Aldo Moro, homme d’état.

Aldo Moro, né le 23 septembre 1916 à Maglie et mort assassiné le 9 mai 1978 à Rome (ou ses environs), est un homme d’État italien membre de la Démocratie chrétienne (DC).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est professeur de droit pénal. Il est élu député en 1946, entre pour la première fois au gouvernement en 1955 et dirige la Démocratie chrétienne entre 1959 et 1963. Il exerce deux fois les fonctions de président du Conseil des ministres d’Italie et dirige par deux fois la diplomatie italienne.

Partisan du « compromis historique » entre les chrétiens-démocrates et les communistes, il est enlevé en mars 1978 par les Brigades rouges. Il est séquestré 55 jours et finalement assassiné par ses geôliers. Les conditions de sa mort et l’incapacité des autorités de l’époque à le sauver restent des sujets polémiques dans la classe politique et les médias italiens.


Professeur de droit pénal à la faculté de droit de l’université de Bari à partir de 1940, Aldo Moro rejoint, en 1941, la FUCI (Fédération universitaire des catholiques italiens) et en devient le président.

Après la Seconde Guerre mondiale, il est élu à l’Assemblée constituante en 1946.

Moro participe à la rédaction de la nouvelle constitution. Il est ensuite réélu comme député à la Chambre des députés en 1948 pour y servir jusqu’à sa mort. Il est sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1948-1950), garde des sceaux, ministre de la Justice (1955-1957), de l’Éducation nationale (1957-1958) et des Affaires étrangères (1969-1972 et 1973-1974).

Il est secrétaire de la Démocratie chrétienne de 1960 à 1963 et président de ce parti de 1976 jusqu’à sa mort.

Juriste renommé, il a été professeur de droit et de procédure pénale à la faculté de sciences politiques de l’université de Rome « La Sapienza » de 1960 jusqu’à la mort.

Pendant les années 1970, Moro porta son attention sur le projet d’Enrico Berlinguer de compromis historique. Le dirigeant du PCI (Parti communiste italien) proposait une alliance entre les communistes et les démocrates-chrétiens à une époque de grave crise économique, politique et sociale en Italie. Moro, qui présidait alors la Démocratie chrétienne, fut l’un de ceux qui contribuèrent à former un gouvernement de « solidarité nationale ».

Moro fut chef de cinq gouvernements de centre-gauche, de décembre 1963 à juin 1968, puis à nouveau de novembre 1974 à avril 1976. Mais jamais il ne put diriger une coalition issue du compromis historique.

L’Italie passa un accord dénommé « pacte Moro » avec les groupes palestiniens pour qu’ils puissent transiter et passer des armes sur le territoire italien sans être inquiétés, en échange de l’engagement à ne pas accomplir d’attentats sur son sol. Le pacte aurait tenu jusqu’à la mort d’Aldo Moro.

Le 16 mars 1978, Aldo Moro est enlevé en plein Rome, rue Mario Fani, par les Brigades rouges, un groupe terroriste d’extrême gauche dirigé par Mario Moretti. Les assaillants assassinent froidement les cinq gardes du corps de Moro afin de l’enlever. Après une détention de 55 jours, Moro est assassiné le 9 mai à Rome. Son corps est retrouvé le jour même dans le coffre d’une Renault 4L.

Moro était en route pour une session de la Chambre des députés lorsqu’il a été enlevé. Lors de cette session, les députés devaient discuter le vote de confiance au nouveau gouvernement de Giulio Andreotti qui, pour la première fois, recevait l’aval du Parti communiste. Ce devait être la première application de la vision stratégique que partageait Moro avec Berlinguer de compromis historique.

Les Brigades rouges proposèrent d’épargner la vie de Moro en échange de la libération de plusieurs de leurs compagnons emprisonnés.

Pendant cette période, Moro écrivit des lettres aux principaux dirigeants de la Démocratie chrétienne (DC) ainsi qu’au pape Paul VI (qui plus tard célébra personnellement la messe de funérailles de Moro). Dans ses lettres, Moro prônait comme objectif prioritaire pour l’État de sauver des vies, et affirmait que le gouvernement devait s’évertuer à satisfaire les  revendications de ses geôliers. La plupart des dirigeants du parti de la DC soutenait que les lettres ne reflétaient pas les aspirations sincères de Moro, et refusèrent toute tentative de négociation, rejetant ainsi les requêtes de la famille Moro. Dans son appel aux terroristes, le pape Paul VI demanda la libération « sans conditions » de Moro.

Suivant les indications des Brigades rouges, son corps sans vie fut retrouvé dans le coffre d’une Renault 4L rouge stationnée via Caetani, à mi-chemin du trajet entre le siège national de la Démocratie chrétienne et celui du Parti communiste.

Il avait été abattu de douze balles tirées dans la poitrine.

Le 13 mai suivant, le pape Paul VI a célébré une messe solennelle pour la mort d’Aldo Moro, ami et allié de longue date, à laquelle de nombreuses personnalités politiques italiennes ont participé. Cette cérémonie funéraire a été célébrée sans la dépouille de Moro sur le souhait explicite de la famille, qui n’y a pas participé, disant que l’État italien avait fait peu ou rien pour sauver sa vie, et refusant les funérailles d’État et choisissant de procéder aux funérailles en forme privée à l’église de san Tommaso de Torrita Tiberina, une petite ville de la province romaine où l’homme d’État aimait se reposer, et où il a été aussi enterré.

Le procès des ravisseurs d’Aldo Moro, impliquant 63 accusés, s’est tenu du 14 avril 1982 au 24 janvier 1983 à Rome. Il s’est soldé par 32 condamnations à perpétuité (dont plusieurs par contumace, comme Alessio Casimirri), une vingtaine de condamnations totalisant 316 ans de prison et quatre acquittements. Le 27 janvier, les brigadistes emprisonnés dans la prison de Palmi, incluant des chefs « historiques » du mouvement comme Renato Curcio, font parvenir à la presse des documents dans lesquels ils reconnaissent l’échec de leur action et remettent en cause toute forme de terrorisme. Le 14 mars 1985, le jugement de la cour d’appel, confirmé par la Cour suprême, efface 10 condamnations à perpétuité, en lien avec la politique de modération envers les repentis mise en place avec succès au début des années 1980.

Certains ont envisagé que les lettres de Moro comportaient des messages codés à l’attention de sa famille et de ses collègues. D’autres ont douté de la validité de ces lettres et envisagé une éventuelle censure. Le chef des carabiniers Carlo Alberto Dalla Chiesa (qui sera plus tard assassiné par la mafia) trouva des copies des lettres de Moro dans une maison milanaise ayant appartenu à des terroristes. Mais ce ne fut que des années après cette découverte qu’elles furent rendues publiques.

L’affaire demeure des plus mystérieuses car en dépit des condamnations, il n’existe toujours aucune certitude concernant la composition exacte du commando, l’identité des assassins, le lieu de sa détention et les conditions de son jugement. Quelques semaines avant l’enlèvement le préfet de police Domenico Migliorini, jugé trop efficace dans la lutte contre le terrorisme[pas clair], avait été changé.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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