Ferdinand III de Castille.

Ferdinand III, ou saint Ferdinand de Castille, est roi de Castille et de Tolède de 1217 à 1252, et roi de Léon et de Galice de 1230 à 1252. Né probablement en 1199 au monastère de Valparaíso, à Peleas de Arriba, Ferdinand III est le fils d’Alphonse IX de León, et de Bérengère de Castille.

Ferdinand III a profondément marqué l’histoire de l’Espagne médiévale. Politiquement tout d’abord, il parvient à unir de manière définitive les royaumes de Castille et de León, en 1230. Militairement ensuite, Ferdinand III fait progresser la reconquête du Sud de la péninsule Ibérique. Son action contre les Maures (nom alors donné aux musulmans) lui vaut d’être canonisé en 1671.

Mort le 30 ou le 31 mai 1252 à Séville, c’est un saint fêté le 30 mai.


Lorsque le roi Alphonse VIII de Castille, vainqueur des Almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, décède en 1214, le seul de ses fils encore vivant, Henri, lui succède sur le trône, sous la régence de sa sœur Bérengère. Henri Ier meurt prématurément au bout de trois ans. Bérengère de Castille, fille aînée d’Alphonse VIII, est alors proclamée reine par les Cortes de Castille. La nouvelle souveraine décide néanmoins d’abdiquer immédiatement en faveur de son jeune fils Ferdinand, qui devient roi en 1217.

Une partie de la noblesse castillane se rebelle, appuyée par son propre père, le roi de León, désireux d’annexer le royaume voisin afin d’y régner de jure uxoris. Ce dernier pénètre même en Castille, mais est repoussé par  Ferdinand. Fort du soutien des villes et du clergé, et avec l’aide des talents diplomatiques de Bérengère, il parvient à imposer aux Lara, le plus puissant lignage nobiliaire de Castille, la signature d’un traité à Zafra, en 1222, qui met fin à l’agitation du royaume.

Accès au trône de León et union des royaumes[modifier | modifier le code]
Une fois le calme revenu, Ferdinand peut envisager de reprendre l’initiative dans les opérations militaires contre les Maures d’al-Andalus. La mort de son père Alphonse IX de León l’amène à repousser ce projet. Le mariage de ce dernier avec Bérengère de Castille avait été annulé pour cause de  consanguinité par le pape Innocent III et Bérengère était retournée en Castille avec ses enfants. Peu avant sa mort, Alphonse IX lègue son royaume aux filles nées de son premier mariage avec Thérèse de Portugal, Douce et Sancha. Avec l’appui du roi de Portugal Sanche II, Bérengère de Castille négocie avec ses belles-filles la cession de leurs droits sur la couronne de León. Ferdinand III est ainsi proclamé roi, et réunit définitivement les deux couronnes, séparées depuis la mort d’Alphonse VII en 1157.

Cet épisode constitue un des témoignages les plus éloquents de l’influence et de la place de Bérengère durant le règne de son fils. Précieuse conseillère, elle se distingue également par ses qualités politiques dans la négociation et la gestion du royaume, dont elle assume la gestion durant les longues campagnes de son fils en al Ándalus. Elle rejoint en cela sa sœur, Blanche de Castille, mère de Louis IX de France, dont elle demeure le plus fidèle conseiller. Les destins des deux familles partagent de nombreux points en commun, notamment dans le domaine religieux. Tant Ferdinand que son cousin Louis se montrent actifs dans la lutte contre l’« Infidèle » : le premier à travers la Reconquista, le deuxième par son engagement dans les croisades. Tous deux seront d’ailleurs canonisés.

L’union des deux royaumes marque une étape importante dans la formation de l’Espagne. La nouvelle couronne de Castille représente désormais la principale puissance péninsulaire, capable de rivaliser avec les grandes monarchies occidentales. Ses domaines sont immenses et comprennent les territoires désignés plus tard comme la Vieille-Castille, auxquelles  s’ajoutent, depuis le XIe siècle l’Estrémadure castillane, autour de Ségovie et d’Ávila, et le royaume de Tolède (appelé plus tard la Nouvelle-Castille). Le royaume de León est pour sa part formé du León proprement dit (autour des villes de León et de Zamora), des Asturies, de la Galice et de l’Estrémadure léonaise (autour de Salamanque). Les progrès d’Alphonse IX face aux Maures vers la fin de son règne, lui permettent d’ajouter la quasi-totalité de l’actuelle Estrémadure à son royaume (avec les villes de Cáceres et de Badajoz). Ferdinand III règne désormais sur un territoire plus étendu et plus peuplé que ses voisins du nord péninsulaire (Aragon et Navarre), et animé par une économie très active. Son action militaire en al-Andalus est confortée par cette nouvelle donne territoriale qui lui assure d’importantes rentrées fiscales. Les territoires que Ferdinand III s’apprête à conquérir vont encore accroître les possessions de la couronne.

En 1217, la Reconquista est déjà une vieille affaire dans la péninsule Ibérique. Les temps de l’émirat et du califat de Cordoue représentent une période difficile pour les chrétiens du Nord. L’idée même de Reconquista, qui transparaît dans les chroniques asturiennes et léonaises, demeure à l’état embryonnaire. La chute du pouvoir cordouan, et le morcellement d’al-Andalus en taïfas qui en résulte au XIe siècle, changent la donne. Les chrétiens reprennent l’initiative avec toujours plus de succès. Avec l’arrivée des Almoravides, à l’obédience religieuse stricte, apparaît l’idée d’une « lutte contre l’Infidèle ». Le combat contre les Maures cesse de se réduire à des considérations foncières pour prendre des aspects religieux d’une époque marquée par les croisades. La bataille de Las Navas de Tolosa est un événement fort : elle affaiblit considérablement la puissance almohade et ouvre les portes de l’Andalousie.

Ferdinand III sait gagner l’appui de nombreux alliés dans cet effort  conquérant : les villes lui sont fidèles et fournissent de nombreux contingents, les ordres militaires (Santiago, Alcántara, Calatrava) se consacrent entièrement à cette cause contre les musulmans, et les évêques, mûs tant par leur ferveur religieuse que par les perspectives financières qui s’ouvrent à eux, se joignent au roi. Il convient de souligner la très forte implication de l’archevêque de Tolède, Rodrigo Jiménez de Rada, déjà propriétaire d’immenses terres dans toute la Manche, qui chevauche auprès du roi jusqu’à sa mort en 1236. La noblesse, enfin, ne peut se dérober à son obligation d’auxilium, et voit dans ces guerres l’occasion d’accroître son patrimoine foncier.

Ferdinand III mourut le 30 mai (ou le 31, selon les sources) 1252. Son corps repose depuis lors dans la cathédrale de Séville. Il laissa derrière lui un bilan des plus positifs pour la couronne de Castille. Il avait d’une part réussi à sceller l’union des royaumes de Castille et de León, donnant ainsi naissance à un ensemble d’une puissance colossale dans le contexte péninsulaire. Une puissance qui allait être amenée, avec le temps, à imposer son hégémonie à l’ensemble des royaumes ibériques, à l’exception du Portugal.

Sous son règne fut considérablement renforcée l’autorité royale : Ferdinand III avait réuni sous sa bannière toutes les forces vives du royaume dans l’objectif de conquérir l’Andalousie. Avec l’aide de sa mère, et des fidèles, parmi lesquels l’archevêque de Tolède, il sut faire usage d’un tact politique d’une grande finesse, et utilisa la noblesse pour assouvir ses ambitions. Celle-ci, appâtée par les gains qu’elle pouvait retirer de l’expansion méridionale du royaume, ne put qu’acquiescer à l’appel du roi. On doit d’ailleurs à Ferdinand III les premières réformes juridiques importantes, avec la traduction en castillan du Liber Judiciorum des Wisigoths, et son application sous la forme du Fuero Juzgo. Ce code de droit local fut octroyé à de nombreuses villes nouvellement conquises. Dans les villes plus septentrionales, les fors et franchises furent distribués généreusement par le roi, qui s’appuyait beaucoup sur les concejos des villes pour mener sa politique.

Ce fut à la conquête de l’Andalousie que Ferdinand III dut sa renommée. Jamais auparavant un roi n’avait accru de manière aussi importante et rapide les domaines de la couronne. Sa lutte contre l’Infidèle fut saluée et reconnue, et son fils Alphonse laissa transparaître dans ses œuvres une admiration réelle pour son prédécesseur. À la mort du roi, plus aucune terre d’Espagne n’échappait au contrôle des chrétiens : conquis, rattachés ou soumis par pactes de vasselage (Grenade), les royaumes musulmans d’Andalousie étaient désormais tous dominés par la Castille. La puissance et la gloire que put en tirer le royaume étaient considérables. Ferdinand III et la Castille se présentaient à l’Occident comme les défenseurs de la foi chrétienne et comme une redoutable machine de guerre, contrôlant désormais des terres vastes et fertiles. Ordre intérieur, service de la foi, politique extérieure offensive et efficace : la Castille que Ferdinand III léguait apparaissait comme un ensemble solide, et sur lequel il fallait désormais compter.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.