Robert Schuman, homme d’état et père fondateur de la construction européenne.

Robert Schuman, né le 29 juin 1886 à Luxembourg (Luxembourg) et mort le 4 septembre 1963 à Scy-Chazelles (Moselle), est un homme d’État français. Sous-secrétaire d’État pendant la Troisième République, ministre pendant la Quatrième République, notamment des Affaires étrangères, puis président du Conseil des ministres à deux reprises, Schuman exerça par ailleurs les fonctions de président du Parlement européen.

Il est considéré comme l’un des pères fondateurs de la construction européenne aux côtés de Jean Monnet, Konrad Adenauer, Johan Willem Beyen, Paul-Henri Spaak, Joseph Bech et Alcide De Gasperi.

En 1913, il préside la partie francophone du grand rassemblement laïc catholique, le Katholikentag, tenu à Metz. Un an plus tard, la Première Guerre mondiale éclate. Bien que réformé en 1908 pour raisons médicales, il est incorporé comme simple soldat dans l’armée allemande en 1914 et affecté en 1915 à l’administration territoriale (Kreis) à Bolchen (aujourd’hui Boulay, Moselle).

Huit jours après l’Armistice, le 19 novembre 1918, les troupes françaises entrent dans Metz et il faut changer l’administration et les structures politiques locales, Robert Schuman devient alors membre de la commission municipale de Metz. C’est par ce biais que Robert Schuman, âgé de 32 ans, entre dans la vie politique.

Robert Schuman, carte maximum, Luxembourg, 26/06/1988.

Par le traité de Versailles, l’Alsace-Lorraine redevient française à l’été 1919. Le district de Lorraine (Bezirk Lothringen) devient le nouveau département de la Moselle, bien différent du département qui avait existé entre 1790 et 1871 mais dont la préfecture est toujours Metz. Schuman, devenu citoyen français, est candidat de l’Union républicaine lorraine, il est élu lors des élections de novembre 1919 comme député de la Moselle et fait son entrée au Parlement. Il y siège jusqu’en 1940. Il est membre de la Commission de législation civile et criminelle de 1919 à 1929 et de 1939 à 1940, de la Commission d’Alsace-Lorraine de 1919 à 1940, secrétaire de cette commission de 1920 à 1927, vice-président de 1927 à 1929, président de 1929 à 1936.

Lors des débats à l’Assemblée sur l’introduction intégrale du droit français en Alsace-Moselle, il milite pour le maintien du Concordat et du statut scolaire. À l’été 1924, il parle au nom de 21 députés alsaciens et mosellans sur 24 ; le 19 juin 1924 : « poursuivre la réalisation d’un tel programme serait non seulement contraire aux principes démocratiques si souvent invoqués dans la déclaration ministérielle mais ce serait jeter dans notre région un trouble grave au sujet duquel nous déclinons toute responsabilité ».

Le quotidien Le Lorrain (Metz), le lendemain, estime que « M. Schuman a donné au gouvernement un solennel avertissement ».

Robert Schuman refuse le choix autonomiste, et œuvre pour une solution mixte qui favorise l’assimilation juridique progressive en conservant des dispositions essentielles aux yeux des Alsaciens-Mosellans. Il cultive les relations avec les Alsaciens, relativise l’opposition née du reproche d’une domination alsacienne dans le Reichsland ; surtout, il s’allie avec Henri Meck, fondateur des syndicats chrétiens et député de Molsheim. Le compromis accepté par le Parlement donne naissance au droit local d’Alsace et de Moselle en tant que dispositif particulier au sein du droit français.

À partir de 1936, il siège au conseil général de la Moselle pour le canton de Cattenom.

En 1938, la crainte d’une nouvelle guerre « fratricide » lui fait accueillir positivement les Accords de Munich, mais la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939. En mars 1940, dans la mesure où il est un élu Mosellan, Robert Schuman, est nommé sous-secrétaire d’État pour les Réfugiés dans le gouvernement Reynaud. Après l’offensive allemande du 10 mai 1940, Robert Schuman estime dès le 12 juin qu’il « faut mettre bas les armes ». Le 16 juin 1940, il est confirmé à son poste de sous-secrétaire d’État et fait ainsi partie du premier gouvernement Pétain. Le 10 juillet 1940, il vote pour les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain.

La Moselle est annexée de fait par le Reich nazi quelques jours plus tard, intégrée au Gau Westmark — dont le chef-lieu est Sarrebruck —, et Robert Schuman, réfugié sur ses terres lorraines, est arrêté par la Gestapo et mis au secret dans la prison de Metz, avant d’être transféré à Neustadt (actuelle Rhénanie-Palatinat) le 13 avril 1941, grâce à un allègement de ses conditions de détention obtenu par Heinrich Welsch.

Durant son assignation en résidence surveillée, il s’entretient avec ses visiteurs en luxembourgeois, de façon qu’on ne puisse pas suivre ses conversations6.

Âgé de 56 ans, il s’évade et réussit à rejoindre la zone libre dans la Vienne le 13 août 1942, en franchissant la ligne de démarcation à Vernon après avoir passé dix jours à l’abbaye de Ligugé. Il passe également par la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges, en Ardèche.

À la Libération, le ministre de la Guerre, André Diethelm, exige que « soit vidé sur-le-champ ce produit de Vichy » en parlant de Schuman8. Cette qualification vient de son vote du 10 juillet 1940 et comme « ex-ministre de Pétain8 ». Son vote des pleins pouvoirs à Pétain le met sous le coup de l’inéligibilité automatique9 prévue par l’ordonnance du 21 avril 1944 et, comme ancien ministre de Pétain, il est frappé « d’indignité nationale »8. Soucieux de reprendre des responsabilités politiques, il finit par écrire au général de Gaulle, le 24 juillet 1945, pour lui demander de revenir sur cette décision8. Des alliés de Schuman interviennent auprès du chef du gouvernement provisoire pour appuyer cette demande. Charles de Gaulle décide que l’affaire soit classée.

Robert Schuman, essais de couleurs.

En effet, le 16 juin 1940, Schuman avait été reconduit par le maréchal Pétain, sans être consulté, dans les fonctions qu’il occupait au sein du cabinet de Paul Reynaud, démissionnaire. Quelques jours après cette nomination, Schuman remettait sa démission au gouvernement Pétain, sans y avoir siégé10 : « membre involontaire d’un cabinet de transition qu’il ne verra jamais, il subira néanmoins, au lendemain de la guerre, des vexations » pour avoir fait partie du gouvernement Pétain.

La commission de la Haute Cour prononce un non-lieu en sa faveur concernant son inéligibilité, le 15 septembre 1945, et Robert Schuman reprend sa carrière dans la politique française. Il deviendra le premier parlementaire ayant voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, à devenir ministre après la Libération.

Son collaborateur et ami Jean Monnet lui fait part de l’urgente nécessité pour la France de se faire un allié de l’Allemagne et rédige un projet destiné à initier une fédération européenne. Ayant fait accepter le projet en un temps record par les ministres des Affaires économiques du Royaume-Uni, des trois pays du Benelux et de l’Italie réunis dans le plus grand secret à Paris le 8 mai, puis par Konrad Adenauer auprès de qui il a dépêché un émissaire spécial et enfin par le gouvernement Bidault en conseil des ministres le 9 mai en fin de matinée Robert Schuman concrétise l’initiative en proposant par sa déclaration du 9 mai 1950, de placer la production franco-allemande du charbon et de l’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. Le plan Schuman entraîne la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui est à l’origine de l’actuelle Union européenne.

C’est en ce 9 mai, que tous les ans le « Jour de l’Europe » commémore ce qui constitue, selon Jacques Delors, le geste le plus important de ces dernières décennies.

Robert Schuman, carte maximum, Belgique, 24/06/1967.

En 1953, chargé du dossier marocain (le Maroc, comme protectorat, dépendait des Affaires étrangères), il tente de s’opposer à la déposition de Mohammed V, ce qui lui vaut d’être évincé du gouvernement.

Dans le cadre de son implication dans la construction européenne, Robert Schumann a des contacts avec le Comité américain pour une Europe unie à partir du début des années 1950 jusqu’en 1960. Robert Schuman accepte notamment, en 1951, de participer à une réunion de promotion organisée aux États-Unis par le Comité américain afin de convaincre l’élite américaine de soutenir le fédéralisme européen.

Il est président du Mouvement européen de 1955 à 1961. Pendant cette période, il est également, de 1958 à 1960, le premier président du Parlement européen, lequel lui décerne, à la fin de son mandat, le titre de « Père de l’Europe ». En 1958, il est lauréat du Prix International Charlemagne.

Robert Schuman se retire de la politique en 1962, et retrouve sa maison de Scy-Chazelles. Pendant les derniers mois de sa vie, il s’intéresse à l’actualité politique et européenne même s’il prend la décision de ne pas intervenir publiquement.

Schuman s’éteint à soixante-dix-sept ans le 4 septembre 1963 à son domicile de Scy-Chazelles près de Metz.

Après des obsèques en la cathédrale Saint-Étienne de Metz, son corps est inhumé au cimetière communal de Scy-Chazelles. Le Préfet n’invite pas Jean Monnet au repas de commodité non officiel qui suit les obsèques de Robert Schuman. En signe de protestation, des personnalités centristes restent avec Monnet, manifestant une opposition au gouvernement qui n’est pas nouvelle puisque la moitié des parlementaires s’est abstenue de voter pour le gouvernement de Pompidou en 1962, et qu’ensuite cinq ministres MRP ont démissionné de ce gouvernement.

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Sources : Wikipédia, YouTube.