Ville de Neuchâtel (Suisse).

Neuchâtel ; en allemand Neuenburg est une ville de Suisse, capitale du canton de Neuchâtel et de l’ancien district de Neuchâtel. Située dans la région Littoral au bord du lac de Neuchâtel, sur le flanc sud du massif du Jura, elle fait face à la chaîne des Alpes.

Neuchâtel est citée pour la première fois en 1010. Elle est gérée par des comtes de Neuchâtel jusqu’en 1458, puis est soumise à l’autorité de la famille d’Orléans-Longueville jusqu’en 1707. La ville passe ensuite sous l’autorité des rois de Prusse jusqu’en 1848, tout en ayant dès 1814 adhéré à la Confédération suisse en formant l’État de Neuchâtel.

L’économie de la ville a longtemps été liée à l’administration (ville la plus importante de la région) et à l’agriculture (principalement dans les vendanges ). Elle a été dominée par le commerce international au XVIIIe siècle, puis par les secteurs secondaire (horlogerie) et tertiaire. Au tournant des XIXe et XXe siècles, plusieurs hôtels sont construits pour soutenir le tourisme qui accompagne le développement du chemin de fer. La région est fortement industrielle avec la chocolaterie Suchard, les forges et scieries Martenet, l’horlogerie et la fabrication d’indiennes qui se développent durant le XIXe siècle et s’effondrent à la fin du XXe siècle. Elle se renouvelle aujourd’hui grâce aux techniques de pointe et développe un pôle de compétences autour du CSEM et d’une antenne de l’EPFL. La ville est également connue pour son université, son club de football, ses activités industrielles de hautes technologies et, sur le plan touristique, pour son bourg médiéval en zone piétonnière et sa situation en bord de lac avec une vue panoramique sur les Alpes. Elle a en outre été l’une des quatre villes organisatrices d’Expo.02.

En juin 2016 pour Corcelles-Cormondrèche, Neuchâtel et Valangin, puis le 25 novembre 2018 pour ceux de Peseux, les habitants des communes de Peseux, Corcelles-Cormondrèche et Valangin acceptent la fusion avec Neuchâtel, formant ainsi la ville la plus peuplée du canton et la troisième de Suisse romande. Dans le cadre de la réorganisation territoriale du canton, la nouvelle commune issue des quatre anciennes communes historiques est officialisée le 1er janvier 2021 avec un nouveau slogan, Esprit d’ouverture Terre d’innovation, une nouvelle identité visuelle et de nouvelles autorités, élues le 25 octobre 2020.


L’histoire de la ville de Neuchâtel se confond en bonne partie avec celle du Canton de Neuchâtel. La ville de Neuchâtel étant établie au bord du lac, elle a connu du passage depuis la plus profonde Préhistoire. La ville est le principal centre décisionnel du canton dès l’unification avec Valangin (environ 1575), et ce jusqu’à l’industrialisation des communes du Haut à la fin du XVIIIe siècle. La révolution neuchâteloise du 1er mars 1848 partit du Haut pour finir au château de Neuchâtel.

La région neuchâteloise tient une place importante dans la préhistoire suisse, et plus largement dans la préhistoire mondiale. L’essor de l’archéologie préhistorique à Neuchâtel est étroitement lié à la découverte des lacustres à partir de 1854. Les multiples prospections menées sur les rives du lac ont en effet permis de mettre au jour de nombreux vestiges d’habitants littoraux divers ayant contribué à l’essor de l’archéologie en Suisse, notamment concernant l’âge du Bronze ainsi que l’âge du Fer.

Les sciences naturelles, fortement développées dans le jeune canton de Neuchâtel grâce à l’émulation suscitée par le célèbre savant Louis Agassiz, offraient par ailleurs un terreau naturel favorable au développement de ces recherches préhistoriques, dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Avec la correction des eaux du Jura (1868-1882), les plaines inondables du Seeland sont asséchées et les berges des lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat sont exondées sur d’importantes étendues. L’abaissement d’environ 2,7 m du niveau du lac de Neuchâtel dévoile en particulier les vestiges d’occupations palafittiques du Néolithique et de l’âge du Bronze, ce qui stimule la collecte d’objets anciens. Plusieurs sites palafittiques sont explorés sur le territoire de la commune de Neuchâtel, dans des conditions toutefois peu favorables à leur documentation scientifique. De fait, ce n’est qu’entre 1907 et 1917 que la première véritable campagne de fouilles est entreprise par les autorités neuchâteloises et la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, sous la direction de Paul Vouga, sur le site voisin de La Tène, à 8 km au nord/est du centre-ville.

Toutefois, les plus importantes fouilles ayant été réalisées sur le littoral neuchâtelois sont les interventions d’archéologie préventive consécutives à la construction de l’autoroute A5, qui ont notamment entraîné la découverte, à Neuchâtel/Monruz d’un campement de plein air du Paléolithique supérieur.

On connaît peu de traces romaines en ville de Neuchâtel, à l’exception de la Vy d’Etra qui longe le lac sur le flanc du Jura. Elle traverse la ville d’ouest en est approximativement sur le tracé des rues actuelles des Parcs, des Sablons, du faubourg de la Gare, rue de Fontaine-André, de l’Orée, et elle garde son nom Vy d’Etra à la Coudre.

La région de Neuchâtel fait partie de la Burgondie durant le Haut Moyen Âge comme la France limitrophe et le plateau suisse, puis de la Haute-Bourgogne ou Bourgogne transjurane de 888 à 934 et enfin du royaume d’Arles ou des deux Bourgognes de 934 à 1032. Sous ce dernier royaume, Neuchâtel appartient au Saint-Empire romain germanique, dont la Bourgogne est vassale.

  • 1011 : première mention de la ville dans un document écrit
  • 1214 : mention de la bourgeoisie locale et de ses franchises
  • 1457 : décès de Jean de Fribourg sans successeur mâle.

    Le plus ancien document écrit mentionnant la ville de Neuchâtel (plus précisément Novum Castellum) est daté de 1011. Il s’agit d’un acte du roi de Bourgogne Rodolphe III qui offre ainsi la région à sa femme Irmengarde.

En 1032, Neuchâtel passe sous le contrôle direct de l’Empereur germanique Conrad II le Salique qui hérite de la couronne de Bourgogne, sans successeur. Eudes, Comte de Blois et de Champagne, qui revendique le trône bourguignon, prend part à la guerre de succession de Bourgogne, prend le château de Neuchâtel en 1033 et assiège la ville en 1034.

En 1180, on retrouve Ulrich II, probable descendant d’Ulrich de Fenis, à la tête de la région. Ulrich II est le premier seigneur de Neuchâtel, il lance le chantier de la Collégiale (dédicacée en 1276). Il instaure (ou conforte) une bourgeoisie locale par la charte de 1214 qui liste les franchises de la ville de Neuchâtel.

Les terres de l’Évêché de Bâle s’étant enrichies de terres enclavées dans celle du comté de Neuchâtel, des altercations déchirent la région. En 1249, l’évêque de Bâle parvient à incendier la ville de Neuchâtel. C’est à cette date que Berthold, comte de Neuchâtel, fait bâtir les murs de la basse ville.

Durant les XIIIe et XIVe siècles, la ville s’étend à l’est du Seyon.

En 1400, les bourgeois de la ville fomentent des troubles dans le comté de Neuchâtel. En 1450, un incendie ravage à nouveau la ville, partant de l’hôpital (situé alors dans le bloc délimité actuellement par la rue du Concert et la rue de l’Hôpital) et se dirigeant vers l’ouest sous l’effet de la bise, détruisant l’Hôtel de Ville et l’acte de franchise de 1214. Une nouvelle franchise est alors écrite qui précise les privilèges des bourgeois.

Le dernier descendant direct des comtes de Neuchâtel, Jean de Fribourg, décède en 1457 sans successeur mâle, déclenchant une seconde guerre de succession.

  • 1458 Rodolphe de Hochberg succède à Jean de Fribourg
  • 1504 Louis d’Orléans devient comte de Neuchâtel
  • 1540 Guillaume Farel s’installe à Neuchâtel
  • 1707 Marie de Nemours décède sans laisser d’héritier direct

Rodolphe de Hochberg, de la Maison de Bade, et Louis de Châlon, prince d’Orange, dit Louis le bon, se disputent l’autorité sur le comté de Neuchâtel. Le prince d’Orange considère que le comté doit lui revenir car celui-ci était allemand deux siècles plus tôt et qu’en l’absence d’hoirs mâles il revient à son seigneur, d’autant plus que Jean de Fribourg avait épousé Marie de Châlon, sa sœur, en 1416. Rodolphe de Hochberg lui se réclame de la descendance directe (mais par une fille) du grand-père de Jean de Fribourg, du testament écrit par Jean de Fribourg et est soutenu par les bourgeois de la ville. En 1458 Rodolphe de Hochberg succède finalement à Jean de Fribourg.

Le fils de Rodolphe, Philippe de Hochberg, est le comte le plus riche de Neuchâtel. Il prend possession du comté en 1487. Il avait auparavant épousé Marie de Savoie (nièce de Louis XI) et continua à lier des alliances durant tout son règne, en particulier avec Berne et Fribourg. Il conclut en particulier un accord avec son cousin Christophe de Baden par lequel ils se donnent réciproquement, à défaut d’enfants mâles, leurs seigneuries allemandes. Philippe décède en 1503 et laisse une seule héritière, sa fille Jeanne. En 1504 Louis Ier d’Orléans-Longueville épouse Jeanne de Hochberg et devient comte de Neuchâtel. Mais entretemps la famille de Hochberg a perdu le contrôle des terres allemandes et est presque ruinée. En novembre 1530, Neuchâtel est convertie par Guillaume Farel à la Réforme protestante à la suite d’un vote de bourgeois laïques et devient ainsi la première capitale protestante de langue française, bien avant Genève, Lyon ou Nîmes. En 1540, sous le règne de Jeanne et Louis, Guillaume Farel s’installe à Neuchâtel et convertit la région à la Réforme. La famille d’Orléans se succède à la tête de la ville jusqu’à la mort de Marie de Nemours, née d’Orléans-Longueville, qui décède en 1707 sans héritiers directs.

  • En 1579, une crue du Seyon détruit l’Hôtel de Ville et disperse ses archives.
  • 1707 : Neuchâtel devient propriété personnelle du roi de Prusse
  • 1806 : Neuchâtel est confiée par Napoléon au maréchal Berthier

La succession de Marie de Nemours attire une quinzaine de prétendants dans des manœuvres politiques homériques. Le Tribunal des Trois-États, composé de douze juges neuchâtelois, a la compétence de statuer sur la succession de la principauté. Écartant le prince de Conti, le tribunal des Trois-États attribue la souveraineté au roi de Prusse, moins pour des raisons généalogiques que pour des considérations géopolitiques. Frédéric Ier de Prusse a l’avantage d’être de confession réformée et de pouvoir protéger Neuchâtel des appétits français. De plus, l’éloignement géographique du roi permet aux Neuchâtelois de conserver une large autonomie.

En 1714, un incendie détruit tous les bâtiments sis au pied du château. La rue du Pommier et de la tour de Diesse sont reconstruites et modernisées, les rues étant élargies et les maisons étroites alignées et regroupées derrière de plus larges façades.

La Ville de Neuchâtel s’enrichit considérablement durant la période prussienne, en particulier grâce à David de Pury (1709-1786), commerçant et banquier neuchâtelois exerçant au Portugal, qui lègue à sa mort en 1786 toute sa fortune à la Ville et Bourgeoisie de Neuchâtel. Cette somme considérable, provenant du commerce triangulaire, permettra de construire plusieurs bâtiments publics (Hôtel de Ville, Collège Latin, Collège de la Promenade) et de mener à bien des travaux d’utilité publique (détournement du Seyon). Plusieurs Neuchâtelois ayant fait fortune dans le commerce ou la banque en feront profiter leur ville natale. Jacques-Louis de Pourtalès fonde ainsi en 1808 l’hôpital qui porte aujourd’hui encore son nom.

Neuchâtel n’échappe pas aux bouleversements européens sous l’Empire napoléonien. En 1806, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III cède la principauté contre la région du Hanovre à Napoléon. Le Maréchal Oudinot prend possession de Neuchâtel et Vallangin, manifestant un tel tact et un tel respect des populations que les Neuchâtelois lui décernent, à lui et à ses descendants, la citoyenneté d’honneur. Napoléon Ier octroie la principauté en fief d’Empire au Maréchal Berthier qui prend le titre de « Prince de Neuchâtel et Valangin ». Le mardi 18 novembre 1806, au Temple du Bas, les autorités neuchâteloises prêtent serment au nouveau prince, représenté par le gouverneur François de Lespérut (1772-1848). Neuchâtel reste dans le giron français jusqu’à la chute de Napoléon qui provoque l’abdication d’Alexandre Berthier le 3 juin 1814 et la restitution de la principauté à Frédéric-Guillaume III.

  • 1815 signature du pacte fédéral
  • 1848 révolution neuchâteloise

Neuchâtel entre dans la Confédération suisse avec Genève et le Valais en 1814 et signe le Pacte fédéral le 20 mai 1815, tout en restant propriété du roi de Prusse jusqu’à la révolution neuchâteloise de 1848.

La situation politique locale reste instable à l’image de celle de l’Europe, la potence de Neuchâtel est sabotée en 1829.

Grâce à un important legs de David de Pury, le Seyon peut être détourné en 1843. Ce nouveau tracé de la rivière transfigure la ville avec la construction des rues de l’Écluse et du Seyon durant les années qui suivent. Le stand de tir qui était au-dessus de l’ancien Seyon est déplacé sur la colline du Mail en 1882 où il reste jusqu’en 1955.

Les révolutionnaires neuchâtelois partent le 29 février 1848 au soir du Locle (un odonyme : Place du 29 février rappelle cet évènement), descendent de la Chaux-de-Fonds par le col de la Vue des Alpes après s’être fait remettre les clefs de la ville. Ils prennent des canons à l’arsenal et tirent des coups de semonce sur le château de Valangin, entraînant la reddition sans heurts des gardes royalistes. Ils arrivent au petit matin du 1er mars au château de Neuchâtel où ils déclarent la république16,22. Les troubles se poursuivent durant encore une dizaine d’années, avec en particulier une tentative avortée de contre-révolution en 1856 marquée par le sac de l’imprimerie de René-Alfred-Henri Wolfrath. Après une médiation européenne, Neuchâtel est maintenue définitivement dans la Confédération en tant que république.

Source : Wikipédia.

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