Charles Ferdinand Ramuz, poète et écrivain.

Charles Ferdinand Ramuz, né à Lausanne le 24 septembre 1878 et mort à Lausanne le 23 mai 1947, est un écrivain et poète suisse. Son œuvre comprend des romans, des essais et des poèmes où figurent au premier plan les espoirs et les désirs de l’être humain. Ramuz s’est inspiré d’autres formes d’art (notamment la peinture et le cinéma) pour contribuer à la redéfinition du roman.


Charles Ferdinand Ramuz est né le 24 septembre 1878 à Lausanne. Il est le troisième enfant d’un mariage entre son père Émile, tenancier d’une épicerie de denrées coloniales et de vin, et sa mère Louise (née Davel), descendante du major Abraham Davel. Avant sa naissance, la famille a connu deux malheurs avec la mort en bas âge des deux aînés : Charles et Ferdinand. Le prénom de Charles Ferdinand Ramuz est d’ailleurs un rappel des deux prénoms de ses frères disparus. Par la suite, la famille s’agrandit avec la naissance d’une sœur, Berthe, puis d’un frère cadet, Oscar. N’aimant pas son « prénom d’archiduc », Charles Ferdinand choisit de l’abréger C. F. Le patronyme se prononce « Ramu ».

Un article nécrologique est consacré à Émile Ramuz lors de son décès le 15 février 1910 dans le Nouvelliste vaudois du 17 février 1910, où il est indiqué qu’il est né le 10 février 1847 à Sullens et a été élevé à Mex. Il fut d’abord agriculteur, puis négociant de 1863 à 1895, où il revint à l’agriculture, puis s’était retiré pour devenir administrateur de la Société des Chocolats Croisier et de la Société suisse d’ameublement. Il a également fait partie du Conseil communal de Lausanne de 1901 à fin 1909. Recruté en 1866 dans l’infanterie, il était parvenu au grade de capitaine et avait pris part en 1870-71 à l’occupation des frontières de la guerre franco-allemande. Au moment du décès, il habite avec son épouse à l’avenue de Beaulieu 5 à Lausanne, et a été enterré au cimetière de la Pontaise, qui aujourd’hui n’existe plus. Louise Ramuz-Davel meurt quant à elle le 20 juin 1925 dans sa 74e années, et le culte a lieu à l’église de Cully. D’autres mentions d’articles de journaux sont consacrés à Émile Ramuz de manière moins connue. Dans le journal L’Estafette du 26 août 1873 on y lit à l’état civil de Lausanne qu’Émile-Charles Ramuz et Jeanne-Louise-Henriette Davel se marient le 24 août 1873. Dans le Nouvelliste vaudois du 24 mai 1876, l’annonce du décès de Charles-Isaac-Emmanuel fils d’Émile Ramuz, le 14 mai, à l’âge de 22 ans, habitant rue du Maupas 12. L’âge de l’enfant est faux, car l’article de l’Estafette du 22 mai, indique quant à lui, 22 mois. Dans le Nouvelliste vaudois du 2 juillet 1878, est annoncé le décès de Ferdinand, âgé de deux ans 1/2, survenu le 18 juin et habitant rue Haldimand 6 à Lausanne. L’indicateur des adresses de Lausanne de l’édition 1880 indique comme adresse d’Émile Ramuz, la rue Haldimand 6, ceux de 1886 et 1895, la rue du Pré-du-Marché, 10 bis. Dans la rubrique du 24 Heures, Hier et aujourd’hui, du 11 mai 1991, où sont comparées deux photos d’époque, l’une de 1903 et l’autre en 1991, la prise de vue du lieu mentionne également l’épicerie d’Émile Ramuz à la rue Haldimand par ces termes : « La maison tout à gauche, qui fait angle avec la rue Haldimand, accueillit en 1876 la famille de Charles-Émile Ramuz-Davel; dans cet immeuble, rue Haldimand 6, naquit en 1878 Charles Ferdinand, notre écrivain. L’épicerie que les parents Ramuz ont tenue jusqu’en 1882-1885 subsista jusqu’à l’arrivée, vers 1925 du droguiste Alfred Widmer. En 1903, l’épicerie appartient à Paul Campiche, alors que le magasin suivant est le salon de coiffure d’Alexis Cuérel-Bron, installé dès 1903 ». La fondation Ramuz indique qu’à la suite d’une dégradation de son état de santé, Émile Ramuz s’installe avec sa famille à la campagne, à Cheseaux-sur-Lausanne, où il acquiert une ferme dont l’exploitation est confiée à un employé. Mis en pension à Lausanne dans la famille Grivel, Charles Ferdinand Ramuz se lie avec Benjamin Grivel, de deux ans son aîné. En 1900, après la vente du domaine de Cheseaux, installation de la famille Ramuz à Lausanne, à Joli-Site, route de Morges.

Durant sa jeunesse, C. F. Ramuz vit donc d’abord à Lausanne, puis à Cheseaux-sur-Lausanne, et poursuit ses études dans des établissements vaudois. La famille vit dans un certain confort matériel, les affaires paternelles étant plutôt prospères, et tournée vers les idées, la mère de Ramuz affichant une proximité avec l’église protestante libre. Une fois sa scolarité primaire terminée, Ramuz entre au Gymnase classique de Lausanne en 1894 et en réussit sa maturité en 1896. Puis, il entreprend une licence ès lettres à l’Université de Lausanne, diplôme qu’il obtient en 1900. Il enseigne ensuite au collège d’Aubonne.

Ces années vaudoises sont l’occasion pour lui d’affirmer son intérêt pour la littérature et les disciplines artistique1. En 1896, Ramuz voyage à Karlsruhe et y rédige ses premiers poèmes. À cette occasion, le jeune homme prend la résolution de devenir écrivain, vocation qui sera encouragée par sa mère.

À 20 ans, Ramuz suit sa vocation littéraire et part pour Paris au cours de l’hiver 1900-19012. Rejoignant une ville majeure des arts et de la littérature, son objectif est de poursuivre sa formation en y effectuant une thèse de doctorat, dont le sujet porte sur l’œuvre du poète français Maurice de Guérin.

Jusqu’en 1904, les débuts parisiens de C. F. Ramuz sont difficiles et solitaires. Malgré de premières recherches, il abandonne rapidement son projet de thèse. En réalité, le jeune homme est profondément transformé par son contact avec les lettres classiques françaises. Il commence notamment à y découvrir son rapport à la « langue vaudoise », une forme de français marquée par un rythme et des intonations particuliers. Plus tard, l’auteur évoque cette période – faite de longs séjours parisiens entrecoupés de retours en Suisse pour les vacances – en expliquant qu’elle lui a permis de s’affirmer en tant que Vaudois.

Après l’abandon de ses études doctorales, Ramuz écrit ses premiers textes. Il publie ainsi son premier recueil de poésie à compte d’auteur en 1903 : Le Petit Village. Par ailleurs, il s’attèle à la rédaction d’un roman, Aline, qui sera publié en 1905 aux éditions Perrin.

À partir de 1904, Ramuz trouve ses marques dans les sociétés littéraires romandes et parisiennes. Il partage alors son temps entre Paris, la Suisse romande et différentes destinations de voyage. Dans la capitale française, il est introduit dans le salon d’Édouard Rod, qui sera d’ailleurs l’intermédiaire permettant au jeune écrivain de publier son roman Aline. Paris offre l’occasion à Ramuz de fréquenter de nombreux écrivains et artistes, suisses ou français : il partage un temps un logement avec Charles-Albert Cingria, rencontre le peintre René Auberjonois, avec qui il se lie d’amitié ; il y retrouve Henry Spiess et Adrien Bovy, et il y fait également la connaissance des frères Tharaud et d’André Gide.

Ses collaborations se font plus nombreuses. Ainsi, il écrit pour des titres romands phares comme la Gazette de Lausanne, le Journal de Genève ou la Bibliothèque universelle et crée la revue La Voile latine. Le rythme de ses publications littéraires augmente également19. Quatre autres romans sont ainsi édités durant cette période – Les Circonstances de la vie (1907), Jean-Luc persécuté (1909), Aimé Pache, peintre vaudois (1910) et Vie de Samuel Belet (1913) – ainsi qu’un recueil en prose – Adieu à beaucoup de personnages. Ces publications lui valent un début de reconnaissance par ses pairs. Le roman Les Circonstances de la vie est en effet sélectionné pour le Prix Goncourt, et Aimé Pache, peintre vaudois reçoit le Prix Rambert en 1912.

Sur le plan personnel, Ramuz rencontre Cécile Cellier, une artiste peintre originaire de Neuchâtel, durant ces années. Le couple se marie en 1913 et accueille la naissance d’une fille, Marianne, la même année.

En juin 1914, la famille quitte définitivement Paris, quelques semaines avant le début de la Première Guerre mondiale.

À leur retour en Suisse, les Ramuz s’installent à Lausanne1. Charles Ferdinand y poursuit sa carrière littéraire en soutenant notamment ses amis Edmond Gilliard et Paul Budry qui viennent de créer les Cahiers vaudois, publication littéraire sur le modèle des Cahiers de la quinzaine de Charles Péguy. À cette occasion, Ramuz signe le manifeste de la revue sous forme d’un essai : Raison d’être. Les mois suivants, il occupe la direction de la rédaction et y publie plusieurs textes.

Durant cette période, Ramuz montre un intérêt marqué pour d’autres formes artistiques que l’écriture. Inspiré par la peinture et la musique, il publie un texte sur Paul Cézanne – L’exemple de Cézanne (1914) – et entame une collaboration avec Igor Stravinsky alors réfugié en Suisse. Celle-ci aboutira pour le Vaudois à l’écriture de plusieurs textes comme Noces, Renard et surtout l’un de ses chefs-d’œuvre, Histoire du soldat publié en 1918 et accompagné d’une musique écrite par le compositeur russe.

À partir de cette époque, le style de l’auteur évolue et s’affirme3. Le caractère explicatif de ses romans s’efface progressivement au profit d’un traitement plus épique des évènements et des personnages. Les thèmes qu’il aborde se font également plus sombres et spirituels : la mort (Terre du ciel, 1921 et Présence de la mort, 1922), la fin du monde (Les Signes parmi nous, 1919), le mal (Le Règne de l’esprit malin, 1915), la guerre (La Guerre dans le Haut-Pays, 1917) ou les miracles (La Guérison des maladies, 1917). C’est pour l’écrivain romand une période de transition durant laquelle il élabore également une langue directe, propre à exprimer la vie des communautés paysannes et montagnardes qui constituent les viviers de ses personnages.

Sur le plan matériel, ces années sont difficiles pour Ramuz et sa famille. Bien qu’il obtienne une nouvelle fois le Prix Rambert en 1923 pour Passage du poète, les écrits de l’auteur sont peu prisés du public et de la critique. Le monde littéraire lui reproche notamment de s’enfermer dans ses choix stylistiques et d’adopter un langage manquant de finesse. C. F. Ramuz se retrouve progressivement isolé, aussi bien du milieu littéraire parisien que suisse.

À partir des années 1924 et 1925, la carrière de C. F. Ramuz connaît son plus important tournant. Grâce à ses contacts avec l’écrivain français Henry Poulaille, il parvient à signer avec la maison d’édition Grasset en 1924. Cette signature lui permet alors de retrouver une position dans les cercles littéraires francophones des années 1920 et une certaine influence auprès de ses pairs, notamment Jean Giono ou Louis-Ferdinand Céline. Les relations de Ramuz avec d’autres écrivains et artistes se font plus intenses. En 1926, il réalise ainsi un voyage en Auvergne (Puy-de-Dôme) avec Paul Budry et le peintre Henri Bischoff au cours duquel il rencontre l’écrivain Henri Pourrat, le médecin artiste Jos Jullien, l’éditeur et poète Charles Forot, et l’historien de l’art Jean-Marie Dunoyer.

Sur le plan de l’écriture, Ramuz atteint sa maturité stylistique à partir de 1925. S’ouvre alors une période prolifique durant laquelle l’écrivain publie nombre de ses œuvres majeures. Ainsi, La Grande Peur dans la montagne est publié dès 1925, suivi notamment par Farinet ou la Fausse Monnaie en 1932 ou Derborence en 1934. Les querelles qui entourent sa langue ne s’éteignent toutefois pas avec cette reconnaissance. Par exemple, Les Cahiers de la quinzaine lui consacrent un numéro en 1926, Pour ou contre Ch.-F. Ramuz, dans lequel différents auteurs prennent position sur son style. Le Vaudois se défendra en 1929 dans un plaidoyer pro domo intitulé Lettre à Bernard Grasset.

En parallèle de cette nouvelle position parisienne, Ramuz peut compter sur le soutien de l’éditeur et mécène Henry-Louis Mermod. Celui-ci assure la bonne diffusion des œuvres ramuziennes en Suisse et permet ainsi à l’auteur de s’installer comme référence littéraire romande. Toujours en Suisse, Ramuz assure avec Gustave Roud la direction de la revue Aujourd’hui.

Villa La Muette à Pully. Charles Ferdinand Ramuz y a vécu avec sa famille à partir de 1930. Il y meurt en mai 1947.

À partir des années 1930, C. F. Ramuz atteint la reconnaissance littéraire. En 1930, il reçoit le Prix Romand et en 1936 grand prix de la Fondation Schiller1,3. La famille accède alors à une nouvelle aisance financière et l’auteur acquiert en 1930 la villa La Muette, une maison vigneronne à Pully qui surplombe le vignoble et le lac Léman.

En marge de son activité romanesque et poétique, Ramuz s’engage dans la publication d’essais à partir des années 1930. Marqué par les changements sociétaux qui émergent, le Vaudois développe une série de réflexions morales, politiques et philosophiques qui aboutit à la publication de trois essais : Taille de l’homme publié en 1933, Questions en 1935 et Besoin de grandeur en 1937.

Bien qu’il reste fidèle aux éditions Grasset et ne rejoigne pas la maison Gallimard, Ramuz publie plusieurs textes dans La Nouvelle Revue française au cours des années 1930. Il signe par exemple le texte Une main en 1933 dans lequel il aborde la question de l’infirmité physique.

À partir de la fin des années 1930, le travail de C. F. Ramuz prend une nouvelle orientation et devient plus autobiographique. S’il continue à publier des fictions comme La Guerre aux papiers (1942) ou des nouvelles, ses écrits abordent majoritairement ses souvenirs ainsi que les thèmes et les personnalités qui ont émaillé sa vie. À son précoce Souvenirs sur Igor Stravinsky publié en 1928, il ajoute en 1938 Paris, notes d’un Vaudois, Découverte du monde en 1939 et René Auberjonois en 1943.

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et la défaite française de juin 1940, Ramuz se retrouve isolé, heurté par des événements en contradiction avec ses convictions personnelles. Proposé en 1943 et 1944 par la Société des écrivains suisses pour le prix Nobel de Littérature, les deux candidatures échouent. Touché finalement par la maladie, il passe les dernières années de son existence dans l’écriture – notamment de son journal – et la préparation de publications inédites ainsi que de ses œuvres complètes chez Mermod.

Charles Ferdinand Ramuz meurt le 23 mai 1947 à La Clinique de La Source à Lausanne. Son épouse décède 9 ans plus tard, en 1956.

Source : Wikipédia.

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