Robert Surcouf, corsaire français.

Robert Surcouf (né le 12 décembre 1773 à Saint-Malo – mort le 8 juillet 1827 à Saint-Servan) est un corsaire français.

Embarqué dès l’âge de 13 ans, il devient ensuite capitaine corsaire. Il harcèle les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement sur les mers de l’Europe, mais aussi sur celles de l’Inde. Ses activités le font reconnaître – il est nommé membre de la Légion d’honneur le 26 prairial an XII (14 juin 1804) – et l’enrichissent. Il devient l’un des plus riches et puissants armateurs de Saint-Malo et un prospère propriétaire de 800 hectares de terrain.

Charles Surcouf de Boisgris possède une propriété près de Cancale qu’il exploite sous forme de domaine agricole. Robert grandit parmi ses deux frères aînés : Charles, né en 1765 et Nicolas-Augustin, en 1769. Il a une petite soeur, Rose, et un petit frère, Noël.


Robert pose beaucoup de problèmes à ses parents, il est têtu et insupportable. Il rentre tard le soir avec ses vêtements en loque, il se bat avec ses camarades dans la forêt et sur les plages.
Ses parents le mettent en pension à Dinan chez un prêtre sévère, comme l’a été son aîné Dugay-Trouin. De nouveau il en fait voir de toutes les couleurs à ses maîtres. En plein hiver, Il s’enfuit à travers routes et champs sous la neige, pendant dix interminables lieues (40 kms). Têtu, dans la longue nuit noire peuplée de loups, il marche jusqu’à épuisement. Un marchand de poisson de Cancale le ramasse inanimé dans la neige au petit matin. Une chance ! Sacrée chance qu’il aura tout au long de sa vie.

A l’âge de 15 ans et demi, il s’embarque comme volontaire sur l’Aurore le 3 mars 1789, un brick de 700 tonneaux en partance pour les Indes. Il se fait agréablement remarquer par un officier qui va l’initier aux secrets de la navigation.

En 1790, le brick embarque 400 esclaves noirs pour les Antilles. Un ouragan le jète sur la côte. Les captifs enchaînés sont noyés dans la cale. Une fois le vent tombé, le capitaine veut récupérer tout le matériel possible dans l’épave. Surcouf donne l’exemple en se faisant descendre par une écoutille, un mouchoir imbibé de vinaigre sur la bouche pour fouiller à travers les débris et la puanteur des corps en décomposition. Cet horrible travail dure 2 semaines, et il est arrivé qu’on ait ramené Surcouf à deux reprises sans connaissance. Son capitaine affrète un nouveau bâtiment et donne ses galons d’officier au jeune Malouin pour avoir fait preuve de tant de courage.

Robert Surcouf, épreuve d’artiste.

En 1791, il embarque sur un nouveau bateau et gagne en galons, il embarque pour l’Île de France (aujourd’hui l’île Maurice). Chaque changement est pour lui l’occasion de juger les qualités et défauts des coques et des voilures, d’étudier le jeu réciproque des voiles, du vent, des courants et du gouvernail.

Robert surcouf, carte maximum, Saint-Malo, 2/06/1951.

Début 1792, Robert retrouve Saint-Malo, il a 18 ans. Ses parents ont du mal à reconnaître leur garnement qui est devenu un homme ! Il paraît plus que son âge, il est “mastoc” comme on dit en Bretagne, il est également athlétique et ne manque pas de charme. Pendant ce séjour il fait la connaissance de Marie-Catherine Blaize de Maisonneuve et il en tombe éperdument amoureux. Mais elle a 13 ans.
Robert a le mal du pays et souhaite plus que jamais retourner en mer, Marie-Catherine est trop jeune, il la retrouvera, c’est l’amour de sa vie.

Fin 1792, les opérations militaires françaises contre les forces britanniques commencent. La flotte française se voit infliger un blocus qui l’immobilise dans les ports de Brest et Toulon, pendant que d’autres ports se livrent à d’intenses activités de corsaires.
La Royal Navy maintient une très forte présence militaire dans les Antilles, et les corsaires français optent à opérer dans les eaux moins bien défendues de l’Océan Indien. Et c’est là que s’illustre Robert Surcouf, le plus grand corsaire de son époque.
Le 27 août 1792, le malouin bondit enfin sur la première occasion qui lui est offerte de se mesurer avec l’Anglais. Il est à bord de la Cybèle commandée par Tréhouart de St Malo, et fait fonction d’enseigne-auxiliaire. Il partent en compagnie de 4 autres petits navires à la rencontre des anglais.
L’ennemi compte 2 navires de ligne armés de 54 et 60 canons : le Centurion et le Diomède qui font voile vers l’Ile-de-France. L’amiral anglais n’en croit pas ses yeux de voir cette légère flotille qui se permet d’affronter deux géants maritimes de l’Océan Indien ! Un combat acharné s’engage, et ce, durant 5 heures, et chose à peine croyable, les pertes anglaises sont tellement cruelles que l’amiral ennemi est contraint d’abandonner le champ de bataille. ” Victoire ! Hurle Surcouf, sur le pont de la Cybèle ” … le corsaire a reçu son baptême du feu.

Le plus célère exploit de Surcouf qui le rend célèbre est sans conteste la prise du Kent, un gros navire de commerce de 1 200 tonnes de la Compagnie Anglaise des Indes. Armé comme une flûte, il porte 20 canons de 18 livres en batterie et 6 pièces de 9 en gaillard, avec 460 hommes à son bord. Ce n’est pas un navire de guerre, mais il est tout de même imposant !
L’action se déroule le mardi 7 octobre 1800, entre 6h et 9h du matin, proche de Gange. Le capitaine Robert Rivington, sûr de lui, invite sur sa dunette le Général Saint-John et sa princesse, ainsi que quelques passagères notables abritées sous leurs ombrelles qui se rendent à Calcutta, pour assister au spectacle du châtiment de ce misérable petit français insolent qui ose s’approcher et attaquer son grand bâtiment.
La confiance de Robert Surcouf est bien moins garnie : 22 bouches à feu et 12 pièces de 6, 6 pièces de 8 et 2 obusiers de 36 livres, accompagné de 130 hommes d’équipage, déterminés et motivés par le malouin. Oui, car Surcouf sait motiver ses hommes, comme pouvait l’écrire Louis Garneray, écrivain et peintre à son bord :

« Mes amis, nous dit Surcouf, dont le regard étincelle d’audace, ce navire appartient à la compagnie des Indes, et c’est le ciel qui nous l’envoie pour que nous prenions sur lui une revanche de la chasse que nous a donnée hier la Sybille ! Ce vaisseau, c’est moi qui vous le dit, et je ne vous ai jamais trompé, ne peut nous échapper !… Bientôt il sera à nous, croyez-en ma parole ! […]

Mes bons, mes braves amis ! vous voyez sous notre grappin, par notre travers, en voguant à contre-bord de nous, le plus beau vaisseau que Dieu ait jamais, dans sa sollicitude, mis à la disposition d’un corsaire français !… […] Il est plus fort que nous, direz-vous, j’en conviens ; je vais même plus loin, j’avoue qu’il y aura du poil à haler pour l’amariner. Oui, mais quelle joie quand, après un peu de travail, nous nous partagerons des millions ! Quel retour pour vous à île de France !
[…] Nous sommes trop ras sur l’eau pour les craindre… les boulets passeront par-dessus nous !… A présent, sachez que d’après mes calculs, et je vous gardais cette nouvelle pour la bonne bouche, nos basses vergues descendront à point pour établir deux points de communication entre nous et lui… Ce sera commode au possible ! une vraie promenade. C’est compris et entendu ? »

Surcouf, très prévoyant fait distribuer aux non combattants de grandes piques et il leur donne la consigne de frapper indistinctement sur ses propres hommes s’ils reculent et sur ceux de l’ennemi s’ils avancent. Les hunes recoivent également des ordres, des grenades y sont placées en abondance.
L’agression du Breton est tellement hardie que les Anglais sont abasourdis. Ils ne soupçonnaient pas une seconde à un abordage par les petits français ! A tel point qu’ils se portent en masse sur le couronnement de leur navire pour assister au spectacle de la défaite des français.
L’équipage du Kent est stupéfait, lui qui croyait voir des ennemis écrasés et implorer pitié et secours, il voit des marins plein d’enthousiasme, les lèvres crispées par la colère et les yeux injectés de sang, s’apprêtant à se jeter sur eux comme des tigres !

L’abordage audacieux du malouin, a permis de balayer les ponts anglais par la mitraille du Kent que son équipage avait réussi à s’emparer. L’assaut a duré 10 minutes et seulement 20 morts, avec 4 français contre 16 anglais, comprenant le présomptueux capitaine Rivington tué par une grenade.
Rappelons que le Kent est un navire marchant et que son équipage n’est pas aussi bien entraîné que la Royal Navy.
Surcouf rentre glorieux en France le 16 novembre 1800, avec une cargaison estimée à 100 millions de livres. Ce fait d’armes a été le plus retentissant pour Surcouf, surtout grâce à Garneray qui l’a médiatisé dans son livre Voyages, Aventuriers et Combats puis l’immortalisa sur deux tableaux en huile sur toile, représentant la prise du Kent, peintes bien après la disparition du roi des corsaires, en 1836 et 1850.
Plus tard, les enfants anglais seront terrorisés par leur grand-mère, les obligeant à manger leur soupe sinon l’horrible Ogre du Bengale viendra les dévorer. Surcouf était devenu le cauchemar des anglais ! Cet exploit lui aura valu également le surnom de «Tigre des mers».

Il meurt dans son château de Riancourt en Saint-Servan le 8 juillet 1827, après avoir traversé une longue maladie. Il est emmené dans sa dernière demeure, dans la cité de Saint-Malo, à bord d’une embarcation tendue de noir avec un cortège de plus de 50 canots.

Source : Pirates-corsaires.com.