L’allaitement maternel.

L’allaitement maternel consiste pour une femme, à nourrir son propre enfant grâce au lait produit par les seins.

Les bébés possèdent un réflexe de succion et de déglutition leur permettant de téter et d’avaler le lait. Dans la médecine moderne, le lait maternel est considéré comme la forme la plus saine du lait pour bébés. L’allaitement possède des avantages aussi bien pour la mère que pour le bébé car il aide à la prévention des maladies. Un allaitement à long terme est souvent associé à une meilleure santé mentale durant l’enfance et l’adolescence. Le mésusage de l’allaitement artificiel peut provoquer, à l’extrême, des décès par diarrhée chez les bébés dans les pays développés comme dans ceux en voie de développement.

L’allaitement par d’autres femmes que la mère naturelle a fréquemment été utilisé dans l’Histoire, qu’il s’agisse de nourrices mercenaires, de proches de la mère ou plus récemment, via la lactation induite.


Allaitement maternel, carte maximum, Luxembourg.

À la naissance, la composition du lait maternel correspond en qualités aux nécessités spécifiques du nourrisson. Développée en cours de gestation maternelle, la lactation des seins s’enclenche dès la naissance du petit. Sous les tétées du sein ou l’extraction régulière du lait, la lactation se continue aussi longtemps que la stimulation des seins reste effective. Le lait maternel humain peut nourrir le petit jusqu’à trois ans et même davantage. Le recours à une autre nourrice que la mère est tombé en désuétude dans beaucoup de pays.

Le colostrum des premiers jours, puis le lait à maturité répondent naturellement à l’alimentation exclusive des six premiers mois de vie du nouveau-né humain (digestion facile, apport d’énergie optimal), à terme et en santé. La tétée et la combinaison du lait maternel comblent les besoins nutritifs, immunologiques et affectifs liés à la croissance optimale des mutations du nourrisson. L’allaitement au sein assiste le développement neurologique et les défenses immunitaires de l’enfant et confère une défense additionnelle contre les infections gastro-intestinales.

L’aliment maternel peut également être extrait mécaniquement (extraction manuelle, tire-lait), transporté, stocké (à titre personnel ou par un  lactarium) et administré au bébé par différents moyens (sonde, dispositif d’aide à la lactation, cuillère, tasse, biberon…) À défaut de l’aliment maternel, le lait naturel est remplacé par un substitut, une préparation lactée commerciale généralement à base de lait de vache (de zéro à six mois : préparation pour nourrisson, de six mois à un an : lait de suite). Selon l’OMS, l’introduction d’aliments solides n’est conseillée qu’après l’âge de six mois.

La structure interne de base du sein, constituée de 15 à 25 canaux galactophores (ou lactifères, du latin lactifer « qui transporte le lait ») débouchant à la surface du mamelon par des pores indépendants, est présente à l’état rudimentaire dans les deux sexes, de l’âge embryonnaire à l’âge adulte. Chez la femme pubère, la glande mammaire se développe sous l’influence hormonale : stéroïdes ovariens, prolactine, hormone de  croissance, glyco-corticoïdes, etc. Les œstrogènes développent les canaux galactophores et la progestérone développe les bourgeons glandulaires, les futures cellules productrices, les acini.

Chez la femme enceinte, les œstrogènes induisent un allongement des canaux galactophores, la progestérone, la prolactine et l’hormone lactogène placentaire la multiplication et le développement des acini. La progestérone inhibe la prolactine, empêchant la sécrétion du lait. Mais les hormones produites pendant la grossesse dépendent aussi du placenta. En fin de grossesse, les rameaux galactophores sont largement garnis d’acini, au total entre 6 000 et 200 000 unités microscopiques, disposées par grappes de 10 à 100 et constituant ainsi des lobules ou unités ducto-lobulaires de 0,1 à 1 mm de diamètre chacun. De 20 à 40 de ces lobules sont regroupés en rameaux autour d’un des canaux galactophores, formant ainsi un lobe. Les canaux des 15 à 25 lobes de tissu glandulaire convergent vers de plus grands canaux à l’arrière du mamelon. Ces canaux s’ouvrent sur le mamelon par 4 à 18 orifices.

À l’accouchement, la chute du taux sanguin d’œstrogènes et de  progestérones s’accompagne d’une libération massive de prolactine pour la fabrication de lait dans les acini. Aussi longtemps que la mère allaite, les acini continuent à se développer. Après le sevrage, les acini disparaissent et les canaux galactophores s’atrophient. Les rameaux se regarnissent à nouveau d’acini au cours de la grossesse suivante.

L’acinus est l’unité de base de production du lait maternel. C’est une sphère creuse aux dimensions microscopiques connectée à un petit canal galactophore. Elle est tapissée d’une seule couche de cellules productrices. On appelle « lumière » de l’acinus la cavité dans laquelle est sécrété le lait. La paroi extérieure des cellules de l’acinus est en contact avec de nombreux capillaires. Après la naissance et avec les tétées du bébé, sous l’impulsion de l’hormone de la lactation, la prolactine, le débit sanguin est augmenté en priorité dans la zone du sein. L’augmentation de pression dans ces capillaires permet le passage, de la paroi des capillaires vers les cellules de l’acinus, de tous les éléments nécessaires à la fabrication du lait. Chaque cellule traite cette matière première. Une partie des composants du lait résulte directement de la filtration du sang, l’autre est synthétisée par les cellules de l’acinus. Le lait est ainsi sécrété goutte à goutte dans la lumière de l’acinus.

Toujours à la suite de la naissance et sous l’effet de la succion du sein par le bébé, sous l’effet de l’ocytocine – la même hormone qui préside aux  contractions pendant l’accouchement – les cellules myoépithéliales, qui sont des fibres musculaires microscopiques enveloppant l’acinus, sont mises en action et se contractent, pressant l’acinus pour le vider. Les gouttes de lait sécrétées sont maintenant expulsées vers le canal galactophore. L’ocytocine provoque la contraction des fibres musculaires tout au long des canaux galactophores qui pulsent le lait vers la sortie par un mouvement péristaltique. C’est le réflexe d’éjection. Chez la mère, il s’exprime sous la forme d’une tension dirigée de l’intérieur du sein vers la pointe. Lorsque le bébé commence une tétée, le réflexe d’éjection n’apparaît qu’au bout de quelques instants, le temps de la mise en route des  contractions musculaires.

Avant la sortie dans le mamelon, les canaux galactophores présentent un évasement lors du réflexe d’éjection (qui se comporte alors comme un sinus, sans en être un/réf. DrPeter Hartmann. Ces petits « réservoirs » ont une taille relativement modeste chez l’humain et ne représentent qu’une amorce de lait dans la tétée dont l’essentiel est fourni en cours de succion par le réflexe d’éjection de la mère.

Le premier lait sécrété par la mère après l’accouchement s’appelle le colostrum. C’est un lait épais, translucide ou coloré (parfois presque orangé). Le colostrum répond tout de suite aux besoins essentiels du bébé qui vient de naître. Il apporte sous un faible volume et dans les bonnes proportions tous les éléments complexes dont le nouveau-né a besoin. Le colostrum est naturellement peu abondant, entre 20 et 50 ml par tétée au début, une quantité qui augmente rapidement. Il convient au très petit estomac du nouveau-né. Il est très bien assimilé, n’occasionne pas de surcharge rénale et produit peu de déchets non digérés. Le colostrum est abondant en cellules vivantes et anticorps qui protègent le bébé contre les agressions microbiennes du milieu ambiant. Il contient beaucoup de protéines (23 g·l-1), des facteurs de croissance, des sucres directement assimilables (oligosaccharides), des vitamines, des sels minéraux et des acides aminés libres (20 %).

Après les premiers jours, la consistance se fluidifie, le volume augmente légèrement, la proportion des composants se modifie. C’est le lait de transition (ou colostral), un mélange de colostrum et de lait à maturité. Au bout de deux à trois jours, au moment de ce qu’on appelle la « montée de lait », le volume de lait produit augmente brusquement. Le lait devient plus blanc. Environ 14 jours après la naissance, c’est le lait à maturité qui est produit (qui prend souvent un aspect bleuté, parfois translucide, ce qui ne signifie pas une baisse des qualités nutritives). Avec l’âge du bébé, le lait continue à augmenter en volume (mais même plus grand, il ne boira guère plus de 180 ml à chaque tétée, chaque femme produisant environ 750 ml de lait/24 h). La composition correspond à l’âge et aux besoins du bébé.

Deux échantillons de 25 ml de lait maternel pompé à partir du même sein d’une même femme pour illustrer combien le lait maternel humain peut varier en peu de temps. L’échantillon de gauche est le premier lait (teneur en eau plus élevée et moindre teneur en matières grasses ; il satisfait la soif). L’échantillon de droite est celui qui provient du sein presque vidé, correspondant à une fin de tétée. Sa teneur en eau est moindre, mais son taux de matières grasses est plus élevé ; il satisfait la faim. Les composants majeurs du lait maternel sont : l’eau (87,5 % environ), les glucides (7 % environ), les lipides (4 % environ), les protides (1 % environ), les micronutriments (0,5 % environ). Mais ces proportions et ces composants sont amenés à se modifier constamment en fonction des besoins et de l’âge du bébé, de l’heure de tétée ou des débuts et fins de la tétée. Le lait maternel subit une évolution importante entre le colostrum des premiers jours et le lait à maturité vers trois semaines.

La teneur des différents composants du lait maternel est également propre à l’espèce et directement proportionnelle à la vitesse de croissance du nouveau-né et au poids du cerveau. Chez l’humain qui a une croissance lente (140 jours pour doubler de poids) et un cerveau énorme (1 200 g), le profil du lait est faible en protides et lipides, mais présente un taux élevé de glucides nécessaires au développement cérébral. Le profil de composition du lait maternel est relativement stable de par le monde et ne varie que dans une faible proportion en fonction du mode de vie et de l’alimentation de la mère. De par la spécificité de sa composition, et contrairement au lait de vache, le lait humain se conserve relativement bien.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Haute autorité de santé (HAS, ex-ANAES) et l’Unicef recommandent l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois, suivi d’une poursuite de celui-ci jusqu’à l’âge de deux ans ou plus, parallèlement à une alimentation diversifiée. En outre, des études  anthropologiques et archéologiques ont montré que le sevrage naturel intervient entre deux ans et demi et six ans. Une étude indique que les humains, comme les grands singes, doivent, pour atteindre une santé optimale, être allaités entre deux et sept années. Les femmes préhistoriques allaitaient en moyenne cinq années. Chez les inuits, les enfants étaient allaités 3 ans en moyenne.

La gêne à allaiter en public est un facteur important qui varie selon les cultures. D’après des études, une minorité de femmes se sent à l’aise d’allaiter en public, craignant que leur geste soit interprété comme une invitation sexuelle, de l’exhibitionnisme ou un comportement sexuellement déviant. La plupart éprouve la nécessité de se cacher ; certaines se réfugient aux toilettes ou évitent de sortir de chez elles, par crainte de devoir allaiter à l’extérieur.

Au Canada, il existe des « salles d’allaitement » dans les lieux publics comme les stations de transport public ou les centres commerciaux. Un sondage effectué dans ce pays auprès de cent femmes au sujet de leurs habitudes et leurs préférences que 99 % des femmes interrogées avaient déjà allaité dans un lieu public ; parmi elles, la moitié évoquaient un malaise et une gêne et 82 % préféraient utiliser les salles d’allaitement lors de leurs achats. Les quatre principales raisons évoquées étaient le confort et l’équipement de la salle, le calme et l’intimité, l’inconfort face au regard des gens, la sécurité des enfants plus âgés. En Suisse, à Genève, il existe des espaces d’allaitement.

La pratique de l’allaitement a beaucoup varié selon les périodes, et notamment en fonction de la place des femmes dans la population active. Encouragé depuis le début des années 2000, il l’a été beaucoup moins dans les années 1960 jusqu’au milieu des années 1980, périodes fastes pour l’emploi des cadres féminins. Les différentes études concordantes sur les bénéfices de l’allaitement sur la santé et le développement du nouveau-né et la prise de conscience écologique depuis le début des années 1990 a amené l’HAS et l’OMS à faire de l’allaitement une mesure de santé publique de premier ordre.

C’est le retour de l’essentialisme et du maternalisme. Certaines féministes voient dans ce retour un recul des mentalités et de la position des femmes dans la société et dénoncent la pression exercée par les organismes d’État et les promoteurs de l’allaitement sur l’ensemble des femmes qui s’apprêtent à avoir ou ont des enfants. D’autres y voient un remède médiocre à la crise économique actuelle, et dénoncent le couvert d’arguments fallacieux pour culpabiliser les mères qui n’allaitent pas, arguant que l’allaitement au sein est un choix strictement personnel et éclairé. Cependant, on peut remarquer que certains des pays européens ayant le plus fort taux d’allaitement maternel (Norvège, Suède) sont aussi des pays où le taux d’activité féminine est particulièrement élevé (hormis pendant la première année après la naissance d’un enfant) et où la condition féminine est généralement considérée comme favorable et le sexisme peu présent. Ce point souligne les différences doctrinales des mouvements féministes selon qu’ils  proviennent de pays de cultures catholique ou protestante. Il a d’ailleurs été démontré que les taux d’allaitement maternel sont plus faibles dans les pays occidentaux de culture catholique (Irlande, France et Belgique en particulier) que dans les pays occidentaux de culture protestante (pays scandinaves, notamment). Aux États-Unis, des différences de pratique de l’allaitement maternel sont également observées en fonction de la religion de la femme allaitante.

Cette promotion de l’allaitement maternel « meilleur pour la santé » (d’où le slogan anglophone « breast is best », littéralement « le sein est meilleur »), est basé sur une répétition des mêmes arguments et sur la culpabilisation des femmes. Cela a pour conséquence que cette pratique est ressentie par certaines femmes comme une obligation morale pour correspondre à l’image idéalisée de la « bonne mère », quand bien même elle est difficilement compatible avec leur activité professionnelle. Le discours institutionnel construit ainsi l’image d’une déviance maternelle, certaines femmes qui décident de ne pas allaiter, pour des raisons qui leur sont propres dont la plus fréquente est la reprise d’un travail, pouvant se percevoir comme de « mauvaises mères ». Cette culture d’allaitement forte a pour effet aussi sur d’autres femmes qui n’allaitent pas pour des raisons médicales, qu’elles ressentent de la honte.

Source : Wikipédia.

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