Juan de Tassis y Peralta, poète.

Juan de Tassis y Peralta, deuxième comte de Villamediana, connu le plus souvent comme conde de Villamediana en espagnol, né à Lisbonne en 1581 et décédé à Madrid le 21 août 1622, est un poète espagnol de la période baroque, généralement associé au cultisme mais dont l’esthétique est très personnelle.


Fils de María de Peralta Muñatones et de Juan de Tassis y Acuña,  Villamediana grandit dans un environnement palatin depuis son enfance, reçoit une excellente éducation de l’humaniste Luis Tribaldos de Tolède et de Bartolomé Jiménez Patón, lequel lui dédie son Mercurius Trimegistus. Grâce à ses deux précepteurs, il dispose d’une excellente formation en lettres et d’une connaissance fine des classiques et compose quelques poèmes en excellent latin humaniste. Il fréquente l’université mais n’y suit pas de cours. Quand Philippe III d’Espagne se rend au royaume de Valence pour célébrer son mariage avec Marguerite d’Autriche-Styrie, Don Juan les

accompagne et s’y distingue tant que le Roi le nomme gentilhomme à son palais. Il y rencontre Magdalena de Guzmán y Mendoza, qui est influente à la cour en tant que veuve de Martín Cortés de Monroy, marquis de la vallée de Guajaca (Oaxaca), et future gouvernante du fils de la reine. Malgré la différence de classe, ils entretiennent une relation qui se termine mal. Suivant une rumeur à Madrid, il n’est pas tellement bien avec elle, comme le montre la gifle qu’elle lui donne en pleine représentation d’une comédie, devant tout le monde, ce qui laisse à penser que Doña Magdalena a toujours entretenu avec lui une relation d’amour-haine.

Déplacé à la cour à Valladolid, où il demeure cinq ans, il épouse en 1601 Ana de Mendoza y de la Cerda, descendante du marquis de Santillane, avec qui il a plusieurs enfants, tous mort-nés. Grâce à son travail comme organisateur du service principal des postes il reçoit le titre de noblesse en 1603. À la mort de son père en 1607, il assume la charge de courrier principal du royaume.

Par son caractère agressif, téméraire et charmeur, il acquiert rapidement une réputation de libertin ou de dandy. Amateur de luxe, des pierres précieuses, du jeu et des courses, il mène une vie désordonnée de joueur, réputé comme adversaire redoutable sur le tapis en raison de sa grande intelligence. Néanmoins, ces excès lui valent deux exils, pour avoir ruiné différents nobles importants, de même qu’en raison de ses satires virulentes, dans lesquelles il critique sans pitié les défauts et misères de presque tous les Grands d’Espagne. Le premier de ses exils l’amène en Italie, où il séjourne entre 1611 et 1617 avec le comte de Lemos, renommé vice-roi de Naples. Il retourne immédiatement en Espagne, il y critique dans différentes satires la corruption florissant sous le duc de Lerma et don Rodrigo Calderón durant les dernières années du règne de Philippe III, de sorte que ceux-ci obtiennent du roi un nouveau bannissement de la Cour en 1618, bien que cette fois en Andalousie, d’où il revient sous peu au décès du Roi, alors favori du nouveau ministre, Gaspar de Guzmán, comte d’Olivares.

Il a de nombreuses maîtresses, aux mains desquelles il apparaît quelquefois en public, comme en une occasion lors d’une première d’une comédie, et il ne cesse d’avoir des amourettes dangereuses ainsi avec une courtisane du roi, telle une Marfisa, peut-être doña Francisca de Tavara, jolie jeune femme portugaise, dame d’honneur de la reine et maîtresse du roi. La légende veut aussi qu’il incendie intentionnellement le colisée d’Aranjuez tout en, pendant les célébrations de l’anniversaire du roi Philippe IV, créant devant la reine, le 8 avril 1622, sa nouvelle œuvre, La gloria de Niquea (« La Gloire de Niquea »), inspirée d’un épisode d’Amadis de Grèce, pour pouvoir la prendre dans ses bras, il en était déjà amoureux bien qu’il la touche même si cela était punissable de la peine de mort. Une autre légende veut qu’il se présente à un bal habillé d’une cape recouverte de réaux d’or, faisant allusion à sa chance au jeu, et avec la légende Son mis amores reales, jouant sur le triple sens du mot « reales », ce qui est très dangereux à l’époque ; c’est avec ce titre et d’après cet épisode qu’on écrira au XXe siècle le drame Joaquín Dicenta.

L’origine de l’expression « Picar muy alto », qu’on croit être due à l’habileté du comte comme picador, dont il se vante auprès de la reine, le roi ayant répondu : « Piquez bien, mais piquez très haut », jouant de double sens rappelant les escapades de la reine). L’essayiste du XXe siècle Luis Rosales découvre de plus que l’Inquisition intente un procès contre Tassis pour sodomie avec des esclaves noirs et pense que le roi Philippe IV ordonne son assassinat pour éviter le scandale, bien que plusieurs avaient des motifs pour souhaiter sa mort, non seulement pour les satires ou pour avoir été acculés à la ruine, mais également pour des problèmes d’aventures sexuelles, y compris le monarque.

Tassis est assassiné le 21 août 1622 par Alonso Mateo ou Ignacio Méndez, arbalétriers royaux qui restent impunis de par la haute protection dont ils jouissent. Il est enseveli dans la voûte de la grande chapelle du couvent de Saint-Augustin à Valladolid. Les commanditaires du crime sont Philippe IV ou plus probablement Gaspar de Guzmán, comte d’Olivares; le moment choisi est celui où Tassis va en voiture avec Bernardino Fernández de Velasco y Tovar, Comté d’Haro par la Rue Principale (Madrid) ; le mobile est peut-être la volonté d’éviter le scandale du procès secret que l’Inquisition établit contre lui, ce qui explique que le crime demeure impuni et caché.

Source : Wikipédia.

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