La basilique Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan).

La basilique Sainte-Anne-d’Auray est une basilique mineure située à Sainte-Anne-d’Auray en Bretagne (France). Elle reçoit de nombreux visiteurs car le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray est le plus important lieu de pèlerinage de Bretagne, accueillant plus de 800 000 visiteurs par an, dont la majorité sont des pèlerins. Chaque année, 20 à 30 000 pèlerins assistent au grand pardon de sainte Anne le 26 juillet, qui se situe au troisième rang des pèlerinages français après le sanctuaire de Lourdes et la Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux.

Le culte de sainte Anne se développe sur le futur site de la basilique à la suite de manifestations et apparitions miraculeuses de la mère de Marie entre 1623 et 1625 (en pleine période de Réforme qui connaît un nouvel apogée du culte des saints et des reliques) à Yves Nicolazic, paysan aisé du village de Ker Anna, hameau de sept fermes et d’une cinquantaine d’habitants situé dans la paroisse de Pluneret et qui en breton signifie « village d’Anne ». Une tradition locale orale, diffusée par les fidèles chrétiens de cette région, évoque pour expliquer le toponyme Ker Anna une référence à sainte Anne mais cette tradition est en réalité un « rhabillage toponymique » résultant d’un syncrétisme entre le vieux fond païen de la déesse Dana/Ana et le culte des saints chrétiens. Dans la nuit du 7 au 8 mars 1625, un cierge mystérieux (ou selon une autre version un flambeau) conduit Nicolazic et des voisins jusqu’à son champ du Bocenno avant de s’enfoncer sous terre. Les hommes y déterrent une antique statue en bois d’olivier fort mutilée. Cette statue est celle de la déesse romaine Bona Dea allaitant deux enfants mais elle est discrètement resculptée et repeinte par les moines capucins d’Auray pour effacer cette origine païenne. Ils réussissent ainsi à opérer une substitution de cultes à la divinité païenne et en faire l’image de sainte Anne trinitaire tenant sur ses genoux la Vierge et l’Enfant Jésus. Le naïf Nicolazic est ainsi le jouet d’une supercherie de ces capucins. Le recteur de Pluneret et l’évêque de Vannes ne sont pas dupes de cette « invention miraculeuse » mais finissent par comprendre tout l’intérêt spirituel et matériel de canaliser l’engouement populaire et d’instruire ces masses si promptes à croire.

Basilique Sainte-Anne d’Auray, carte maximum, 4/07/1981.

Cette tradition locale légendaire est ainsi à l’origine de la construction d’une chapelle sous la supervision de Nicolazic, sur le site même de la découverte de la statue. Un oratoire de genêts provisoire est aménagé et la première pierre est posée le 26 juillet 1625. La chapelle reçoit le 4 juillet 1628 sa bénédiction solennelle par l’official de Vannes et devient un lieu de pèlerinage de la Bretagne, faisant concurrence avec Sainte-Anne-la-Palud.

Le pèlerinage est d’abord pris en charge par les pères capucins d’Auray de 1625 à 1628 mais leur règle est incompatible avec des fonctions de ce genre, si bien que l’évêque de Vannes demande aux pères carmes de prendre le relais. Ces derniers s’installent à Ker Anna (qui deviendra progressivement plus connu sous le nom de Sainte-Anne d’Auray) le 16 février 1628. Réservés tout d’abord, face aux visions de Nicolazic, ils se montrent, à la suite des enquêtes effectuées, les ardents propagateurs du pèlerinage et prennent en main l’animation du sanctuaire. Les religieux bâtissent, attenant à la chapelle, un couvent et un cloître (1638-1641) à deux niveaux encore visible aujourd’hui. La « croix aux Épingles » au centre de la cour rappelle la tradition pour les jeunes filles du pays qui souhaitaient à cette époque trouver un mari, de planter des épingles à la base de la croix (à l’origine en bois) pour voir leurs vœux exaucés. Les Carmes, dans un souci d’authentification du culte, enregistrent les miracles dus à la sainte (1 300 sont consignés entre 1625 et 1684). Le modèle alréen est d’ailleurs imité, mais de façon plus discontinue et moins cohérente puisqu’on enregistre 700 miracles entre 1632 et 1710 durant un laps de temps assez court pour chaque des vingt sites spontanés de pèlerinage de la province bretonne.

Basilique Sainte-Anne d’Auray, essais de couleurs.

La Scala Santa, construite par les Carmes en 1662 devant le porche de la chapelle pour faciliter de déroulement des cérémonies religieuses, est inaugurée le 21 octobre 1662. À la suite d’une supplique de l’évêque de Vannes Jean-Marie Bécel, le pape Pie IX, par un rescrit en date du 14 mai 1870, lui accorde les indulgences attachées à celle de Rome. En raison des travaux d’agrandissement, elle est démontée, pierre par pierre, en 1870 et transférée au fond du Champ de l’Épine où elle est bénite le 7 mars 1871. La source où Nicolazic eut sa première vision en août 1623 est aujourd’hui une fontaine monumentale encaissée dans des blocs de pierre de taille et un enclos. Cette fontaine de Ker-Anna, appelée aussi fontaine « miraculeuse » (à cause des faveurs, de guérisons et même de vrais miracles obtenus en ce lieu par des pèlerins) est l’œuvre des Pères Carmes en 1898. Un haut piédestal de granite se dresse au-dessus de trois vasques de granit et supporte la statue de Sainte Anne avec la Vierge Marie qui accueillent les pèlerins.

La Réforme catholique est diffusée par un clergé séculier mieux formé et surtout par les missions – qui doivent beaucoup aux formes imaginées à Sainte-Anne-d’Auray dès 1630, censées faire œuvre de conversion, mieux que les pèlerinages qui perdent alors de leur intérêt pour la hiérarchie : les enquêtes, les « manuels du pèlerin » et les enregistrements de miracles se tarissent à la fin du XVIIe siècle mais le succès du pèlerinage de Sainte-Anne d’Auray perdure et connaît même un regain de ferveur grâce à un système d’indulgences lié non pas aux versements d’offrandes mais aux pratiques de dévotion15. Avec le pèlerinage lointain qui recule, le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray tend à ne plus rayonner que sur le Vannetais. La chapelle est saccagée pendant la Révolution. À la suite du concordat de 1801, elle est légalement rendue au culte. La chapelle et le couvent des Carmes sont rachetés en 1803 par l’évêché de Vannes qui établit en 1815 un petit séminaire dans les bâtiments des Carmes.

L’évêque de Vannes, MgrGazailhan, procède à la « recharge sacrale » du sanctuaire en 1865 en faisant détruire la chapelle, devenue trop exiguë pour accueillir les fidèles (l’arrivée du chemin de fer dans les années 1860 ayant favorisé les pèlerinages), pour édifier à la place une église plus spacieuse. L’édifice actuel est édifié dans le style néogothique par l’architecte Édouard Deperthes, de 1866 (la première pierre est posée le 4 septembre) à 1872. La nouvelle église est élevée au rang de basilique mineure par un bref du 22 mai 1874 du pape Pie IX, et est consacrée le 8 août 1877.

Le pape Jean-Paul II célèbre une messe devant la maison Keranna à l’ouest de la basilique le 20 décembre 1996 et à laquelle assistent 100 000 personnes. Après sa visite, un « espace Jean-Paul II » est aménagé à l’extérieur de la basilique. À l’occasion de sa canonisation en 2014, la basilique reçoit à titre définitif une relique (« Ex Capillis Sancti Joannis Pauli II Papae », quelques-uns de ses cheveux) et une statue du pape.

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Sources : Wikipédia, YouTube.