Douglas MacArthur, Général de l’armée américaine.

Douglas MacArthur, né le 26 janvier 1880 à Little Rock en Arkansas et mort le 5 avril 1964 à Washington, DC, est un général américain et field marshal philippin. Il fut le chef d’état-major de l’armée américaine durant les années 1930 et joua un rôle prépondérant sur le théâtre Pacifique de la Seconde Guerre mondiale. Il reçut la Medal of Honor pour son service durant la campagne des Philippines. Il fait partie des cinq personnes ayant atteint le grade de général de l’Armée dans l’armée américaine et le seul à avoir été field marshall de l’armée des Philippines.

Douglas MacArthur est né dans une famille militaire de l’Arkansas. Son père, qui finit sa carrière comme major général, avait combattu durant la guerre de Sécession. Suivant la trace paternelle, Douglas étudia au Texas Military Institute dont il sortit major et à l’académie militaire de West Point où il fut également premier de promotion en 1903. Au cours de l’intervention américaine à Veracruz durant la révolution mexicaine, il mena une mission de reconnaissance pour laquelle il fut proposé pour la Medal of Honor. En 1917, il passa du grade de major à celui de colonel et devint le chef d’état-major de la 42e division d’infanterie. Il combattit sur le front de l’Ouest de la Première Guerre mondiale où il atteignit le grade de brigadier-général, fut à nouveau proposé pour la Medal of Honor et reçut deux Distinguished Service Cross et sept Silver Star.

De 1919 à 1922, MacArthur fut le superintendant de l’Académie militaire de West Point où il lança plusieurs réformes. En 1924, il fut déployé aux Philippines où il participa au règlement d’une mutinerie de l’armée philippine. En 1925, il devint le plus jeune major-général de l’armée des États-Unis. Il participa au jugement en cour martiale du brigadier-général Billy Mitchell et fut président du Comité olympique américain lors des Jeux olympiques d’été de 1928 à Amsterdam. En 1930, il devint le chef d’état-major de l’armée américaine, puis fut impliqué dans l’expulsion des protestataires de la Bonus Army à Washington en 1932 et dans  l’organisation du Civilian Conservation Corps. Il quitta l’armée américaine en 1937 pour devenir conseiller militaire auprès du Commonwealth des Philippines.

À l’été 1941, MacArthur fut rappelé en service actif en tant que commandant de l’USAFFE. Les Philippines furent envahies par les Japonais en décembre 1941 et les forces américaines durent se replier à Bataan, où elles résistèrent jusqu’en mai 1942. En mars 1942, MacArthur, sa famille et son état-major quittèrent l’île de Corregidor à bord de PT boats et rallièrent l’Australie où il devint le commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique sud-ouest. Il reçut la Medal of Honor pour sa défense des Philippines. Après plus de deux ans de combats dans le Pacifique, il réalisa sa promesse de revenir aux Philippines. Il accepta formellement la reddition japonaise le 2 septembre 1945 et il supervisa l’occupation du Japon de 1945 à 1951. En tant que dirigeant effectif du Japon, il organisa de profonds changements économiques, politiques et sociaux. Par la suite, l’Américain mena les forces des Nations unies durant la guerre de Corée de 1950 jusqu’au 11 avril 1951 lorsqu’il fut relevé de son commandement par le président Harry S. Truman. Il devint ensuite président du comité de direction de l’entreprise Remington Rand.


Douglas MacArthur est né le 26 janvier 1880 dans la caserne de Little Rock dans l’Arkansas. Il était le fils du capitaine Arthur MacArthur, Jr. qui avait reçu la Medal of Honor pour ses actions dans l’armée de l’Union durant la bataille de Missionary Ridge lors de la guerre de Sécession et de Mary Pinkney Hardy MacArthur (surnommée « Pinky »). Douglas MacArthur était le petit-fils du juriste et politicien Arthur MacArthur, Sr., un immigrant écossais qui était arrivé aux États-Unis en 1828. Pinky était issue d’une importante famille de Norfolk en Virginie. Deux de ses frères avaient combattu dans l’armée confédérée durant la guerre de Sécession et ils refusèrent d’assister à son mariage. Arthur et Pinky avaient trois fils : Arthur III né le 1er août 1876, Malcolm né le 17 octobre 1878 et Douglas qui était le cadet. Douglas vécut au gré des affectations de son père dans l’Ouest américain. Les conditions de vie étaient difficiles et Malcolm mourut de la rougeole en 1883. Dans ses mémoires, Reminiscences, MacArthur écrivit « J’ai appris à chevaucher et à tirer avant même de pouvoir lire ou écrire, en fait presque avant que je puisse marcher et parler » alors que son père était en affectation au fort Selden au Nouveau-Mexique.

La période sur la Frontière se termina en juillet 1889 lorsque la famille MacArthur déménagea à Washington, DC où Douglas étudia à la Force Public School. Son père fut affecté à San Antonio au Texas en septembre 1893. Douglas étudia à la West Texas Military Academy où il reçut une médaille d’or pour sa « scolarité et son attitude ». Il participa également à l’équipe de tennis de l’école, joua au poste de quart-arrière dans l’équipe de football américain et au poste d’arrêt-court dans celle de baseball. Il sortit major de sa promotion avec une moyenne annuelle de 97,33 sur 100. Le père et le grand-père de MacArthur tentèrent en vain d’obtenir une nomination présidentielle à l’Académie militaire de West Point pour Douglas, initialement auprès du président Grover Cleveland puis auprès de William McKinley. Après ces deux refus14, il passa un examen pour être proposé par le congressiste Theobald Otjen11 et obtint la note de 99,3/100. Il écrivit plus tard : « C’est une leçon que je n’ai jamais oublié. La préparation est la clé du succès et de la victoire. »

MacArthur entra à West Point le 13 juin 1899 et sa mère s’installa dans une suite du Craney’s Hotel surplombant le terrain de l’académie. Le bizutage était alors courant à West Point et MacArthur et son camarade Ulysses S. Grant III furent victimes des cadets du sud en tant que fils de généraux du nord dont les mères vivaient à Craney’s. Lorsque le cadet Oscar Booz quitta West Point après avoir été bizuté et mourut ensuite de la tuberculose, une commission d’enquête du Congrès fut mise en place. MacArthur se présenta devant un comité spécial du Congrès en 1901 où il témoigna contre les cadets impliqués dans le bizutage mais minimisa son propre bizutage même si les autres cadets avaient donné l’ensemble des faits au comité. Le Congrès décida d’interdire les actes de « nature tyrannique, abusive, honteuse, insultante ou humiliante » même si le bizutage se poursuivit. MacArthur fut un caporal de la Compagnie B sa seconde année, un premier sergent de la Compagnie A sa troisième année et premier capitaine sa dernière année. Toujours à West Point, il joua joueur de champ extérieur pour l’équipe de baseball. Au niveau académique, il obtint 2 424,12 des 2 470 points possibles, soit une note de 98,14/100, le troisième meilleur score de l’histoire de l’académie ; il arriva en tête de sa promotion de 93 élèves le 11 juin 1903. À l’époque, il était d’usage que les meilleurs cadets entrent dans le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis et MacArthur devint sous-lieutenant dans cette branche.

MacArthur passa sa permission après-diplôme avec ses parents à Fort Mason en Californie où son père, maintenant major-général, servait en tant que commandant du département du Pacifique. Il rejoignit ensuite le 3e bataillon du génie qui partait pour les Philippines en octobre 1903. MacArthur fut envoyé à Iloilo où il supervisa la construction d’un quai à Camp Jossman. Il conduisit des études à Tacloban, Calbayog et à Cebu. En novembre 1903, alors qu’il travaillait à Guimaras, il fut attaqué par deux brigands philippins ; il les tua tous deux avec son pistolet. Il devint premier-lieutenant à Manille en avril 1904. En octobre 1904, sa mission fut stoppée lorsqu’il contracta la malaria et une infection fongique alors qu’il réalisait une étude à Bataan. Il rentra à San Francisco où il fut assigné à la California Debris Commission. En juillet 1905, il devint l’ingénieur en chef de la division du Pacifique.

En octobre 1905, MacArthur reçut l’ordre de se rendre à Tokyo pour être nommé aide-de-camp de son père. Ils inspectèrent les bases militaires japonaises de Nagasaki, Kobe et Kyoto puis se rendirent en Inde via Shanghai, Hong Kong, Java et Singapour avant d’arriver à Calcutta en janvier 1906. En Inde, ils visitèrent Madras, Tuticorin, Quetta, Karachi, la Frontière-du-Nord-Ouest et la passe de Khyber. Ils se rendirent ensuite en Chine via Bangkok et Saïgon et visitèrent Canton, Tsingtao, Pékin, Tientsin, Hankow et Shanghai avant de revenir au Japon en juin. Le mois suivant, ils retournèrent aux États-Unis où Arthur MacArthur reprit ses activités à Fort Mason avec Douglas restant son aide. En septembre, Douglas reçut l’ordre de se présenter devant le 2e bataillon du génie à Fort Lesley J. McNair près de Washington et s’engager dans l’école du génie. Alors qu’il s’y trouvait, il fut également « un aide pour assister aux fonctions de la Maison-Blanche » à la demande du président Theodore Roosevelt.

En août 1907, MacArthur fut envoyé au district du génie de Milwaukee où ses parents se trouvaient à présent. En avril 1908, il fut affecté à Fort Leavenworth dans le Kansas où il reçut son premier commandement à la tête du 3e bataillon du génie. Il devint officier-adjoint du bataillon en 1909 puis officier ingénieur de Fort Leavenworth en 1910. MacArthur fut promu capitaine en février 1911 et fut nommé à la tête du Département du génie militaire et de la Field Engineer School. Il participa à des exercices à San Antonio au Texas en 1911 et servit au Panama en janvier et février 1912. La mort soudaine de leur père, alors lieutenant-général, le 5 septembre 1912 poussa Douglas et son frère Arthur à se rendre à Milwaukee pour s’occuper de leur mère dont la santé s’était dégradée. MacArthur sollicita un transfert à Washington pour que sa mère soit à proximité de l’hôpital Johns-Hopkins. Le chef d’état-major de l’armée, le major-général Leonard Wood étudia la question avec le secrétaire à la Guerre Henry L. Stimson, qui organisa la mutation de MacArthur au bureau du chef d’état-major de l’armée en 1912.

MacArthur retourna au Département de la Guerre où il fut promu major le 11 décembre 1915. En juin 1916, il fut assigné à la direction du Bureau de l’Information au bureau du secrétaire à la Guerre. MacArthur a depuis été considéré comme le premier attaché de presse de l’armée. À la suite de la déclaration de guerre contre l’Allemagne le 6 avril 1917, le secrétaire à la Guerre Newton D. Baker et MacArthur obtinrent du président Wilson qu’il envoie des unités de la Garde nationale en Europe. MacArthur suggéra d’envoyer une première division composée d’unités de différents États pour ne pas donner l’impression de favoriser un État en particulier. Baker approuva la création de la formation qui devint la 42e division Rainbow (« Arc-en-ciel ») et nomma le major-général William Abram Mann, le chef du Bureau de la Garde nationale, à sa tête avec MacArthur comme son chef d’état-major avec le grade de colonel. À la demande de MacArthur, cette commission se fit dans l’infanterie et non le génie.

La 42e division fut assemblée en août et septembre 1917 à Camp Mills à New York où son entrainement mit l’accent sur le combat en terrain découvert plutôt que sur la guerre de tranchées. Elle embarqua à Hoboken dans le New Jersey le 18 octobre 1917 à bord du transport de troupes USS Covington. Le 19 décembre, Mann fut remplacé à la tête de la division par le major-général Charles T. Menoher.

La 42e division monta au front dans le secteur assez calme de Lunéville en février 1918. Le 26 février, MacArthur et le capitaine Thomas Handy accompagnèrent un raid français au cours duquel MacArthur participa à la capture de plusieurs soldats allemands. Le commandant du 7e corps d’armée français, le général de division Georges de Bazelaire décora MacArthur de la Croix de guerre. Menoher recommanda MacArthur pour une Silver Star qu’il reçut par la suite. La médaille de la Silver Star ne fut pas créée avant le 8 août 1932 mais de petites étoiles en argent étaient autorisées sur les rubans de ceux récompensés pour leur bravoure à la manière des citations militaires britanniques. Le 9 mars, la 42e division lança trois raids de sa propre initiative contre les tranchées allemandes du saillant du Feys. MacArthur accompagna une compagnie du 168e régiment d’infanterie. Cette fois-ci, son commandement fut récompensé par une Distinguished Service Cross. Quelques jours plus tard, MacArthur, qui était strict sur le fait que ses hommes emportent leur masque anti-gaz mais négligeait souvent de prendre le sien, fut gazé. Il récupéra suffisamment vite pour pouvoir accueillir le secrétaire Baker qui était arrivé dans la zone le 19 mars.

MacArthur fut promu brigadier-général le 26 juin. À la fin du mois de juin, la 42e division fut transférée à Châlons-en-Champagne pour affronter l’imminente opération Michael allemande. Le général d’armée Henri Gouraud de la 4e armée française choisit de mettre en place une défense en profondeur en maintenant une ligne de front aussi fine que possible et en recevant l’attaque allemande sur sa seconde ligne de défense. Le plan fonctionna et MacArthur reçut une seconde Silver Star. La 42e division participa à la contre-attaque alliée et MacArthur reçut une troisième Silver Star le 29 juillet. Deux jours plus tard, Menoher releva le brigadier-général Robert A. Brown de son commandement de la 84e brigade d’infanterie et le remplaça par MacArthur. Ayant reçu des rapports selon lesquels l’ennemi se serait replié, MacArthur monta au front le 2 août pour voir par lui-même.

La 42e division gagna quelques semaines de permission avant de retourner sur le front pour la bataille de Saint-Mihiel le 12 septembre. Les Alliés avancèrent rapidement et MacArthur gagna une cinquième Silver Star pour son commandement de la 84e brigade d’infanterie. Sa participation à un raid dans la nuit du 25 au 26 septembre lui valut une sixième Silver Star. La 42e division fut relevée dans la nuit du 30 septembre et envoyée dans l’Argonne pour relever la 1re division d’infanterie dans la nuit du 11 octobre. Lors d’une reconnaissance le lendemain, MacArthur fut à nouveau gazé et reçut un second Wound Chevron.

La participation de la 42e division lors de l’offensive Meuse-Argonne commença le 14 octobre lorsqu’elle attaqua avec deux brigades. Dans la soirée, une conférence fut organisée pour discuter de l’attaque au cours de laquelle le général Charles P. Summerall demanda que Châtillon soit prise le lendemain avant 18 heures. Une photographie aérienne montrait un vide dans le réseau de barbelés allemand au nord-est de Châtillon. Le lieutenant-colonel Walter E. Bare, commandant du 167e régiment d’infanterie, proposa une attaque soutenue par des tirs de mitrailleuses dans cette direction où les défenses semblaient moins puissantes ; MacArthur accepta le plan. Il fut blessé alors qu’il vérifiait l’existence de ce vide dans le réseau de barbelés.

Summerall proposa MacArthur pour la Medal of Honor et une promotion au grade de major-général mais il ne reçut ni l’un ni l’autre ; à la place il gagna une seconde Distinguished Service Cross. La 42e division retourna sur le front pour la dernière fois dans la nuit du 4 au 5 novembre 1918. Dans l’avancée finale sur Sedan, elle fut impliquée dans ce que MacArthur considéra comme « ayant failli être l’une des plus grandes tragédies de l’histoire américaine ». Un ordre demandant de ne plus considérer les frontières entre unités mena les formations à entrer dans les zones des autres. Dans le chaos qui en découla, MacArthur fut fait prisonnier par des hommes de la 1re division qui le prirent pour un général allemand. Sa performance dans l’attaque sur les hauteurs de la Meuse lui valurent une septième Silver Star. Le 10 novembre, la veille de l’armistice qui mit fin aux combats, MacArthur fut nommé commandant de la 42e division. En récompense de son service en tant que chef d’état-major et commandant de la 84e brigade d’infanterie, il reçut l’Army Distinguished Service Medal.

Son commandement fut bref car le 22 novembre, lui, comme d’autres brigadier-généraux, fut remplacé et il retourna à la tête de la 84e brigade d’infanterie. La 42e division fut choisie pour participer à l’occupation de la Rhénanie et fut stationnée dans l’arrondissement d’Ahrweiler. En avril 1919, l’unité prit le train pour Saint-Nazaire et Brest où elle embarqua à bord de navires pour retourner aux États-Unis. MacArthur voyagea à bord du paquebot SS Leviathan qui arriva à New York le 25 avril 1919.

En 1930, MacArthur était encore, à 50 ans, le plus jeune et le plus connu major-général de l’armée américaine. Il quitta les Philippines le 19 septembre 1930 et resta quelque temps au commandement de la IX Corps Area à San Francisco. Le 21 novembre, MacArthur devint chef d’état-major de l’armée américaine avec le grade de général80. Le début de la Grande Dépression força le Congrès à réaliser des coupes dans les dépenses militaires. 53 bases furent fermées mais MacArthur parvint à empêcher la réduction du nombre d’officiers de 12 000 à 10 000. Ses missions incluaient le développement de nouveaux plans de mobilisation. Il regroupa les neuf Corps Area en quatre armées chargées de l’entraînement et de la défense du territoire. Il négocia également un accord avec le chef des opérations navales, l’amiral William V. Pratt. Il s’agissait du premier d’une série d’accords interarmes signés dans la décennie suivante qui définirent les responsabilités de chaque commandement au sujet de l’aviation. Les défenses anti-aériennes côtières furent par exemple placées sous la responsabilité de l’armée de terre. En mars 1935, MacArthur créa l’United States Army Air Corps commandé par le major-général Frank M. Andrews pour donner une certaine autonomie à l’aviation jusqu’à présent une branche de l’armée de terre.

En 1932, MacArthur dut prendre l’une des décisions les plus controversées de sa carrière lorsque les membres de la Bonus Army convergèrent sur Washington. Ces derniers étaient des vétérans de la Première Guerre mondiale qui demandaient une augmentation de leur pension pour faire face aux difficultés économiques provoquées par la Grande Dépression. MacArthur craignait que la manifestation ne soit prise en main par les communistes et les pacifistes mais ses services de renseignements indiquèrent que seuls 3 des 26 dirigeants clés du mouvement étaient communistes. MacArthur prépara des plans d’urgence dans le cas d’une insurrection dans la capitale. Des unités mécanisées furent redéployées de Fort Myer où des entraînements anti-émeutes étaient conduits. Le 28 juillet 1932, un affrontement entre la police et les manifestants entraîna la mort par balles de deux personnes. Le président Herbert Hoover ordonna à MacArthur d’« encercler la zone concernée et de la nettoyer sans délai ». MacArthur rassembla des troupes et des chars et, contre l’avis du major Dwight D. Eisenhower, décida d’accompagner les troupes même s’il n’était pas responsable de l’opération. Les soldats avancèrent avec les baïonnettes et les sabres sortis sous une pluie de pierres et de briques mais sans tirer de coup de feu. En moins de quatre heures, le terrain occupé par la Bonus Army fut dégagé avec l’aide de gaz lacrymogènes. Les cartouches de gaz provoquèrent des incendies et un adolescent de 12 ans fut asphyxié. Si elle avait été moins violente que d’autres opérations anti-émeute, la dispersion de la Bonus Army fut un désastre du point de vue des relations publiques.

En 1934, MacArthur attaqua les journalistes Drew Pearson et Robert S. Allen en diffamation après qu’ils eurent décrit le traitement des manifestants comme « infondé, inutile, insubordonné, violent et brutal ». En réponse, ils menacèrent de faire témoigner Isabel Rosario Cooper. MacArthur avait rencontré Isabel alors qu’il se trouvait aux Philippines et elle était devenue sa maîtresse. Craignant que la liaison ne soit révélée au grand public, MacArthur retira sa plainte et paya secrètement 15 000 $ à Pearson.

Le président Hoover fut battu lors de l’élection de 1932 par Franklin D. Roosevelt. MacArthur et Roosevelt avaient travaillé ensemble avant la Première Guerre mondiale et ils étaient restés amis, malgré leurs différences politiques. MacArthur défendit le New Deal, et fit participer l’armée aux activités du Civilian Conservation Corps (CCC). Il décentralisa l’administration des opérations aux Corps Areas et cela joua un grand rôle dans le succès du programme. Malgré ses critiques publiques du pacifisme et de l’isolationnisme et son soutien à une armée forte qui le rendirent impopulaire, le président prolongea le mandat de MacArthur au poste de chef d’état-major. MacArthur arriva à la fin de son terme à cette fonction en octobre 1935 et il reçut une seconde Distinguished Service Medal pour sa performance. Deux Purple Hearts lui furent attribuées rétroactivement pour son service durant la Première Guerre mondiale ; MacArthur avait recréé cette récompense en 1932.

Lorsque le Commonwealth des Philippines obtint un statut de semi-indépendance en 1935, le président des Philippines Manuel L. Quezon demanda à MacArthur de superviser la création d’une armée. Quezon et MacArthur étaient de proches amis depuis que le père de ce dernier avait été gouverneur-général des Philippines 35 ans plus tôt. Avec l’approbation du président Roosevelt, MacArthur accepta la fonction. Il fut accepté que MacArthur reçoive un salaire, une indemnité et le rang de field marshal de la part du Commonwealth en plus de son salaire de major-général en tant que conseiller militaire. Cela fut son cinquième voyage en Extrême-Orient. MacArthur quitta San Francisco à bord du SS President Hoover en octobre 1935 avec sa mère et sa belle-sœur. MacArthur fut également accompagné de son aide-de-camp de longue date, le capitaine Thomas J. Davis, ainsi que du major Dwight D. Eisenhower et du major James B. Ord, un ami d’Eisenhower en tant qu’assistants. À bord du navire se trouvait également Jean Marie Faircloth, une mondaine célibataire de 37 ans. Au cours des deux années qui suivirent, ils furent fréquemment vus ensemble. La mère de MacArthur tomba gravement malade durant la traversée et mourut à Manille le 3 décembre 1935.

Le président Quezon confia officiellement le titre de field marshal à MacArthur lors d’une cérémonie au palais de Malacañan le 24 août 1936 et lui offrit un bâton de maréchal en or et un uniforme unique. L’armée des Philippines était formée par une conscription universelle. L’entraînement devait être mené dans un cadre professionnel et l’Académie militaire des Philippines fut créée sur le modèle de West Point pour former ses officiers. MacArthur et Eisenhower découvrirent que seuls quelques camps avaient été construits et que le premier groupe de 20 000 recrues ne serait pas formé avant le début de l’année 1937. L’équipement et les armes étaient des rebuts de l’armée américaine « plus ou moins obsolètes » et le budget de 6 millions de dollars était largement insuffisant. Les demandes d’équipements de MacArthur furent ignorées même si MacArthur et son conseiller naval, le lieutenant-colonel Sidney L. Huff persuadèrent la marine de lancer le développement du PT boat. Beaucoup d’espoirs furent placés dans l’armée de l’air des Philippines mais le premier escadron ne fut pas formé avant 1939.

MacArthur épousa Jean Faircloth lors d’une cérémonie civile le 30 avril 1937. Ils eurent un fils, Arthur MacArthur IV, né à Manille le 21 février 1938. Le 31 décembre 1937, MacArthur prit officiellement sa retraite de l’armée. Il cessa de représenter les États-Unis comme conseiller militaire du gouvernement mais il resta le conseiller de Quezon sur les affaires militaires en tant que civil. Eisenhower rentra aux États-Unis en 1939 et fut remplacé en tant que chef d’état-major de MacArthur par le lieutenant-colonel Richard K.  Sutherland tandis que Richard J. Marshall devenait son assistant.

En juillet 1944, le président Roosevelt convoqua MacArthur à Hawaii pour « déterminer la phase d’action contre le Japon ». Nimitz défendit une attaque contre Formose mais MacArthur mit l’accent sur l’obligation morale des États-Unis de libérer les Philippines. En septembre, les porte-avions de William F. Halsey réalisèrent une série d’attaques dans les Philippines. L’opposition fut faible et Halsey conclut, à tort, que l’île de Leyte était « grande ouverte » et probablement non défendue et recommanda que les opérations prévues soient annulées en faveur d’un assaut sur Leyte.

Le 20 octobre, les troupes de la 6e armée de Krueger débarquèrent à Leyte tandis que MacArthur observait les opérations depuis le croiseur léger USS Nashville. Il s’approcha de la plage dans l’après-midi. Les troupes américaines avaient peu progressé ; les tireurs d’élite étaient encore présents et la zone était la cible de tirs de mortiers sporadiques. Lorsque son embarcation s’échoua, MacArthur demanda une péniche de débarquement mais le chef des opérations était trop occupé pour accéder à sa requête. MacArthur fut donc obligé de gagner la rive à pied. Dans son discours préparé à l’avance, il déclara « Peuple des Philippines : Je suis revenu. Par la grâce du Tout-Puissant, nos forces foulent à nouveau le sol philippin, un sol consacré par le sang nos deux peuples. Nous sommes dévoués et engagés dans la tâche de détruire tous les vestiges du contrôle de l’ennemi sur vos vies quotidiennes et de restaurer les fondations d’une force indestructible, les libertés de votre peuple. »

Comme Leyte était hors de portée des appareils de Kenney basés à terre, MacArthur était dépendant de l’aviation embarquée. L’activité japonaise s’accrut rapidement et elle mena des raids sur Tacloban, où MacArthur avait décidé d’établir son quartier-général, et sur la flotte au large. MacArthur appréciait rester sur le pont de l’USS Nashville durant les attaques aériennes malgré le fait que plusieurs bombes soient passées à proximité et que deux croiseurs voisins eurent été touchés. Au cours des jours suivants, les Japonais contre-attaquèrent lors de la bataille du golfe de Leyte. L’issue fut une victoire décisive des Alliés mais les Japonais manquèrent de détruire les unités de débarquement et MacArthur attribua les erreurs à la division du commandement entre lui et Nimitz. La campagne terrestre ne fut pas non plus facile. Les fortes pluies de la mousson perturbèrent le programme de construction de bases aériennes. Les porte-avions ne pouvaient pas remplacer parfaitement les aérodromes terrestres et le manque de couverture aérienne permit aux Japonais de débarquer des renforts à Leyte. Le mauvais temps et la résistance tenace des Japonais ralentit la progression américaine et cela entraîna une campagne prolongée.

À la fin du mois de décembre, le quartier-général de Krueger estimait qu’il ne restait plus que 5 000 Japonais sur Leyte et le 26 décembre, MacArthur publia un communiqué annonçant que « la campagne peut maintenant être considérée comme achevée à l’exception de quelques opérations de nettoyage ». Pourtant la 8e armée d’Eichelberger tua encore 27 000 soldats japonais sur Leyte avant la fin de la campagne en mai 1945. Le 18 décembre 1944, MacArthur fut promu au nouveau grade de général de l’armée avec cinq étoiles.

Le 29 août 1945, MacArthur reçut l’ordre d’exercer l’autorité sur le Japon par l’intermédiaire de l’administration japonaise et de l’empereur Hirohito. Le quartier-général de MacArthur fut installé dans le siège de la compagnie d’assurance Dai-ichi Mutual Life Insurance à Tokyo. En tant que commandant suprême des forces alliées au Japon, MacArthur et son équipe devaient reconstruire l’économie du Japon et mettre en place un gouvernement démocratique. Le Japon et sa reconstruction étaient fermement contrôlés par les États-Unis et MacArthur fut le dirigeant effectif du Japon de 1945 à 1948. En 1946, l’équipe de MacArthur rédigea une nouvelle constitution qui instituait un gouvernement basé sur le système de Westminster dans lequel l’empereur perdait son rôle d’autorité militaire et ne pouvait agir qu’avec l’accord du Cabinet. La constitution, qui devint effective le 3 mai 1947, incluait le fameux article 9 par lequel le pays renonçait à la guerre et s’interdisait de posséder une armée. De plus, la constitution émancipait les femmes, interdisait la discrimination raciale, renforçait les pouvoirs du Parlement et du Cabinet et décentralisait la police et l’administration.

Une importante réforme agraire fut entreprise ; entre 1947 et 1949, le gouvernement racheta près de 1 900 000 ha de terres, soit 38 % des surfaces cultivées, aux propriétaires terriens et 1 860 000 ha furent redistribués aux paysans qui travaillaient pour eux. En 1950, 89 % des terres agricoles appartenaient aux agriculteurs et seulement 11 % étaient louées par des propriétaires fonciers. Les efforts de MacArthur pour encourager la formation des syndicats connurent un succès phénoménal et en 1947, 48 % des travailleurs non agricoles étaient syndiqués. Certaines des réformes de MacArthur furent annulées en 1948 lorsque son contrôle du Japon fut remplacé par une plus grande implication du Département d’État. Durant l’occupation, les Américains parvinrent, jusqu’à un certain point, à abolir de nombreux conglomérats financiers appelés zaibatsus qui monopolisaient auparavant l’industrie et avaient joué un grand rôle dans le complexe militaro-industriel japonais. Des groupes industriels plus souples appelés keiretsus les ont ensuite remplacés. Les réformes inquiétèrent les Ministères des Affaires étrangères et de la Défense, qui considéraient qu’elles entraient en contradiction avec la perspective qu’un Japon industrialisé serve de rempart contre l’expansion du communisme en Asie.

Dans son discours devant le Congrès le 19 avril 1951, MacArthur déclara, « Depuis la guerre, le peuple japonais a entrepris la plus grande réforme connue de l’histoire moderne. Avec une volonté admirable, l’empressement d’apprendre et la capacité à comprendre, il a érigé des cendres de la guerre un édifice dédié à la suprématie de la liberté individuelle et à la dignité personnelle et dans le processus qui a suivi, il a créé un gouvernement véritablement représentatif engagé dans la promotion de la moralité politique, de la liberté d’entreprendre et de la justice sociale0. »

MacArthur rendit le pouvoir au gouvernement japonais en 1949 mais resta au Japon jusqu’à être relevé de ses fonctions par le président Truman le 11 avril 1951. Le traité de San Francisco, signé le 8 septembre 1951, marqua la fin de l’occupation et lorsqu’il entra en vigueur le 28 avril 1952, le Japon redevint un état indépendant. Les Japonais ont surnommé MacArthur Gaijin Shogun (« le généralissime étranger ») mais pas avant sa mort en 1964. On l’appelait aussi au Japon le shogun aux yeux bleus.

MacArthur s’envola pour Washington avec sa famille en avril 1951. Il s’agissait de la première visite de son épouse Jean aux États-Unis continentaux depuis 1937 lors de leur mariage et leur fils Arthur IV, à présent âgé de 13 ans, n’était jamais allé en Amérique. MacArthur fit sa dernière apparition officielle lors d’un discours d’adieux au Congrès qui fut interrompu par cinquante ovations.

Douglas MacArthur mourut d’une cirrhose biliaire primitive à l’hôpital Walter Reed de Washington le 5 avril 19647. Kennedy avait autorisé des obsèques nationales et Johnson confirma la directive en ordonnant qu’il soit inhumé « avec tous les honneurs qu’une nation reconnaissante puisse conférer à un héros défunt ». Le 7 avril, le corps de MacArthur fut emmené par train jusqu’à Union Station puis transporté jusqu’au Capitole. Environ 150 000 personnes défilèrent devant sa dépouille. Le cercueil fut ensuite inhumé dans la rotonde du Mémorial Douglas MacArthur à Norfolk en Virginie.

En 1960, le maire de Norfolk avait proposé d’organiser une collecte de fonds auprès du public pour transformer l’ancien palais de justice de la ville en un mémorial pour le général MacArthur et pour accueillir ses documents, ses décorations et ses souvenirs. Restauré, le bâtiment abrite neuf galeries retraçant la carrière militaire du général. Au cœur du mémorial se trouve une rotonde avec une crypte circulaire accueillant deux sarcophages de marbre, un pour MacArthur et le second pour Jean, qui continua de vivre dans la suite du Waldorf jusqu’à sa mort en 2000.

Source : Wikipédia.

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