Ville de Kiev (Ukraine).

Kiev ; en russe : Киев, Kiev ou Kyïv (en ukrainien : Київ, Kyïv ou Kyiv  est la capitale et la ville la plus peuplée d’Ukraine (2 962 180 habitants en 2021). Elle est située au centre-nord du pays sur les rives du fleuve Dniepr.

Kiev est un important centre industriel, scientifique, universitaire et culturel de l’Europe de l’Est. Elle est le siège de nombreuses entreprises, d’établissements d’enseignement supérieur et de centres de recherche. La ville compte un grand nombre de monuments historiques, en particulier religieux, dont deux sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial : cathédrale Sainte-Sophie et laure des Grottes de Kiev. La ville dispose d’un système de transport public avancé qui comprend notamment un réseau de métro et de trains de banlieue.

Kiev est une des villes les plus anciennes de l’Europe de l’Est. Elle est passée au cours de son histoire à plusieurs reprises de la prospérité à l’obscurité. C’est à son origine probablement un poste commercial slave fondé vers le vie ou le VIIe siècle sur la route commerciale reliant la Scandinavie à Constantinople. Le bourg est à l’époque tributaire du royaume des Khazars jusqu’à sa capture par les Varègues (vikings) au milieu du ixe siècle. Kiev devient la capitale de la principauté de Kiev, premier royaume des Slaves de l’est, qui prospère et dont l’influence s’étend jusqu’à la Baltique. La ville est entièrement détruite en 1240 par les invasions mongoles et perd toute influence durant plusieurs siècles. Elle devient alors une capitale provinciale d’importance mineure, placée sous le contrôle de ses puissants voisins : successivement la Lituanie, la Pologne et enfin la Russie.

Intégrée dans l’Empire russe, Kiev connaît une nouvelle période de prospérité avec la révolution industrielle, qui prend son essor dans l’Empire entre la fin du XIXe siècle et 1914. À la suite de la chute de l’Empire russe en 1917, elle devient la capitale d’une éphémère République populaire ukrainienne avant d’être rattachée en 1921 par la force des armées bolchéviques à l’Union soviétique. Entre les deux guerres mondiales, Kiev connaît une forte croissance industrielle et démographique. Elle devient la capitale de la république socialiste soviétique d’Ukraine en 1934. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est presque entièrement détruite, mais elle est rapidement reconstruite à l’issue du conflit et devient la troisième ville la plus peuplée de l’Union soviétique.

À la suite de l’éclatement de l’Union soviétique et la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, Kiev devient la capitale du nouvel État. Sa population croît rapidement grâce à l’afflux d’Ukrainiens installés jusque-là dans les différentes républiques de l’Union soviétique. Sous le nouveau régime, elle prospère et reste la ville la plus riche et la plus peuplée du pays. Les industries métallurgique et de l’armement, qui constituaient un secteur important de l’économie locale, sont remplacées par les services et la finance.

Les secousses qui ébranlent une Ukraine désormais écartelée entre son puissant voisin russe et l’Europe occidentale sont particulièrement ressenties à Kiev. La population y est majoritairement favorable à un régime démocratique dans le cadre d’un rapprochement avec l’Union européenne, comme le démontrent les manifestations qui s’y déroulent et qui sont à l’origine de la chute des gouvernements en exercice : révolution orange fin 2004 et Euromaïdan fin 2013. Ces préférences sont directement à l’origine de l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février 2022, qui aboutit au siège de Kiev par les troupes russes qui se termine par un échec.


Durant son histoire, Kiev, l’une des plus vieilles villes d’Europe de l’Est, passa par plusieurs étapes, de la grandeur jusqu’à une relative obscurité.

Les découvertes archéologiques d’habitations réalisés à l’aide de bois et de peaux de bêtes et de grandes accumulations d’os de mammouths indiquent que le site de Kiev est occupé depuis la fin du Paléolithique (entre 40000 et 15 000 ans avant notre ère). Les premières tribus néolithiques pratiquant l’agriculture et l’élevage (culture de Cucuteni-Trypillia) occupent le site vers 3 000 ans av. J.-C. De nombreux objets démontrant l’existant d’un village datant de les âges du cuivre, du bronze et du fer ont été découverts. Les tribus qui habitaient là commerçaient avec les peuples nomades des steppes : Scythes, sarmates, khazars et plus tard les grecs installés dans des colonies qu’ils avaient créé sur la côte de la mer Noire.

La ville a probablement été fondée comme étape du commerce entre Constantinople et la Scandinavie.

Selon la tradition, la ville de Kiev a été fondée en 482 après J.C. mais les éléments archéologiques découverts font remonter l’apparition d’un premier centre pré-urbain à une période comprise entre les VIe et VIIe siècles sur la colline Zamkova. Le site couvrait alors quatre hectares et devait être protégé par une palissade de terre et de bois (semblable à celle que les archéologues ont retrouvée sur une colline proche Starokievska qui protégeait un autre site pré-urbain d’environ deux hectares daté de la même époque). Là se trouvait le centre du pouvoir politique et religieux, comme le prouve la découverte du sanctuaire dédié à Svjatovit-Rod.

C’est entre les VIIIe et IXe siècles que Kiev, centre pré-urbain des Poljanes (une tribu de slaves de l’est), se transforme en une ville importante d’environ 11 hectares. Les princes commencent alors le rassemblement des tribus slaves auxquelles ils imposent la tournée fiscale appelée polioudie. Le nom de Kiev apparaît pour la première fois dans la Chronique des temps passés (Povest vremennykh let). Trois frères, Kyi, Chtchek et Khoriv y sont présentés comme les fondateurs de Kiev qui, en réalité, est déjà un centre politique affirmé.

Selon la chronique, en 882, Kiev est conquise par Oleg (en ukrainien : Oleh), un Varègue (viking) successeur de Riourik, prince (kniaz) de Novgorod. La ville devient la capitale du premier État ruthène, la Rus’ de Kiev, connue en Europe comme la principauté de Kiev), sous le nom de Kønugård (Kænugarðr en vieux norrois).

Le christianisme grec y est introduit peu de temps après par Olga (ou Olha), la régente de Kiev (945-964) ; il est ensuite imposé par Vladimir Ier (980-1015), considéré comme le véritable fondateur de l’empire de Kiev.

Entre les Xe et XIe siècles, Kiev connaît un développement urbain et architectural exceptionnel, rendu possible par l’exploitation de la célèbre route des Varègues aux Grecs, le long de laquelle s’organise un commerce important vers Constantinople, bien régulé par les traités de commerce de 912, 945 et 971.

Profitant de cette croissance économique, le prince Vladimir veut construire un État centralisé dont Kiev doit être la capitale. Après avoir échoué dans sa tentative de s’appuyer sur le dieu païen Péroun, Vladimir est baptisé à Chersonèse en 989 par le clergé byzantin et épouse la princesse porphyrogénète Anne. Il entend alors doter Kiev, sa capitale à l’architecture en bois, du signe visible de sa nouvelle foi en confiant à des maîtres grecs la construction d’une merveilleuse cathédrale en brique et en pierre, décorée de somptueuses fresques et mosaïques, l’église de la Sainte-Mère-de-Dieu, dite de la Dime (989-993). Elle est érigée au cœur de la ville nouvelle dit « ville de Vladimir », à proximité du marché des Grands-mères (Babyn torzok). Cette œuvre d’urbanisme sera encore amplifiée sous le règne de son fils et successeur, Iaroslav le Sage (1018 – 1054). La ville de Iaroslav est dessinée autour de trois bâtiments majeurs, les monastères Saint-Georges et Sainte-Irène qui bordent la voie qui conduit à la merveille du septentrion, la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev (1037 – 1041), comme la désigne le métropolite Hilarion dans son célèbre Dit sur la Grâce et la Foi.

Sur la rive droite du Dniepr, dominant le fleuve de quelque 70 mètres, se dresse par ailleurs Kiev, dont les 400 églises, les 8 marchés et la foule innombrable de ses habitants provoquèrent, en 1018, l’admiration de l’évêque Thietmar de Mersebourg.

Kiev est alors une ville importante qui rassemble plus de 30 000 habitants répartis sur les 80 hectares de la ville haute et les 150 hectares de la ville basse ou podol. Cette croissance urbaine, qui voit se multiplier les monuments religieux, est couronnée par la fondation, hors de Kiev, mais à proximité de la ville, du célèbre monastère des Grottes (Petcherska Lavra) en 1051, sous la direction d’Antoine, puis de Théodose.

Siège de la chaire métropolitaine de Kiev, lieu de rayonnement d’églises et de monastères d’inspiration byzantine, résidence princière mais aussi centre de production de manuscrits, Kiev brille alors de toute sa splendeur. L’alliance avec la dynastie des Riourikides est recherchée par les principales cours européennes. Le roi de France Henri Ier en fera venir Anne, fille du prince Iaroslav, qu’il épousera en 1049.

Le déclin de la ville s’amorce peu après la mort de Iaroslav en 1054. Le système successoral de frère à frère engendre de longs et violents conflits entre oncles et neveux dont l’enjeu est la possession du trône de Kiev. En conséquence, ces conflits affaiblissent la ville et en font une proie, d’abord pour les princes russes de la Haute Volga. En 1169, Kiev succombe sous les coups du prince de Vladimir, André Ier Bogolioubski à la tête d’une coalition princière ; la ville est pillée et mise à sac. Bogolioubski place son jeune frère, Gleb, à la tête de la ville qui perd sa suprématie politique, et en 1171 le titre de grand-prince attaché à ses dirigeants. C’est la fin de la Rus’ de Kiev. Elle est absorbée par la Russie, qui devient une fédération de cités-États dispersées, liées par une langue, une religion, des traditions, des coutumes, et dirigée par les membres de la vaste maison riourikide généralement en guerre les uns contre les autres.

Un nouveau sac de Kiev est perpétré en 1203 par Riourik Rostislavitch. Le 6 décembre 1240, ce sont les Mongols de Batu Khan qui prennent la ville ou ce qu’il en restait35. En 1362, Kiev est de nouveau prise, cette fois par le grand-duc de Lituanie Olgierd qui en fait un bien patrimonial pour son fils, Vladimir.

De 1363 à 1667, Kiev fait partie de l’Union de Pologne-Lituanie, qui devient, par l’Union de Lublin en 1569, la république des Deux Nations. À la fin du XVe siècle, Kiev adopte le droit de Magdebourg. Après l’union de Brest (1596), Kiev devient l’un des lieux majeurs de l’affrontement entre les églises catholiques orientales (uniates) et orthodoxess.

Au cours du XVIIe les cosaques zaporogues installés en aval de Kiev sur le cours du Dniepr s’agitent de plus en plus et les heurts avec les autorités polonaises se multiplient. En 1648, le hetman Bogdan Khmelnitski fait une entrée triomphale dans Kiev. Il cherche à créer un état ukrainien indépendant, l’Hetmanat cosaque. Mais par la suite Khmelnitski se retrouve en difficulté dans les combats qu’il mène contre la puissante armée polonaise et il conclut en 1654 une alliance avec le tsar de Moscovie qui place l’Ukraine sous sa protection. Le conflit se poursuit de manière confuse avec de nombreuses destructions. Finalement en 1667 la trêve d’Androussovo confirme la suzeraineté de Moscou sur la rive gauche du Dniepr tandis que la rive droite continue de faire partie de la Pologne. Kiev, bien que située sur la rive droite, est placée sous le protectorat de la Russie. Le Traité de paix éternelle de 1686 confirme ce partage. En 1793 le deuxième partage de la Pologne permet à la tsarine Catherine II d’annexer les territoires de la rive droite du Dniepr. Catherine II abolit l’Hetmanat cosaque et incorpore l’Ukraine dans l’Empire russe. Kiev devient la capitale du gouvernement de Petite Russie.

Après la reconstruction complète de la ville basse après l’incendie de 1811 avec des maisons d’un étage et des bâtiments administratifs de style palladien par Andreï Melenski, la ville haute se couvre, dans la seconde moitié du même siècle, d’immeubles bourgeois de briques de cinq étages environ (voir Nikolaï Gordenine), lui donnant une allure de capitale provinciale de l’empire russe et de ville d’Europe centrale.

En 1834 la première université de Kiev (l’actuelle université nationale Taras-Chevtchenko) est créée. Celle-ci devient un des foyers du mouvement démocratique national polonais et du nationalisme ukrainien. En 1845 Nikolaï Kostomarov, historien ukrainien est responsable au département d’histoire de cette université. Militant pour un panslavisme populiste et un système politique fédéral, il crée la Confrérie de Cyrille et Méthode qui milite pour le réveil national ukrainien et la défense de la langue ukrainienne. Mais cette organisation est déclarée illégale par le pouvoir autocratique russe et Kostomarov est condamné à l’exil. Le mouvement nationalisme ukrainien, persécuté par le gouvernement tsariste, quitte Kiev et va se trouver une nouvelle base à Lviv dans la partie de l’Ukraine rattaché à l’Empire austro-hongrois.

Au cours du XIXe siècle, l’Ukraine perd progressivement son autonomie. L’arrivée de migrants russes, les actions de l’administration impériale et la modernisation contribuent à russifier la ville. Au début du XXe siècle les locuteurs russes deviennent majoritaires dans le centre-ville. Toutefois des passionnés qui se recrutent parmi les nobles les militaires et les commerçants d’origine ukrainienne tentent de préserver la culture locale en imprimant clandestinement des ouvrages, montant des pièces de théâtre amateur ou en étudiant le folklore local.

Kiev était devenu progressivement au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle un centre commercial important grâce notamment à l’abolition des barrières douanières entre la Russie et l’Ukraine. Cette croissance se poursuit au XIXe siècle grâce à l’importance croissante de l’économie ukrainienne qui devient une région exportatrice de céréales. À Kiev des usines modernes sont construites à côté de l’arsenal militaire Kiev et des scieries. Celles-ci produisent du tabac, des tissus textiles, du cuir et de la bière. À la fin des années 1860 Kiev est relié par le chemin de fer à Moscou et à Odessa, port qui fournit un débouché sur la mer Noire. Ces nouvelles infrastructures contribuent encore à accroitre le rôle de Kiev en tant que centre industriel, commercial et administratif.

Conséquence de la Première Guerre mondiale la révolution russe de 1917 met fin au régime tsariste. À Kiev la société des progressistes ukrainiens et d’autres associations culturelles, professionnelles et politiques décident de créer un parlement exerçant le pouvoir législatif, la Rada centrale, dont les membres sont élus en avril 1917. La Rada proclame en janvier 1918 l’indépendance de l’Ukraine. Kiev devint la capitale de la nouvelle République populaire ukrainienne. Des soulèvements mineurs pro-bolchéviques, qui ont lieu principalement autour des ateliers de l’Arsenal, sont rapidement réprimés. Mais les troupes bolchéviques viennent à leur secours et s’emparent de Kiev le 9 février 1918. Les troupes mènent une répression brutale contre les habitants d’ethnie ukrainienne. Cette occupation ne dure pas car le traité de Brest-Litovsk signé par Lénine le 3 mars 1918, qui met fin au conflit entre l’Allemagne et la Russie dans des conditions défavorables pour cette dernière, impose au gouvernement soviétique de reconnaitre l’indépendance de l’Ukraine. Les forces militaires allemandes occupent le pays et installent un gouvernement fantoche à Kiev mais celui s’effondre lorsque l’Allemagne est vaincue par les Alliés en novembre 1918. Les troupes allemandes quittent le pays et l’indépendance de l’Ukraine est à nouveau proclamée. Presque immédiatement les combats reprennent entre l’armée nationaliste ukrainienne menée par Symon Petlioura, l’Armée rouge (soviétique) et les troupes russes tsaristes (les blancs). Kiev est brièvement occupée en novembre 1919 par les blancs avant d’être finalement reprise par l’Armée rouge. La Guerre soviéto-polonaise éclate au printemps 1920 et Kiev est brièvement occupée par les polonais en mai 1920 avant que ceux-ci ne soient définitivement repoussés par les troupes soviétiques31.

Cette période est marquée par une extrême instabilité politique, des changements de pouvoirs réprimant successivement différentes catégories de la population. Malgré l’afflux de réfugiés des campagnes environnantes, particulièrement de juifs fuyant les pogroms, la population de la ville décimée par les massacres, la famine et les épidémies baisse en 10 mois entre les deux recensements de mars 1919 et de janvier 1920 de 544 369 habitants à 374 000 habitants.

L’Ukraine est intégrée en 1922 à l’Union soviétique en tant que république socialiste soviétique d’Ukraine. La capitale de cette république socialiste est Karkhov car Kiev est suspecte aux yeux du nouveau régime à cause de ses accointances avec les nationalistes ukrainiens. Elle ne redeviendra la capitale qu’en 1934. L’économie de la ville fortement ébranlée par les conflits se relève progressivement. Les trois plans quinquennaux qui précédent la Seconde Guerre mondiale créent des entreprises dans les secteurs de la machine-outil, de l’industrie chimique et les équipements électriques. La grande famine de 1932-1933 orchestrée par Staline décime la population migrante de Kiev qui n’était pas enregistrée et ne disposait pas de cartes de rationnement. La population de la ville, qui avait fortement chuté à la suite de la guerre civile, passe de 366 000 habitants en 1922 à 930 000 habitants en 1940.

Lorsque l’Allemagne nazie entre en guerre contre l’Union soviétique en 1941 dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, Kiev se retrouve rapidement sur la ligne de front. Après une lutte acharnée qui dure 90 jours, les forces allemandes parviennent à anéantir plusieurs armées russes et prennent possession de la ville le 19 septembre 1941. Du 24 au 28 septembre 1941, des explosions vraisemblablement provoquées par le NKVD dévastent la principale avenue du centre-ville, l’avenue Kretchtchavik et les rues avoisinantes où s’étaient établies la Kommandantur et d’autres administrations allemandes et où les officiers et dirigeants allemands étaient logés. Les explosions, ainsi que l’incendie qui en découle et qui dure jusqu’au 29 septembre, détruisent une grande partie des quartiers centraux et font des victimes parmi les envahisseurs mais également en plus grand nombre encore dans la population civile. À Kiev, la communauté juive, qui représente une fraction importante de la population (plus de 200 000 personnes), est immédiatement la victime des persécutions nazies. Les 29 et 30 septembre 1941, 33 371 hommes, femmes et enfants juifs y sont assassinés par balle par les Einsatzgruppen dans un ravin situé à la périphérie de la ville (massacre de Babi Yar). Les Allemands feront plusieurs dizaines de milliers de victimes supplémentaires au cours des deux années suivantes dont une large partie de la communauté juive. Les victimes, qui comprennent également des gitans et des ukrainiens, ont souvent été déportées au camp de concentration de Syrets installé au nord de la ville. De nombreux habitants de Kiev sont contraints au travail forcé.

L’Armée rouge, après une bataille féroce contre les troupes allemandes, parvient à traverser le Dniepr et reprendre la ville le 6 novembre 1943. Quarante pour cent des bâtiments ont été détruits ainsi que 800 établissements industriels. Le gouvernement soviétique lui décerne le titre de Ville héros (au même titre qu’Odessa, Sébastopol et Kertch) pour commémorer la résistance féroce opposée aux troupes allemandes. À la suite de concours auxquels participent architectes russes et ukrainiens, les travaux de reconstruction sont rapidement menés dans le cadre du premier plan quinquennal postérieur à la guerre et la ville se relève. Elle redevient rapidement le troisième centre économique soviétique. Entre les années 1950 et la fin de la décennie 1980 l’activité industrielle de la ville croit fortement et sa population est multipliée par trois atteignant 2,6 millions d’habitants en 1989.

Le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située à peine à 100 km au nord, épargne l’agglomération grâce aux vents qui poussent les retombées radioactives vers le nord. Mais, bien que le vent ait tourné le 1er mai et expose alors les habitants de Kiev à des niveaux dangereux de radiation, le défilé célébrant cette date n’est pas annulé. Durant plusieurs décennies, des niveaux élevés d’isotopes dangereux comme le cesium-137 seront détectés sur les plantes et animaux dans les environs.

Le dirigeant de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev, arrivé au pouvoir en 1985, opte pour une politique de libéralisation qui déclenche dans toutes les républiques soviétiques faisant partie de cette fédération une montée des revendications et des nationalismes qui avaient jusque là été réprimés par le régime. Les premières manifestations d’ampleur à Kiev ont lieu le 26 mars 1989 pour protester contre les lois électorales et demander la démission du premier secrétaire du Parti communiste ukrainien Volodymyr Chtcherbytskiï. Les manifestations se multiplient au cours des mois suivants : elles demandent notamment la tenue d’élections libres, la reconnaissance de la langue ukrainienne en tant que langue officielle, l’autonomie de l’Église orthodoxe par rapport à Moscou. Le pouvoir fédéral relâche son étreinte. Finalement la Parlement ukrainien, dont le siège est à Kiev, déclare l’indépendance de l’Ukraine le 24 août 1991 et la ville devient sa capitale. Les Ukrainiens votent massivement en faveur de l’indépendance le 1er décembre 1991. L’Union soviétique est dissoute fin 1991.

Kiev redevient un centre politique important. La ville s’ouvre à l’économie de marché, son aspect se modernise rapidement et prend l’allure d’une grande capitale européenne malgré la récession économique qui touche le pays à la suite de la dissolution progressive des liens économiques très forts avec la Russie. Kiev s’affirme comme le centre économique, financier et culturel de l’Ukraine. Mais le passage sans transition à l’économie de marché dans un pays sans tradition démocratique s’accompagne de la montée en puissance d’oligarques qui laissent une empreinte pas toujours positive sur l’urbanisme de la ville.

Alors que l’Ukraine oscille depuis son indépendance entre le maintien de liens étroits avec la Russie et un rapprochement avec l’Europe occidentale et l’adoption d’un fonctionnement pleinement démocratique, Kiev devient le foyer des forces pro-européennes et pro-démocratiques. À la suite de l’éléction présidentielle de 2004 dont les résultats semblent largement entachées de diverses fraudes, Kiev est au centre d’une vaste campagne de protestation pacifique (révolution orange) qui confirme les choix démocratiques de la société ukrainienne et aboutit à une annulation de l’élection et à la chute du président en exercice. En novembre 2013, le président ukrainien en exercice Viktor Ianoukovytch, sous la pression des dirigeants russes, renonce à la signature d’un accord de rapprochement avec l’Union européenne en faveur d’une adhésion à l’Union économique eurasiatique pilotée par Moscou et en contradiction avec le souhait du parlement. Kiev est immédiatement le centre de longues protestations durant près de trois mois (Euromaïdan) qui mettent en cause la corruption des dirigeants et le pouvoir des oligarques. Celles-ci dégénèrent et font 100 morts parmi les manifestants et 13 parmi la police. Le président est chassé du pouvoir.

Le 24 février 2022, les forces militaires russes déclenchent une offensive contre l’Ukraine en envahissant son territoire, sous prétexte de protéger les territoires du Donbass d’un « génocide » en cours et de « dénazifier » et démilitariser l’Ukraine. Kiev est un des objectifs principaux de cette invasion : sa conquête doit permettre d’installer un gouvernement favorable aux intérêts russes. Les plans russes prévoient la prise de la ville en quelques jours mais la résistance de l’armée ukrainienne va ruiner cet objectif. Des forces considérables sont lancées vers la capitale distante de moins de 100 kilomètres de la frontière. Les combats atteignent l’agglomération dès le premier jour. Un assaut aéroporté est lancé sur l’aéroport de Hostomel, situé au nord-ouest de Kiev, pour permettre le débarquement ultérieur de troupes par la voie des airs, mais c’est un échec car la piste a été sabotée et les parachutistes subissent de lourdes pertes. Toutefois, l’aéroport est pris le lendemain. Le 26 février, un nouvel assaut aéroporté sur l’aéroport militaire de Vassylkiv, situé au sud de la ville, est repoussé. Les colonnes russes venant du nord progressent difficilement car elles sont handicapées par le sabotage des ponts, mais également par de gros problèmes de logistique. Elles s’installent néanmoins dans les faubourgs de la ville début mars. Une deuxième colonne arrivant du nord-est s’approche également de l’agglomération. Des combats intenses ont lieu à Irpin (banlieue nord-ouest), occasionnant de nombreuses victimes civiles.

Depuis le premier jour, la ville subit des bombardements sporadiques (essentiellement par des missiles) mais la défense anti-aérienne ukrainienne permet de limiter le survol des bombardiers russes. Une partie de la population doit s’installer dans les abris construits durant la guerre froide ainsi que dans les stations du métro. Le couvre-feu est décrété durant la nuit pour détecter les opérations de sabotage. Pratiquement la moitié de la population de l’agglomération de Kiev, soit deux millions de personnes, quitte Kiev au cours des deux premières semaines par train ou en voiture pour aller se réfugier dans l’ouest du pays ou à l’étranger.

Source : Wikipédia.

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