Yves Hélory de Kermartin (ou Yves de Tréguier, ou Saint Yves), patron des hommes de loi.

Yves Hélory de Kermartin (ou Yves de Tréguier, ou saint Yves dans la tradition catholique), né probablement le 17 octobre 1253 au manoir de Kermartin, à Minihy, près de Tréguier (aujourd’hui Minihy-Tréguier, Bretagne), où il est décédé le 19 mai 1303, est un prêtre et official du diocèse de Tréguier, sous le règne de Jean Ier de Bretagne. Il consacra sa vie à la justice et aux pauvres, aussi fut-il canonisé le 19 mai 1347 par le pape Clément VI. On le fête le 19 mai.

Saint Yves est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle d’avocat. Il est également saint patron de la Bretagne et fait l’objet d’un grand pardon (une célébration annuelle à caractère religieux), dans la ville de Tréguier, près de laquelle il est né et où il a vécu.

Aucun récit contemporain de la Vie de saint Yves ne nous est parvenu, mais la procédure entamée en 1330 pour aboutir à sa canonisation a servi de document de référence. L’enquête de canonisation s’ouvre le 26 février 1330 et aboutit positivement le 19 mai 1347. Elle nous fournit un certain nombre de témoignages sur ce que fut sa vie et la manière dont les gens le percevaient. Ceux qui l’ont connu témoignent, ceux qu’il a guéris racontent. Après sa canonisation, plusieurs récits de sa vie ont été écrits en français, en latin, en breton, en italien.

Yves Hélory (ou Héloury selon l’enquête de canonisation) est né au milieu du XIIIe siècle, probablement le 17 octobre 1253, dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier. Il est le fils d’Hélory, seigneur de Kermartin et d’Azo (ou Azou) de la maison du Kenquis (en français le Plessix). Sa mère prétendit qu’un songe lui aurait révélé que son fils serait un saint. En 1257, Jean de Kerhos (Kergoz ou Kerc’hoz), clerc de la paroisse de Pleubian, précepteur de l’enfant, l’accompagne à Paris où le jeune homme est envoyé pour suivre des études universitaires. Il y fait ses humanités, suivant des cours de théologie, probablement à la Sorbonne. À 18 ans, il obtient une licence, puis la maîtrise et le doctorat en théologie, ainsi qu’un doctorat en droit, à 24 ans. Il poursuit des études de droit à l’université d’Orléans dont la faculté est réputée à travers toute l’Europe à cette époque. Déjà, il se fait remarquer par sa vie de privation en faveur des pauvres.

Saint Yves, Belgique (1996).

Ses études achevées trois ans plus tard, il revient travailler en Bretagne à Rennes, où il devient conseiller juridique du diocèse. L’évêque de Tréguier remarque ses talents et le presse de revenir à Tréguier. Sa mère meurt en 1280. Étant le fils aîné de la famille Heloury, il hérite de tout le patrimoine familial. Invitant volontiers les indigents à sa table, il recueille deux orphelins, Derrien Guiomar, dominicain, et Olivier Floc’h.

En 1284, l’évêque de Tréguier Alain de Bruc le nomme official, l’ordonne prêtre. Il le nomme recteur de la paroisse de Trédrez puis en 1292 de celle de Louannec, proches des terres de son enfance. En 1293, il fait construire un refuge pour les indigents, Crech-Martin (ou Krech-Martin).

Alors que ses prédécesseurs prêchaient en latin, Yves étonne ses paroissiens en le faisant en breton, rendant ainsi accessible au peuple la compréhension de l’Évangile et de son message. Il se déplace beaucoup à pied dans la région de Tréguier, est vu plusieurs fois dans la même journée à des lieux différents et de bonne distance. Les gens l’apprécient pour sa façon de rendre la justice, il est réputé pour son sens de l’équité qui lui interdit de privilégier le riche sur le pauvre.

Un certain nombre de faits sont rapportés dans l’enquête de canonisation sur la manière dont Yves Hélory rendait justice. Ainsi à Rennes, doit-il traiter une affaire opposant un aubergiste à un mendiant. Ce dernier est accusé par le premier d’avoir été pris à rôder autour des cuisines ; comme l’aubergiste ne peut l’accuser d’avoir volé de la nourriture, il l’accuse de se nourrir des odeurs de sa cuisine… Yves Hélory prend quelques pièces dans sa bourse et les jette sur la table devant lui ; l’aubergiste tend la main pour les prendre mais saint Yves retient sa main. L’aubergiste s’exclame : « c’est à moi » Yves lui répond « ah non ! le son paye l’odeur, à cet homme l’odeur de ta cuisine, à toi le son de ces pièces ! ». En arrière-fond de ce petit épisode plutôt amusant, saint Yves sera reconnu par les démunis comme l’avocat qui fait justice aux pauvres et ne tient pas compte de la condition sociale. C’est ainsi qu’autrefois dans un vieux cantique populaire, on le fêtait en chantant « Sanctus Yvo erat brito; advocatus sed non latro, res mirabilis (miranda) populo », « Saint Yves était breton, avocat mais pas voleur, chose admirable pour le peuple ! ».

Saint Yves, carte maximum, Tréguier, 1956.

Son attachement aux pauvres et au soulagement de leur misère est de notoriété publique. Il a dû bien scandaliser sur le moment ces deux femmes qui bavardaient près de l’Hôtel-Dieu à Tréguier. Elles rapporteront le fait au procès de canonisation : entré environ une heure plus tôt dans l’hospice, Yves en sort à moitié nu et passe devant elles en courant vers Minihy où se trouve son manoir. Les femmes se demandent ce qui a bien pu se passer, elles entrent dans l’hôtel-Dieu et remarquent qu’un malade porte telle pièce des vêtements d’Yves, un autre telle autre, etc.

Après une vie d’ascèse, de prière et de partage, mangeant très peu et vivant très pauvrement en distribuant ce qu’il a (il ne mangeait que deux œufs le jour de Pâques et tenait table ouverte pour les pauvres en son manoir), Yves Hélory abandonne sa charge au diocèse en 1298 pour se consacrer entièrement à la contemplation. Il s’éteint le 19 mai 1303. Ses obsèques à la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier où est érigé son mausolée, sont l’objet d’un faste et d’une ferveur populaire extraordinaire ; pour tous, il devient le « mirouër des ecclésiastiques, avocat et père des pauvres, veuves et orphelins ». Il meurt a Kermartin le 19 mai 1303.

Les premières démarches afin d’obtenir la reconnaissance officielle auprès de la papauté sont initiées par le duc de Bretagne Jean III. Le pape Jean XXII donne une bulle en date du 26 février 1330, décrétant l’ouverture d’une enquête sur la vie et les miracles d’Yves Hélory, et nomme à cet effet trois commissaires apostoliques chargés de se rendre sur place pour entendre les témoins. Leur audition de 300 témoins débute le 23 juin 1330 à Tréguier et s’achève le 4 août suivant. Le 4 juin 1331, les procès-verbaux des enquêtes sont présentés en plein consistoire au pape qui nomme, séance tenante, trois cardinaux chargés d’examiner la cause et de préparer la tenue d’un consistoire au terme duquel il donnera sa décision finale. Par acte du 19 mai 1347, le pape Clément VI, canonise officiellement Yves Hélory en l’inscrivant au catalogue des saints et en fixant au 19 mai le jour de la célébration de saint Yves. Le 29 mai 1347, à la levée du corps du saint, sa tête est placée dans un reliquaire et le reste des reliques mis dans un sépulcre que Jean V de Bretagne fait surmonter d’un monument, dans la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier.

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Sources : Wikipédia, Youtube.