Élisabeth-Rachel Félix, dite Rachel, actrice de théâtre.

Élisabeth-Rachel Félix, dite Rachel ou Mlle Rachel, est une actrice née le 21 février 1821 à Mumpf (Suisse) et morte le 3 janvier 1858 au Cannet (France). Grande tragédienne, elle fut un modèle pour Sarah Bernhardt.

Fille de Jacob Félix, colporteur ambulant juif né à Metz (1796-1872), et d’Esther-Thérèse Hayer née à Gerstheim (1798-1873), Élisabeth Félix naît à Mumpf en Suisse, dans une auberge où sa mère s’est arrêtée, trop fatiguée pour continuer jusqu’à Endingen, la seule localité de la région qui tolère le séjour de juifs. Elle est la seconde fille, après Sarah, du couple qui aura encore un fils, Raphaël, et trois filles.

Sa famille misérable erre de ville en ville à la poursuite d’une pitance que leur apportent la vente de colportage du père et celle des colifichets de la mère. Élisabeth Félix vit une partie de sa jeunesse à Hirsingue, dans le sud de l’Alsace (Sundgau).

Comme d’autres parents miséreux de cette époque, le père considère ses enfants comme une source de revenus : Élisabeth chante en s’accompagnant à la guitare avec sa sœur aînée Sarah, récite et mendie dans les rues des villes (d’Alsace, puis à Besançon, Lyon, Saumur…) que ses parents traversent avant leur arrivée à Paris en 1831, où la famille s’installe dans un mauvais logement rue des Mauvais Garçons, puis place du Marché-Neuf dans l’île de la Cité.

Talma, carte maximum (Gravure d’A. Decaris), Paris, 10/06/1961.

Analphabète, Élisabeth Félix suit alors les cours du musicien Alexandre-Étienne Choron et de Saint-Aulaire, et prend quelques cours d’art dramatique au Conservatoire. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle débute en janvier 1837 au théâtre du Gymnase. Delestre-Poirson, le directeur, lui fait prendre comme nom de scène Rachel, nom qu’elle adopte dès lors également dans sa vie privée. Auditionnée en mars 1838, elle entre au Théâtre-Français à l’âge de 17 ans. Son succès est immédiat. Elle débute dans le rôle de Camille d’Horace, dont la recette s’élève à 735 francs le premier soir, pour atteindre dix-huit jours plus tard, la somme de 4 889,50 francs.

Son interprétation des héroïnes des tragédies de Corneille, Racine et Voltaire la rendent célèbre et adulée, et remettent à la mode la tragédie classique, face au drame romantique. Elle créa un modèle nouveau d’actrice et de femme et fut une des femmes les plus célèbres de son siècle. Elle fut ainsi portraiturée, entre autres, par le sculpteur Jean-Auguste Barre.

Elle ne fait toutefois pas l’unanimité en raison, paradoxalement, de ses indéniables talents d’actrice. Ainsi, Victor Hugo qui « admire Rachel sans passion », aime citer le mot de Frédérick Lemaître : « Rachel ? la perfection, et rien de plus ! »

En 1850, elle est reçue par le roi de Prusse qui lui fait élever dans le parc du château de l’île des Paons, près de Potsdam, une statue qui sera détruite par les nazis en 1935.

Elle eut deux fils : Alexandre (3 novembre 1844 – 20 août 1898), du comte Walewski, fils de Napoléon et de Marie Walewska, et Gabriel (26 janvier 1848 – ?) d’Arthur Bertrand, fils du maréchal Bertrand.

Rachel meurt le 3 janvier 1858 des suites d’une tuberculose, entouré par dix représentants du Consistoire de Nice et en prononçant la prière du Shema Israel. Lors de ses derniers moments, elle demanda à sa sœur Sarah d’appeler le grand rabbin de France, Lazare Isidor, à Paris pour venir à son chevet, qui arriva trop tard.

Elle repose dans le carré juif du cimetière du Père-Lachaise (division 7). Malgré de nombreuses pressions – Chateaubriand ne cessa d’argumenter pour la convertir au christianisme et son dernier amant essaya même de la convertir en ses derniers instants -, elle avait voulu conserver durant les trente-sept années de sa vie, la foi de ses ancêtres.

Source : Wikipédia.