La coccinelle.

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Les Coccinellidae, en français coccinellidés, sont une famille d’insectes de l’ordre des coléoptères, appelés aussi coccinelles, ou encore familièrement ou régionalement bêtes à bon Dieu ou pernettes. Ce taxon monophylétique regroupe environ 6 000 espèces réparties dans le monde entier.

Les coccinelles figurent parmi les insectes utilisés par l’homme : beaucoup d’espèces se nourrissent en effet de pucerons et sont donc utilisées en lutte biologique comme insecticide naturel. Le nombre de taches de la coccinelle dépend de l’espèce, dont il peut être une clé d’identification. Il ne dépend pas de son âge, contrairement à la croyance populaire.


La couleur classique rouge des élytres de ces insectes explique l’étymologie de leur nom qui vient du latin coccinus : « écarlate ». Elle leur sert de moyen naturel de défense.

La famille des Coccinellidae a été établie par Pierre André Latreille, en 1807.

Dans le langage courant, on appelle aussi la coccinelle « bête à bon Dieu », car elle est la meilleure amie des jardiniers (les anciens prédisaient du beau temps lorsque la coccinelle s’envolait) et surtout, parce que, selon une légende remontant au Moyen Âge, elle porterait bonheur7. Ce surnom remonte au Xe siècle. Condamné à mort pour un meurtre commis à Paris, un homme, qui clamait son innocence, a dû son salut à la présence du petit insecte. En effet, le jour de son exécution publique, le condamné devait avoir la tête tranchée. Mais une coccinelle se posa sur son cou. Le bourreau tenta de l’enlever, mais le coléoptère revint à plusieurs reprises se placer au même endroit. Le roi Robert II (972-1031) y vit alors une intervention divine et décida de gracier l’homme. Quelques jours plus tard, le vrai meurtrier fut retrouvé. Cette histoire s’est très vite répandue et la coccinelle fut dès lors considérée comme un porte-bonheur qu’il ne fallait pas écraser.

En Suisse romande, la coccinelle est communément appelée « pernette » dans le parler local.

Les coccinelles se distinguent par différents traits.

La plupart des coccinelles sont de petite taille, de 0,1 cm à 1,5 cm. Leur corps a une face ventrale plane et la forme d’un dôme arrondi ou ovale pourvu de courtes pattes portant des tarses à quatre articles (tarses cryptotétramères) dont le 3e très petit est inséré dans le 2e dilaté cordiforme, le 4e étant allongé et muni de griffes bifides. Les élytres peuvent être marqués de taches, points ou bandes. La tête noire inclinée de haut en bas est plus ou moins recouverte par un pronotum avec deux taches blanches de part et d’autre, le pronotum formant un bouclier. Les courtes antennes sont composées de 11 articles, les 3 derniers élargis en massue (antennes monoliformes se rétractant au repos).

Elles présentent des couleurs diverses souvent vivesa, aux motifs variés (signalant aux prédateurs qu’elles sont amères ou toxiques : phénomène d’aposématisme grâce à la saignée réflexe d’une humeur jaune à base de méthoxypyrazines (en) sécrétées derrière l’articulation de leurs pattes), et parfois, sont recouvertes d’une couche de petits poils, comme la Rhyzobius forestieri. Les espèces sont souvent nommées d’après le nombre de leurs points.

Sous les élytres se trouvent les ailes, d’un noir transparent, presque deux fois plus longues. Le coléoptère ne peut les ramener à lui que plissées en longueur et pliées en travers, et il lui faut quelques secondes pour les déployer.

Leurs pièces buccales sont brun foncé ou noires, le dernier article des palpes maxillaires est élargi et sécuriforme (forme de hache). La première sternite de la plaque abdominale porte deux lignes recourbées.

L’espèce la plus connue, Coccinella septempunctata, est rouge et possède sept points noirs sur les élytres. C’est l’espèce dite « indigène » en Europe, qui est décimée progressivement par l’espèce asiatique invasive introduite notamment par les jardineries spécialisées, au nom de la lutte biologique contre les pucerons. L’espèce asiatique est pourtant cannibale et s’attaque notamment aux larves de l’espèce indigène lorsque la nourriture est insuffisante, bouleversant ainsi l’écosystème local. On trouve alors des coccinelles à deux, cinq, dix, quatorze, vingt-deux et même vingt-quatre points. Celle à vingt-deux points est nommée Psyllobora (= Théa) viginti-duopunctata.

Contrairement à une idée répandue, le nombre de points sur les élytres d’une coccinelle ne correspond pas à son âge, ni en nombre d’années, ni en nombre de mois. Ce motif dépend exclusivement de l’espèce et de la sous-espèce, et permet d’ailleurs de la caractériser. Cette thèse est contestée depuis les travaux de Theodosius Dobjansky (1900-1975), qui a montré l’interfécondité de coccinelles arlequin indépendamment du nombre de leurs points11. Une étude publiée en août 2018 montre que ces points résultent de l’activité du gène nommé pannier, au stade embryonnaire : le profil d’expression de ce gène est contrôlé par des séquences d’ADN régulatrices qui agissent comme des interrupteurs génétiques en activent le gène dans différents territoires des élytres.

Comme chez tous les coléoptères, et pour la plupart des insectes, le nom commun est attribué à l’adulte ou imago, la forme ailée et adulte de l’individu (et dont la taille ne change plus).

On rencontre les coccinelles dès la fin de l’hiver jusqu’à la fin de l’automne, dans les jardins, champs et bois. Ces insectes ont généralement une génération par an, et parfois deux.

La métamorphose des coccinelles comporte quatre stades : œuf, larve, nymphe et adulte. En une vie, la coccinelle pondra environ mille œufs. Chaque adulte a une espérance de vie de deux à trois ans. Les coccinelles sont très utiles dans la lutte biologique contre les insectes considérés comme nuisibles, tels que les pucerons, et certaines cochenilles, qu’elles dévorent en grandes quantités.

Pendant la saison froide, les coccinelles se mettent en diapause, et trouvent refuge sous les pierres, sous l’écorce des arbres, dans les vieilles souches, dans la mousse, ou encore sous les feuilles de fleurs fanées comme les coquelicots, etc.

Au moment de la ponte, la femelle choisit une feuille envahie de pucerons. Elle s’y installe et commence à pondre ses œufs, au nombre de cinquante à quatre cents. Les œufs sont de très petite taille, et de couleur jaune.

Au bout de trois à sept jours, les œufs éclosent et des larves en sortent.

Les larves, fuselées, de couleur bleu gris, métallique, ont un appétit extraordinaire, et peuvent dévorer jusqu’à neuf mille pucerons durant les trois semaines de leur développement.

Vient alors le stade nymphal (nymphose) : les larves fixent, avec quelques fils de soie, l’extrémité de leur abdomen au verso d’une feuille, et restent ainsi recroquevillées et immobiles, pendant huit jours, pour se transformer en coccinelle adulte.

Puis, la cuticule se fend, et l’adulte, de couleur jaune pâle, émerge. En quarante-huit heures, la coccinelle devient rouge, avec plusieurs points noirs ou jaunes.

Selon une étude publiée mi-200715, le puceron du chou, Brevicoryne brassicae, peut utiliser et mimer le système de défense chimique de sa plante-hôte. La larve de ce puceron absorbe et emmagasine dans son hémolymphe certains métabolites protéiques, les glucosinolates, qui protègent le chou de ses prédateurs, et, comme le chou, le puceron produit une enzyme, la myrosinase, ou la glucohydrolase de β-sulfoglucoside, qui catalyse l’hydrolyse des glucosinolates, synthétisant ainsi des produits biologiquement actifs. L’étude montre que les larves de coccinelles Adalia bipunctata (espèce dont les larves d’élevage sont souvent vendues dans les jardineries pour les particuliers) nourries avec des larves de pucerons de cette espèce ont un faible taux de survie, alors qu’il est normal, si elles consomment ce puceron adulte et ailé. La forme ailée n’emmagasine presque plus de glucosinolates (sinigrine notamment), et en excrète même dans le miellat. Ce sont bien les glucosinolates qui sont en jeu, car des larves de pucerons élevées avec un régime sans glucosinolates sont consommées sans effet négatif par les larves de coccinelles, que les pucerons soient au stade ailé ou non, alors que les formes ailées nourries avec un régime à un pour cent de sinigrine sont toxiques pour les larves de coccinelles qui les consomment. Les pucerons ailés sont donc plus vulnérables aux larves de coccinelles mais leur capacité de voler pourrait compenser cette carence, leur permettant d’échapper aux coccinelles et de coloniser d’autres milieux.
Il resterait à vérifier si une part de la toxicité que la coccinelle présente envers ses prédateurs ne provient pas également des proies qu’elle ingère ; ce phénomène a été constaté chez d’autres groupes d’espèces prédatrices aux couleurs vives, comme les dendrobates. Il pourrait s’agir d’un phénomène de coévolution et de convergence évolutive. Une autre coccinelle, la Coccinelle de la Bryone, Henosepilachna argus, est apte à se nourrir du suc de la Bryone dioïque, très toxique et ne semble vivre que sur cette plante.

La coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), est une espèce aphidiphage : elle se nourrit de pucerons. Dès le début du XXe siècle, et surtout, vers la fin des années 1980, elle a été importée, en grand nombre, en Europe et aux États-Unis, dans le cadre de la lutte biologique. Étant plus grosse, elle résiste mieux à ses prédateurs. Cependant son comportement, sa prolificité et sa voracité en ont fait perdre le contrôle. Elle est désormais considérée comme nuisible pour de nombreuses espèces de coccinelles autochtones, dont elle envahit le territoire et qu’elle tend à éliminer. En Grande-Bretagne, sept des huit espèces endémiques ont enregistré une baisse de moitié de leur population entre 2004 et 2012, selon le « Center for Ecology and Hydrology ».

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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