Greenpeace.

Greenpeace (litt. « paix verte ») est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) de protection de l’environnement présente dans plus de 55 pays à travers le monde1. Fondée en 1971, par Jim Bohlen et Irving Stowe, après le mouvement Don’t Make a Wave Committee visant à s’opposer aux essais nucléaires aux États-Unis, l’organisation Greenpeace est un groupe de plaidoyer luttant contre ce qu’elle estime être les plus grandes menaces pour l’environnement et la biodiversité sur la planète.


Greenpeace naît à Vancouver en 1971 quand un groupe de quatorze militants pacifistes et écologistes (David McTaggart, John Cormack, Jim Bohlen, Paul Watson, Bill Darnell, Patrick Moore, Lyle Thurston, Dave Birmingham, Terry Simmons, Richard Fineberg, Bob Hunter, Ben Metcalfe, Bob Cummings et Bob Keziere) renomment leur association « Don’t Make a Wave Committee » fondée à Vancouver en 1969. Cherchant un nom évocateur de sa double préoccupation, environnement et pacifisme, ces hommes issus du monde des quakers, des hippies, des journalistes et des déserteurs de la guerre du Vietnam, choisissent les termes green (vert) et peace (paix) qui selon eux résument le mieux leur démarche. En septembre 1971, ils embarquent à bord d’un vieux chalutier, le Phyllis Cormack (avec inscrit en grande lettre sur la voile le mot « GREENPEACE »), pour empêcher les essais nucléaires américains sur le site d’Amchitka en Alaska. Dès 1972, les États-Unis cessent leurs essais nucléaires atmosphériques.

Le bureau provincial des sociétés à Victoria enregistre le 4 mai 1972 le nom de Greenpeace Foundation.

En 1979, Greenpeace devient une organisation internationale quand les bureaux d’Europe, du Pacifique et d’Amérique se réunissent pour constituer Greenpeace International. Depuis 1989, l’organisation a son siège à Amsterdam (Pays-Bas), d’où sont définies et coordonnées les campagnes de l’ONG.

Au début des années 2000, Greenpeace International dispose de trente-huit antennes dans le monde entier, 1 400 employés (deux cents en Asie comme en Amérique du Nord, cent en Amérique latine, six cents en Europe, dont deux cents à son siège à Amsterdam) et dix mille volontaires. Son financement (150 millions d’euros) est assuré par 2,8 millions de donateurs. À la même époque, le WWF, autre organisation non gouvernementale internationale dédiée à la protection de l’environnement, est fort de cinq millions de membres, mais son budget est quatre fois moindre. En 2014, l’ONG internationale emploie plus de 2 000 personnes, réparties dans des bureaux dispersés dans une trentaine de pays. À son apogée, elle rassemblait environ trois millions d’adhérents, à travers le monde. La branche allemande, l’une des plus actives et des plus importantes, comptait 120 membres salariés à plein temps et disposait de plus d’un tiers du budget de l’organisation (55 M$).

Ses recettes, pour un budget global d’environ 342 millions d’euros, proviennent exclusivement des dons de ses adhérents (notamment à travers des campagnes dites de street fundraising).

La méthode de Greenpeace repose en partie sur des actions directes non-violentes parfois très médiatisées, qui ont fait sa renommée. S’appuyant sur les retombées de ces actions pour informer les médias et le public, l’organisation agit aussi en tant que lobby auprès des autorités politiques et des dirigeants d’entreprises afin de promouvoir les changements appropriés. L’organisation s’est également spécialisée dans l’expertise écologique.

Greenpeace utilise plusieurs méthodes, afin de mener à bien ses campagnes. Il est possible de déconstruire la façon dont elle les conçoit en quatre étapes.

Premièrement, elle procède à une « cueillette d’infos » pour se procurer des informations sur une cause, étudier le marché qu’elle veut attaquer, faire de la recherche et écouter ce que les communautés ont à lui dire. Parfois, les témoignages des différentes communautés peuvent être à l’origine d’une campagne. Par exemple, lors de la campagne sur la forêt du Grand Ours, les communautés amérindiennes de la région sont elles-mêmes venues contacter Greenpeace, en 1994, pour lui demander de les soutenir dans la lutte contre les compagnies forestières qui pratiquent de la déforestation massive sur leur territoire traditionnel. En plus, pour mener à bien ses campagnes, Greenpeace possède de nombreux spécialistes dans plusieurs domaines tels que des environnementalistes, des chimistes, des biologistes, etc. Donc elle peut effectuer ses propres recherches et se fonder sur les informations que ses chercheurs recueillent. Par exemple, à la suite des témoignages des communautés amérindiennes, elle a investi 100 000 dollars canadiens dans une étude qui a duré plus de deux ans.

Deuxièmement, Greenpeace effectue de « l’éducation et de la sensibilisation auprès des citoyens », afin de faire comprendre à ceux-ci qu’un problème existe bel et bien, et que les revendications de Greenpeace sont essentielles. Afin de sensibiliser la population, cette organisation utilise des images choquantes montrant des coupes rases des forêts et des images de la fonte de glaciers, etc. Par exemple, lors de sa campagne pour la protection de la forêt du Grand Ours et contre l’exploitation arboricole de celle-ci, Greenpeace Canada a utilisé des images de différentes espèces d’ours, de loups et de caribous qui seraient menacées si la forêt devait être rasée, afin de montrer que la déforestation affecte l’écosystème tout entier. Donc, Greenpeace utilise les médias afin de faire prendre conscience à la population des enjeux environnementaux en montrant des images qui vont l’atteindre aux sentiments.

Ainsi, Greenpeace se doit de bien manier les médias, dont la télévision, afin de diffuser ses idées et une des manières dont elle les diffuse est en créant des « stunts », qui peuvent être définis comme étant une action qui est préparée à l’avance et créée de toutes pièces. Par exemple, des blocages de rues vont être préparés à l’avance avec un message qui est fait pour respecter les contraintes que la télévision impose, telles que la durée d’une présentation. De plus, elle a compris que les médias aimaient les touches de drame, ainsi parfois, des arrestations de manifestants de l’ONG sont organisées avec la police et filmées avec une durée adéquate permettant de rentrer dans le cadre télévisuel. Aussi, elle travaille avec des chaines télévisées en filmant elle-même, grâce à ses propres caméras et à ses studios, toutes les actions qui se sont déroulées lors des manifestations et en les apportant à des chaines télévisées qui ne pouvaient pas être présentes à l’évènement, afin qu’elles diffusent leurs vidéos. De plus, elle a su utiliser la télévision, afin de diffuser des images qui suscitaient des émotions et ainsi rallier plus de gens à sa cause. Par exemple, pour récolter des fonds pour ses campagnes, elle a publié des images de bébés phoques tués, tandis qu’elle n’a pas diffusé de l’information sur les dermaptères, qui sont des insectes qui risquaient de disparaitre de l’île de Sainte Hélène. Ainsi, en diffusant des scénarios et ce genre d’images, Greenpeace a pu augmenter le financement qu’elle recevait de la population, notamment celle qui est plus passive et qui ne souhaite pas prendre part à des manifestations, mais qui souhaite quand même faire des donations depuis son téléviseur.

Cependant, la télévision n’est pas la seule méthode que Greenpeace utilise pour ses campagnes. En effet, elle dispose d’un autobus et d’un bateau qui lui permettent d’effectuer des actions marines, telles que de mesurer la radioactivité dans les eaux, en plus de servir de point d’information et de propagande. D’ailleurs, dans les pays non maritimes, c’est l’autobus de Greenpeace qui va servir de moyen de propagande. Puis, en 1996, en Autriche, est créé un modèle nommé : « direct dialogue », qui a été implanté en 1998. Celui-ci se traduit par l’embauche de professionnels du marketing qui sont rémunérés sur une base fixe et avec une commission s’ils atteignent le quota d’adhérents fixé. Ces professionnels ne sont pas recrutés par Greenpeace pour leur dévouement, mais pour leurs compétences communicationnelles et pour leurs compétences liées au marketing. La nouveauté de ce modèle était que des recruteurs se rendent dans la rue et demandent aux passants de soutenir Greenpeace au moyen de contributions monétaires qui seront prélevées du compte du donneur suivant un montant fixe. Ce nouveau programme était le synonyme d’un succès financier pour l’ONG, si bien, qu’elle a décidé d’abandonner tous ses autres moyens de collecte. Ainsi en 1998, Greenpeace France comptait sept salariés, un million d’euros de ressources et 1 800 adhérents, cependant à la fin de l’année 2004, elle avait un budget de 4,8 millions d’euros, 8 600 adhérents et 45 salariés permanents. Ce programme avait été créé dans le but d’amener plus d’adhérents, mais surtout de toucher les jeunes, car il avait été observé que la population ciblée par les ONG en général, était de 60 ans et plus, et Greenpeace souhaitait obtenir le soutien financier d’une autre tranche d’âge qui n’avait pas encore été sollicitée.

Pour ce qui est du budget, puisque Greenpeace se veut être une ONG neutre, elle refuse les subventions gouvernementales, ainsi que les dons des entreprises, donc elle a besoin de trouver du financement dans d’autres domaines. Ainsi, elle dépensait en 1997, 22% de son budget en communication. Ainsi, Greenpeace userait de ses qualités en communication pour créer des liens avec des partenaires et des alliés, comme Ikea. De plus, elle s’est aussi associée avec un constructeur allemand afin de vendre un réfrigérateur qui serait écologique, nommé « Greenfreeze ». Elle possède aussi des fermes sans engrais chimiques. Elle présente aussi en 1995, dans un palace de Berlin, une voiture écologique nommée : la Gringo. Son implication dans le marché a mené à de la controverse à l’intérieur même de l’organisation entre ceux qui prônaient les valeurs de base de Greenpeace qui étaient anti-productivistes, et ceux qui voulaient lui rapporter plus de profits grâce au marketing communicationnel.

Ensuite, la troisième étape du modèle est celle où elle effectue « des revendications par la pression envers les cibles » en utilisant des moyens de pression tels que le boycott des produits par les clients, le lobbying ou en attaquant l’image des cibles avec des actions directes et avec l’aide d’alliés puissants tels que des actionnaires. En effet, si les groupes ne veulent pas changer leurs pratiques, Greenpeace s’attaquera à leur image de marque en montrant leur manque de collaboration, afin de gagner des alliés tels que des clients ou des actionnaires, qui vont eux-aussi mettre de la pression sur les cibles, ce qui leur causera des pertes financières.

La dernière étape représente les « négociations ». Cette étape n’a lieu que lorsque les pressions de l’ONG ont fait effet. Le but de cette étape est de trouver des solutions qui vont faire un consensus entre les communautés, les entreprises et le gouvernement afin de protéger les écosystèmes.

Greenpeace est très connue pour l’utilisation de bateaux lors de ses campagnes de protestation et d’intervention directe. L’un d’entre eux, le Rainbow Warrior I, est devenu célèbre en 1985 dans ce qui a été appelé en France « l’affaire du Rainbow Warrior » ou « l’affaire Greenpeace » : les services secrets français l’ont fait couler avec deux mines magnétiques placées sous sa coque par des plongeurs de l’armée française dans le port d’Auckland alors que le bateau se préparait à une croisière de protestation contre les essais nucléaires français de Mururoa. Au cours de cet attentat organisé par le gouvernement français, le photographe Fernando Pereira a été tué par l’explosion de la seconde mine magnétique.

Greenpeace International dispose d’un réseau d’organisations nationales (une seule par pays) dont certaines créées avant la création du regroupement international. L’unité européenne, Greenpeace European Unit, est créée en 1989, la même année que la création du bureau européen des politiques publiques de WWF. Cette unité est étroitement reliée à Greenpeace international (unité politique et scientifique), qui au lancement a délocalisé une partie de son équipe de lobbyistes à Bruxelles.

Depuis 1991, le bureau européen de Greenpeace est membre d’une coalition avec neuf autres ONG, nommée le Green 10 ou G 10, pour représenter les intérêts environnementaux et peser sur le processus européen de décision.

La dotation financière du bureau relève de Greenpeace international. Cette dotation a une influence directe sur les effectifs des salariés du bureau à Bruxelles : ils étaient 10 au départ, pour descendre à deux fin 2002 et remonter à 10 l’année suivante.

Au-delà de l’union européenne au sens strict, son champ d’action recouvre l’ensemble des pays scandinaves ainsi que la Turquie.

Greenpeace France est une association loi 1901. Elle est issue de la fondation en 1977 d’un bureau français de Greenpeace, qui avait dû fermer entre 1987 et 1989, après la polémique consécutive à l’affaire du Rainbow Warrior. Elle compte plus de 220 000 adhérents en 2018 et une centaine de salariés. Son budget annuel est d’environ 23 millions d’euros en 2018, et ses ressources proviennent intégralement et exclusivement de donateurs privés. Elle ne perçoit donc aucune subvention ni de l’État, ni d’entreprise.

Un rapport de la Cour des comptes consacré à l’emploi des fonds collectés par l’association Greenpeace France rapporte que 35 % des fonds collectés sont consacrés à la collecte des fonds. Ce rapport indique également que 20 % des fonds collectés sont reversés à Greenpeace international, sans imputation des fonds versés ce qui ne permet pas un contrôle par la Cour des comptes.

Greenpeace France indique que le nombre de ses donateurs privés est passé de 23 000 en 1998 à 140 000 en 2011, 180 000 en 2016 et 220 000 en 2018.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.