Ville de Novi Sad (Serbie).

Novi Sad (en serbe cyrillique : Нови Сад ; en hongrois : Újvidék) est une ville et une municipalité de Serbie située dans la province autonome de Voïvodine et dans le district de Bačka méridionale. Selon les données du recensement de 2011, la ville intra muros compte 231 798 habitants, la municipalité 307 760 et le territoire métropolitain de Novi Sad, appelé ville de Novi Sad (Град Нови Сад et Grad Novi Sad), 341 625.

Novi Sad, située aux confins des régions de la Bačka et de la Syrmie, est la capitale de la Voïvodine. Par sa population, elle est la deuxième plus grande ville de Serbie après Belgrade1. Depuis sa fondation en 1694, elle est devenue l’un des centres les plus importants de la culture serbe, ce qui lui a valu le surnom d’« Athènes serbe ». Novi Sad est aujourd’hui un important centre économique et financier du pays.


Sur le territoire de l’actuel secteur urbain de Novi Sad, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une présence humaine remontant à l’âge de la pierre (vers 4500 av. J.-C.) ; plusieurs localités et des nécropoles ont été découvertes lors du percement du Bulevar Evrope (le « boulevard de l’Europe ») dans le quartier d’Avijatičarsko naselje, qui furent datées de 5000 av. J.-C. Lors de fouilles, une autre localité, datant du début du Paléolithique (19000 à 15000 av. J.-C.), a été repérée sur la rive droite du Danube, à l’emplacement de l’actuelle forteresse de Petrovaradin.

Dans l’Antiquité, la région a été habitée par les Illyriens, les Thraces et par des tribus celtes, notamment les Scordisques, qui au IVe siècle av. J.-C. construisirent une première forteresse sur la rive droite du Danube. Au Ier siècle av. J.-C., elle fut conquise par les Romains qui l’inclurent dans la province de Pannonie et donnèrent à la forteresse celte le nom de Cusum. Selon Ammien Marcellin, un historien romain du ive siècle, une villa appelée Villa Pistrensis se trouvait sur la rive gauche du Danube ; la future impératrice Constantia, femme de l’empereur Gratien, manqua de s’y faire capturer par les Sarmates mais réussit à se réfugier à Sirmium (aujourd’hui Sremska Mitrovica). Ainsi, selon certains, le nom slave de Bistrica, aujourd’hui un quartier de Novi Sad, pourrait être une corruption de Pistrensis. En 1698, dans son Lexicon universale, Jacob Hofmann mentionne cette villa, située « en face de Petrovaradin … à peu près à mi-chemin de Bononia (Banoštor) et de Taurinum (Zemun) », ce qui laisserait supposer que le nom du secteur remonte au moins à 374.

Au Ve siècle, Cusum fut dévastée par l’invasion des Huns. À la fin du siècle, elle fut reprise et reconstruite par les Byzantins qui lui donnèrent le nom de Petrikon. Des tribus slaves comme les Séverianes, les Abodrites et les Serbes vinrent s’installer dans la région de Novi Sad aux VIe et VIIe siècles10. Par la suite, les Serbes assimilèrent la totalité des populations slaves de la région.

Au début du Moyen Âge, la région fut successivement contrôlée par Ostrogoths, les Gépides, les Avars, les Francs et les Bulgares, avant d’être reconquise par les Byzantins. Elle fut finalement intégrée au royaume de Hongrie aux XIe et XIIe siècles ; à cette époque de nombreux Magyars vinrent s’y installer. Dans des documents remontant à 1237, la principale localité du secteur est mentionnée sous son nom hongrois, Peturwarad ou Pétervárad pour Petrovaradin. Du XIIIe siècle au XVIe siècle, plusieurs localités existaient dans l’actuel secteur urbain de la ville : sur la rive droite du Danube, Pétervárad (en serbe : Petrovaradin) et Kamanc (Kamenica), sur la rive gauche Baksa ou Baksafalva (en serbe Bakša ou Bakšić), Kűszentmárton (Sent Marton), Bivalyos ou Bivalo (Bivaljoš, Bivalo), Vásárosvárad ou Várad (Vašaroš Varad, Varadinci), Zajol I (Sajlovo I, Gornje Sajlovo, Gornje Isailovo), Zajol II (Sajlovo II, Donje Sajlovo, Donje Isailovo), Bistritz (Bistrica). D’autres localités figurent aussi sur les cartes, comme Mortályos (Mrtvaljoš), Csenei (Čenej), Keménd (Kamendin) et Rév (Rivica).

En 1526, après la chute de Belgrade en 1521 et à la suite de la bataille de Mohács, les Ottomans s’emparèrent de la région, ce qui provoqua notamment une fuite de la population magyare. En 1590, l’actuel secteur urbain de Novi Sad comptait 105 foyers, habités exclusivement par des Serbes ; en revanche, ledit recensement ne tenait compte que de la population payant l’impôt, sans inclure ceux qui servaient dans l’armée de l’Empire.

Après la bataille de Vienne et la défaite militaire des Ottomans (1683), la région passa sous le contrôle de la monarchie de Habsbourg en 1687. Petrovaradin fut alors désigné sous le nom de Peterwardein.

L’empire des Habsbourgs s’empara de la région à la fin du XVIIe siècle et le gouvernement autrichien interdit aux populations orthodoxes de résider à Petrovaradin. Ainsi, en 1694, les Serbes fondèrent une nouvelle ville nommée Ratzen Stadt, la « ville des Rasciens » ; elle était également connue sous le nom de Petrovaradinski Šanac. En 1718, les habitants du village d’Almaš vinrent s’installer à Petrovaradinski Šanac, où ils fondèrent Almaški kraj, le « quartier d’Almaš ». Selon le recensement de 1720, Ratzen Stadt comptait 112 foyers serbes, 14 foyers allemands et 5 foyers hongrois. La nouvelle ville est désignée sous son nom serbe actuel de Novi Sad et sous son nom hongrois d’Újvidék dans un décret de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche daté du 1er février 1748 lui accordant le statut de « ville libre royale ».

Avec ce nouveau statut, la ville fut dirigée par un maire, dont le premier fut Ignac Hajl, également connu sous le nom de Ignatius Hayll (1748-1752), par un juge et par douze sénateurs ; parallèlement la cité se développa rapidement et, dans les années 1760, elle comptait déjà environ 8 000 habitants, principalement des artisans et des marchands mais aussi des agriculteurs et des maraîchers. Selon le recensement de 1780, elle comptait environ 2 000 foyers, dont 1 144 foyers serbes.

En 1813, le philologue Pavel Jozef Šafárik affirmait qu’à Novi Sad se trouvait « le nid de la nation serbe » et, en 1817,Vuk Stefanović Karadžić, le grand réformateur de la langue serbe, écrivait que Novi Sad était « la plus grande municipalité serbe du monde ». Selon le recensement de 1843, Novi Sad comptait 17 332 habitants, dont 9 675 Chrétiens orthodoxes, 5 724 Catholiques, 1 032 Protestants, 727 Juifs et 30 membres de l’Église arménienne. Les Serbes représentaient la plus grande partie de la population et les Allemands constituaient la seconde communauté dans la ville.

À cette époque, la ville devint un important centre culturel et politique du peuple serbe, rassemblant de nombreuses personnalités qui y naquirent, s’y installèrent ou y séjournèrent, comme Svetozar Miletić, Mihailo Polit-Desančić, Jovan Jovanović Zmaj, Laza Kostić, Đorđe Natošević, Ilija Vučetić, Stevan Branovački, Teodor Mandić, Kosta Trifković ou Arsa Pajević, contribuant à faire de Novi Sad, l’« Athènes serbe » (Srpska Atina).

À partir de 1848, Novi Sad est emportée par un mouvement que les historiens appellent le « Printemps des peuples ; Pendant la révolution hongroise de 1848-1849, la ville fit partie de la Voïvodine de Serbie, une région autonome au sein de l’empire d’Autriche. En 1849, l’armée hongroise, basée dans la forteresse de Petrovaradin, bombarda la ville, causant de nombreux dommages et de nombreuses pertes. Au recensement de 1850, la ville ne comptait plus que 7 182 habitants. Entre 1849 et 1860, elle fit partie d’un domaine impérial autrichien connu sous le nom de voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš. Après la suppression de cette province, elle fut intégrée dans le comitat de Bács-Bodrog. Après le compromis austro-hongrois de 1867, elle fut rattachée au royaume de Hongrie ou Transleithanie, l’une des deux entités de l’Autriche-Hongrie.

À cette époque, le gouvernement hongrois appliqua une politique de magyarisation qui modifia la structure démographique de la ville. Selon le recensement de 1880, 41,2 % des habitants parlaient serbe et 25,9 % hongrois. Jusqu’en 1910, la pourcentage de locuteurs serbes décrut pour atteindre 34,52 %, tandis que, parallèlement, le pourcentage de locuteurs hongrois montait à 39,72 %. À cette époque, Novi Sad possédait une communauté juive comptant 2 326 membres, parlant pour la plupart hongrois.

Parallèlement, cette époque est marquée par le transfert du siège de la Matica srpska du Tekelijanum de Pest au Platoneum de Novi Sad. L’institution devint le symbole de la société civile, de la culture et de l’éducation, ce qui confirma le surnom d’« Athènes serbe » que portait la ville. Les bâtiments endommagés pendant la révolution de 1848-1849 furent restaurés et d’autres virent le jour comme le bâtiment de l’hôtel de ville (1895), le bâtiment du Grand lycée orthodoxe de la ville (1899-1900) ou le palais épiscopal de l’éparchie de Bačka (1899-1901). Beaucoup d’architectes venus de Hongrie introduisirent dans les bâtiments de Novi Sad le style de la Sécession hongroise, variante de l’Art nouveau, particulièrement visible dans le palais Menrath (1908).

Les travaux de la ligne de chemin de fer Budapest-Subotica-Novi Sad-Zemun-Belgrade commencèrent en 1881 ; la gare de l’époque, construite en 1882, se trouvait dans l’actuel quartier de Grbavica ; la ligne entra en activité en 1883 et Novi Sad vit alors l’arrivée de son premier train ; à partir de 1901, un omnibus tiré par des chevaux conduisait les voyageurs de la gare au centre puis, à partir de 1911, cette liaison fut effectuée par un tramway électrique.

Le 3 novembre 1918, un Conseil national serbe et un Conseil de Sauvegarde furent établis à Novi Sad. Le 6 novembre, le Conseil national serbe demanda à la division du Danube, une division de l’armée serbe qui était déjà entrée en Syrmie, de se rendre dans la région de la Bačka. Le 8 novembre, les derniers soldats austro-hongrois évacuèrent la ville, qui passa entièrement sous le contrôle du Conseil national serbe et du Conseil de sauvegarde. Les troupes serbes entrèrent à Novi Sad le 9 novembre 1918.

Le 25 novembre 1918, la Grande assemblée nationale des Serbes, des Bunjevcis et des autres Slaves du Banat, de la Bačka et de la Baranja (en serbe : Velika narodna skupština Srba, Bunjevaca i ostalih Slovena u Banatu, Bačkoj i Baranji), composée de 757 députés (578 Serbes, 84 Bunjevcis, 62 Slovaques, 21 Ruthènes, 6 Allemands, 3 Šokci, 2 Croates et 1 Magyar, réunie à Novi Sad, proclama le rattachement de la Voïvodine au royaume de Serbie ; à partir du 1er décembre 1918, la ville fit partie du royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Selon le recensement de 1921, elle comptait 39 122, dont 16 071 Serbes, 13 065 Hongrois, 6 486 Allemands, 2 663 Juifs, 1 294 Slovaques, 672 Russes et 613 Slovènes.

En 1929, Novi Sad devint le chef-lieu de la banovine du Danube, une province du royaume de Yougoslavie nouvellement proclamé. Selon le recensement de 1931, la banovine du Danube comptait 2 387 495 habitants, dont 56,9 % de Serbes et de Croates, 18,2 % de Hongrois et 16,3 % d’Allemands. Le siège de la banovine, construit entre 1936 et 1939 et aujourd’hui classé (identifiant no SK 200), a été édifié sur des plans de l’architecte Dragiša Brašovan dans un style moderniste.

En 1941, le royaume de Yougoslavie fut envahi puis démembré par les puissances de l’Axe. La partie septentrionale du pays, dont Novi Sad, fut annexée par la Hongrie de Miklós Horthy. Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 5 000 habitants de la ville furent tués et d’autres furent déplacés. Lors du massacre de Novi Sad, qui eut lieu du 21 au 23 janvier 1942, la police hongroise tua 1 246 personnes, parmi lesquelles on comptait 809 Juifs, 375 Serbes, 18 Hongrois, 15 Russes et 2 Ruthènes. Leurs corps furent jetés dans les eaux du Danube. Le nombre total de morts lors du massacre s’élevait à environ 2 500. En 1971, un monument en l’honneur des victimes du massacre a été érigé sur la rive du fleuve ; il est considéré comme un site mémoriel de grande importance de la République de Serbie (n° d’identifiant ZM 30).

Pendant la guerre, Novi Sad connut un mouvement de résistance contre les autorités de l’Axe particulièrement actif et, en 1975, la ville de Novi Sad tout entière a été décorée de l’Ordre du Héros national de Yougoslavie. Les Partisans de Syrmie et de la Bačka entrèrent dans la ville le 23 octobre 1944. Pendant l’Administration militaire du Banat, de la Bačka et de la Baranja (17 octobre 1944 – 27 janvier 1945), Les Partisans pratiquèrent des purges contre ceux qui étaient considérés comme des collaborateurs des puissances de l’Axe ou comme une menace pour le nouveau régime ; la commission d’enquête mise en place en 2009 au sein du ministère serbe de la Justice fait état de 1 326 morts ou disparus à Novi Sad après la libération. Le cimetière commémoratif des combattants de la lutte de libération nationale à Novi Sad est aujourd’hui inscrit sur la liste des entités spatiales historico-culturelles de grande importance de la République de Serbie.

Après la guerre, Novi Sad fit partie de la nouvelle République fédérative socialiste de Yougoslavie ; la ville devint la capitale de la province de Voïvodine, autonome au sein de la République socialiste de Serbie. La ville s’industrialisa rapidement et elle vit sa population plus que doubler entre la fin de la guerre et la chute de la Yougoslavie communiste.

Après 1992, Novi Sad fit partie de la République fédérale de Yougoslavie. En 1999, pendant la guerre du Kosovo, la ville fut gravement endommagée par les bombardements de l’OTAN. Ses trois ponts sur le Danube furent détruits, ainsi que les voies de communication, le système d’alimentation en eau et les installations électriques. Des quartiers résidentiels furent touchés. La raffinerie de pétrole de la ville fut bombardée quotidiennement, ce qui provoqua d’importants dommages écologiques.

En 2003, la ville fit partie de la Serbie-Monténégro et, depuis 2006, elle fait partie de la Serbie indépendante.

Source : Wikipédia.

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