Frédéric Auguste Bartholdi, sculpteur.

Frédéric Auguste Bartholdi est un sculpteur français du XIXe siècle. Il est internationalement connu pour avoir été l’auteur de la statue de la Liberté. La ville de Colmar, dont il était originaire, garde de nombreuses traces de son activité professionnelle.

Auguste Bartholdi est né en 1834 à Colmar. Il est issu d’une famille prospère venant de la Rhénanie allemande. Son père, Jean-Charles, était un fonctionnaire ayant su faire fructifier la richesse familiale, ils disposaient de nombreux biens immobiliers qui lui assuraient son train de vie. Malheureusement il décéda jeune, en 1836, alors que son fils Frédéric n’avait que 2 ans. Son épouse Augusta Charlotte gère alors la fortune de son mari avec prudence, permettant à ses fils de profiter d’une manne financière qui les mettront tous à l’abri du besoin. Car Auguste, comme il se nommera par la suite, avait trois frères, dont deux décèderont jeunes. Le survivant fut avocat, mais la maladie l’emporta et il dû être interné.

A la mort de son père, la famille emménagea à Paris, au 30, rue des marchands. Cette adresse est aujourd’hui le musée Bartholdi. Auguste étudie au lycée Louis-le-Grand, où il obtient son baccalauréat en 1852, puis à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts, où il étudie l’architecture, la peinture.

Bartholdi, carte maximum, Colmar, 13/06/1959.

En 1855 et 1856 il effectue un voyage en Egypte et au Yémen, voyage qui le marquera jusqu’à la fin de sa vie, découvrant des pays contrastés. Ce voyage, qu’il fit avec ses amis Édouard-Auguste Imer, Jean-Léon Gérôme et Léon Belly, lui donne les premières idées de sculptures monumentales. Il en profite pour ramener en France une grande quantité de témoignage de ce parcours à travers de nombreuses photos, dessins, ou des gravures.

Sa carrière professionnelle commence dès 1852 à Paris, lorsqu’il s’installe dans ses propres locaux. Il reçoit sa première commande d’envergure grâce à sa ville natale, Colmar, qui lui propose de réaliser une statue du général Rapp (1856). L’année suivante, il fait des projets pour l’ensemble architectural du Palais Longchamp, à Marseille. En 1864, l’année où il est fait chevalier de la Légion d’honneur, il réalise la fontaine dédiée à l’amiral Bruat, également à Colmar. L’année précédente il avait déjà réalisé à Colmar un autre monument, consacré à Martin Schongauer, celui-là. En 1865 il participe au fameux repas offert par Edouard de Laboulaye, républicain américanophile convaincu, repas pendant lequel fut émise l’idée d’offrir à la jeune nation des Etats-Unis une statue colossale pour sceller l’amitié franco-américaine. Bartholdi fut choisi comme architecte-sculpteur, sur la base de croquis qu’il avait déjà réalisé à l’attention du Khédive égyptien, un prémice de projet qui sera refusé un peu plus tard. L’année suivant, il réalise un buste de Laboulaye, son ami. En 1867 c’est la ville de Corté, en Corse, qui lui demande une statue du général Arrighi de Casanova.

En 1869 il fait un deuxième voyage en Egypte, celui-là plus particulièrement pour proposer la construction d’une gigantesque statue de femme tenant un flambeau, à placer à l’entrée du canal de Suez (une création du génie français), et qui s’intitulerait “L’Orient éclairant le Monde”. Mais ce projet fut refusé par le Khédive d’Egypte Ismaïl Pacha, en manque de financement pour ce genre de travaux. De retour en France il poursuit la statuaire de sa ville natale et fait la statue du petit vigneron, à Colmar donc.

Mais la guerre entre la France et la Prusse le rattrape (1870). La Prusse attaque et envahit le territoire français, Paris est assiégé. Colmar est bien sûr l’une des premières villes attaquées, sur le front Est, mais c’est la seule aussi à résister à l’envahisseur. Bartholdi, après avoir été obligé de combattre, se retrouve chef d’escadron des gardes nationales où il tient un emploi d’aide de camp auprès du général Garibaldi. Exilé à Bordeaux, loin de Colmar et Paris, il se morfond et choisit de quitter la France, le temps que la guerre se termine. Il s’inquiète de la durée de ce voyage, ne sachant pas quand la France sera revenue à ses yeux dans un état politique stable. L’histoire lui donna raison car à l’issu de la guerre c’est la commune de Paris qui provoque des troubles politiques importants en France, troubles qui ne s’arrêtèrent qu’avec l’élection du très patriote Thiers.

Bartholdi choisit donc de partir aux Etats-Unis (10 juin 1871), entre autre pour choisir l’emplacement de la future statue, mais surtout pour découvrir le pays et y nouer les contacts nécessaires pour l’édification de sa statue. Cette statue, il y a beaucoup songé durant les deux années passées. Cette période (1870-1872) voit la transformation du projet égyptien en un projet plus classique, plus réalisable. Bartholdi utilisa ce temps pour redéfinir sa conception de la statue, telle qu’envisagé en tant que don aux Etats-Unis. Il fit plusieurs modèles, plusieurs croquis, chacun d’eux différent du précédent. Il remplaça la robe orientale par une toge classique, fit pendre le bras gauche, fit des essais en lui faisant tenir des chaînes brisées, etc. C’est durant cette période qu’est réellement née la statue de la Liberté sous la forme que l’on connait de nos jours.

Aux Etats-Unis, Bartholdi se mit à chercher l’emplacement idéal de sa statue. Il savait qu’elle devait être à New-York, mais plusieurs sites s’offraient à lui. Il écarta Battery Park, au Sud de Manhattan, à cause de la ligne d’horizon bouchée par les gratte-ciels, ainsi que Central Park, pas assez symbolique. Restait la baie de New-York, à l’entrée de la ville, situation idéale car elle serait vu de toute personne arrivant ou partant de la ville. C’est ici qu’il choisit de la mettre, sur une petite île ayant un ancien fort militaire déclassé.

Durant son voyage il rencontra quelques personnalités, des personnes en contact avec Laboulaye. Dès son arrivée il constata qu’il n’y avait pas d’engouement pour son projet. Pire, à chaque fois qu’il en parlait, il était confronté à un grand scepticisme de la part de ses interlocuteurs. En fait, ces derniers ne voyaient pas l’intérêt de construire une statue à la gloire de la Liberté chez eux, surtout qu’ils auraient eu le piédestal à leurs charges. Sans compter que la notion de liberté, aux Etats-Unis, est acquise depuis l’indépendance, toute jeune. Ils n’avaient pas besoin d’un monument pour le leur rappeler. Enfin, dernier argument, leur économie était florissante, ils songeaient plus à faire des dollars que des statues. Tout ceci faisait que Bartholdi dû chercher un bout de temps avant de rencontrer les bons interlocuteurs, ceux de « l’Union League Club », à Philadelphie. Eux partageaient le point de vue français, mais ne voyaient pas leurs intérêts dans l’édification. Aussi refusèrent-ils eux aussi le financement du socle.

Bartholdi, épreuve d’atelier.

Ils proposèrent toutefois à Bartholdi de participer à l’exposition du centenaire, cette exposition faite à Philadelphie durant laquelle furent présenté le bras et la torche de la statue. C’est également durant cette exposition qu’il rencontra Morris Hunt, le futur architecte du socle. Bartholdi exécuta une statue de Lafayette qui fut montrée durant l’exposition avant son installation à Washington. A l’issu de cette année 1871, il rencontra le président Grant, qui lui assura la déclassification du fort Bedloe, rendant réalisation l’installation de la future statue dans la baie de New-York.

Lorsque la commune de Paris se termine et que la IIIe république se met en place il revient en France pour poursuivre sa carrière de sculpteur.

A nouveau installé dans ses locaux de Paris il reçoit en 1872 la commande du monument funéraire des Gardes nationaux de Colmar, monument qui avait été détruit pendant la guerre et qui illustre le courage des colmariens face à l’envahisseur. Il obtient aussi sa première commande à l’étranger, toujours en 1872, avec une demande venant de Boston pour la réalisation des bas-reliefs de l’église unitarienne.

A partir de 1874 il commence les travaux de la statue de la Liberté, après acceptation du modèle définitif. Ces travaux se déroulèrent à Paris jusqu’en 1884. Il commença par les éléments les plus impressionnants, pour montrer rapidement l’avancée des travaux et ainsi influencer les campagnes de dons pour le financement de ses travaux. Ainsi fut fait en priorité le bras tenant la torche et la tête.

En 1875 Auguste Bartholdi se marie avec Jeanne-Émilie Baheux (15 décembre), à Newport, dans le Rhodes Island (Etats-Unis). Il avait rencontré cette femme en France, et elle était partit elle aussi pour les Amériques, mais à Montréal, elle. S’étant retrouvé de l’autre côté de l’Atlantique, ils en ont profité pour se marier. Bartholdi s’était rendu sur place pour peaufiner son projet de statue colossale et effectuer une nouvelle commande pour la ville de New-York, celle-là : la statue de Lafayette. Il sera invité à participer au jury de l’Exposition centennale de Philadelphie (1876), exposition durant laquelle fut exposé le bras de la statue de la Liberté, terminée rapidement et envoyée en urgence aux Etats-Unis pour aider à la levée de fond pour financer le socle de la statue, les travaux en pouvant commencer sans l’assurance d’obtenir assez d’argent pour le terminer. Il faut noter que cette exposition avait mis en avant un architecte de talent très connu aux Etats-Unis, Morris Hunt. Il s’était illustré par la réalisation de nombreuses maisons de grande taille, pour les familles riches. C’est lui qui sera choisi pour la construction du socle de la statue de la Liberté.

A son retour en France Bartholdi consacre une grande partie de son temps à l’achèvement de la statue de la Liberté (jusqu’en 1884), dans les ateliers parisiens “Gaget, Ghautier et Cie”. Cette statue, qui est son chef-d’œuvre, fut montée en plein Paris en 1885, puis démontée et remontée définitivement en 1886 aux Etats-Unis. Entre-temps il aura livré quelques autres œuvres : la fontaine du Capitole, à Washington (1878), le monument Champollion, à Paris (1878), le monument Gribeauval à Paris (1879), le lion de Belfort (1880) et sa réplique en cuivre à Paris (monument de la Défense nationale, place Denfert-Rochereau), ainsi que la statue de Rouget de Lisle à Lons-le- Saunier (1882) et la statue de Diderot à Langres (1884). En 1885 il se rend pour la troisième fois aux Etats-Unis pour suivre la construction du socle, confié à Morris Hunt. Il recommencera ce voyage l’année suivante pour l’inauguration de la Statue de la Liberté le 26 octobre 1886, se sera son dernier voyage aux Etats-Unis.

La fin de sa carrière est marquée par une succession de commandes impressionnante, qu’il réalise d’année en année : le monument Roesselmann (Colmar, 1888), le monument Hirn (Colmar, 1890), le monument Gambetta (Sèvres, 1891), la fontaine de la place des Terreaux (Lyon, 1892), la statue de Christophe Colomb (Exposition universelle de Chicago, 1893), la Suisse secourant Strasbourg (Bâle, 1895), et la même année le Lafayette et Washington (Paris), le monument Schwendi (Colmar, 1898), et le groupe des Grands soutiens du monde et statue du Tonnelier (Colmar, 1902).

En 1903 il réalise l’une de ses plus belles œuvres en France, le monument à la gloire de Vercingétorix, à Clermont-Ferrand. C’est sa dernière réalisation d’envergure.

Auguste Bartholdi meurt le 4 octobre 1904 à Paris de la tuberculose. Il est enterré au cimetière de Montparnasse, dans la 28e division.

La maison des Bartholdi, à Colmar, existe toujours, elle a été transformée en musée en 1922. Cette maison fut cédée à la ville de Colmar par sa veuve en 1907, en même temps que ses maquettes, ses croquis, et tous ses souvenirs ayant un rapport avec son activité professionnelle. Pour l’honorer, la ville de Colmar lui a fait ériger un monument posthume. En 1912, la dernière statue de Bartholdi est inaugurée à Belfort, c’était son œuvre “Monument des trois sièges”, qu’il n’a pu terminer. Auguste Bartholdi était franc-maçon, il a intégré la loge Alsace-Lorraine de Paris en 1875.

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Sources : Merveilles du Monde, YouTube.