Le Cerf-volant.

Un cerf-volant est un aérodyne assez léger pour être mu par les forces aérodynamiques, lancé et manœuvré depuis le sol à l’aide d’un ou plusieurs fils. Sa structure la plus commune se compose d’une pièce de toile ou de papier plus ou moins tendue sur une armature.


Le mot « cerf-volant » (1669) viendrait de serp-volante, serpe étant un mot féminin en ancien français pour désigner un serpent. Le mot serpe est d’origine méridionale. En occitan, cerf-volant se dit sèrp-volaira ou sèrp-volanta et désigne bien un serpent-volant. Pierre Augustin Boissière de Sauvages (1710-1795) dans son Dictionnaire languedocien-François donne même deux variantes serf ou serpe pour désigner le serpent. Cela reste une hypothèse.

En breton (sarpant-nij), en wallon (dragon) mais aussi dans la plupart des langues d’Europe, on retrouve la même étymologie ou appellation pour le cerf-volant : « dragon » ou « serpent volant ».

Cette appellation peut évoquer les textes et légendes mentionnant des serpents ailés et des dragons volants que l’on retrouve dans la Bible1, dans des mythologies de différentes civilisations et dans les légendes en France jusqu’au xviiie siècle mais elle se rapporte surtout très directement à la forme des premiers cerfs-volants introduits ou représentés en Europe : avec leurs têtes féroces et leur longues queues ils figuraient effectivement des dragons ou serpents volants (voir la première illustration en Europe  figurant un cerf-volant dans De Nobilitatibus de Walter de Milemete en 1326, et la première description écrite, dans Bellifortis de Konrad Kyeser en 1405, dans Kites, an Historical survey de Clive Hart, 1967.

Voici une description amusante due à François de Belleforest (1530-1583), d’un étrange dragon qui survola Paris le 17 février 1579 : « Il estait de merveilleuse grandeur ayant […] environ dix brasses de longueur […] avec quelques pieds et une grosse teste, ou deux, car lorsqu’il se retournait, ce qui estoit souvent, il paraissoit avoir deux testes, ayant une queue fort longue laquelle ondoyoit au vent […] les ailes ayant fort grandes et  membraneuses […] Mon opinion n’est autre, sinon que sa peau est partie de la boutique d’un marchend de soye (qui est un léger taffetas) et puis, par quelque bon rieur, artificiellement accommodée en forme de dragon (chose toutefois qui ne se devroit tollérer) et porté au haut de quelque tour, puis envoyé au vent estant tousjours tenu d’un petit cordeau […] par l’artisan ou maistre de telle sottise, est faite pour aguerrir un simple peuple qui ne faut à dire que c’est un dragon comme je l’ai ouy de plusieurs : et perce, j’ai voulu escrire ce petit discours pour les en oster d’avoir. » Belle-Forest décrit bien là un cerf-volant de tissu en forme de dragon ailé, et on notera la mention de cette « queue fort longue ondoyant au vent », qui nous renvoie encore au serpent volant.

Le mot serp ayant disparu de la langue française, il a été alors transcrit phonétiquement, mais de façon erronée, dans « cerf-volant », les mots sèrp et cerf se prononçant de la même façon. Cette transcription n’a pas de rapport avec le cerf, le mammifère, même s’il avait une symbolique très forte au Moyen Âge (et a été parfois même représenté ailé, à la manière d’un Pégase). Elle proviendrait par contre d’un rapprochement avec le nom commun du lucane (insecte coléoptère) appelé « cerf-volant » du fait que les grandes mandibules du mâle ont une forme qui ressemble à celle des bois d’un cerf. On parle ainsi de lucaniste pour un adepte des cerfs-volants et de lucanisme pour l’art de manœuvrer les cerfs-volants. Quelques dictionnaires étymologiques anciens ont pu ainsi attribuer par erreur l’origine du nom du jouet cerf-volant à cet insecte.

À son tour, le mot a son sens géométrique, pour un type de quadrilatère.

D’anciens textes chinois font remonter l’origine du cerf-volant au IVe siècle av. J.-C. Toutefois ces textes étant très postérieurs à l’époque à laquelle ils font référence, il est impossible de savoir précisément où et quand a été inventé le premier cerf-volant. Il est très probablement l’invention d’un peuple de pêcheurs et navigateurs des îles d’Asie du Sud-Est, des populations expertes en l’art de fabriquer des fils, des voiles et d’utiliser le vent.

À l’origine, les Chinois en ont fait une utilisation essentiellement militaire ; le cerf-volant servait de signal, à porter des messages, à effrayer les ennemis ou évaluer des distances. Plusieurs récits légendaires chinois et japonais mentionnent des cerfs-volants porteurs d’hommes. Marco Polo rapporte comment les Chinois étaient capables de faire des cerfs-volants assez grands pour emporter un homme. Avant même le premier millénaire, on savait construire en Chine des cerfs-volants assez grands pour soulever un passager ; le premier homme à effectuer un vol ascensionnel l’a fait à bord d’un cerf-volant (ou bien suspendu en dessous) longtemps avant l’invention de la montgolfière.

Le cerf-volant pouvait avoir des fonctions magiques ou religieuses. En Thaïlande, au XVIIIe siècle, le cerf-volant du roi Narai restait en l’air toutes les nuits au moment du changement de mousson, phénomène associé aux fonctions cosmiques du souverain.

L’introduction du cerf-volant en occident remonte à la fin du XIIe siècle. À partir du XVIIIe siècle, son utilisation se développa dans les domaines militaires et scientifiques :

 

  • vols humains (surtout aux alentours de la Première Guerre mondiale, pour l’observation des lignes ennemies) ;
  • photographie aérienne (photo cervolisme) ;
  • météorologie ;
  • sauvetage en mer ;
  • transmission radio ;
  • traction de véhicules et d’embarcations.

En 1848, l’extrémité de la première ficelle utilisée dans la construction de la première passerelle enjambant les gorges en aval des Chutes du Niagara a été passée d’une rive à l’autre à l’aide d’un cerf-volant.

L’expérience de l’Écossais Alexander Wilson réalisée en 1749, utilisant un train cerf-volant comme un outil météorologique pour mesurer les  variations de températures à différentes altitudes, est considérée comme la première application scientifique du cerf-volant.

Composés de panneaux verticaux et horizontaux afin de stabiliser le vol, les cerfs-volants en forme de caisse, développés par Lawrence Hargrave tout à la fin du xixe siècle, ont inspiré les premiers avions. Ses recherches avec les cerfs-volants lui ont permis de découvrir et utiliser l’effet de portance induit par un profil d’aile courbe.

Le premier grand concours de cerfs-volants est organisé lors de l’exposition universelle de 1900, sous l’égide de Léon Teisserenc de Bort, directeur de l’observatoire météorologique de Trappes. Il est divisé en deux catégories :

  • appareils dits “simples” capables de se maintenir deux heures en l’air au bout d’un câble de 200 mètres ;
  • appareils plus “complexes” capables d’atteindre en une heure de hautes altitudes en emportant des appareils enregistreurs, grâce à un treuil, des câbles spéciaux.

Peu après, les frères Wright ont eux-mêmes développé et testé leur prototype d’avion à aile déformable sous la forme d’un cerf-volant.

En France, le Festival International de Cerf-Volant de Dieppe a été créé en 19806 et se tient tous les deux ans. L’autre grand rassemblement mondial du cerf-volant est la rencontre Internationale de Berck, née en 1987.

Dans la plupart des régions, en particulier en bord de mer, de nombreuses associations locales et municipalités organisent aussi des rassemblements de cerfs-volistes. Bray-Dunes, sur la Côte d’Opale accueille ainsi La Ronde des Vents8. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, deux autres festivals de cerfs-volants existent maintenant depuis plus de 20 ans: Le Festival international de l’air de Fréjus (tous les ans, le dernier week-end d’octobre) et la Fête du Vent de Marseille ayant lieu au mois de septembre. Dans le Pas-de-Calais, on peut citer aussi le festival International convivial d’Hardelot organisé par le cerf-volant club Miztral de Lille. Depuis 2009, le même club propose un nouveau festival international atypique au pied des terrils de Rouvroy (près de Lens).

Sarzeau En Bretagne accueille depuis 2000 les journées du vent de Penvins, généralement le week-end du 14 juillet.

Notre-Dame-de-Monts en Vendée, pour les festivals À tout vent (proche du 14 juillet), et À tout vent d’hivers (date variable)

Il convient de faire une distinction entre les festivals internationaux « à l’occidentale » où des cerfs-volistes invités viennent présenter leurs réalisations et les festivals « traditionnels » comme ceux qui se déroulent chaque année un peu partout en Asie.

Ancrés dans le folklore local et issus de traditions millénaires, ces derniers sont bien plus authentiques, car une grande partie de la population y participe. La plupart sont très spectaculaires et ils attirent des foules immenses.

En Inde, à Ahmedabad, des milliers de petits cerfs-volants de combat prennent leur envol à l’occasion du Makar Sankranti à la mi-janvier.

Au Japon, de nombreuses villes se sont fait une réputation pour leurs festivals : on assiste à de grands tournois comme à Shirone et à Hamamatsu où plus d’une centaine d’équipes s’affrontent, ou à des envols de cerfs-volants géants comme ceux de Showa-Machi et Yōkaichi.

En Indonésie à Bali, le festival est un concours où l’on juge autant les qualités de vol des cerfs-volants que la présentation vestimentaire des équipes.

An Vietnam, à Bá Dương Nội, un village dans le Nord de Hanoi a lieu chaque 15e jour du 3e mois lunaire un festival de cerfs-volants à flutes.

En Thaïlande, à Bangkok, en mars des joutes traditionnelles avec leurs règles précises se tiennent à Sanam Luang en face du palais royal.

Au Canada, plus particulièrement au Québec, a lieu chaque été le festival « le Saint-Honoré dans l’Vent ». Il s’agit d’un festival international de cerfs-volants pour toute la famille qui se déroule sur le site de l’aéroport de Saint-Honoré au mois de juin et qui accueille des cerfs-volistes professionnels et invités internationaux. On peut y observer des cerfs-volants géants, acrobatiques, artistiques, monocordes et des cerfs-volants de puissance (traction) sur une piste de l’aéroport de Saint-Honoré.

Situé à 45 min de Montréal sur le lac gelé des Deux-Montagnes à Saint-Placide, le festival hivernal de cerfs-volants « Festi-Vent sur glace » d’envergure internationale est l’un des plus importants en Amérique du Nord.

Situé à Dieppe au Nouveau-Brunswick, Canada le festival International du cerf-volant a lieu au mois d’août annuellement. Le festival fut lancé en 2001 dans le but d’organiser une activité originale, haute en couleur et de calibre international. Le festival doit une grande partie de son succès à la  collaboration de cerfs-volistes de renommée internationale. Leur participation à l’International du cerf-volant à Dieppe en a fait un festival de tout premier ordre et a contribué à la promotion et au marketing du cerf-volant comme une activité très prisée.

Source : Wikipédia.

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