Justus Liebig, chimiste.

Justus Liebig, né le 12 mai 1803 à Darmstadt, Landgraviat de Hesse-Darmstadt – mort le 18 avril 1873 à Munich, Royaume de Bavière, baron von Liebig à partir de 1845, est un chimiste allemand. Par son travail de chercheur mais aussi d’enseignant et de propagandiste, il fit des contributions majeures à la chimie organique et à l’agronomie. Il est considéré comme un des fondateurs de l’agriculture industrielle, fondée sur la chimie organique. L’apport de Liebig à la science agronomique a toutefois été réévalué ; au lieu d’opérer une rupture, comme l’historiographie l’a longtemps présenté, il est plutôt désormais considéré comme un remarquable effort de mise en forme de travaux préexistants. Quoi qu’il en soit, tant par ses erreurs que par ses découvertes — propres ou empruntées — Liebig, parfois par les outrances mêmes de ses attaques, contribua de façon éminente au développement des recherches dans le domaine agricole.


Sur l’invitation de Maximilien II de Bavière, et via son ancien élève Max Joseph von Pettenkofer Liebig fut ensuite professeur à l’Université de Munich de 1852 à 1873. Il améliora l’analyse de la chimie organique et découvrit que les plantes se nourrissent essentiellement d’azote par des microbes permettant de fixer celui de l’air et d’assimiler celui minéralisé dans le sol. L’une de ses réalisations les plus fameuses est l’engrais azoté. Il fut aussi le premier chimiste à organiser un laboratoire moderne (architecte : August von Voit, 1852-1855).

Liebig donne des cours au fils héritier de Maximilien, Louis II de Bavière.

En 1855, répondant aux objections élevées par Lawes et Gilbert, il publie Die Grundsätze der Agriculturchemie.

En 1856 il publie Über die Theorie und Praxis der Landwirtschaft (traduit en 1857 : De la Théorie et de la pratique en agriculture), ouvrage dans lequel il poursuit un débat amorcé dans les années 1850 autour des éléments minéraux nécessaires à l’alimentation des plantes. Persuadé que l’azote est délivré en quantité suffisante par l’ammoniaque contenue dans l’eau de pluie, il argumente contre la nécessité de l’adjonction d’azote dans les engrais et, de façon plus générale, manifeste sa réprobation à l’égard d’applications trop hâtives de la science à l’agriculture. Ce faisant il s’en prend particulièrement à Julius Adolph Stöckhardt, avec lequel il entretenait jusque-là de bonnes relations, ainsi qu’aux réflexions nées dans le cadre du réseau de stations agricoles. L’indifférence, sinon l’hostilité, de Liebig à l’égard des stations expérimentales durera jusqu’aux années 1860. Il fait quelques références aux résultats obtenus par ces stations dans la sixième édition de la Chimie agricole (1862), et plus encore dans la huitième édition. Par ailleurs son propre fils Hermann, qui a suivi des études à l’académie agricole bavaroise Weihenstephan, est lui, un partisan déclaré des recherches menées par ces stations agricoles.

Entier postal publicitaire, Belgique.

En 1856, Liebig publie les résultats des expériences qu’il a conduites sur l’argenture des miroirs à la demande de Carl August von Steinheil (Ueber Versilberung und Vergoldung von Glas). Depuis la publication en 1835 dans les Annalen les recherches s’étaient multipliées qui s’inspiraient de la réaction exposée par Liebig. Thomas Drayton améliorant le procédé avait déposé un brevet en 1843 ; Tony Petitjean avait également déposé un brevet en 1855. Liebig obtient un brevet américain (US Patent N° 33 721) le 12 novembre 1861 pour l’amélioration de la galvanoplastie avec du cuivre et d’autres métaux, les surfaces argentées des miroirs et autres articles pour les protéger, puis prend une participation dans une manufacture de miroirs. En 1862 il propose encore un autre procédé très différent du premier et publie également à ce sujet en 1867. Ces recherches mènent à l’abandon du procédé jusqu’alors mis en œuvre (mercure-étain), qui s’avérait très toxique pour les ouvriers, mais aussi au développement facilité de la fabrication de miroirs astronomiques.

Avec Emil Erlenmeyer et le baron von Hirsch et d’autres associés, il fonde en 1857- à Heufeld- la Bayerischen Aktiengesellschaft für chemische und landwirtschaftlich-chemische Fabrikate, première usine allemande de production d’engrais (cette société s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui sous le nom de Süd-Chemie AG). Un de ses anciens élèves, Wilhelm Mayer, dirigera cette société. Liebig siège également au conseil de surveillance de la SüddeutscheBoden-CreditBank à Munich.

En 1859 il est nommé président de l’Académie bavaroise des sciences dont il était membre depuis 1852. Il occupera cette fonction jusqu’à son décès.

En 1853, James Muspratt, un ami anglais de Liebig qui lui fournit ses produits chimiques, envoie ses enfants dans la famille Liebig pour apprendre l’allemand. Pendant le séjour à Munich, sa fille Emma Muspratt attrape une forte fièvre typhoïde. Incapable de manger, son pronostic vital est engagé. Liebig détermine que la meilleure façon de l’alimenter est d’utiliser un bouillon concentré en extrayant les principes nutritifs de la viande, à froid, afin de minimiser leur dégradation. L’extrait de viande (extractum carnis) est obtenu en broyant de la viande de poulet. Liebig place celle-ci dans une solution aqueuse d’acide chlorhydrique, filtre les restes de la viande du liquide, et neutralise l’acide. Emma Muspratt boit cette préparation et récupère rapidement. Elle deviendra la filleule de Liebig et sera la mère d’Ethel Brilliana Tweedie.

La production de cet extrait étant très élaborée et la préparation peu palatable, elle est alors surtout utilisée comme remède pour les malades dans les hôpitaux de Munich. En 1862, grâce à un procédé qu’il a exposé dès 1847, et d’après une proposition de Parmentier, Liebig se lance dans un projet de production industrielle en Uruguay, à Fray Bentos, avec l’aide de l’ingénieur allemand George Christian Giebert. Le produit est commercialisé sous le nom d’« extrait de viande de Liebig » en tablettes et biscuits. La Liebig’s Extract of Meat Company (LEMCO) entre à la bourse de Londres en 1865. Dans les années 1870 les progrès de la physiologie conduiront à une révision à la baisse de la valeur nutritive de ces extraits que la société continuera toutefois de commercialiser comme simples condiments (Initiée par les analyses de Karl Voit ainsi que par celles de Thomas Vosper et d’Arthur Hill Hassall puis par les travaux d’Edward Smith, cette révision obtient l’accord des savants après les expériences d’Eduard Kemmerich ; malgré cela, ce que les Anglais désignent également « beef tea » conservera la faveur d’un public). Parallèlement à cette production d’extraits de viande destinés à l’alimentation humaine, est produite et commercialisée une poudre de viande ou farine fourragère de viande (qui est la première farine animale industrielle) destinée à l’alimentation animale tant des omnivores que des herbivores.

Timbres au type “Marianne de Muller” de carnet avec publicités pour les potages Liebig.

En 1862 encore, il est nommé au conseil secret.

Le 28 mars 1863, il tient une conférence sur Francis Bacon à l’académie bavaroise des sciences ; publié l’année suivante ce travail est une attaque, à l’encontre de Bacon certes, mais aussi contre ses contradicteurs anglo-américains.

En mars 1865, Liebig publie un article 41 présentant un substitut à l’alimentation au sein. Dès fin 1864 début 1865, il fait commercialiser dans deux pharmacies, l’une à Munich l’autre à Londres, une préparation qui connaît vite un grand succès. Composée de malt et de carbonate de potassium, cette préparation destinée à être versée dans un mélange de lait et de farine vise à rendre la farine assimilable par l’enfant. Elle connaît vite un grand succès, en grande partie dû au prestige de Liebig et qui ne sera guère entamé par les critiques alors formulées contre les théories nutritionnelles de Liebig en général et ce produit en particulier. En 1866, Liebig publie un livre destiné à un public plus large (Suppe für Säuglinge mit Nachträgen in bezug auf ihre Bereitung und Anwendung, Preface, Braunschweig, Friedrich Vieweg and Sohn, 1866). Le livre est traduit en français en 1867 (Sur un nouvel aliment pour nourrissons (la bouillie de Liebig) : avec instructions pour sa préparation et son emploi). Des contrefaçons apparaissent rapidement sur le marché. Stricto-sensu le premier lait pédiatrique artificiel ne sera mis au point qu’en 1874 quand le lait en poudre inclus dans la préparation aura remplacé le lait liquide. L’invention de Liebig inspirera plus tard Henri Nestlé ; Arthur Keller modifiera la composition du produit ; associé au lait pasteurisé, l’utilisation inadéquate de cette « malt soup » fut corrélée avec un accroissement de cas de scorbut et de rachitisme.

Carnet de timbre avec publicité pour les potages Liebig.

En 1868, dans un contexte de mauvaises récoltes en Prusse orientale, Liebig présente un nouveau procédé de panification auquel il avait songé depuis quelques années. C’est un ancien élève américain, Eben Hosborn, qui développera cette levure artificielle et la commercialisera avec profit sous le nom de Rumford Baking Powder.

Liebig meurt le 18 avril 1873. En août, la Fondation Liebig pour la promotion de l’agriculture (Liebig Stiftung zur Förderung der Landwirtschaft) créée en 1870 reçoit le soutien officiel de Louis II.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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