Le caroubier.

Le caroubier (Ceratonia siliqua L.) est un arbre fruitier méditerranéen de la famille des Légumineuses (ou Fabacée). Il est utilisé depuis l’antiquité pour ses fruits (les caroubes), pour l’Homme et le bétail. Capable de produire sur des terrains pauvres en marge des cultures ou sur des coteaux difficiles à cultiver, le caroubier a apporté une ressource vitale à de nombreux peuples de Méditerranée. Arbre dioïque, ses individus sont mâles ou femelles, et portent rarement des fleurs hermaphrodites. Il est naturellement présent dans la végétation forestière ou pré-forestière thermophile de Méditerranée où il est souvent associé à Pistacia lentiscus6. Il trouve dans le bassin ouest méditerranéen son plus grand gradient écologique, allant de l’Anti-Atlas, au Maroc, à la Côte d’Azur en France.


Le caroubier est un arbre mesurant de cinq à sept mètres de hauteur et pouvant atteindre exceptionnellement quinze mètres. Le tronc est gros et tordu, l’écorce brune et rugueuse. La frondaison abondamment fournie forme un houppier large. Il peut atteindre des âges important, certainement de plusieurs siècles comme l’atteste les individus remarquable par la circonférence impressionnante de leur tronc près de Ragusa en Sicile. Les feuilles, grandes de douze à trente centimètres, alternes, persistantes, sont composées paripennées et comptent de trois à cinq paires de folioles. De forme ovale, celles-ci sont coriaces, vert sombre luisant au-dessus, tirant sur le rouge sur leur face inférieure.

Les fleurs, très petites, mâles ou femelles, rarement hermaphrodites, constituées d’un calice pourpre sans corolle, sont réunies en grappes axillaires cylindriques. Elles apparaissent d’août à octobre.Les fruits, appelées « caroubes », sont des gousses pendantes de dix à trente centimètres de long sur un et demi à trois centimètres de largeur. Initialement vertes, elles deviennent brun foncé au stade de maturité, ce qui se produit au mois de juillet de l’année suivante. Elles sont courbées, coriaces, épaisses et indéhiscentes. Les graines de caroube sont brunes, de forme ovoïde aplatie, biconvexes et très dures. Elles sont séparées les unes des autres par des cloisons pulpeuses. On en compte de quinze à vingt par gousse. La pulpe jaune pâle contenue dans les gousses est farineuse et sucrée à maturité. Comestible, au goût chocolaté, elle est parfois consommée. Les graines ont servi d’unité de mesure dans l’antiquité. Une légende ancienne voulait que leur poids soit régulier, ce qui a été infirmé par une étude8. Leur nom est à l’origine du carat (emprunté à l’arabe “qirât”), qui représentait le poids d’une graine de caroube, dans le commerce des pierres précieuses. Actuellement l’appellation du carat est toujours utilisée comme unité de poids : 1 carat de diamant représente le diamètre et le poids correspondant d’une pierre taillée dans les bonnes proportions pour un diamant taille brillant rond 57 facettes de diamètre 6,4 mm. De même, siliqua, nom latin de la caroube, fut chez les Romains le nom d’une unité valant 1/6 de scrupule. En Allemagne, les graines de caroube torréfiées sont utilisées en substitution du café. On peut aussi sucer les graines comme des bonbons.

Caroubier, carte maximum, Portugal, 2020.

Le genre Ceratonia ne comporte que deux espèces, l’espèce sœur de C. siliqua étant Ceratonia oreothauma9 arbre du sud de la Péninsule arabique (Oman, Yémen) et de d’Afrique de l’Est (Somalie). Le genre Ceratonia s’insère à la base de la phylogénie des Caesalpinioideae avec Acrocarpus comme genre frère. Le caroubier a fait l’objet d’un vaste projet [archive] portant sur son écologie, ses symbiotes racinaires et son histoire évolutive. La phylogéographie du caroubier s’est appuyée sur la diversité génétique, la modélisation des niches climatiques et la paléobotanique pour proposer une nouvelle hypothèse sur l’origine et l’évolution du caroubier 11. Il apparaît notamment que le caroubier, différencié de son espèce sœur au Pliocène, a eu une grande distribution avant le Pléistocène, puis s’est raréfié lors des phases climatiques froides (glaciaires) et arides (interglaciaire). Les zones du Maroc et du sud de l’Espagne, protégées des fortes phases de continentalité hydrique par la proximité de l’océan, ont constitué des refuges où les populations du caroubier ont persisté lors des ères interglaciaires. A l’est, le caroubier a trouvé refuge au niveau de zones montagneuses proches de la mer, par exemple en Crète ou au Mont Liban. La structure de diversité génétique observée supporte l’hypothèse d’une domestication du caroubier à partir de populations naturelles locales à l’ouest et à l’est de la Méditerranée, et non pas d’une domestication orientale unique. L’article publié dans Journal of Biogeography a fait l’objet d’un article dans La Garance Voyageuse [archive]: “Du nouveau sur l’histoire du caroubier”.

Le caroubier résiste mal au froid (il ne supporte pas les températures inférieures à – 5 °). Le caroubier femelle doit être pollinisé par un arbre mâle car c’est une espèce dioïque. Il donne vers l’âge de quinze ans des fruits comestibles et sucrés (en septembre/octobre) : les caroubes. Un arbre en pleine production peut fournir entre 300 et 800 kg de caroubes par an. Il est sensible à l’alternance bisannuelle.

Les graines fraîches de caroubier germent normalement bien sans traitement préalable mais une fois qu’elles ont séché, elles deviennent très dures et n’absorbent plus l’eau empêchant ainsi la graine de germer.

Il faut alors tremper les graines dans l’acide sulfurique dilué (H2SO4) pendant une heure puis dans l’eau pendant vingt-quatre heures ou, en absence d’acide, les tremper dans de l’eau bouillante pendant quinze minutes en remuant puis laisser mariner pendant vingt-quatre heures. Le traitement à l’acide sulfurique remplace la relation entre la plante et l’animal qui habituellement mange la graine, la laisse “mariner” dans son tube digestif et ses sucs gastriques quelques heures puis la rejette.

La germination peut aussi être obtenue simplement par l’abrasion mécanique d’une portion limitée de la cuticule dure des graines de caroubier, avant trempage dans l’eau.

Le caroubier est cultivé dans les pays méditerranéens, notamment au Portugal, Espagne et en Sicile , en Crète où la production et la commercialisation des produits dérivés a repris depuis quelques années, et à Chypre où il est qualifié d’ “or noir”. En France, à Villefranche-sur-Mer on cultivait le caroubier au xixe siècle ; la belle couleur rouge du bois était appréciée en marqueterie. La chanson traditionnelle et les dictons populaires en portent encore témoignage.

Cet arbre au beau feuillage procure une ombre appréciée dans les pays ensoleillés.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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