La Maison Carrée à Nîmes (Gard).

La Maison Carrée est un temple romain hexastyle édifié au début du Ier siècle à Nîmes, dans le Gard.

Lors de sa construction, la Maison Carrée est dédiée pour Auguste à la gloire de ses deux petits-fils : les consuls et chefs militaires Lucius Caesar et Caius Julius Caesar. Au fil des siècles, le temple est notamment devenu une maison consulaire, une église puis un musée des arts antiques. Il s’agit aujourd’hui du temple romain le mieux conservé au monde.

La Maison Carrée fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.


La Maison Carrée, temple du forum de la ville, était le second lieu dédié au culte impérial avec le sanctuaire de la Fontaine. Il s’agit du temple le mieux conservé du monde romain2. Cet édifice a été bâti entre 10 av. J.-C. et l’an 4, à l’extrémité sud du forum, sous le règne d’Auguste.

La place du forum où a été édifié le temple s’étendait sur 80 m de long et était encadrée par deux portiques. Au nord, la place était fermée par un bâtiment rectangulaire de 18 m par 14 m, que l’on identifie aujourd’hui comme étant la Curie.

Maison carrée de Nîmes, carte maximum, 11/04/1981.

La maison carrée est un édifice hexastyle corinthien et pseudo périptère, qui mesure 13,54 m de large sur 26,42 m de long. Trente colonnes de neuf mètres de haut chacune enserrent la structure intérieure. Celle-ci est formée d’une simple cella précédée d’un pronaos dont le plafond est moderne. À l’origine on devait pénétrer dans la cella par une grande porte de près de sept mètres de haut.

Ce temple a été édifié sur un haut podium lui donnant une position dominante sur son environnement. L’accès à la cella se fait par un escalier unique. Ces deux façons de faire sont directement issues de la tradition étrusque, encore présente à Rome et en Italie. La structure du plan et l’utilisation de l’ordre corinthien dénotent quant à eux une influence grecque. Enfin, la disposition pseudo-périptère, présente en Italie depuis le début du Ier siècle av. J.-C., permet d’animer et de rythmer la façade. Cette architecture s’inspire directement du temple d’Apollon à Rome, dont la Maison Carrée se veut un modèle réduit. Le temple d’Auguste et de Livie à Vienne semble aussi être une variante de ce type d’organisation. Sa fonction religieuse était par ailleurs très comparable à celle de Nîmes, puisqu’on y célébrait aussi le culte impérial. En ce qui concerne le décor, il est essentiellement formé par l’entablement et les chapiteaux des colonnes qui le soutiennent. Ce type de décor rappelle fortement celui que l’on a pu trouver sur le temple de Mars Ultor à Rome. On pense aujourd’hui que la maison carrée en est directement inspirée. Sa composition comprend une architrave divisée en trois bandeaux et ornée d’une frise à rinceaux. À l’intérieur, on n’a conservé aucune trace du décor d’origine, bien qu’il ait été reconstitué.

Maison carrée de Nîmes, essais de couleurs.

Le temple portait sur son frontispice, inscrite en lettres de bronze scellées dans la pierre, une dédicace expliquant le rôle de l’édifice. Cette dédicace a aujourd’hui disparu, mais grâce à la disposition des trous de scellement encore visibles, le grand érudit nîmois Jean-François Séguier est parvenu en 1758 à recomposer le texte original : À Caius Caesar consul et Lucius Caesar consul désigné, fils d’Auguste, princes de la jeunesse. Le temple est dédié aux héritiers d’Auguste, Caius et Lucius Caesar ; ce sont en fait les petits-fils et héritiers désignés d’Auguste avant qu’ils ne meurent prématurément. Grâce à la première ligne de cette dédicace, il est possible de dater l’achèvement de la Maison Carrée entre 2 et 3 AD, d’après la date du consulat de Caius et Lucius. La seconde ligne, placée postérieurement, date de 4-5 AD. Le temple, comme le sanctuaire de la fontaine, restera dédié à l’empereur en place bien des générations après la mort d’Auguste. Il en sera ainsi pour tous les temples impériaux gallo-romains de cette époque. Dans la réalité des faits, on continue de vénérer l’empereur de chaque époque sous le titre d’Auguste, ce qui permet de conserver l’idée de départ.

L’histoire post-romaine de l’édifice est mouvementée. Il est quasi miraculeux qu’il soit parvenu à ce jour en si bon état.

Du XIe au XVIe siècle, la Maison Carrée fut utilisée comme maison consulaire de Nîmes, c’est-à-dire une sorte d’hôtel de ville : on appelait consuls au Moyen Âge certains échevins du Midi de la France. On connaît alors le bâtiment sous le nom de Capitole ou Cap-duel.

Il fut le lieu de réunion du Directoire pendant l’époque révolutionnaire, puis devint la préfecture du département du Gard entre 1800 et 1807.

Restaurée, comme les autres monuments nîmois, au XIXe siècle, la Maison Carrée porte, gravé en lettres romaines sur le flanc ouest, un court texte en latin : Réparé par la munificence du roi et l’argent offert par les citoyens, 1822.

En 1824, le temple devint un lieu d’exposition d’objets antiques.

En 1992, la Maison Carrée a reçu une nouvelle toiture, reproduction fidèle de l’original antique, composée de grandes tuiles plates (tegulae) et de tuiles-canal (imbrices) moulées à la main.

En 1993, l’architecte britannique Norman Foster construisit face à la Maison Carrée un bâtiment appelé Carré d’Art, prévu pour accueillir un musée d’art contemporain, et pensé comme le pendant moderne de la Maison Carrée. Il réaménagea également la place attenante afin d’assurer une harmonie entre les deux édifices.

En 2006-2007, la façade sud de la Maison Carrée a bénéficié d’une rénovation qui lui permit de retrouver une blancheur parfois contestée (badigeon au lait de chaux afin de recréer un calcin sur la pierre et, donc, de mieux protéger celle-ci des agressions du temps). Ce long travail se poursuivit en 2007-2008 par la façade ouest, en 2008-2009 par la façade est et enfin, en 2009-2010 pour ce qui est de la façade principale, sur laquelle il fut envisagé de restituer les lettres de bronze de la dédicace originale.

Le 12 février 2011, la ville de Nîmes a fêté la fin de la restauration de la Maison Carrée. Une exposition intitulée Maison Carrée restaurée l’a relatée au Carré d’Art. Il aura fallu pas moins de quatre ans et plus de 44 000 heures de travail à l’architecte des monuments historiques, Thierry Algrain, pour venir à bout de la restauration de ce patrimoine exceptionnel.

Jusqu’en 2013, Culturespaces (société gestionnaire du monument par délégation de service public) a projeté un film en 3D à l’intérieur de l’édifice, « Héros de Nîmes », qui plongeait le spectateur pendant vingt minutes dans la vie quotidienne d’un habitant de Nîmes sous l’Empire Romain, au Moyen Âge, ou lors des ferias actuelles. Depuis 2014, un nouveau film y est projeté. Intitulé « Nemausus – la naissance de Nîmes », il traite des origines de la ville8. Les œuvres précédemment exposées, dont la Vénus de Nîmes et une copie de la Vénus d’Arles, ont été reléguées dans un sous-sol en attendant la construction du musée de la Romanité d’Elizabeth de Portzamparc, situé à côté des arènes de Nîmes, dont l’ouverture est prévue pour 2017.

La scénographie de l’espace a fait l’objet de plusieurs critiques. En 2010, l’historien d’art et maître de conférences à la Sorbonne Adrien Goetz dénonçait l’usage du lieu : Ce bâtiment est un chef-d’œuvre insigne, le seul temple antique ayant conservé sa couverture, avec le Panthéon de Rome, un vestige qui appartient au patrimoine universel. Il est désormais dédié à la promotion de Nîmes. Voilà ce qu’on fait, par souci de rentabilité, au lieu d’expliquer aux visiteurs l’architecture romaine. Aujourd’hui, l’intérieur de la Maison carrée, coffré en toile rouge, ressemble à un cinéma de quartier. Le film projeté à l’intérieur du bâtiment est également qualifié d’un peu naïf par Le Monde.

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Sources : Wikipédia, YouTube.