La Cathédrale de Milan (Italie).

La cathédrale de Milan, en italien « il Duomo di Milano », officiellement la cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge-Marie (« Cattedrale metropolitana della Natività della Beata Vergine Maria »), souvent abrégée en Duomo, est une cathédrale située sur la piazza del Duomo, à Milan, Italie. Dédiée à la Nativité de Marie (Santa Maria Nascente), elle est le siège de l’archevêché de Milan. Les débuts de la construction de la cathédrale datent de la fin du xive siècle (1386), puis cinq siècles et demi ont été nécessaires pour l’achever (en 1932).

C’est la troisième plus grande église du monde (et la deuxième plus grande cathédrale gothique) après la basilique Saint-Pierre et la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.


À l’endroit où se dresse aujourd’hui le Duomo, se dressait autrefois la cathédrale Santa Maria Maggiore construite au Ve siècle, où fut baptisé Augustin d’Hippone (saint Augustin) et la basilique Santa Tecla. Elles furent détruites en partie par un incendie en 1075. Après l’effondrement du  campanile, l’archevêque Antonio de’ Saluzzi, soutenu par la population, prévoit la construction d’une nouvelle et plus grande cathédrale (en 1386), à l’endroit même du plus antique cœur religieux de la ville1. La construction de la cathédrale a également été dictée par des choix politiques très précis: avec le nouveau chantier, la population de Milan entendait souligner la centralité de Milan aux yeux de Jean Galéas Visconti, le nouveau seigneur de Milan, qui, par un coup d’État, venait de déposer son oncle Bernabé et réunifièrent les dominions des Visconti, prééminence remise en question par le choix du nouveau seigneur de résider et de maintenir sa cour, comme son père Galéas II, à Pavie et non à Milan. Les travaux démarrent tout d’abord par la destruction, dans un premier temps, de la cathédrale Santa Maggiore, puis dans un second temps de la basilique Santa Tecla entre 1461 et 1462 (en 1489 cette dernière est partiellement reconstruite puis définitivement démolie en 1548).

D’après des vestiges archéologiques trouvés lors d’une fouille dans la sacristie, il semble que le nouvel édifice devait à l’origine être construit en briques selon les techniques de l’art gothique lombard. En janvier 1387 commence l’œuvre colossale de couler les fondations des piliers. Durant l’année 1387 les travaux de forage des fondations continuent et les piliers sont mis en place. Tout ce qui a été fait avant 1386 est détruit ou presque. Au cours de l’année, le seigneur de la ville, Jean Galéas Visconti, prend le contrôle des travaux et opte pour un projet encore plus ambitieux1. Le choix du matériau se porte alors sur le marbre de Candoglia, et les formes architecturales deviennent celles du gothique international. Le désir de Jean Galéas Visconti est, en suivant les tendances européennes de l’époque, de donner à la ville un majestueux édifice et de symboliser par là les ambitions de son État, ce qui dans ses plans devait devenir le centre d’une monarchie nationale italienne, comme c’était le cas en France ou en Angleterre et ainsi devenir l’une des plus grandes puissances du continent européen. Jean Galéas Visconti met à disposition des carrières et accorde d’importantes subventions et exonérations fiscales : chaque bloc destiné au Duomo est marqué AUF (Ad Usum Fabricae) et les taxes de passages sont supprimées : il en est resté depuis, l’expression « a ufo » qui signifie gratuit.

Comme en témoigne la richesse des archives, le premier ingénieur en chef est Simone d’Orsenigo ; il s’entoure d’autres maîtres lombards et ils commencent dès 1388 les murs de périmètre. Entre 1389 et 1390 le Français Nicolas de Bonaventure est chargé de concevoir les fenêtres.

Pour diriger le chantier sont appelés architectes français et allemands, comme Jean Vignot, Jacques Coene ou Enrico di Gmünd. Mais ils  rencontrent de l’hostilité de la part des maîtres lombards accoutumés à d’autres méthodes de travail ; ils restent donc très peu de temps en place. L’édifice se construit sous un climat de tension, dû également aux nombreuses modifications, qui donneront tout de même une œuvre complètement originale tant dans le paysage italien qu’européen.

Initialement les fondations sont coulées pour un édifice à trois nefs avec des chapelles latérales carrées dont les murs peuvent servir de contreforts. Puis il est décidé de ne plus faire de chapelles, portant le nombre de nefs à cinq ; le 19 juillet 1391 est décrété l’élargissement des quatre piliers. En septembre 1391, le mathématicien Gabriele Stornaloco est consulté afin de décider de la hauteur de l’édifice, qui se présente sous deux options : ad triangulum ou ad quadratum. Le 1er mai 1392, le choix de la forme des nefs est décidé, elles seront légèrement décroissantes avec une hauteur maximum de 76 brasses.

En 1393, les premiers chapiteaux des piliers sont sculptés d’après les dessins de Giovannino de Grassi, qui sera jusqu’à sa mort en 1398 ingénieur en chef. Cependant, les relations entre Jean Galéas et la haute direction de la fabrique (choisie par les citoyens de Milan) étaient souvent tendues : le seigneur (qui en 1395 était devenu duc de Milan) entendait transformer la cathédrale en mausolée dynastique des Visconti, insérant la partie centrale du monument funéraire de la cathédrale de son père Galéas II et cela rencontra une forte opposition de la part de la fabrique et des Milanais, qui voulaient souligner leur autonomie. Un affrontement éclata, qui obligea Jean Galéas à décider de la fondation d’un nouveau chantier destiné exclusivement à la dynastie Visconti: la Chartreuse de Pavie. En 1400, Filippino degli Organi lui succède et supervise la réalisation des fenêtres de l’abside. À partir de 1407 et jusqu’en 1448, il est responsable en chef de la construction de l’édifice et porte à son terme l’abside3. En 1418 est consacré le maître-autel par le pape Martin V.

De 1452 à 1481, Giovanni Solari est chef de chantier durant les deux  premières années ; il est aussi proche du Filarète. Suivent ensuite en tant qu’architecte en chef son fils Guiniforte Solari puis son gendre Giovanni Antonio Amadeo. Avec Gian Giacomo Dolcebuono, ils construisent en 1490 la tour-lanterne. À la mort d’Amadeo en (1522), ses successeurs font différentes propositions de style gothique, entre autres celle de Vincenzo Seregni qui propose de rapprocher la façade des deux tours (en 1537 environ). Cette proposition ne sera jamais réalisée.

En 1567, l’archevêque Charles Borromée impose une reprise énergique des travaux. Il met à la tête de cette entreprise Pellegrino Tibaldi qui redessine le presbytère et, en 1572, bien que la construction ne soit pas terminée, Charles Borromée consacre l’église.

En ce qui concerne la façade, Pellegrino Tibaldi dessine un projet en 1580, basé sur un soubassement à deux étages animés par de gigantesques colonnes corinthiennes et une niche dans la nef centrale accolée par des obélisques. La mort de Charles Borromée en 1584 signifie un changement de vision pour le projet. Le chantier est en effet repris en main par son rival Martino Bassi qui propose une toute nouvelle conception de la façade au pape Grégoire XIV.

Au cours du XVIIe siècle, les meilleurs architectes, dont Lelio Buzzi, Francesco Maria Ricchino (jusqu’en 1638) et Carlo Buzzi (jusqu’en 1658), gèrent le chantier. Entretemps, en 1628, est construit le portail central et en 1638 les travaux avancent rapidement avec l’objectif de créer un effet de niche inspiré par l’église Sainte-Suzanne de Rome. À cette fin sont utilisés au cours du XVIIIe siècle les dessins de Luigi Vanvitelli (1745) et Bernardo Vittone (1746).

Entre 1765 et 1769, Francesco Croce achève la tour-lanterne et la flèche majeure, sur laquelle cinq ans après est élevée la « Madonina » en cuivre dorée, destinée à devenir le symbole de la ville de Milan. Le plan de la façade de Buzzi est repris par Luigi Cagnola, Carlo Felice Soave et Leopoldo Polack. Ce dernier commence la construction du balcon et de la fenêtre centrale.

En 1805, sur la demande insistante de Napoléon Ier, Giuseppe Zanoia prend en charge le déroulement des travaux afin de terminer la façade en vue du couronnement de Napoléon 1er comme roi d’Italie. Mais Carlo Amati achève le projet en 1813 seulement. Parmi tous les sculpteurs qui ont travaillé sur l’édifice durant le début du XIXe siècle, l’un des plus reconnus est Luigi Acquisti.

En 1858 le campanile, qui se trouvait sur la nef, est détruit et les cloches sont transférées dans la tour-lanterne entre les doubles voûtes. Durant tout le XIXe siècle et jusqu’en 1892, les flèches et les décorations architecturales sont achevées. Durant tout ce siècle se succèdent différents travaux de rénovations : voûtes remplacées et éléments d’architectures abîmés par le temps.

Durant la Seconde Guerre mondiale la « Madonina » est recouverte de haillons afin d’éviter que les reflets de lumière sur sa surface dorée puissent être utilisés comme point de référence par les bombardiers alliés survolant la ville ; de plus les vitraux sont préventivement supprimés et remplacés par des rouleaux de toiles. Bien que n’étant pas la cible principale des bombes le Duomo subit des dommages collatéraux durant les bombardements aériens, le porche central en bronze présente encore quelques « plaies » dues aux bombes qui ont explosé à proximité. Durant l’après-guerre, faisant suite à tous ces dégâts, le Duomo est restauré en grande partie, les portes en bois sont remplacées par des portes en bronze qui sont des œuvres des  sculpteurs Arrigo Minerbi, Giannino Castiglioni et Luciano Minguzzi.

Dans les années 1960, la pollution atmosphérique, l’abaissement de la nappe phréatique, les vibrations du trafic, sa proximité avec la ligne de métro, associés à la dégradation naturelle des matériaux et les erreurs dans la construction d’origine, ont sérieusement ébranlé la stabilité des quatre piliers qui soutiennent la tour-lanterne. En 1969 la place est fermée à la circulation et le trafic du métro est ralenti, puis en 1981 démarre la restauration des piliers et celle-ci se conclut en 1986 (date anniversaire de sa construction commencée six cents ans auparavant).

Aujourd’hui l’entretien de la cathédrale est confié à la Veneranda fabbrica del Duomo, de tous ces travaux d’entretien est née une expression en dialecte milanais Longh comm la fabrica del Domm, pour désigner quelque chose d’interminable.

Source : Wikipédia.

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