Ville de Messine (Italie).

Messine est une ville italienne, chef-lieu de la province de Messine en Sicile.

Ville très ancienne, Messine a atteint son apogée entre la fin du Moyen Âge et le milieu du XVIIe siècle. Elle a été détruite plusieurs fois : la première, en 1678 à cause d’une révolte anti-espagnole, qui a anéanti sa classe dirigeante ; une seconde fois à cause des séismes de février et de mars 1783 en Calabre ;

une autre fois encore, en 1848, à cause d’une autre révolte anti-napolitaine menée contre le roi Ferdinand II et finalement, à cause d’un autre séisme en 1908, qui l’a rasée complètement. Reconstruite en 1912, la ville moderne présente une série ordonnée et régulière de rues larges et rectilignes dans un axe nord-sud. Messine dispose d’une université importante et  historique, fondée en 1548 par Saint Ignace de Loyola. L’économie de la ville est principalement basée sur les services, le commerce, le tourisme et une importante activité industrielle de construction navale.


D’après les mythes, Messine aurait été fondée par le géant Orion. Dans  l’Odyssée d’Homère, Ulysse doit passer le détroit de Messine entre deux monstres, Charybde et Scylla.

Occupé par des établissements sicules, le site est choisi vers 750 av. J.-C. par les pirates chalcidiens venant de Kymé (Cumes) entre 750 et 730 av. J.-C. menés par Périérès puis des colons d’Eubée conduits par Crataiménès. Le nom de la cité, Zancle, proviendrait du sicule « zanclon », signifiant faucille, évoquant la forme du site. Selon les auteurs grecs, cette faucille serait celle avec laquelle Cronos émascula Ouranos.

Zancle, comme sa jumelle sur le continent Rhêgion, fondée en 723 av. J.-C., par des Chalcidiens de Zancle et de Chalcis, profite de l’intensification des échanges au vie siècle entre les colons chalcidiens occidentaux et les Phocéens (installés à Marseille, Emporion en Espagne, Alalia en Corse…) et développe un artisanat local de céramistes et de bronziers.

Après la défaite des Ioniens à la bataille de Ladé de 494 av. J.-C., lors de la révolte de l’Ionie contre les Perses, une partie des Samiens et des Milésiens, afin d’éviter l’assujettissement, décide de partir vers l’Ouest. Ils reçoivent alors l’invitation des Zancléens qui souhaitent installer une colonie à Calé Acté, un site sicule sur la côte nord de la Sicile. En réalité, cette migration des Samiens déstabilise la cité de Zancle. En effet, l’expédition arrive en Sicile au moment des conquêtes d’Hippocrate de Géla. Le tyran de Zancle, Scythès, allié d’Hippocrate, menait le siège d’une cité sicule et la ville de Zancle se trouvait dépourvue de défenseurs. Anaxilas, tyran de Rhêgion, conseille alors aux Samiens de renoncer à Calé Acté pour s’emparer de Zancle. Apprenant la prise de Zancle, Scythès appelle Hippocrate à l’aide pour récupérer sa cité. Ce dernier le trahit en passant un accord avec les Samiens et en leur livrant une partie des Zancléens. Le reste de la population fut condamné à l’esclavage et Scythès se réfugia auprès de Darius en Asie.

Mais les Ioniens ne profitèrent pas longtemps de leur indépendance car quelques années plus tard, le tyran de Rhêgion Anaxilas, s’empare de la cité. D’origine messénienne, il décide de la renommer Messéné et invite ses compatriotes en exil à venir s’y installer.

Alternativement alliée et opposée à Syracuse, la cité est prise et détruite par le Carthaginois Himilcon en 396 av. J.-C. puis reconstruite et repeuplée par Denys l’Ancien. Mais son emprise urbaine rétrécit. Elle est reprise par les Carthaginois, elle est libérée par Timoléon.

Zancle bat monnaie portant un dauphin dans un demi-cercle, symbolisant la faucille du port. Messéné fait figurer sur ces pièces un lièvre, symbole de Pan, avec des dauphins, des oiseaux, des insectes ou des épis.

En 287 av. J.-C., la mort du roi de Syracuse Agathocle provoque l’exil de ses mercenaires campaniens et osques, les Mamertins8. Après une errance de quelques années, ils s’installent à Messine vers 285/284 av. J.-C.. Bien accueillis par la population, les Mamertins se retournent contre leurs hôtes en assassinant la population masculine et en s’emparant de tous leurs biens. Selon Diodore, les mercenaires auraient alors changé le nom de la cité en Mamertiné, en l’honneur de Mamers, le dieu de la guerre osque. Alliés aux Campaniens de Rhêgion, ils se constituèrent un important état territorial sur la côte nord de la Sicile provoquant de nombreuses tensions avec Syracuse.

En 269 av. J.-C., Hiéron II de Syracuse lance plusieurs campagnes pour contenir les Mamertins. Ils cherchent du soutien du côté de Carthage. Les Carthaginois interviennent en installant une garnison à Messine. Une frange de la population envoie alors une ambassade à Rome pour demander son soutien. Les Romains acceptent et débarquent en Sicile. C’est le début de la première guerre punique, à l’issue de laquelle Messine reçoit le titre de cité alliée du peuple romain.

Messine subit au ier siècle av. J.-C. la guerre civile de 49 av. J.-C., durant laquelle la flotte de Pompée brûle celle de César qui relâche dans le port, puis la révolte sicilienne, Sextus Pompée faisant de Messine l’une de ses places fortes. Octave, battu lors d’une bataille navale au large de la ville en 37 av. J.-C., lui retire alors le titre de cité alliée.

Messine tombe en 842 lors de la conquête musulmane de la Sicile et reste sous la domination islamique jusqu’à ce que les frères normands Robert Guiscard et Roger de Hauteville s’emparent de la cité en 1061.

Lors de la troisième croisade, Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste font escale à Messine. À la suite de nombreuses dissensions entre les insulaires et les troupes anglaises (composées d’Anglais, d’Aquitains, de Poitevins, de Manceaux, d’Angevins, de Bretons et de Normands) qui se comportent  comme en pays conquis, Richard finit par s’emparer de la ville les armes à la main.

Au xiie siècle, les souverains normands font construire une belle cathédrale et l’église Annunziata dei Catalani. Le port de la ville sert également de point de départ des moines-soldats de l’ordre du Temple vers la terre sainte pendant les Croisades. Autour des moines basiliens du Monastère du Saint-Sauveur soutenus par les Normands, Messine est également un centre intellectuel.

Admirateur d’Ignace de Loyola, le vice-roi de Sicile Juan de Vega favorise l’arrivée des Jésuites dans l’île et c’est ainsi qu’en 1547 Messine voit l’ouverture d’un des premiers collèges de la Compagnie de Jésus. Cet établissement devient un modèle et d’autres villes d’Europe sollicitent par la suite l’ouverture d’un collège jésuite.

En 1571, une flotte chrétienne unie (vénitienne, espagnole, pontificale et d’autres États italiens), appareilla de Messine, sous le commandement du jeune infant Juan d’Autriche, pour rencontrer la flotte turque à la bataille de Lépante, qui limita l’expansionnisme turc menaçant les états chrétiens situés sur les rives nord de la Méditerranée.

En 1575, la ville est touchée par une épidémie de peste bubonique qui décime peut-être la moitié de la population11. À la fin du siècle, Messine compte 50 000 habitants.

La lutte d’influence entre Palerme l’aristocratique et Messine la praticienne s’accentue au XVIe siècle. Messine cherche à ce que le vice-roi de Sicile ne siège pas que dans la capitale sicilienne, lui construit un palais, et propose en 1629, contre un million de scudi, la division de la Sicile en deux  provinces, le long du Salso, avec deux vice-rois. Elle revendique vainement le monopole de la soie sicilienne mais subit la concurrence de la soie française. Économiquement affaiblie, la ville se dépeuple et doit payer la construction de ses fortifications contre les Turcs. Alors, Messine se révolte contre l’Espagne, de 1674 à 1678, un temps soutenue par Louis XIV qui envoie le duc de Vivonne et Duquesne. Malgré des victoires navales, les Français ne parviennent pas à prendre pied en Sicile. Les requêtes de la bourgeoisie de Messine à Louis XIV sont rejetées par le roi, qui décide de rappeler ses troupes. Le vice-roi espagnol fait détruire le palais municipal et labourer le sol en y répandant su sel, fait fondre la cloche de la cathédrale dont le bronze est réutilisé par Giacomo Serpotta pour une statue de Charles II placée sur la place du Duomo, supprime le Sénat local et l’université fondée en 1548. Certaines familles rebelles s’exilent hors de Sicile et d’autres sont dépossédées, et la population fond de moitié.

Couronné roi de Sicile le 3 juillet 1735, Charles III libère Messine des sanctions de 1678. Mais la peste désole la cité en 1743, et en 1783, un séisme provoque un incendie qui la ravage pendant plus d’une semaine. Il est désormais impossible de concurrencer Palerme qui se déploie.

En 1848, lors du printemps des peuples, le roi de Naples fait bombarder la ville.

Le tremblement de terre de 1908 fut l’un des plus dévastateurs qu’ait jamais connu l’Europe occidentale. Les secousses et le raz-de-marée qui s’ensuit détruisirent entièrement la ville, firent 60 000 morts dans la ville (soit près de la moitié de la population), 80 000 dans l’agglomération, et n’y laissèrent que des ruines. L’État engage rapidement le déblaiement des décombres et la réouverture des services essentiels. Les villes bénéficient de subsides exceptionnelles et d’exemption d’impôts18. Les autorités  construisent dans la hâte des baraques temporaires pour loger les déplacés, lesquelles se développeront en bidonville et perdureront plus d’un siècle.

La conception d’un nouveau plan est confiée à Luigi Borzì. La  reconstruction est facilitée par des règles d’urbanisme d’exception ce qui favorise la spéculation immobilière et la corruption18. La reconstruction coûta 116 millions de dollars de l’époque (2,8 milliards de dollars en 2016), provenant en partie de la solidarité des Européens.

En juin 1955, s’y tint la conférence de Messine qui allait donner naissance à l’Union européenne (sous la forme de Communauté économique  européenne) (CEE).

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.