L’école polytechnique de Palaiseau (Essonne).

L’École polytechnique, couramment appelée Polytechnique et surnommée en France l’« X », est l’une des 205 écoles d’ingénieurs françaises accréditées au 1er septembre 2018 à délivrer un diplôme d’ingénieur.

Elle est fondée en 1794 par la Convention nationale sous le nom d’École centrale des travaux publics et militarisée en 1804 par Napoléon Ier. À l’origine située à Paris, l’école est à Palaiseau (Essonne) depuis 1976, cœur du pôle technologique Paris-Saclay. Elle a le statut d’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP-GE), constitue une grande école militaire placée sous la tutelle du ministère des Armées et est membre fondateur de l’Institut Polytechnique de Paris. Elle est connue principalement pour sa formation d’ingénieurs, dont les élèves et anciens élèves sont appelés « polytechniciens ».

L’École assure depuis sa création la formation d’ingénieurs, recrutés chaque année par un concours d’admission parmi les plus anciens et les plus difficiles de ceux que préparent les élèves de classes préparatoires, mais aussi par le biais d’admissions parallèles pour les universitaires. L’École décerne également le diplôme de docteur de l’École polytechnique depuis 1985, forme des élèves de masters depuis 2005 et de bachelors depuis 2017. En majorité, les polytechniciens intègrent les entreprises, privées ou publiques, en France comme à l’international, entrent dans les grands corps de l’État, civils ou militaires, ou s’engagent dans la recherche.

Jouissant d’un grand prestige dans l’enseignement supérieur en France, l’École polytechnique est souvent associée à la sélectivité, à l’excellence académique, mais aussi à l’élitisme et à la technocratie qui sont sources de critiques depuis sa création. Dans l’imaginaire populaire, l’École est associée à certains symboles comme l’uniforme des élèves ou le bicorne.


Au lendemain de la Révolution de 1789, les différentes écoles royales d’ingénieurs ont été fermées. Jacques-Élie Lamblardie, Gaspard Monge et Lazare Carnot, pères fondateurs de l’École, se voient confier la mission d’organiser une nouvelle « École centrale des travaux publics », officiellement créée le 7 vendémiaire an III (28 septembre 1794) et renommée « École polytechnique » un an plus tard. Le projet initial prévoit que l’École polytechnique remplace toutes les anciennes écoles d’ingénieurs. Mais ces anciennes écoles sont finalement rétablies par la loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795) sous le nom d’« écoles d’application » : il devient obligatoire de passer par l’École polytechnique pour y rentrer et tandis que l’École polytechnique dispense une formation théorique et générale, les écoles d’applications assurent la mise en pratique et la spécialisation. Ce monopole de l’École sur le recrutement des grands corps techniques, appelé « privilège », est confirmé par la loi du 25 frimaire an VIII (16 décembre 1799) mais la scolarité est réduite de trois à deux ans afin de compenser la prolongation du cursus dans les écoles d’application. L’École, initialement créée pour former aux emplois publics et privés exigeant un haut niveau scientifique et technique, devient alors très liée aux services publics et le classement de sortie, qui définit le choix du corps, prend une importance considérable. L’École acquiert cependant très vite une grande renommée en sciences et attire des scientifiques de toute l’Europe.

Ecole polytechnique de Palaiseau, carte maximum, 4/06/1977.

En 1804 Napoléon Ier donne à Polytechnique un statut militaire et une devise (« Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire »), caserne les élèves et installe l’École sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris, à l’emplacement des anciens collèges de Navarre, de Boncourt et de Tournai (l’École se situait auparavant à l’hôtel de Lassay). Des travaux sont par la suite entrepris. La militarisation se double d’une spécialisation de l’enseignement vers les mathématiques.

Après l’arrêt de la parution du journal saint-simonien Le Producteur en octobre 1826, les disciples de Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon, parmi lesquels le polytechnicien Barthélemy Prosper Enfantin, donnent toute une série de conférences pendant deux ans, trouvant un écho très favorable à l’École polytechnique. Ainsi, à partir des années 1830 de nombreux élèves de l’École polytechnique sont influencés par les idéologies saint-simonienne et positiviste. L’influence du positivisme sur l’École conduit Friedrich Hayek à la décrire comme la source de l’orgueil scientiste et du socialisme moderne. Cette critique est reprise par Wilhelm Röpke qui voit dans l’École le centre de diffusion d’un courant mécanistique-positiviste au rationalisme effréné voulant construire et organiser l’économie, l’État et la société, suivant des lois prétendument scientifiques.

Pendant les Trois Glorieuses les polytechniciens se mettent aux côtés des insurgés. La réputation de l’École grandit si bien qu’au commencement de la révolution de 1848 les élèves sortent de nouveau dans la rue pour servir de médiateurs entre le pouvoir et les insurgés.

Le Second Empire marque l’élévation sociale des polytechniciens. L’École cesse en effet progressivement d’être un laboratoire scientifique pour s’imposer comme un espace de production de la « noblesse d’État », tout en étendant son emprise sur la gestion des appareils industriels. Certains auteurs, comme Terry Shinn et Bruno Belhoste, considèrent que l’École n’a pas contribué à l’industrialisation de la France pendant cette période et que les polytechniciens se sont contentés de tâches administratives dans les entreprises au lieu d’être des inventeurs et de promouvoir les nouvelles technologies. François Crouzet estime néanmoins que ces critiques sont excessives et que les polytechniciens ont joué un rôle important dans le développement économique de la France au XIXe siècle. L’École devient alors un lieu de conservatisme politique et social d’après Bruno Belhoste, si bien que lors du soulèvement du 18 mars 1871, et à l’inverse des insurrections précédentes, l’École polytechnique ne se place pas du côté du peuple. Après la défaite, l’École prépare la revanche militaire sur l’Allemagne et seuls quelques polytechniciens, comme Henri Poincaré et Henri Becquerel, portent le « flambeau de la science à l’École », si bien que Louis Pasteur attribue la défaite française aux carences de la science française qu’incarne à ses yeux l’École polytechnique et son éloignement de la recherche.

Ecole polytechnique, épreuve de luxe.

À partir de 1914, l’École vit au rythme de la Première Guerre mondiale : les élèves sont mobilisés (principalement dans l’artillerie et le génie), les concours 1914 et 1915 sont annulés, les cours interrompus et les bâtiments transformés en hôpital. L’École ne rouvre partiellement qu’en novembre 1916 mais il faut attendre février 1919 pour que l’hôpital quitte l’École. Au cours de la guerre, quatre maréchaux de France polytechniciens mènent le pays à la victoirec, néanmoins neuf cents polytechniciens périssent durant les combats La guerre confirme la crise latente de l’École, ainsi certains historiens de l’École décrivent la période allant de 1870 à l’entre-deux-guerres comme des « années d’enlisement ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’École ne cesse pas de fonctionner, mais est, comme toute la France, déchirée par les différents courants politiques. Ainsi la catégorie « bis », créée en 1935 pour les élèves français naturalisés depuis moins de huit ans, est étendue aux élèves juifs et un quota de 2 à 3 % d’« israélites » est instauré. Après l’armistice du 22 juin 1940, l’École se replie à Villeurbanne et Lyon et perd son statut militaire. Après l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes fin novembre 1942, le retour de Polytechnique rue Descartes est décidé et il a lieu en avril 1943, en laissant en zone sud les élèves alsaciens, prisonniers évadés et « bis ». Le statut militaire de Polytechnique est rétabli en septembre 1944, après la libération de Paris par les Alliés. En octobre 1945, après le retour d’élèves prisonniers ou résistants, 770 élèves reprennent les cours rue Descartes.

Après la guerre, l’École entame une longue réforme. Le renouveau de la recherche à l’École, initié par la création en 1936 du laboratoire Leprince-Ringuet, se poursuit sous l’impulsion de Laurent Schwartz et de Louis Michel qui développent les laboratoires. En 1956 la décision est prise de porter à 300 l’effectif des promotions et de modifier l’enseignement afin qu’il soit plus en adéquation avec les nouveaux besoins de l’économie nationale. En 1961, une commission étudie le passage à 400 élèves par promotion et conclut que le déménagement de l’École est nécessaire. Dès 1963 le site de Palaiseau est proposé et la décision officielle du transfert est prise en 1964. Les évènements de Mai 68 ne touchent pas beaucoup l’École mais ils accélèrent et élargissent le processus des réformes. Certains professeurs et élèves, comme Louis Leprince-Ringuet et Laurent Schwartz, font le constat des carences de l’École. Ils critiquent un enseignement « resté encyclopédique », « profondément sclérosé », « très en retard sur celui des universités » et demandent l’instauration d’options. Ces recommandations débouchent sur la loi du 15 juillet 1970. Polytechnique reçoit alors un statut civil (tout en restant rattachée au ministère de la Défense) et l’admission des femmes est autorisée à partir de 1972 : dès la première année sept femmes intègre.

Ecole polytechnique, essais de couleurs.

En 1976 le nouveau campus de Palaiseau est inauguré et l’École polytechnique quitte ses locaux historiques parisiens. En 1985, est créé le diplôme de docteur de l’École polytechnique et en 1995, une nouvelle voie du concours est ouverte aux élèves internationaux.

En 2000, la réforme du cycle polytechnicien fixe la durée du cursus à quatre ans, dont huit mois de formation militaire et humaine. En 2005, les premiers diplômes de master de l’École polytechnique sont délivrés. En 2007, l’École polytechnique devient membre fondateur de ParisTech et membre associé d’UniverSud Paris.

Après 2008, l’École polytechnique participe au développement de l’université Paris-Saclay dont la première rentrée se fait en 2014. Ses formations devraient notamment s’inscrire dans les schools de basic sciences et d’engineering. Parallèlement, l’École entreprend à partir de 2013 une profonde rénovation du cursus ingénieur polytechnicien.

Fin 2013, l’École change d’identité visuelle et de logo afin d’être visible dans la compétition internationale. Le nouveau logo reprend le « X », surnom de l’École, ainsi que le blason historique où figure la devise.

En juin 2015, Bernard Attali présente à la demande du Premier ministre un rapport sur l’avenir et la stratégie de l’École, proposant une restructuration en profondeur de l’école et de l’université Paris-Saclay. Suivant l’une de ses propositions, le ministère de la Défense annonce en décembre 2015 l’ouverture d’un système de tutorat d’élèves en fin de classe préparatoire internes recrutés sur critères sociaux à partir de la rentrée 2016, et d’un diplôme de niveau licence (« bachelor ») à partir de 2018. Au 1er janvier 2016, l’École change de statut et devient un Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel de type Grand établissement.

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Sources : Wikipédia, YouTube.