La lutte contre le paludisme.

Le paludisme ou la malaria, appelé également « fièvre des marais », est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles.

Avec 219 millions de personnes malades et 435 000 décès en 2017, le paludisme demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80 % des cas ont été enregistrés dans quinze pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde.

Le parasite du paludisme est principalement transmis, la nuit, lors de la piqûre par une femelle moustique du genre Anopheles, elle-même contaminée après avoir piqué un individu atteint du paludisme. Le parasite infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang, en

colonisant les hématies et en les détruisant. De nombreuses espèces animales homéothermes sont parasitées par des Plasmodiidae, qui leur sont inféodés ; l’humain ne peut être parasité par des Plasmodium animaux, exception faite du Plasmodium knowlesi, un parasite primitif du paludisme que l’on trouve couramment en Asie du Sud-Est. Il provoque le paludisme chez les macaques à longue queue, mais il peut aussi infecter les humains, que ce soit naturellement ou artificiellement. Plasmodium knowlesi est le sixième parasite majeur du paludisme humain. Sur les cent-vingt-trois espèces du genre Plasmodium répertoriées, seules quatre sont spécifiquement humaines : Plasmodium falciparum responsable d’une grande majorité des décès, et trois autres qui provoquent des formes de paludisme « bénignes » qui ne sont généralement pas mortelles Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, et Plasmodium malariae. Plasmodium knowlesi que l’on croyait jusqu’à une date récente spécifique aux espèces simiennes est désormais à compter parmi les Plasmodiums affectant également les humains, de façon généralement bénigne également.

La cause de la maladie a été découverte le 6 novembre 1880 à l’hôpital militaire de Constantine (Algérie) par un médecin de l’armée française, Alphonse Laveran, qui reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1907. C’est en 1897 que le médecin anglais Ronald Ross (prix Nobel en 1902) prouva que les moustiques anophèles étaient les vecteurs de la malaria (jusqu’à cette date, le « mauvais air » émanant des marécages était tenu responsable de la propagation de la maladie).

Le paludisme affecte les êtres humains depuis le pléistocène, il y a plus de 50 000 ans et il aurait été un pathogène depuis le début de l’histoire de notre espèce. Cela représente plusieurs milliers de générations d’humains, et le paludisme est considéré comme l’une des maladies les plus mortelles de l’histoire de l’humanité.

Une spéculation controversée estime que la moitié de la totalité des humains ayant existé sont morts du paludisme : en seraient morts 54 milliards d’humains sur un total de 108 milliards ayant existé ou existant encore.

Les parasites humains et leurs vecteurs (moustiques) ont co-évolué avec les groupes humains se dispersant en Afrique et en Eurasie. La transmission du paludisme a dépendu des espèces de moustiques anthropophiles (piquant préférentiellement l’homme) dont l’extension a toujours été limitée par les conditions environnementales (latitude, altitude…).

Une des conséquences de l’ancienneté de cette association co-évolutive est l’existence biologique, dans les populations modernes, d’un polymorphisme génétique sanguin. La diversité des conditions de peuplement a conduit à une sélection naturelle des gènes de la drépanocytose, des thalassémies, du déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase, de l’elliptocytose héréditaire (appelée dans certains cas ovalocytose). Ces maladies, qui touchent les globules rouges du sang, donnent un avantage sélectif contre le paludisme.

Il y a environ 10 000 ans, la propagation du paludisme fut favorisée par le changement climatique, le début de l’agriculture (révolution néolithique) donc à la sédentarisation avec poussée démographique.

Des fièvres mortelles – dont probablement le paludisme – ont été rapportées depuis les premiers écrits. Le plus ancien écrit concernant les infections dues à un parasite est le papyrus Ebers rédigé à Louxor en 1500 av. J.-C. ; la découverte dans les momies de cette époque d’œufs calcifiés d’helminthes confirme le bien-fondé des observations.

En janvier 2010, une équipe de scientifiques égyptiens et américains a prouvé, par l’analyse de l’ADN, que Toutânkhamon était atteint de paludisme au moment de sa mort (vers 1327 av. J.-C.). En Inde, dès l’antiquité, les Veda (« Textes de la connaissance ») font état des fièvres paludiques ; les médecins Charaka et Sushruta (probablement Ve siècle av. J.-C.) en font une description et lui associent, déjà, la piqûre de moustique. Les symptômes de fièvre intermittente ont été décrits par Hippocrate ; il lie ces fièvres à certaines conditions climatiques et environnementales, et les divise en trois types : febris tertiana (tous les trois jours), quartana (tous les quatre jours), et quotidiana ou continua (maintenant appelée tropica). Vers 186 av. J.-C. apparaît, dans certaines régions de Chine, l’utilisation, en tisane, du qing hao su (青蒿素) appelé plus tard artémisinine en Occident et extrait d’une plante médicinale utilisée comme antipyrétique appelée qing hao (青蒿) (Artemisia annua ou « Armoise annuelle »). D’usage encore plus ancien, les racines du chángshān (常山) (Dichroa febrifuga) ont aussi d’indubitables effets médicinaux. On trouve ainsi des références à des périodes de fièvre paludique en Chine et à des symptômes de cette maladie dans le Huangdi Neijing (« Le Canon de Médecine ») datant des environs du Ier siècle avant notre ère.

Le paludisme était commun dans des endroits du monde d’où il a maintenant disparu, comme la grande majorité de l’Europe (la maladie d’origine africaine s’étant notamment diffusée dans l’Empire romain) et de l’Amérique du Nord. Dans certains endroits d’Angleterre, la mortalité due à la malaria était comparable à celle de l’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui. Même si William Shakespeare est né au début d’une période plus froide appelée le « petit âge glaciaire », il connaissait suffisamment les ravages de cette maladie pour les citer dans huit de ses pièces. Plasmodium vivax a sévi jusqu’en 1958 dans les polders de Belgique et des Pays-Bas.

Au début du XVIe siècle, ce sont les colons européens et leurs esclaves qui ont probablement amené le paludisme sur le continent américain (on sait que Christophe Colomb était atteint de cette maladie avant son arrivée dans les terres nouvelles). Les jésuites missionnaires espagnols virent que les Indiens riverains du lac de Loxa au Pérou utilisaient de la poudre d’écorce de Cinchona pour soigner les fièvres. Cependant, on ne trouve aucune référence au paludisme dans les ouvrages médicaux des Maya ou des Aztèques. L’utilisation de l’écorce de « l’arbre à fièvre » a été introduite dans la médecine européenne par les missionnaires jésuites dont Barbabe de Cobo qui l’expérimente en 1632 et l’exporte également ; si bien que la précieuse poudre s’appela également « poudre des jésuites »18. Une étude en 2012 sur des marqueurs génétiques de milliers d’échantillons de Plasmodium falciparum confirme l’origine africaine du parasite en Amérique du Sud (les Européens ayant été eux-mêmes affectés par cette maladie par l’intermédiaire de l’Afrique) : il a emprunté entre le milieu du XVIe siècle et le milieu du XIXe siècle les deux routes principales de la traite négrière, la première menant au nord du continent sud-américain (Colombie) par les Espagnols, la seconde aboutissant plus au sud (Brésil) par les Portugais.

En France métropolitaine, la malaria n’a disparu que relativement récemment. Elle était encore présente en 1931 dans le marais poitevin, la

Brenne, la plaine d’Alsace, les Flandres, les Landes, en Sologne, en Puisaye, dans le golfe du Morbihan, en Camargue… Durant tout le Moyen Âge et jusqu’aux XVe – XVIe siècles, le paludisme affectait surtout les campagnes ; ce même lorsque bon nombre de cités étaient établies le long des fleuves pour les commodités de transport, et malgré les crues périodiques de ces fleuves dans bien des endroits. La Renaissance vit une recrudescence des fièvres, les guerres de Religion forçant les citadins à s’enfermer dans des murailles entourées de fossés aux eaux croupies. De même à Paris la fin du XIXe siècle, lors des grands travaux de Haussmann : en effet ces travaux ont occasionné des creusements importants et de longue durée. Les flaques, mares et autres points d’eau croupie perduraient longtemps, engendrant une pullulation d’anophèles au milieu d’une grande concentration d’humains. De plus un grand nombre d’ouvriers venaient de régions infectées et étaient porteurs du plasmodium.

L’épidémie de Pithiviers en 1802, a motivé par sa gravité l’envoi d’une commission de la Faculté de médecine ; elle était due à une très grosse crue, d’ampleur inhabituelle, qui avait couvert d’eau les prairies avoisinantes pendant plusieurs semaines. Cette maladie a été éradiquée de Corse en 1973. Inconnu du temps de la présence romaine, le paludisme y fut introduit lors des raids vandales. La Corse connaît sa dernière épidémie de cas non importés à Plasmodium vivax de 1970 à 1973. Fait notable, en 2006 est survenu un cas autochtone de Plasmodium vivax sur l’île. Depuis, la quasi-totalité des cas observés en France sont des paludismes d’importation. Des troupes venant des colonies furent à l’origine des dernières épidémies mentionnées.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.