Valentin Haüy, pour le bien des aveugles.

Valentin Haüy, frère de l’abbé René Just Haüy naquit à St-Just le 13 novembre 1745 et manifesta aussi, dès son enfance, de rares dispositions intellectuelles, sans toutefois posséder les qualités si remarquables de son aîné.

Le futur philanthrope eut pour marraine l’abbesse de l’Hôtel-Dieu et pour parrain un conseiller du roi, contrôleur des bois et domaines de la Généralité d’Amiens.

Comme pour son frère, les religieux de l’abbaye de St-Just s’étaient chargés de la première éducation de Valentin le prieur avait conseillé à son père de faire poursuivre les études de leurs fils dans la capitale. La famille s’y installa dès 1751, de sorte que Valentin qui n’avait alors que six ans, ne reçut à St-Just que des rudiments d’instruction.

De même que son aîné, il fit ses humanités et sa philosophie avec quelques succès, en l’université de Paris. Ses goûts le portèrent vers l’étude des langues : outre le latin, le grec, l’hébreu, il en arriva à pratiquer une dizaine de langues vivantes. De la traduction des documents officiels, notariés, commerciaux ou privés, il fit son gagne-pain et put bientôt se prévaloir des titres d’interprète du roi, de l’Amirauté et de l’Hôtel de ville.
Antérieurement, il avait été élu agrégé, puis membre du bureau académique des écritures, que venait de fonder Louis XVI. Car il est important de le souligner, il s’était également fait une spécialité du déchiffrement des manuscrits anciens, français ou étrangers et des graphies secrètes. Dès 1771, les préoccupations du Lieutenant de police l’avaient orienté vers l’étude des systèmes codés. Sous la Révolution, il est affecté au dépouillement de la correspondance en langues étrangères et des messages chiffrés, accumulés de la maison des Postes, et dix ans plus tard, lors de ta conspiration de Cadoudal, sous un gouvernement qui pourtant ne l’aimait guère, on fait encore appel à son talent.

Valentin Haüy, carte maximum, Châlons-sur-Marne, 5/12/1959.

II était employé aux affaires étrangères lorsqu’il fut frappé par les procédés d’une pianiste aveugle qui «lisait» avec les doigts ses notes de musique représentées par des épingles piquées sur de larges pelotes.Ce fut le point de départ de la création de sa méthode pour apprendre à lire aux aveugles.

II fut le premier à appliquer le principe du relief pour la lecture des aveugles. Après avoir d’abord fabriqué des lettres en bois, il inventa des caractères gaufrés sur du carton. Grâce à l’appui de son frère, il put montrer les résultats de son enseignement devant l’académie des sciences : « II emploie, dit le rapport, des caractères en relief que l’aveugle s’accoutume à reconnaître au toucher. Ces caractères sont mobiles et séparés comme ceux des imprimeurs, on en forme des lignes sur une planche percée d’entrailles ».


Vergennes et Galonné appelèrent l’attention de Louis XVI sur ces procédés et le roi autorisa la fondation pour douze aveugles d’une société philanthropique dont La Rochefoucauld-Liancourt fit partie. Haüy reçut douze livres par élève et par mois. Ce fut l’origine de l’Institution royale des Jeunes Aveugles (dont Braille fut l’élève).
Haüy fit imprimer par ses élèves: Essai sur l’Education des aveugles (1786) ; notice historique sur l’Institution des enfants aveugles. L’enthousiasme avec lequel, quarante ans plus tard, les jeunes aveugles accueillirent l’alphabet Braille témoigne de l’imperfection de la solution proposée par Haüy au problème de la lecture digitale. Mais cela ne diminue en rien les mérites du précurseur. Sans lui, en 1819, à la date où Louis Braille entra à l’Institution royale, il n’y aurait sans doute pas eu d’école pour jeunes aveugles. Braille serait demeuré dans son village, analphabète et inculte et Dieu sait qui aurait trouvé le procédé convenant exactement aux impératifs de la psychologie tactile.

En 1806, Valentin partit à Saint-Pétersbourg fonder un établissement semblable, qui périclita. Il revint chez son frère en 1817, et mourut quelques mois avant lui. Il fut inhumé le 19 mars 1822. Le corps de Valentin Haüy repose au Père Lachaise où fut également inhumé l’abbé René Just.

Une carte postale éditée le jour d’émission du timbre à l’effigie de Valentin Haüy (1959) montre l’Institution des Jeunes Aveugles qu’il fonda à Paris.

Source : Socacad Oise.