Marion von Dönhoff, journaliste et fondatrice du journal “Die zeit”.

La comtesse Marion Hedda Ilse von Dönhoff, ou simplement Dönhoff (Marion Gräfin Dönhoff), née le 2 décembre 1909 au château de Friedrichstein en Prusse-Orientale et morte le 11 mars 2002 au château de Crottorf, près de Friesenhagen en Rhénanie-Palatinat, est une aristocrate allemande, qui fut rédactrice en chef et directrice de l’hebdomadaire Die Zeit, dont elle fut cofondatrice, et l’une des grandes figures du journalisme allemand d’après-guerre.


Marion von Dönhof est la fille du comte August von Dönhof, membre héréditaire de la chambre des seigneurs de Prusse, membre du Reichstag de 1881 à 1903, ancien diplomate et passionné d’antiquités. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse, par exemple aux États-Unis, où il prit part volontairement en 1879 à des négociations, plutôt que prendre la voie de l’intervention de l’armée, dans une affaire difficile de prise d’otages blancs par les Indiens Utah. Il était l’héritier du fidéicommis

de Friedrichstein, immense domaine de Prusse-Orientale, aujourd’hui dans l’oblast de Kaliningrad. Sa mère, stricte luthérienne, est née Maria von Lepel (1869-1940) et a passé une partie de sa jeunesse chez ses grands-parents dans leur château d’Heiligenkreutz en Croatie. Elle est dame d’honneur de l’impératrice Augusta-Victoria. Maria von Dönhoff, quant à elle, est la cadette de la famille ; ses quatre aînés, deux garçons et deux filles, ont de huit à dix ans de plus qu’elle et elle est la dernière des trois plus jeunes. Elle connaît peu son père, car il meurt en 1920 à l’âge de soixante-quinze ans et elle a à peine dix ans. Sa jeunesse se passe donc à la campagne dans une atmosphère patriarcale (ou plutôt matriarcale en l’occurrence) où les enfants sont plus proches des domestiques que de leurs parents.

La jeune fille parvient tout de même à faire des études d’économie à l’université de Francfort-sur-le-Main en 1932, en étant la seule fille dans une classe de 18 garçons. Comme un certain nombre d’aristocrates descendants de Junkers, elle est hostile au national-socialisme, destructeur de l’ordre ancien, mais surtout pour elle régime destructeur des libertés. Elle poursuit ses études à l’université de Bâle, où elle passe son doctorat sur le système agricole des grandes propriétés foncières de Prusse-Orientale, dont celle de sa famille qui existe depuis sept cents ans. Elle retourne à Friedrichstein à la fin 1937, après un long voyage, et s’associe à un mouvement de résistance anti-nazi. Un certain nombre de ses familiers sont mêlés à la tentative d’assassinat contre Hitler en juillet 1944, dont son cousin Heni von Lehndorff qui est pendu à la prison de Plötzensee. Elle-même est interrogée par la Gestapo, pour sa prise de participation à l’organisation d’un gouvernement prussien de l’est, une fois Hitler éliminé. Mais elle est relâchée faute de preuves. Toute la famille doit fuir quelques mois plus tard en janvier 1945 lorsque la Prusse-Orientale est envahie par l’Armée rouge. Le château brûle et un déplacement de population gigantesque a lieu: tous les Allemands doivent quitter la province qui est peuplée de Polonais expulsés de Pologne de l’est (aujourd’hui Ukraine occidentale), tandis que la zone plus à l’est est peuplée de soviétiques, surtout ukrainiens ou des régions dévastées du centre de la Russie. Elle s’enfuit alors à cheval pendant 6 semaines sans argent, ni personne avec elle.

Marion von Dönhoff parvient à trouver refuge à Hambourg et recommence sa vie de zéro. Son titre de comtesse lui sera alors très gênant pour recommencer sa vie. Elle rejoint les fondateurs d’un nouvel hebdomadaire appuyé par les Britanniques qui occupent la région et qui prend très vite son essor. Il s’agit de l’hebdomadaire Die Zeit (Le Temps, en allemand). D’obédience libérale, la jeune femme devient journaliste politique, puis vice-rédacteur en chef en 1955, avec la direction des affaires politiques, rédacteur en chef en 1968 et directrice en 1972. Elle a toujours été considérée comme une grande figure morale à la réputation de sagesse dans le monde journalistique et politique de l’après-guerre. Elle obtient en 1971 le prix de la paix des libraires allemands, pour lequel son laudateur est Alfred Grosser.

Elle n’a jamais eu d’enfants, ni de maris et a consacré sa vie au journal. Pourtant elle élèvera les enfants de sa sœur et de son frère, qui se retrouveront tour à tour orphelins.

Elle est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont la plupart sont traduits en plusieurs langues. La majorité d’entre eux analysent l’histoire de l’Allemagne au XXe siècle.

La comtesse n’a jamais pensé retrouver les domaines de sa famille, et au contraire a toujours œuvré pour une réconciliation de l’Allemagne avec la Pologne et la Russie. « Quand je pense aux forêts et aux lacs de Prusse-Orientale, je suis certaine qu’ils sont aussi incomparablement beaux qu’autrefois, lorsqu’ils appartenaient au pays de mes ancêtres. Peut-être existe-t-il une forme d’amour plus élevée, celle d’aimer ce qui ne vous appartient plus. »

Marion Dönhoff a été reçue comme docteur honoris causa de plusieurs universités américaines et de celle de Kaliningrad.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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