise ; le frère de celui-ci, le cardinal de Lorraine, est assassiné le lendemain. Peu après, le 5 janvier 1589, la reine Catherine de Médicis vient y mourir.

Au moment de la Révolution, le château est à l’abandon depuis 130 ans et les révolutionnaires soucieux de faire disparaître tout vestige de la royauté le pillent en le vidant de ses meubles, statues et autres accessoires. La collégiale Saint-Sauveur située dans l’avant cour est vendue à l’entrepreneur Guillon, qui la détruira entièrement. L’état du château dans son ensemble est tel que sa démolition est même envisagée, jusqu’à ce que Napoléon Ier décide de le céder à la ville de Blois le 10 août 1810. Néanmoins, par manque d’argent, le château est à nouveau utilisé comme caserne par l’armée. En 1834, la moitié sud de l’aile Charles d’Orléans est détruite pour y établir des cuisines militaires. La présence militaire au château n’empêche pas l’ouverture au public de l’aile François Ier sous la Restauration. Le château est ainsi visité par Victor Hugo, Honoré de Balzac, ou encore Alexandre Dumas.

En 1840, sous le règne de Louis-Philippe, le château est classé monument historique16 grâce à l’action de Prosper Mérimée qui obtient la remise en état du bâtiment le 24 juillet 1844. Félix Duban est chargé en 1846 de la restauration des appartements royaux de l’aile François Ier. Il associe des couleurs profondes (rouge et bleu) à de l’or. Secondé par Jules de La Morandière, Duban s’inspire pour les décorations intérieures d’estampes d’époque et des travaux menés par l’érudit Louis de la Saussaye18. La restauration se poursuit jusqu’à la mort de Félix Duban en 1871. Le château est alors transformé en musée. Les restaurations entreprises entre 1870 et 1879 sont sous la direction de Jules de La Morandière.

C’est en 1850 que Pierre-Stanislas Maigreau-Blau, maire de Blois, fonde le musée des beaux-arts de Blois, qu’il installe dans l’aile François Ier. C’est en effet à cette époque que les provinces se dotent de leurs propres musées, encourageant ainsi l’étude des arts. Le maire de Blois défend son projet: « Il n’y a pas de chef-lieu de département en France qui ne soit aujourd’hui doté d’un musée. […] Il serait superflu d’examiner les avantages de ces sortes d’établissements. On sait de quel encouragement puissant ils sont pour les arts et les sciences, par les modèles ou les collections qu’ils offrent à l’étude ». Le musée sera finalement ouvert dans l’aile Louis XII en 1869.

Une seconde restauration est entreprise entre 1880 et 1913. Elle est confiée à un inspecteur général des monuments historiques, Anatole de Baudot, qui dirige essentiellement les travaux sur la restauration de la charpente et du plancher, sur quelques ornements, et sur l’élaboration d’un système d’évacuation des eaux de pluie. Alphonse Goubert, successeur de Baudot à la tête du chantier, décide de restaurer l’aile Gaston d’Orléans. C’est ainsi qu’il fait construire un escalier monumental en pierre, à partir d’esquisses de Mansart. En 1921, il crée également un musée lapidaire dans les anciennes cuisines du château.

Pendant la seconde guerre mondiale, la façade sud du château (principalement l’aile Louis XII) est endommagée par les bombardements. Les vitraux de la chapelle sont notamment détruits. Les travaux de remise en état, commencés en 1946, sont confiés à Michel Ranjard.

Le château est aujourd’hui la propriété de la ville de Blois. Dans les années 1990, une nouvelle restauration est conduite par Pierre Lebouteu et Patrick Ponsot. En particulier, les toitures, les façades et les planchers de l’aile François Ier ont été restaurés. Gilles Clément, paysagiste, a été chargé de travailler sur le parc. Pour faire vivre le château, un spectacle son et lumière utilisant les voix de Robert Hossein, Pierre Arditi ou Fabrice Luchini, écrit par Alain Decaux et mis en musique par Éric Demarsan, a été conçu dans les années 1990 : Ainsi Blois vous est conté….

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Sources : Wikipédia, YouTube.