Ossip Zadkine, sculpteur.

Ossip Zadkine, né le 4 juillet 1890 à Vitebsk (dans l’Empire russe, aujourd’hui en Biélorussie) et mort le 25 novembre 1967 à Paris, est un sculpteur français d’origine russe, établi en France en 1910.

Il est considéré comme l’un des plus grands maîtres de la sculpture cubiste. La production artistique de Zadkine s’échelonne sur un demi-siècle et comprend plus de quatre cents sculptures, des milliers de dessins, aquarelles et gouaches, des gravures, des illustrations de livres et des cartons de tapisserie.

En 1905, ses parents l’envoient à Sunderland, au nord l’Angleterre, chez un certain « oncle John » qui le fait inscrire à l’Art school locale et l’initie à la sculpture sur bois. En 1906 l’adolescent rejoint un ami à Londres sans l’assentiment de son père qui lui coupe les vivres. Il s’inscrit au cours du soir du Regent Street Polytechnicum, passe tous ses dimanches au British Museum. Pour survivre, il se fait embaucher chez des artisans du meuble du quartier East End – on lui confie des ornements à tailler.

Fort de cet apprentissage, il réalise ses premières sculptures en taille directe – Tête héroïque en granit, 1908 – durant un séjour estival en Russie. « Le fils prodigue » a retrouvé en effet le chemin de la maison familiale et de la réconciliation. Son père prend la décision de l’envoyer à Paris, « là où l’on devient sculpteur ». A l’automne 1910, Zadkine pose ses valises dans un hôtel du quartier Latin.

Sculpture de Zadkine, carte maximum, Paris 19/01/1980.

En décembre 1910, Zadkine s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. Au bout de six mois, il déserte. La découverte de la sculpture égyptienne au Louvre, le choc d’une tête romane le persuadent de « chercher la vie dans la simplification ou l’accentuation » des formes. Comme d’autres sculpteurs de sa génération – Amadeo Modigliani, Alexander Archipenko, Henri Gaudier-Brzeska –, Zadkine remonte aux sources vives de l’archaïsme. La seule nécessité ? « Se mettre au service du bois » ou de la pierre sans revêtir « l’uniforme académique ». Un manifeste pour la technique de la taille directe que Zadkine pratique dès 1911, replié dans le « quartier de Brie » de son atelier de la Ruche.

En 1912, il s’installe au 114 rue de Vaugirard, plus près du carrefour Vavin et du café de La Rotonde, champ magnétique de l’art moderne. Il croise Matisse, Picasso, approche Apollinaire, partage avec Modigliani « le temps des vaches maigres ». Le Salon d’automne de 1913 lui vaut son premier collectionneur, Paul Rodocanachi qui acquiert plusieurs œuvres dont Samson et Dalila, La Sainte Famille et lui procure un nouvel atelier plus vaste et ensoleillé au 35 rue Rousselet.

Le 3 août 1914, la France et l’Allemagne entrent en guerre. Blaise Cendrars lance un appel à la mobilisation des « étrangers amis de la France ». Le 24 janvier 1916, Zadkine signe son engagement volontaire. Incorporé dans le 1er régiment étranger, il sert dans une section de brancardiers-infirmiers. Au mois de mai, il est affecté à l’Ambulance russe en Champagne : casernes, obus, tranchées, évacuation des blessés, mutilés, salles d’hôpital…

Gazé à la fin du mois de novembre, Zadkine est évacué et hospitalisé à son tour. Réformé en octobre 1917, il retrouve la rue Rousselet avec une santé chavirée et un moral en berne. Il rapporte une quarantaine d’œuvres sur papier exécutées dans l’urgence – crayon, fusain, encre et quelques aquarelles. La force d’expression de ces dessins l’incite à en graver une vingtaine qu’il fait paraître en album sous le titre Vingt eaux-fortes de guerre par Ossip Zadkine, soldat au 1er régiment étranger affecté à l’Ambulance russe aux armées françaises.

Oeuvre de Zadkine, carte maximum, Belgique, 4/05/1974.

La Femme à l’éventail qu’il expose au Salon d’automne de 1923 ou la série de l’Accordéoniste sont les plus clairs représentants du « petit monde rigide et angulaire cubiste » que le sculpteur dépasse bientôt pour revenir à lui-même. En 1925 la Galerie Barbazanges, l’une des premières de Paris, lui consacre une grande exposition. Le critique Waldemar-George rend compte des « Idoles barbares et primitives » d’Ossip Zadkine – « Ce Slave qui ressuscite les mythes est un poète qui dispense l’émotion d’un ordre mystique et religieux ». (L’Amour de l’art)

Zadkine embarque à Lisbonne le 20 juin 1941 sur l’Excalibur, dernier bateau américain à quitter l’Europe. A New York, il loue un atelier dans le quartier de Greenwich Village : tout est à improviser, à recommencer « mais le cœur n’était pas à la sculpture. Je recevais de trop mauvaises nouvelles de la France. » Et de trop rares lettres de Valentine, isolée, harcelée, « sidérée » par les forces de destruction.
Pourtant dès octobre 1941, Zadkine expose à la Galerie Wildenstein, des gouaches pour l’essentiel. En mars 1942, la Galerie Pierre Matisse l’invite à participer à l’exposition « Artists in Exile » aux côtés de Léger, de Chagall, de Lipchitz…
Zadkine mène aussi une activité d’enseignant, notamment à l’Art Students League. La lecture du livre de Mario Meunier, La légende dorée des dieux et des héros, lui inspire une série de dessins sur Les Travaux d’Hercule – les combats héroïques sont d’actualité et passent par le symbolisme plastique et poétique de La Prisonnière (1943) ou du Phénix (1944), deux sculptures marquantes de cette période. Le 5 septembre 1945, Zadkine obtient son visa, le 28 il débarque au Havre.

Zadkine est désormais l’un des grands noms de la sculpture du XXe siècle – le musée Wallraf-Richartz de Cologne (1960), la Tate Gallery à Londres (1961), le Kunsthaus de Zurich (1965) lui consacrent de grandes rétrospectives. En dépit d’une santé chancelante, il vit en perpétuel « état de quête », mobilise ses forces à des projets, des réalisations d’œuvres monumentales – celle de La Forêt humaine (1960-1962) élevée devant le siège de la Fondation Van Leer à Jérusalem, celle de La Demeure (1963-1964) pour la Nederlandsche Bank à Amsterdam.

Il commence en 1962 la rédaction de ses mémoires publiées sous le titre Le maillet et le ciseau, souvenirs de ma vie. Préoccupé du devenir de son œuvre, il songe avec Valentine à l’ouverture d’un musée. Le premier catalogue raisonné de ses sculptures paraît dans la monographie que lui consacre Ionel Jianou en 1964.

Zadkine, essai de couleur.

Vers 1965 il ouvre les voies inédites, mystérieuses des « sculptures pour l’architecture » qu’il rêve de déployer à grande échelle dans l’espace urbain. Le 8 novembre 1967, il achève le buste de son ami l’écrivain Claude Aveline.

Il meurt le 25 novembre au matin. Il est enterré au cimetière Montparnasse.

« Mais il est déjà très beau de pouvoir tomber dans la mort avec le ciseau et le maillet entre les mains. »

(Zadkine, Journal, octobre 1966)

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Sources : Wikipédia, Musée Zadkine, YouTube.